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judaïsme, pratiques religieuses


il leur fallait être tellement sur leurs gardes et faire tant de sacrifices pénibles qu’ils s’imaginaient avoir

accompli des actes héroïques dont les hommes ordinaires n’étaient pas capables. Leur fierté était d’autant plus grande qu’ils croyaient devenir ainsi les artisans de leur propre justice et les créanciers de Dieu. Noir Prat., art. Pharisien, dans Dictionnaire de la liible. t. v. col. 215.

D’autre part cette multitude de lois et la difficulté ou plutôt l’impossibilité de les observer toutes devait mener forcément à l’hypocrisie. L’idéal était trop élevé pour pouvoir être atteint. Pour garder quand même le prestige de l’avoir réalisé il fallait affecter des apparences de perfection, il fallait dissimuler ses défaillances. Dans cet art les pharisiens étaient tellement versés que pharisien est devenu synonyme d’hypocrite. Autant les scribes avaient été minutieux pour amplifier et compliquer les préceptes, autant ils étaient habiles pour échapper à ce lourd fardeau. Tous les stratagèmes des casuistes les plus retors leur étaient bons pour tempérer par exemple la rigueur du jeûne, pour modérer l’incommodité du repos sabbatique. Prat., ibid.

Au total la vie religieuse des Juifs à l’époque néotestamentaire est très exactement caractérisée par les paroles de saint Paul : « Je leur rends témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais sans intelligence. » Rom., x, 2. On serait cependant injuste si on faisait peser ce grief sur toute l’histoire du judaïsme. La lettre n’a pas tout de suite tué l’esprit et l’Ecclésiastique par exemple, ne montre pas encore cette tendance. Marti, lui-même, op. cit., p. 2C0, doit avouer qu’il n’y est guère question de « nomisme ». Mais déjà le livre des Jubilés, composé à la fin de l’époque macchabéenne, révèle d’après Bousset, op. cit., p. 144, un légalisme exagéré, qui allait prendre son développement à partir de l’époque hérodienne.

Culte ait temple.

Un groupe tout à fait à part

et très important de lois cérémonielles était formé par celles qui avaient trait au culte. Tandis que toutes les autres prescriptions réglaient presque exclusivement la vie privée, les lois sur le culte concernaient plus ou moins des actes officiels, au moins par rapport au lieu où ils s’accomplissaient et aux ministres du culte par l’intermédiaire desquels ils se faisaient.

La grande place que tenait le culte dans la vie du judaïsme se révèle déjà dans les prophéties exiliennes sur la restauration. La réédification du Temple s’y trouve au premier plan. Is., xi.iv, 28. Ézéchiel la dépeint en ses visions jusque dans ses moindres détails. Les exilés reviennent dans l’intention principale de reconstruire le temple. Esdr., i, .">. Aggée et Zacharie indiquent comme cause de la misère des rapatriés leur tiédeur à cet égard et rattachent les plus brillantes promesses à l’achèvement du temple. Agg., i, 4 sq., ii, 3sq ; Zach., l, 16 ; iii, 9sq. ; vi, 12 sq. D’après Malachie, c’est au temple que Jahvé se manifestera a son arrivée. Mal., iii, 1. L’histoire du culte tient dans l’ouvrage du Chroniqueur une large place. I Par., xiu-xvii ; xxuxxix ; II Par., i-vii. Le Siracide décrit avec une satisfaction toute spéciale la façon majestueuse dont le grand prêtre Simon pontifiait au temple. Eccli., L, l-2.’(. Le deuxième livre des Macchabées rapporte à plusieurs reprises que tous les ennemis du sanctuaire ont été visiblement punis par Dieu, v, ’. » ; ix, 18-28 ; xiu. X. Bien des psaumes expriment la joie que le temple cause à l’âme juive, par exemple, cxxi, l.œtatns sum, etc. De la reconstruction du Temple, « jusqu’à sa destruction par Titus, l’amour du sanctuaire serait a la base ditoute la pieté juive et. le forfait consommé, ce serait encore cet amour qui amènerait les fils d’Israël en pleurs devant les suprêmes restes de l’enceinte sacrée. Touzard, Revue biblique, 1918, p. 397.

