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JOACHIM DE FLORE. VIE

Salimbene sous le nom de Lectura Ysaie super oneribus ? ). publié à Venise en 1517 ; date de 1266 environ d’après Kampers, Die deulsche Kaiseridee in Prophétie and Sage, p. 90. — 2. Commentaire sur Jérémie ; se prétend écrit en 1197 à la demande de l’empereur I lciiri VI. cité par Salimbene, Mon. Gerni. hisl, Scriptores, t. xxxir, p. 236-7, à qui Gérard de Borgo San Donnino l’aurait montré en 1218 ; contemporain probablement de la seconde guerre entre Frédéric II et le Saint-Siège ; peut-être postérieur à 1242. Cf. Kampers, loc.cit., p. 72, etTocco, L’Eresia…, p. 3U8-314, qui suppose des interpolations postérieures. Elles sont possibles, mais, contrairement a ce que dit ce dernier, le nom d’Évangile éternel n’en est pas nécessairement une. Ce mot avait été employé, par Joachim lui-même, bien avant Gérard de Borgo San Donnino, qui lui donnera seulement un sens nouveau. Publié à Venise en 1517, 1519, 1525 et à Cologne en 1577.

— 3. Commentaire sur Ézécliiel. — 4. Le De oneribusprophetarum, commentaire de quelques passages de Nahum, Habacuc, Zacharic et Malachie, imprimé à Venise en même temps que le n. 1. — 5. Le De oneribus provint iarum ou De pricsagiis provinciulibus ; imprimé a Venise avec le précédent. — 6. Le De semine ou De srtninibus scriplururum, daté de 1205. Cf. Kampers, ’Liir Notitia sœculi des Alexander de.Rocs, dans Festgabe Karl Theodor von Heigel… gewidmet, p. 105 sq. ; se donne comme œuvre de Joachim ; très différent en réalité de ses idées ; mais utilisé comme œuvre de Joachim par la Notitia sasculi et par Arnaud de Villeneuve. Voir plus loin. — 7. L’Epistola ad Cyrillum, explication de l’Oraculumvngelicum de Cyrille, ermite au mont Carmel. Sur cet « oracle », très célèbre au moyen âge, mentionné pour la première fois à la fin du xni c siècle, exploité par les franciscains et les carmes pour la gloire di’leurs ordres respectifs, publié à Lyon, en 1663, en même temps que la lettre du pseudo— Joachim, par le P. Philippe de la Sainte-Trinité dans son livre : Divinum oraculum S. Cijrillo carmelitano… solemni legationc angeli niissum, voir Ehrle, Archiv., t. ii p. 327-334, et Huck, Ubertin von Casale, p. 89-94. L’écrit du pseudo— Joachim a été utilisé et appliqué au grand schisme, par Télesphore de Cosenza, à la fin du xiv 1’siècle, édité à Venise, 1516. — 8. Le De prophelia ignola. — 9. La Prophelia de papis ou De summis pontificitus, cf. Huck, op. cit., 94-98 ; date probablement du commencement du xive siècle, imprimée en 1589 et 1646 à Venise, en 1663 à Lyon, avec len. 7. — 10. L-’Exposilio SibylliB et Merlini citée par Salimbene. Holder-Egger a donné, Neues Archiv., t. xv, p. 151, un Vatii in nui’. St/biltæ Erythrcæ qui est une recension plus longue du texte que Ps. —Joachim a « exposé », et ibid., t. xxx, ]>. 324, ce texte même ; Huck, loc. cit., p. 80, a signalé deux éditions de la Prophelia SibijlUr Herithrese, Venise, 1515 et 1525, qui avaient échappé

I [older-Egger. Celui-ci a donné aussi, Xeues Archiv,

l. xv, p. 175, les Verba Merlini (cf. Huck, p. 80) ; et ibid. p. 177, un oracle de la Sibylla Samia, analogue et également cité par pseudo— Joachim. Cf. aussi, ib.id., I. xxx, p. 321. 11. Le Liber figurarum, cité par Salimbene. — 12. Un commentaire sur Daniel cité par Trithème comme un ouvrage distinct, mais qui se confond peut-être avec les derniers chapitres de la a 13, I u commentaire sur saint Jean. —

14. I.e De septem sigillis. — 15. Le De futuris temporibus ou lie ultimis tribulationibus.

On peut ajouter quelques ouvrages donnés eu plus sur la liste de (ireco ; pour quelques-uns il dil que le catalogue de la Vatlcane, de son temps, les attribuait û Joachim : 16. Volumen egregiarum sententiarum. 17. IJber de consolalione. — 18. Liber epistolarum ni ! diversos. 19. De vita solitaria, 20. De virtutibus.

