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JUDAÏSME, PARTIS RELIGIEUX ET POLITIQUES


aussi les prophètes et les hagiographes, Mischna, Schabbalh, xvi, 1 ; Erubin, x, 3.

Le sanhédrin.

Dès le retour, l’administration

intérieure du peuple juif fut confiée à un conseil d’anciens, Esdr., v, 5 ; vi, 7 ; x, 8 ; Neh., ii, 16 ; v, 7 ; vu, 5, qui se composait des principaux chefs de famille. Puisque le sacerdoce représentait la noblesse juive, ses membres y entrèrent en très grand nombre. Ceux des gouverneurs, nommés par les Perses, qui étaient juifs, comme Zorobabel, Néhémie, Esdras, se trouvaient sans doute à la tête de ce sénat. Plus tard, lorsque le grand prêtre fut aussi le représentant du peuple pour l’extérieur, il devint le chef du conseil.

Sous la suzeraineté hellénique le sénat juif jouit, conformément aux principes des rois grecs, d’une plus grande liberté encore dans le gouvernement. Josèphe mentionne ce conseil suprême expressément pour le règne d’Antiochus Épiphane, Ant, XII, iii, 3 et les livres des Macchabées parlent souvent de la yepooaîa ou « des anciens du peuple ». II Macch., i, 10 ; I Macch., xii, 6 ; xiii, 36.

Depuis le ue siècle le sénat juif portait le nom de sanhédrin et à partir de la reine Alexandra il ne se composa pas seulement de l’aristocratie sacerdotale et des autres anciens, mais aussi d’un certain nombre de docteurs de la Loi. Ses membres étaient avec le grand prêtre au nombre de soixante et onze. Le pouvoir du sanhédrin fut bien amoindri pendant le règne monarchique des Asmonéens, encore davantage sous Hérode. Par contre, sous les procurateurs romains, il devint de nouveau très puissant et jouissait d’une grande autonomie de sorte que Josèphe dit : i l’aristocratie administre et le gouvernement de la nation est confié aux pontifes, » Ant., XX, x. Le sanhédrin disparut avec la ruine de Jérusalem.

Le sanhédrin ne représentait pas seulement la première autorité administrative, mais aussi la haute cour de justice. En principe tous les Juifs de l’univers dépendaient du sénat de Jérusalem : mais de fait les frontières de l’État judéen étaient aussi les limites de sa compétence. Au temps de Jésus-Christ, la Galilée ne tombait pas sous sa juridiction, de sorte que Jésus ne put être saisi par lui qu’au moment où il mit le pied sur le sol de la Judée.

Le sanhédrin était surtout compétent dans l’ordre spirituel et religieux, mais aussi pour toutes les mesures administratives et toutes les décisions judiciaires qui n’étaient pas réservées au procurateur romain, ou attribuées aux tribunaux locaux. Mais il ne pouvait faire exécuter une condamnation à mort sans l’approbation des procurateurs. D’autre part il avait le droit de condamner à mort même un citoyen romain, s’il avait transgressé la barrière qui écartait un païen de la cour intérieure du temple.

Sacerdoce.

A. Van lloonacker, Le sacerdoce ïéuitique

dans la Loi et dans l’histoire des Hébreux, Louvain, 1890 ; du même, Les prêtres et les lévites dans le livre d’Êzécliiel, dans Revue biblique, 1899, p. 177-205 ; Touzard, L’âme juive au temps des Perses, Ibid., 1919, p. 74 sq. ; W.Baudissin, Die Gesehicbte des alltestamentlichen Prieslertums, Leipzig, 1889 ; du même, Priests and Lévites, dans Hastings, Dictionary of tbe Bible, 1923, t. iv, p. 67-97 ; Schùrer, Geschichle. .., t. il, p. 214-305 ; J. Felten, op. cit., Ratisbonnc, 1910, t. i, p. 301-336 ; F. X. Kortleitner, Archieologia biblica, 2e édit., InsprueK, 1917, p. 139-216 ; J. Benzinger, Ilebràischc Areheologie, 2 édit., Tubingue, 1907, p. 342-302 ; A. Bertholet, op. cit., p. 9-23, p. 323-335 ; F. X. Kugler, op. cit., p. 119-124 ; H. Lesètre, articles Prêtre, Grand prêtre, Lévite, dans Dictionnaire de la Bible, t. v, col. 640-662 ; t. iii, col. 295-308 ; t. iv, col. 200-212 ;

Scribes.

