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JUDAÏSME, PRATIQUES RELIGIEUSES


million y aurait péri lors de la prise de la ville par Titus. Bell. Jud., VI, ix, 3. Le rituel de la Pàque et de la fête des Tabernacles est très longuement développé dans des traités spéciaux de la Mischna : Pesachim et Sukka.

La fête de l’Expiation avait un tout autre caractère. Son rituel se trouve dans le traité Jomi ; c’était le seul jour de l’année qui fût consacré officiellement à la pénitence. D’après la critique, il aurait été introduit seulement après Esdras. Sur cette prétendue origine postexilienne de la fête de l’Expiation, voir Kugler, op. cit., p. 125-133 : Die Fest-und Op/erordnung bei Ezechiel und Esra.

Deux fêtes seulement ont été vraiment introduites par le judaïsme : celles des Puriin, qui devait rappeler la délivrance des Juifs de Perse par l’intervention d’Esther et celle de la Dédicace ou des Encénies, en souvenir de la purification du Temple par Judas Macchabée.

C° L’office de la synagogue. — A côté du temple, le judaïsme a connu un autre lieu de culte, la synagogue. Si l’on n’y offrait pas de sacrifices, c’était du moins une maison de prière, où se maintenait la connaissance de la Loi. La synagogue est d’institution récente. Les origines n’en peuvent guère remonter à l’exil ou à l’époque d’Esdras, comme on l’a souvent prétendu. Schurer, Geschichte…, t. ii, p. 129 ; Felten, op. cit., t. i, p. 358. Il semble même qu’au temps des guerres macchabéennes les synagogues n’existaient point encore en Palestine, car, si dès ce moment, elles avaient joué un rôle dans la vie religieuse, les livres des Macchabées n’eussent point passé sous silence leur destruction. Il est très probable queles synagogues ont pris naissance dans la Diaspora où elles remplacèrent en quelque sorte le temple. Les premiers renseignements certains sont fournis par des papyrus grecs, d’après lesquels il y avait déjà des synagogues en Egypte dans la seconde moitié du iiie siècle avant Jésus-Christ. Voir Bousset, op. cit., p. 198 ; Th. Reinach, Revue des études juives, 1902, t. xlv, p. 162. Pour la ville d’Antioche, Josèphe, Bell. Jud., VII, iii, 3, mentionne une synagogue peu après l’époque d’Antiochus Épiphane. Dans la Palestine même, le besoin de synagogue ne se fit guère sentir dans les premiers siècles qui suivirent l’exil. Le district habité par les Juifs était petit, et chacun pouvait facilement aborder le temple. Plus tard, lorsque les guerres des Asmonéens eurent agrandi l’État juif, quand surtout l’œuvre des scribes se fut développée, la coutume d’élever des synagogues et d’y tenir des assemblées régulières s’est introduite également en Palestine. Au temps de Jésus-Christ, il yen avait par ; out dans la Terre sainte comme dans la Diaspora, Philon, Vita Mosis, ii, 21fi, édit. Mangey, t. ii, p. 168, même dans les petits villages comme Nazareth. Matth., xtn, 54. Les villes en comptaient plusieurs. Act., vi, 9 ; xxiv, 12 ; Philon, Legalio ad Cajum, 20, édit. Mangey, t. ii, p. 565. On aimait construire les synagogues hors des villes, près d’un fleuve ou sur le bord de la mer, Act., xvi, 13, pour pouvoir faire avant l’office les ablutions rituelles. D’après les ruines quisubsistent de synagogues galiléennes, du premier et du second siècle chrétien, elles furent souvent divisées en plusieurs nefs par des rangées de colonnes. Voir Renan, Mission de Phénicie, p. 761-783 ; Schurer, op. cit., t. ii, p. 445 sq. La synagogue d’Alexandrie était un temple somptueux. Talmud Pal., Sukka, v, 1, fol. 55 ab. Il y avait dans chaque synagogue une tribune pour la lecture de la Loi, des sièges pour les fidèles. Un chef avait mission d’y maintenir l’ordre, Luc, viii, 49 ; Act., xviii, 8, et de désigner les officiants.

