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JUDAÏSME, idées religieuses


attestent combien’cet espoir du salut messianique fut vif. Au peuple qui se plaint de ce que le salut messianique tarde toujours à venir, ils répondent que la faute en est à ses péchés, surtout à sa négligence pour la maison de Dieu. Qu’on construise le temple ! Alors Jahvé agitera sous peu l’univers et toutes les nations ; les peuples apporteront leurs trésors dans le nouveau temple dont la gloire sera plus grande que celle de l’ancien. Ag., ii, G-9. Jahvé viendra à Jérusalem qui sera le centre de son royaume où la prospérité et la justice régneront. Zach., i, 16 ; viii, 8-11.

Les deux prophètes attribuent un rôle tout particulier au prince davidique Zorobabel qui est appelé Germe. Zach., iii, 8 : vi, 12. Tandis que Jahvé renversera le trône des rois et détruira leurs armes, il protégera ce chef de la ville sainte d’une façon merveilleuse, Ag., ii, 20-23, et lui conférera les insignes royaux. Zach., vi, 11-13. Les termes employés sont tels que plusieurs exégètes estiment qu’Aggée et Zacharie ont salué Zorobabel comme le Messie. D’autres avec raison préfèrent dire qu’ils ont pris ce prince seulement pour un type du Messie et la reconstruction du temple pour une réalisation partielle des antiques promesses.

b. Isaïe, LVI-LXVI. — Les oracles si complexes de ces chapitres annoncent surtout le salut messianique tel qu’il se réalisera de la façon la plus merveilleuse dans la nouvelle Jérusalem, lx-lxii, lxv-lxvi. Les pécheurs en seront exclus, lxv, 1-7, 12-16 ; par contre tous les peuples y auront part, lvi, 3-7 ; Lx, 6sq. ; lxvi, 18 sq. Il régnera sur la terre un bonheur paradisiaque, lxv, 18 sq. Non seulement Jérusalem et la Terre sainte, lxii, mais l’univers tout entier seront transformés, lxv, 17-18 ; lxvi, 22.

c. Zacharie, ix-xiv. — Tandis que dans Zach., i-viii les promesses se rattachent au programme de la restauration du peuple après l’exil, elles sont ici tout à fait détachées de l’histoire actuelle. Le prophète annonce l’arrivée certaine du règne messianique : Jérusalem est invitée à la joie parce que son roi paci(ique entrera en vainqueur chez elle, monté sur un âne, et que tous ses ennemis seront anéantis, tandis que les dispersés seront rapatriés, ix-x. Fendant l’ère messianique, Israël, à cause de son péché, aura à soutenir une dernière grande attaque des païens, semblable à celle de Gog. Ez., xxxviii-xxxix. Jahvé le protégera malgré son ingratitude et frappera les adversaires d’effroyables fléaux qui seront accompagnés de cataclysmes cosmiques. Ceux des peuples qui restent se convertiront et Jahvé sera adoré partout, xi-xiv. Le péché d’Israël consiste surtout en ce qu’il a tué le pasteur, envoyé par Jahvé. xii, 10 ; xiii, 7. C’est seulement à l’aspect de « celui qu’ils ont transpercé. » xii, 10, que le repentir saisira le peuple et préparera sa purification. Ce représentant eschalologique de Jahvé qui devient la victime de l’aveuglement de sa nation est sans doute identique au Serviteur de Jahvé, Is., lui ; mais aucune allusion n’identifie le bon pasteur tué, xiii, 7, au roi victorieux, ix, 9. Voir E. Sellin, Das Zwôllprophelenbuch, Leipzig, 1922, p. 509 sq.

d. Malachie. — En face des graves prévarications des rapatriés, celui-ci prédit que Jahvé viendra bientôt pour rétablir l’ordre par un grand jugement. Il siégera au temple, iii, 1-2, et punira sévèrement les tansgresseurs de la loi. iii, 2-5 ; iv, 1-3. Avant que d’arriver, il enverra un précurseur, iii, 1, qui sera d’après iv, 5, le prophète Élie. Celui-ci convertira les Israélites pour les préserver du châtiment, iv, 6, et pour les rendre dignes des plus abondantes bénédictions, m, 10-12. En face de la négligence des prêtres pour les sacrifices, Malachie annonce pour l’avenir un sacrifice pur qui sera offert à Dieu en tout lieu, i, 11.

