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judaïsme, rapports avec le milieu païen

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prière tout court. Chaque Israélite devait le réciter le malin, l’après-midi et l<- soir. Mischna, Berachoth, iii,

3 ; iv, 1. Il y a de cette prière deux recensions : la recension babylonienne, qui est encore aujourd’hui en vigueur et qui se compose de dix-neuf demandes, (la quatorzième sur 1ère messianique étant divisée en

deux), et la recension palestinienne, qui se distingue de l’autre surtout par une malédiction contre les chrétiens, introduite par décision d’un synode de Jabné. Talmud l’ai.. Beracholh, 28b. LeSchémoné-Esré est très long.au moins vingt l’ois plus que le Pater, de sorte que plusieurs docteurs étaient d’avis que la récitation d’un extrait su disait : voir Dalman, op. cit., p. 30 1. Conformément a la prescription, Deut., viii, lu. les rabbins ont en outre impose une prière d’action de grâces après le repas, Mischna, Berachoth, iv, 3-4 ; Talmud, Berachoth, Ha. Elle se composa primitivement de trois bénédictions et de trois demandes auxquelles s’ajouta une quatrième après le soulèvement de Barkokéba.

Non contents d’introduire ces prières, les scribes ont méticuleusement lixé le temps, le lieu, la manière de les réciter. Par exemple, on ne doit pas dire le Schéma du matin avant qu’on puisse distinguer entre le bleu et le blanc. Mischna. Berachoth, i. 2. Ils discutèrent longuement, si on peut réciter le Schéma en route et dans quelles conditions on peut alors saluer des passants pendant les prières. Berachoth, ii, 1-2. Ils se demandèrent pour combien de nourriture il faut remercier Dieu, les uns répondirent : déjà pour la grosseur d’une olive, les autres, pour celle d’un œuf. Berachoth, vu, 2.

Les maîtres en Israël ont encore joint à la récitation des prières des pratiques purement extérieures. En interprétant à la lettre les passages de la Thora, Ex., xiii. II. 10 : Deut., vi, 8, 11, 18 où il est dit qu’il faut avoir la Loi dans la main et devant les yeux, ils ont introduit la coutume des phylactères ou tephillim. Cf. Matth., xxiii, S. Certains textes de la Loi écrits sur parchemin étaient placés en de petits étuis et ceux-ci étaient liés à l’aide de courroies au iront et au bras gauche, au moins pour la prière du matin. On attachait a ces phylactères une telle importance qu’il en est question dans quinze traités de la Mischna et dans plusieurs Targums.où l’on en règle l’emploi de la façon la plus minutieuse.

Malgré l’excès de ces pratiques extérieures, il faut admirer la piété des Juifs. Ils s’efforçaient vraiment de sanctifier la vie quotidienne par de nombreuses prières. In cercle de dévots a la tête desquels se trouvait Siméon ben Menas j a, consacrait un tiers du jour à la prière, un autre tiers à l’étudede la Thora et h’troisième tiers au travail manuel. Kohelet h R. ix, 9 ; Taln%ud l’ai., Maaserscheni, a, 53 d. ; Rousset, op. cit.,

p. 128.

traité Berachoth, c’est-à-dire Prières, est le premier de la Mischna. Le formalisme n’étouffait pas complètement l’esprit intérieur, (.’est ce qui résulte entre autre d’un conseil que donnait Rabbi Simon,

île de Rabbi lien Zakkai. Ne fais pas de la prière un acte purement extérieur ; [u’ellesoiî une supplication intime adressée au Seigneur. Mischna, Pirke Aboth, n. 13.

Outre les ouvrages généraux, cités pour les idées religleuses, consulter : J. Touzard, L’âme juive au temps <les Perses, dans Bévue biblique, 1916-1920, 1923 ; II. G. Mit-i. il. The ethics o/ // » Old Testament, Chicago, 1 « >i : > ; il. M. Hughes, The ethics « j jewtsh apocryphal Literalure, 910 ; J. Kôberle, Sùnde und Gnade im religiôi n I’’oel bis’ni/ Christum, Munich, 1905 ; M. I b

Judentums, Francfort, t. i, 1898 ; t. n 191 i ; .1. Benzinger, Wie wurden d cires ?

i 908 ; Schurer, (.< schichle, t. n ; i elten, oj !. I ;, I I|’e /" lilf/rli Mi. I L’J ni il.

