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    1. JUDAÏSME##


JUDAÏSME, idées religieuses

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pour manger et pour boire : tout le septième jour, ils ne prenaient que du pain, du sel et de l’eau. Beaucoup jeûnaient pendant trois jours. Ils se réunissaient le septième jour dans un sanctuaire commun pour entendre une conférence du plus ancien.

Leur plus grande tête était le cinquantième jour, qui est probablement la Pentecôte. Pour la célébrer ils se réunissaient en habits blancs, chantaient des hymnes, étaient instruits par l’explication du texte biblique, mangeaient les mets les plus sacrés : du pain, du sel qu’ils mélangeaient à de l’hysope. Après le repas commençait une fête nocturne qui consistait en des chants exécutés par deux chœurs et en des danses.

Les thérapeutes n’étaient pas des ascètes chrétiens comme Eusèbe, H.E., II, xvii, et beaucoup d’auteurs jusqu’au xvie siècle l’ont cru, mais de purs Juifs. Cependant ils ne sont pas non plus des scribes idéalisés par Philon. Us représentent une association réelle de philosophes juifs qui avaient les mêmes idées que Philon.

Pharisiens et sadducéens.

Montet, Essai sur les origines

des partis sadducéen et pharisien et leur histoire jusqu’à la naissance de Jésus-Christ, Paris, 1883 ; Davaine, Le Saducéisme, thèse, Montauban, 1888 ; Narbel, Élude sur le parti pharisien, thèse, Paris, 1891 ; Lafay, Les sadducéens, thèse, Lyon, 1904 ; Schiirer, Geschichte…, t. ii, p. 380419 ; Felten, op. cit., t. i, p. 372-385 ; Derenbourg, op. cit., p. 70-82 ; F, Prat, Pharisiens, dans Dict. de la Bible, t. v, col. 205-218 ; H. Lesètre, Sadducéens, ibid., t. v, col. 13371346 ; D. Eaten, Pharisces, dans Hastings, Dict. of the Bible, t. iii, p. 821-829, du même, Sadducees, ibid., t. iv, p. 349-352.

Esséniens.

V. Ermoni, L’essénisme, dans Revue des

questions historiques, 1903, t. xxix, p. 5-27 ; Friedlânder, Die religiosen Bemegungen innerhalb des Judentums Un Zeilalter Jesu, Berlin, 1905, p. 114-108 ; Schiirer, Geschichte, t. ii, p. 556-584 ; Felten, op. cit., 1. 1, p. 388-401 ; W. Bousset, Die Religion des Judentums…, p. 524-536 ; Derenbourg, op. cit., p. 166-175 ; F. C. Conybeare, Essines, dans Hastings, Dict. of the Bible, t. i, p. 367-372.

3. Thérapeutes.

Lucius, Die Therapeuten und ihre Stellung in der Geschichte der Ascèse, Strasbourg, 1879 ; N’irschl, Die Therapeuten, Mayence, 1890 ; Conybeare, Philo about the contemplative life, critically edited ivith a defence of ils genuinas, Oxford, 1895 ; Massebieau, Le traité de la vie contemplative et la question des thérapeutes, dans Revue de l’histoire des religions, 1887, t. xvi, p. 170 sq., 284 sq. ; P. Wendland, Die Therapeuten und die Schrift vom beschaulichen Leben, dans Jahrbùcher fiir klassische Philologie, 1896, t. xxii, p. 693 sq.


V. Idées religieuses. —

Dans l’appréciation moderne des idées et pratiques religieuses du judaïsme, on remarque de singuliers contrastes. D’un côté on fait du judaïsme un État ecclésiastique, de l’autre on regarde sa religion comme de beaucoup inférieure à celle de l’Israël préexilien. On lui attribue les plus belles œuvres de la poésie hébraïque, spécialement les psaumes, qui révèlent la vie religieuse la plus intense, ainsi que bon nombre d’écrits prophétiques, et on le présente néanmoins comme étouffé par le formalisme extérieur et vivant dans une période de décadence.

Ces contradictions des critiques ne témoignent pas en faveur de la justesse de leurs appréciations. En effet celles-ci découlent bien plutôt de théories préconçues que de faits réels. Non seulement on serre le judaïsme dans le lit de Procuste de l’évolutionnisme, mais on juge avec un souverain dédain toute forme extérieure de la religion. On fait violence aux récits judaïques et on méconnaît cette loi qui porte chaque religion, conformément à la nature humaine, à manifester sa vie intérieure en des formes extérieures.