Le prophète nomme l’époque de l’intervention

directe de Jahvé par laquelle celui-ci fera triompher le bien du mal le jour de Jahvé. Il reprend ici un terme par lequel les prophètes préexiliens désignent le moment où Dieu établira d’une manière solennelle et définitive son royaume dans le monde en mettant les nations sous le sceptre d’Israël.

c. Joël. — Ce jour de Jahvé est surtout décrit dans le livre de Joël : une invasion tout à fait extraordinaire de sauterelles est le signe précurseur de l’avènement prochain de Jahvé. i, 15 ; ii, 1. Grâce à la prédication, le peuple se convertit et sera sauvé au jour de Jahvé. ii, 18 sq. Il sera même comblé de biens spirituels et matériels, surtout favorisé d’une effusion prodigieuse de l’Esprit de Dieu, ii, 28-32 (hébreu ni). Toutes les autres nations par contre seront punies parce qu’elles ont maltraité Israël. Jahvé les réuniia dans la vallée de Josaphat pour les juger et pour faiie exécuter immédiatement la sentence de mort, iv, 1-16. Après quoi la Terre sainte sera transformée en un paradis ; Jahvé habitera au milieu de son peuple heureux, iv, 17-21. Tous ces événements seront inaugurés et accompagnés de phénomènes effrayants sur la terre et dans le ciel, ii, 10 ; iv, 15 sq.

I. Isaïe, XXIV-XXVII. — Joël et Malachie professent un particularisme strictement national. D’après la lettre de leurs oracles, seuls les Israélites prendront part au salut messianique. Ils ne disent rien de la participation des païens. Parmi les Israélites eux-mêmes, conformément à toutes les prophéties précédentes, ceux-là seuls jouiront des biens messianiques qui auront la chance de vivre à l’époque finale de l’histoire ; il n’est pas question des défunts. Sous ce double rapport les deux apocalypses d’Isaïe. xxivxxvii, et de Daniel représentent un notable progrès.

Dans la première, il est bien parlé en premier lieu de la restauration complète d’Israël et de la punition de ses ennemis. Mais il est en outre expressément dit que les païens ne seront pas tous anéantis : il y aura des élus parmi les peuples auxquels Dieu prépaiera un festin, xxv, 6-7.

Plus encore que ce trait universaliste, il faut relever un autre élément qui apparaît ici pour la première fois dans l’eschatologie de l’Ancien Testament, c’est la doctrine de la résurrection des morts ; les défunts surgiront de leurs tombeaux et vivront de nouveau pour participer au bonheur messianique, xxvi. 19, et ils ne mourront plus, car Dieu détruira alors la mort pour toujours, xxv, 8.

Cette apocalypse, présente encore un autre trait particulier. Parmi ceux qui seront jugés au jour de Jahvé se trouve, à côté des hommes, « l’armée d’en haut », xxiv, 21, qui représente, d’après l’opinion la plus probable, les mauvais anges. Tous les criminels seront d’abord provisoirement jetés dans une prison, pour être plus tard punis définitivement, xxiv, 22.

g. Daniel. — Plus complètes encore sont les révélations du livre de Daniel sur les fins dernières. Le royaume de Dieu renversera les quatre empires païens qui subjuguent et maltraitent successivement Israël, et s’établira pour toujours dans le monde entier, n, 37-45. Dans la prophétie des soixante-dix semaines, ix, le prophète calcule la date de l’avènement de ce royaume. Dans un songe, vii, 9-14, il contemple celui qui en sera le chef visible, le Messie : il a l’aspect d’un fils d’homme et s’avance sur les nuées ; arrivé devant le trône de l’Ancien des jours, il est investi du gouvernement de tous les peuples pour l’éternité.

Avant le temps qui précède immédiatement l’établissement du royaume de Jahvé par le Messie, le prophète prévoit de dures épreuves : surtout un roi très impie persécutera cruellement les justes, viii, 9-14 ; xi, 21 sq. Mais quand la détresse aura atteint son comble, l’archange Michel se lèvera pour sauver ceux