Bien que les scribes se trouvassent en opposition avec les prêtres, ils développaient néanmoins les lois sur les sacrifices et les codifiaient minutieusement même lorsque le culte avait depuis longtemps cessé. Rabbi Simon le juste avait coutume de dire : « Sur trois choses repose le monde, sur la Loi, le culte et l’accomplissement de bienfaits. » Mischna, Pirke Aboth, 1, 2.

Tout le culte consistait en des sacrifices et en les actes qui les accompagnaient ; il était public ou privé. Le culte public, dont les frais étaient payés par les impôts, avait lieu matin et soir : il comportait l’immolation d’une brebis et l’oblation de farine, d’huile et de vin. Ces deux sacrifices, inaugurés le matin et clos le soir par un sacrifice d’encens, formaient l’essentiel du culte : ils étaient l’expression de l’adoration de Jahvé par tout le peuple. Leur cessation était regardée comme le plus grand malheur, Joël, i, 13, Dan., xi, 31 ; xii, 1 1 ; même pendant le siège de Jérusalem par Titus, on continua malgré la famine à offrir ces sacrifices ; la nécessité de les omettre à partir du 17 Tammouz fut regardée comme une des épreuves les plus graves du peuple. Bell. Jud., l, ii, 1 ; Mischna, Taanith, iv, 0. Le traité Tamid de la Mischna décrit ce culte public jusque dans ses moindres détails.

Pour en rehausser la beauté, on l’accompagnait de chant et de musique. Pendant que les prêtres offraient l’holocauste, les lévites chantaient des psaumes, chaque jour de semaine un autre, et jouaient des harpes ; deux prêtres sonnaient les trompettes d’argent, Num., x, 1, 2. 10 : II Par., xix, 26-28 ; Mischna, Tamid, vii, 3 sq. L’assistance qui se tenait en grand nombre dans la cour, se prosternait au son des trompettes ; le peuple fut divisé en vingt-quatre sections qui correspondaient aux vingt-quatre classes des prêtres et chaque section devait envoyer au temple une délégation pendant la semaine où officiait la classe correspondante, Mischna, Taanith, iv, 1-4. Le sacrifice quotidien terminé, cinq prêtres sortaient du temple et donnaient au peuple leur bénédiction. Num., vi, 22 sq. ; Mischna, Tamid, vii, 2.

Les sacrifices quotidiens étaient augmentés les sabbats et les jours de fêtes ; le premier jour de la fête des Tabernacles, par exemple, on offrait treize jeunes taureaux, deux béliers et quatorze brebis. Num., xxix. 12-13.

A côté des sacrifices publics, il y avait en plus grand nombre encore, les sacrifices privés. Tandis que les premiers consistaient surtout en holocaustes, et oblations, les derniers comprenaient en outre les sacrifices pour le péché et pour le délit ainsi que les sacrifices pacifiques. La Loi les prévoyait pour une foule de circonstances et la piété y voyait le meilleur moyen de rendre hommage à Dieu. Aussi étaient-ils offerts chaque jour en grand nombre. Les jours de fête, les milliers de prêtres ne suffisaient pas à la besogne. Philon, Vita Mosis } iii, 19.

Comme avant l’exil, les Juifs célébraient surtout les trois [êtes de la Pàque, de la Pentecôte et des Tabernacles. Sur leur célébration, la Mischna nous renseigne avec une minutie qui ne laisse rien à désirer et qui montre qu’ici encore les scribes ont bien précisé les prescriptions du Pentateuque. Ces jours-là tous les Israélites devaient apparaître au temple à l’exception des femmes, des enfants, des idiots, des sourds, des aveugles, des malades, des vieillards, el de tous ceux qui ne pouvaient pas s’y rendre à pied. Mischna, Chagiga, i, 1. Les garçons y étaient tenus dès qu’ils axaient atteint l’âge de puberté. Mischna. Nidda, vi, 1 1. Aussi les jours de fêle attiraient-ils à Jérusalem des foules Innombrables. Josèphe raconte qu’il y eut trois millions de personnes à la Pàque de l’an (il après Jésus-Christ, Jiell., /nd., II. xiv, .’!. el que plus d’un