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judaïsme, idées religieuses

Iliii-J

des Israélites qui sont notés comme justes dans le i livre de vie. mi. 1. C’est alors aussi que beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et pour l’opprobre éternel. Les sages brilleront comme l’éclat du firmament et ceux qui ont donné à beaucoup d’autres de la justice comme les étoiles à tout jamais, xii, 2-3. Ici la résurrection des morts est enseignée d’une façon encore plus précise que dans Is., xxvi, 19. Au surplus une distinction explicite est faite entre les bons et les méchants. Tous se lèveront du sommeil de la mort, mais le sort scia différent selon les mérites. D’autre part. Dan., xii, 2-3, comme Is., xxvi, 18. semble annoncer la résurrection poulies Israélites seulement, en vue de prendre part au salut messianique ici, sur terre, salut qui sera sans fin.

b) Livres historiques et sapieniiaux. <I. Tobie,

Judith, I Macch., E celés iaste, Ecclésiastique. - Les doctrines messianiques et eschatologiques des prophètes sont complétées par celles des autres écrits postexiliens.

Dans les livres palestiniens nous retrouvons les idées communes sur l’ère messianique. Tob., xiii, 12-23 ; xiv, 6-9. Judith, xvi, 20-21 ; I Macch., ii, 57 ; Eccli., xxxvi, 10, 18-19 ; xxxvii, 28 ; xlvii, 13. Cependant la personne du Messie n’y est nulle part mentionnée, mais seulement le prophète Élie comme précurseur de Jahvé. Eccli., xlviii, 10-11.

Outre les idées messianiques, les livres en question contiennent plusieurs passages purement eschatologiques sur le sort de l’homme après la mort. Ils attestent d’abord l’ancienne croyance au Schéol. L’Ecclésiaste surtout fournit la preuve que celle-ci était encore en pleine vigueur, ix, 5, 6, 10, etc. Voir E. Podechard, L’Ecclésiaste, Paris, 1912, p. 176 sq., 186 sq. D’autre part le livre de Tobie, ii, 17-18 ; xii, 9, et l’Ecclésiastique, i, 13 ; n. 3 ; ix, 11 ; xi, 26-28 ; xviii, 24 ; li, 30, supposent assez clairement une rétribution individuelle après la mort et un sort différent des défunts et le second, xi.vni, 11, semble professer la foi en la résurrection des morts à l’époque messianique. Voir N. Peters, Dos Bach Jésus Sirach, Munster-en-W., 1913, p. 13 sq.

Si on peut à la rigueur contester la portée eschatologique de l’un ou de l’autre de ces passages, il n’y a pas de doute possible pour la doctrine des deux écrits qui sont d’origine hellénique, le IIe livre des Macchabées et la Sagesse.

b. 77e livre des Macchabées. — Les sept frères martyrs disent à leurs bourreaux sans détour que la souffrance et la mort ne les attristent pas parce qu’ils savent que « le roi de l’univers les ressuscitera à la résurrection de la vie éternelle », vii, 9, qu’il leur rendra alors l’esprit, la vie et même les membres qu’on leur enlève maintenant, vii, 11, 215.

Judas Macchabée fait une quête dans le but d’offrir des sacrifices pour ceux qui sont tombés, bene et religiose de resurrectione cogitons, xii. 44.

L’auteur termine le récit de cette œuvre pie de Judas par la phrase bien connue : sancta ergo et salubris est cogitatio pro defunctis exorare ut a peccatis solvantur, xii, 46, qui prouve qu’en son temps l’on croyait à un état intermédiaire dans lequel le sort des défunts pouvait s’améliorer et à l’efficacité de la prière poulies défunts.