— 21. Super régula sancti Benedicti.

III. Doctrine.

Les meilleurs exposés sont ceux de Schotl, de Tocco, L’Eresia…, longues analyses et citations copieuses, et surtout de Fournier. A défaut du recours aux ouvrages eux-mêmes, on trouvera dans le procès-verbal de la commission d’Anagni, Denifle, Archiv…, 1. 1, p. 97-142, un recueil de textes bien choisis, fidèlement rapportés et logiquement classés. L’analyse que Schott a donnée de l’Apocalypse et de la Concordia en montre fort bien le caractère décousu. Comme d’autre part on a vu que la chronologie des ouvrages authentiques ne peut être fixée, que jusqu’au dernier jour Joachim les a eus sur le métier, qu’ils empiètent les uns sur les autres et traitent tous un peu de tout, il faut renoncer à exposer la doctrine dans son développement historique et la résumer sur un plan systématique.

Elle se ramène à deux points essentiels : 1° une théologie de la Trinité ; 2° Une théorie sur les grandes divisions de l’histoire de l’humanité.

Théologie Irinitaire.

M. Fournier lui assigne

deux origines différentes et qui ne s’excluent pas : l’influence de la théologie grecque (il resterait à établir que Joachim, qui comme Calabrais n’a guère pu ignorer la langue grecque, et connaissait bien les coutumes religieuses des Grecs, a bien connu aussi la dogmatique des Pères grecs ; ce n’est pas tout à fait la même chose) ; et d’autre part l’influence de Gilbert de la Porrée (cf. plus haut). Cette théologie a un caractère polémique ; elle est dirigée contre Pierre Lombard. Nous la connaissons par la condamnation même prononcée par le IVe concile de Latran, et par divers passages des écrits conservés, notamment du Psallerium. Joachim reprochait au Lombard d’avoir dit que quædam summa res est Pater et Filius et Spiritus Sanctus, et Ma non est generans, alque genila, nec procedens. Il en concluait que pour le Lombard la Trinité était une espèce de quaternité, aux trois personnes s’ajoutant leur commune essence, comme un quatrième terme. Mais lui-même, bien qu’il « concédât que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont une essence, une substance, et une nature, » ne considérait pas cette unité comme vera et propria, mais comme collecliva et similitudinaria, comme lorsqu’on dit que beaucoup d’hommes sont un peuple et beaucoup de fidèles une Église. En somme il compromettait l’unité divine. U aboutissait à une espèce de trithéisme.

Théorie sur l’histoire de l’humanité.

1. La

théorie des trois âges. — A ce trithéisme théologique correspondait en quelque sorte un trithéisme historique. Ici Joachim s’inspirait d’une habitude d’esprit très répandue au Moyen Age : voir partout des symboles et des figures, et d’un principe exégétique universellement accepté, qui faisait de l’Ancien Testament la figure du Nouveau. Pourquoi le Nouveau lui-même ne serait-il pas une figure ? Et puisque tout le monde admettait l’existence de deux âges, dont le premier annonçait le second, puisque l’Ancien Testament était plus particulièrement l’âge du Père, puisque le Nouveau, dominé par le grand fait de l’incarnation, était l’âge du Fils, puisque, comme Joachim l’arépété maintes fois, « sans introduire aucune scission dans la divinité, on peut et on doit discerner diverses catégories d’actes divins, et, à côté de ceux qui à raison de l’unité d’essence doivent être rapportés communiler aux trois personnes, » en admettre qui « à raison de la propriété de chaque personne, » lui sont spécialement rapportés (Fournier, Éludes…, p. 17), la logique et en quelque sorte la symétrie n’invitaient-elles pas à admet Ire que l’Esprit présiderait à une troisième période encore obscure, mais que pourrait déchiffrer d’avance dans ses grandes lignes l’homme auquel

« Dieu, qui avait jadis donné aux prophètes l’esprit