tlunich, 1869 ; i.. Kortleltner, Archœolngia bit’Hm,

2’édit., Inspruck, 1917 ; H. Lesètre, Temple, dans Dictionnaire de la Bible, t. v, col. 2024-2079 ; T. W. Davies, Temple, dans Hastings, Dictionary o/ the Bible, t. iv, p. 695-716 ; W. H. Green, Die Teste (1er llebruer in ihrer Beziehung ouf die nmdernen kritischen Ilypothesen ùber den Pentateuch. Ans de m Englischen iibersetzt von O. Bêcher, Gutersloh, 1894 ; Œsterley etBox, The religion and worship oj the synagogue, 1907 ; lilbogen, Der jùdische Gottesdienst in seiner geschichtlïchen Entivickelung, Leipzig, 1913 ; H. Kohi et C. Vs’atzinger, Antike Synagogen in GaliUea, Leipzig, 1910 : H. Lesètre, Synagogue, dans Dictionnaire de la Bible, t. v, col. 1899-1906 ; W. Bâcher, Synagogue, dans Hastings, Dictionary of the Bible, t. iv, p. 636643 ; Jos. Simon, L’éducation et l’instruction des enfants chez les anciens Jui/s d’ajirés la Bible et le Talmud, 3e édit., Leipzig, 1879 ; Blau, Origine et histoire de la lecture du Schéma et des formules de bénédiction gui l’accompagnent, dans Bévue des études juives, 1895, t. xxxi, p. 179-201 ; Loeb, Les dix-huit bénédictions, ibid., 1889, t. xix, p. 17-40 ; Lévi, Les dix-huit bénédictions et les psaumes de Salomon, ibid., 1896, t. xxxiii, p. 161-178.


VII. Rapport entre le judaïsme et le milieu païen. —

Un petit peuple comme celui des Juifs, qui dépend entièrement pour son sort politique des grands empires voisins et dont le territoire forme le pont entre l’Asie et l’Afrique, était forcément destiné à subir des influences du dehors. A plus forte raison ceci devait-il èlre vrai, quand Israël fut transporté en majeure partie dans un pays étranger où il dut séjourner pendant toute une génération. Mais ce qui est surprenant, c’est que cette nation chélive, brisée dans son existence par la catastrophe de 586 axant Jésus-Christ et de 70 après Jésus-Christ, non seulement ait continué à vivre et à garder sa loi religieuse, mais qu’elle ait pénétré dans tout le monde antique et qu’elle y ait joue un rôle tel que tous les potentats, les empereurs romains aussi bien que les rois orientaux, aient dû en tenir compte. Pour compléter notre connaissance du judaïsme, il nous faut étudier ses contacts avec le paganisme.

Pénétration dans les milieux païens.

1. La Diaspora.

— a) Développement et extension. — A partir de l’exil, les Juits se rencontrent, comme aujourd’hui, dans tout le monde civilisé, mêlés aux autres peuples sans se confondre avec eux. Vers 150 avant J.-C, les plus anciens oracles sibyllins pouvaient dire que o toute terre et toute mer est pleine des Juifs ». ni, 271. Strabon parlant de l’époque de Sylla (85 avant J.-C.i écrit : « Ils ont envahi toutes les cites et il sérail difficile de trouver un endroit qui n’ait pas accueilli la race juive ou qui ie soit pas occupé par elle. » Texte dans Josèphe, AnL, XIV, vu. 2. Les Actes, ii, 9-11, mentionnent des Juifs de tous les coins de l’empire romain, présents à Jérusalem pour la Pentecôte. Cette dispersion des Juils et la propagation de leur culte qui en résultait est le phénomène le plus important de l’histoire religieuse des derniers siècles axant J.-C. Il mérite d’autant plus notre attention qu’il a incontestablement préparé et facilité la diffusion du christianisme.

Les causes de la dispersion sont très variées. La Diaspora commença par la déportation des Juifs vaincus et s’accrut par suite des promesses que les rois des pays limitrophes leur firent pour les attirer. Pendant la persécution d’Antiochus Épiphane et de ses successeurs, beaucoup de Juils se réfugièrent à l’étranger. D’autre pari le succès des guerres macchabéennes donna au peuple juif la lorce de conquérir les

contrées voisines et de répandre ses membies dans le monde.

origines de la Diaspora remontent a la transdes dix tribus du Nord par Sargon (722) < t 1 1 ibusdu Sud pai Nabuchodoni i rai

dis q ibsorl ées parl’entourage païen,

celles-ci formèrent la Diaspora babylonnienne. Elle