Cette communion entre les vivants et les morts est enseignée dans ce livre d’une autre façon encore : les saints défunts peuvent intercéder pour les vivants : Judas voit dans une vision nocturne le grand prêtre Onias et le prophète Jérémie étendre leurs mains et prier pour tout le peuple des Juifs. XV, 12-11.

c La Sagesse est celui des livres canoniques qui olïre l’enseignement le plus clair et le plus élevé sur le

sort de l’homme dans l’autre vie : les âmes des justes se trouvent tout de suite après la mort dans la main de Dieu, en paix et sans aucune souffrance, m. 1-3, de sorte que c’est un profit de mourir jeune quand on est juste, iv. 7. Les méchants par contre seront punis, m. 10, et ils deviendront après cela (après la vie terrestre) des cadavres honteux (ils n’auront pas la vraie vie) ; Dieu les jettera la tête la première et sans qu’ils souillent mot ». iv, 19.

L’auteur s’explique sur le sort non seulement de chaque individu, niais de toute l’humanité. Un grand jugement universel aura lieu à la fin du monde, m. 7. A cette occasion les méchants se trouveront en face des bons qu’ils ont maltraités sur la terre. Ils auront alors honte parce qu’ils constateront qu’ils se sont trompés en tenant la vie des saints pour une folie. v, 4. Les justes prévaudront contre eux ; ils seront pour eux aussi funestes que les étincelles le sont pour les roseaux, à travers lesquels elles courent, m. 7. Le jour du jugement, tous les éléments du ciel et de la terre se conjureront contre les méchants pour les punir, v, 17-23. Les justes au contraire recevront définitivement de la main du Seigneur le royaume de gloire et le diadème de beauté, v, 16.

Telles sont les idées messianiques et eschatologiques des livres canoniques ; elles présentent des éléments fort disparates qu’on peut difficilement réunir dans un tableau commun.

Parmi les prédictions messianiques, les unes se rapportent seulement à l’établissement du royaume de Jahvé sans faire mention du Messie : Dieu lui-même l’inaugurera d’un coup par un grand jugement, Malachie, Is., xxiv-xxvii ; Joël ; les autres présentent le Messie comme l’instrument par lequel Jahvé assurera pour toujours son autorité et réalisera le salut. (Aggée, Zacharie).

Dans le livre de Daniel, les deux courants sont réunis Jahvé (l’Ancien des jours) monte sur son trône pour juger le monde et il s’associe le Messie, le Fils de l’homme.

Au sujet de la personne du Messie l’oracle de Zach., xii-xiu sur le bon pasteur est particulièrement précieux parce qu’il est le seul témoignage poslcxilien de la conception d’un Messie souffrant.

Bien que dans ces prophéties messianiques l’espérance de la restauration nationale se trouve partout au premier plan et que le bonheur attendu soit souvent conçu comme matériel, l’union avec Dieu est toujours indiquée comme le comble de la félicité. On constate en outre une évolution du messianisme qui prend une signification tout à la fois univers ahste et individuelle. Cette évolution lui permettra de développer les doctrines des sanctions ultra-terrestres.

Sous ce dernier rapport plus que sous aucun autre, la religion judaïque représente un progrès essentiel sur la religion israélite. Tandis que le sort de l’individu après la mort se trouvait hors du cadre de 1 1 religion mosaïque primitivetoutes les rétributions, promises par Moïse, sont purement terrestres - le judaïsme entrevoit un sort distinct pour les morts. La révélation en lut préparée par la conception individualiste de la relation de l’homme avec Dieu. Elle se trouve d’abord en union étroite avec l’espérance messianique et surgit de son sein : les morts ressusciteront pour se joindre aux vivants qui auront le bonheur de voir les temps messianiques. Elle s’en dégage complètement dans les tout derniers livres de l’Ancien Testament el finit ainsi par donner une intelligence plus parfaite de la vie d’outre-tombe et de la rétribution cpie l’homme finira par y trouver.

2. Livres extracanoniques. Nul thème des écrits inspirés n’a été plus largement développé par le judaïsme tardif que celui qui a rapport aux fins der-