Les sources que nous avons indiquées plus haut permettent de rendre meilleure justice au judaïsme,

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

tout en marquant les idées religieuses qui lui sont propres par comparaison avec celles de l’ancien Israël. l u Théodicée. — 1. Monothéisme absolu des temps postexiliens. — Plus la conception de Dieu est chez un peuple pure et élevée, plus sa religion est parfaite. Sous ce rapport, le culte de Jahvé était dès son commencement bien supérieur à tous les cultes antiques. Dès avant l’exil, l’idée de Dieu conçu comme un être spirituel, dont les principaux attributs sont la sainteté et la toute-puissance, était commune en Israël. En la prêchant, aucun des prophètes n’a conscience de dire des choses nouvelles. Cependant ils doivent tous la défendre contre les fortes tendances polythéistes et la purifier des conceptions grossières de leurs contemporains. Même pendant l’exil, les Israélites ont encore besoin d’être mis en garde contre l’idolâtrie par les discours d’Ézéchiel et les révélations de la seconde partie d’Isaïe.

Sous ce rapport, la mentalité juive est après le retour de Babylone complètement changée. La dure punition de la captivité a radicalement guéri le peuple eiu de son infidélité envers Jahvé et de sa préférence pour d’autres dieux. Malgré l’épreuve que réservait à sa foi la destruction de la ville sainte et du temple, la croyance en Dieu devint le dogme fondamental de chaque Juif. Si au temps d’Antiochus Épiphane plusieurs prêtres aristocrates prêtèrent leur concours à l’introduction de l’idolâtrie, ce fut moins par conviction que par opportunisme politique. Le peuple entier se souleva avec d’autant plus d’indignation contre cette atteinte portée au culte du Très-Haut. L’auteur du livre de Judith relève, viii, 18, avec satisfaction qu’ « il n’y a plus aujourd’hui une tribu ou une maison ou une famille qui adorent des dieux faits de mains d’homme, comme cela arrivait autrefois ». En effet, non seulement la notion d’un Dieu unique duquel dépend tout l’univers est le bien commun du judaïsme, mais les Juifs sont fiers d’être les seuls hommes qui connaissent et adorent le Créateur. Ils s’attribuent même la mission providentielle de le faire connaître aux autres. /// Sibyl., 582 sq. Ils se livrent pour cela à une ardente propagande pour le monothéisme et démontrent aux païens, p. ex. Sap., xm-xv, la folie du polythéisme. Si le prosélytisme juif eut un si grand succès, ce fut surtout à cause de l’idée si pure de Dieu que le judaïsme présentait aux Gentils.

2. Transcendance de Dieu.

A côté de la sûreté avec laquelle les Juifs professèrent la croyance en Dieu, il est un second caractère qui distingue la notion judaïque de l’Être suprême. Si on parcourt la littérature du judaïsme, on est frappé par la tendance qui progressivement s’y fait jour à souligner la majesté transcendante et inaccessible de Dieu, à éloigner celui-ci, pour ainsi dire, de tout contact avec l’homme, avec la terre.

Cette tendance se révèle tout d’abord par les noms qui sont donnés à Dieu. D’une part on évite le nom de Jahvé. Une certaine crainte religieuse défend de l’écrire et encore plus de prononcer ce nom sacré sous lequel Dieu s’est révélé à Moïse. Il manque tout à fait dans l’Ecclésiaste et presque complètement dans Daniel. Dans le deuxième et troisième livre des Psaumes, un rédacteur l’a remplacé à peu près partout par celui d’Élohim. Dans les autres écrits juifs de l’époque, le nom de Jahvé alterne avec celui d’Élohim. On était plus conséquent pour éviter la prononciation du tétragramme sacré. A l’époque du Nouveau Testament, l’emploi du nom de Jahvé était restreint au culte du temple. Le grand prêtre le prononçait le jour de l’Expiation, Misclma, Joma, vi, 2, et quand il donnait la bénédiction. Les prêtres le prononçaient également quand ils donnaient la bénédiction après le sacrifice quotidien ; dans les synagogues, par

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