Les réunions avaient lieu tous les samedis et toutes les fêtes dans la matinée. L’office s’y déroulait de la

DICT. DE THÉOL. CATKOL.

façon suivante. D’abord on récitait le Schéma et le Schemoné-Esré. Ensuite on lisait un chapitre de la Thora qui dans ce but fut partagée en cent cinquante-quatre parasch pour un cycle de trois ans, et un texte prophétique quelconque (haphtar). Comme la masse du peuple ne comprenait [dus très bien l’hébreu, on y ajoutait toujours la traduction. Suivait un sermon qui était d’ordinaire un commentaire de la leçon biblique. Quiconque était à même de prêcher pouvait prendre la parole. Philon, De sepienario. vi. Il va de soi que cette tâche incombait principalement aux scribes. C’est par leur activité dans les synagogues qu’ils ont exercé une influence profonde sur leurs coreligionnaires. Si un prêtre était présent, l’office se terminait par sa bénédiction. Mischna, Berachoth, v, 4 ; Megilla, ix, 3, 5-7 ; voir Felten, op. cit., t.i, p. 355-369 ; Schurer, op. cit.. t. ii, p. 427-459.

Cette institution de la synagogue et de son office mérite la plus grande estime. Elle est dans l’histoire religieuse de la plus haute importance ; c’est la synagogue qui a permis au judaïsme de faire de ses idées et de ses pratiques religieuses un ferment capable de pénétrer la grande masse et non pas seulement quelques scribes savants. Par la synagogue le sabbat n’était plus un simple jour de repos, il se transformait en jour de sanctification. L’office synagogal est ensuite devenu le modèle de l’office chrétien.

Prières.

Les Juifs qui allaient si souvent au

temple et se réunissaient encore plus fréquemment dans les synagogues pratiquaient nécessairement beaucoup la prière. A cet égard, c’est le psautier qui leur servait de livre. Non seulement les Juifs ont conservé les compositions de David et des autres psalmistes préexiliens, mais ils les ont enrichies. Le recueil et l’arrangement définitif des cent cinquante psaumes est l’œuvre du judaïsme. Les psaumes se prêtent à toutes les occasions de la vie humaine ; ils contiennent une théologie élevée ; ils font résonner tous les sentiments que l’âme humaine peut exhaler envers son Dieu, depuis le repentir sincère après de grands péchés jusqu’à l’union mystique avec Dieu. Le Psautier, après avoir été le bréviaire des Israélites, est pour ces raisons le meilleur legs fait par le judaïsme au christianisme.

Après la Thora, aucun livre ne fut p’us connu et plus appris que le psautier. Il était le livre de prières et de chants dans le temple comme dans la synagogue. Sur l’usage détaillé que les Juifs en faisaient, nous avons cependant peu de renseignements directs. Nous savons seulement que du premier jour de la semaine au sabbat les sept psaumes xxiii, xi.vu, lxxxj, xciii, lxxx, cxii, exi, étaient chantés à tour de rôle lors du sacrifice quotidien, Mischna, Taanith, iv, 3, vu, 4, et que le Hallel, c’est-à-dire d’après la tradition ordinaire les psaumes cxii-cxvii étaient chantés aux trois grandes fêtes, à la fête de la Dédicace et aux néoménies. Talmud Pal.. Pesachim, 117 L

Nous savons par la littérature rabbinique qu’à côté des psaumes les scribes ont introduit beaucoup d’autres prières et qu’ils en ont exactement réglé la récitation.

Ils ont d’abord imposé deux prières quotidiennes, le Schéma et le Schemoné-Esré. Le Schéma se compose de trois morceaux de Pentateuque : Deut., vi, 4-9 ; xi, 13-21 ; Num., xv, 37-41, entourés de quelques bénédictions. Selon Mischna, Tamid, iv liii, v, 1, il était déjà en usage avant l’an 70 de notre ère. D’après son contenu le Schéma était plutôt une profession de foi qu’une véritable prière. Chaque homme adulte devait le réciter matin et soir, Mischna, Berachoth, i, 1-4 ; les femmes, les esclaves et les enfants en étaient dispensés. Ibid., iii, 3.

Le Schemoné-Esré comprend, comme son nom l’indique, dix-huit demandes. Il était aussi nommé la

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