Scburer, Geschichte…, t. ii, p. 305-3J0 ;

Felten, op. cit., t. i, p. 337-355 ;.1. Derenbourg, op. cit., p. 29 sq., 95 sq. ; Lightley, Les scribes, thèse, Paris, 1905 ; M. Bâcher, op. cit., t. i-n, passim ; H. Strack, op. cit., p. 523 ; A. Bertholet, Die jiidiscbe Religion von der Zeit Esrus

bis zum Zeitalter Christi, Tubingue, 1911, p. 335-358 ; H. Lesètre, Scribes, dans Dictionnaire de la Bible, t. v, col. 1536-1542 ; 1). Katen, Scribes, dans Hastings, Dictionary of the Bible, t. ii, p. 420-423.

Sanhédrin.

Bluin, Le Sanhédrin ou Grand Conseil

de Jérusalem, Strasbourg, 1889 ; Scburer, Geschichte…, t. ii, p. 188-214 ; Felten, op. cit., t. i, p. 290-301 ; Derenbourg, op. cit., p. 83-94 ; II. Lesètre, Sanhédrin, dans Dict. de la Bible, t. v. col. 1459-1466 ; W. Bâcher, Sanhédrin, dans Hastings, Dict. of tbe Bible, t. iv, p. 397-402.


IV. Partis religieux et politiques. —

1° Pharisiens et sadducéens. — Rien n’aurait été plus naturel et plus indispensable pour le bien de la nation que l’harmonie entre les représentants du sacerdoce et les docteurs de la Loi ; d’autant que les premiers scribes étaient des prêtres, que longtemps les deux charges furent réunies dans les mêmes mains et que même après leur séparation le sacerdoce trouvait toujours son plus ferme soutien dans les doctrines des scribes.

Cependant la guerre éclata entre les deux ordres dès le groupement définitif des scribes. Il y avait entre les aristocrates de la hiérarchie et les plus zélés des docteurs une discorde presque continuelle. Elle devint finalement si aiguë que deux partis se formèrent qui divisaient tout le peuple : les pharisiens et les sadducéens. Toute l’histoire juive depuis l’insurrection macchabéenne jusqu’à la chute de Jérusalem est dominée par leur antagonisme et en reflète les suites néfastes.

Nous n’avons pas de renseignements positifs sur l’origine des pharisiens et des sadducéens. Les deux groupes semblent s’être formés simultanément à l’époque macchabéenne. Les livres des Macchabées ne les mentionnent pas encore. Mais ils existent déjà plus ou moins nettement constitués pendant les coin bats des fils de Mathalhias. Les hasidim queux), I Macch., ii, 42 ; vii, 13 ; II Macch., xiv, 6, qui prêtaient l’appui le plus solide aux Macchabées sont sans aucun doute les mêmes qui portent plus tard le nom de pharisiens. Ils se distinguaient par un grand zèle pour la Loi et par la résistance absolue à toute in fil tration païenne. Ceux des prêtres membres de l’aristocratie, par contre, qui nourrissaient l’esprit opposé, qui favorisaient sous Antiochus Épiphane l’introduction des mœurs et des idées helléniques et y prêtaient même un concours actif sont, sinon dans le sens strict du mot, au moins en principe, les premiers sadducéens. Sous le règne de Jean Hyrcan les deux partis apparaissent nettement groupés et expressément désignés par les noms qu’ils ont gardés dans l’histoire. Ant., XIII, x, 5 sq.

1. Les pharisiens ne formaient ni un parti politique ni une secte religieuse. Ils étaient simplement ceux qui voulaient réaliser de la façon la plus parfaite la sainteté prescrite par la Loi, les représentants outranciers "et intransigeants du légalisme tel qu’il se mam testait dès la réforme de Néhémie et d’Esdras.

La haine profonde contre le paganisme et l’affection vive pour la Loi qui caractérise tout le judaïsme sont par les pharisiens poussées jusqu’à l’exclusivisme le plus extrême. C’est pourquoi le parti pharisaïque se composait surtout des scribes et de leurs partisans. Tous les grands scribes étaient des chefs pharisiens.

Tout ce qui est dit au sujet du zèle des scribes pour la Loi est encore plus vrai des pharisiens. Ils sont ceux qui « expliquent exactement la Loi des pères. « Ant.. XVII, ii, 4, et qui pour l’observer, « renoncent à toute jouissance et à toute commodité ». Ant., XVIII. i. 3. Ce sont eux surtout qui ont introduit la Loi orale : « les pharisiens ont imposé au peuple beaucoup de prescriptions qui ne sont pas écrites dans la Loi de Moïse. » Ant., XIII. x. 6. Comme ils étaient les plus pieux par l’observation stricte de la Loi, ils étaient