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Quæsliones Veteris et Novi Testamenti, faussement attribuées à saint Augustin et Insérées d ins ses œuvres. P. L., t. xxxv. col. 2213-2116. Outre certaines locutions assez caractéristiques, il existe des rapports plus généraux entre le style d' Isaac et celui d.' l’Ambrosiaster, ainsi que des ressemblances de doctrine fort curieuses, si bien que dom Morin, après les avoir signalés minutieusement, posait cette question : « L’introuvable Ainbrosiaster ne serait-il pas, par hasard, ce même Isaac, dont le seul écrit qui nous reste nous a permis, malgré sa brièveté, de constater un nombre relativement considérable d’analogi s philologiques et doctrinales, soit avec les Commentaires sur saint Paul, soit avec les Questions sur l’Ancien et le Nouveau Testament ? » I' Ambrosiasler, p. 108. Oui, semble-t-il. Mais, sans aller jusque-là, dom Morin se content lit d’apporter cette contribution Intéressante à la solution du problème relatif à l’Ambrosiaster, estimant que certaines coïncidences de langage entre les écrits de l’Ambrosiaster et ce qui reste d’Isaac, le contemporain d saint Dainase, valaient la peine d'être introduites dans le débat.

Depuis 1899, où elle a été publiée, la conjecture de dom Morin a passé par différentes phases, qu’il importe de signaler brièvement. Il paraissait alors à son auteur, comme il le rappelle lui-même, Études, textes, découvertes, IIe série des Anecdota Maredsolana, Maredsous et Paris, 1913, t. i, p. 8, « qu’il y avait quelque ressemblance entre les deux écrits de l’Ambrosiaster (i’est-à-d re le Commentaire et les Quæsliones) et le petit traité Fides Isaci ex Judœo, édité par Sirmond : les traits qui caractérisent le premier, un esprit frondeur et toujours prêt à censurer, de curieuses accointances avec le judaïsme, un tempéram nt de légiste, tout cela concorde bien avec ce que nous savons de la tournure d'àme et de la carrière du second. Plusieurs érudits, Th. Zahn entre autres, ont apporté depuis de nouveaux arguments à l’appui de cette identification. Th. Zahn, Der Ambrosiasler und der Proselul Isaac, dans Theologisches Lileraturblatt, 1899, t. xx, p. 313-317 ; Burn, The Ambrosiaster and Isaac Iht c mverled Jeiv, dans 77 » Exposilor, novembre 1899, t. ii, p. 368 sq. ; Krueger, dans Theologisches Jahrrsbericht, 1900, t. xix, p. 217 ; le P. Jos. Brucker, dans les Études, 5 février 1900, t. lxxxii, p. 339 sq. ; Turner, dans The Journal o/ theological studies, octobre 1902, t. iv, p. 135 ; J. Witiig, Papst Damasus I, Rome, 1902, p. 71, trouvèrent l’hypothèse de dom Morin très séduisante et l’adoptèrent. Seul, Zimmer, Pelagius in Irland, Berlin, 1901, p. 120, la déclara inacceptable, parce que l’Ambrosiaster, en comm ntant I Tim., ni, 15, parle de Dainase, qui gouverne aujourd’hui l'Église. Dom Morin reconnaît que l’argument ne prouve rien, car le commentaire des É dtres de saint Paul a pu être composé avant la sub imation d’Isaac contre Dainase, subornation qui eut lieu en 372, alors qu Dainase était sur le trône pontifical depuis le mois de septembre 306, et si la cxv » question paraît avoir été rédigée après 374 et la cxxv » longtemps après JJ71, le comm n taire peut leur être antérieur. Ililnrius l' Ambrosiasler, dans la Roue bénédictine, 1903, t. xx, p. 114-115.

Si dom Morin a abandonné sa première hypothèse, c’est pour d’autres raisons. Il maint liait toutefois que le Commentaire et es Que lient duméme

auteur, qui écrivait sous le pontificat de saint Dama e, qui fait de fréquentes allusions aux traditions et aux usages judaïques, tout en combat t ant vigoureusement les Juifs qui ne se couvert isse ni pas au christianisme. Il laissait seulement de côté « l’hypothèse d’Isaac. Ibid., p. 114. Il lui semblait « plus sage de s’en tenir à la tradition paléograpiiique, qui indique comme auteur, du moins pour le commentaire sur l’EpItre

aux Romains, un certain Hilarius. Or il y a précisément un Hilarius qui, par le rang qu’il occupa et les fonctions qu’il remplit à partir de 377, correspond assez à l’idée que nous pouvons nous faire de l’Ambrosiaster d’après ses écrits : c’est Decimus Hilarianus Hilarius, d’abord proconsul d’Afrique, puis préfet du prétoire et finalement préfet de Rome en 408. Car enfin, F. Cumo.it l’a forl bien mis en relief, dans -on étude sur La polémique de V Ambrosiaster contre les païens, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, t. viii, p. 417-440, notre auteur a tout l’air ou d’un fonctionnaire public, ou tout au moins d’un avocat, et il y a dans ses ouvrages des phrases qu’un juif de naissance n’aurait guère pu écrire ». Éludes, textes, el découvertes, t. i, p. 8-9. Cf. Revue bénédictine, 1903, t. xx, p. 115-124.

La nouvelle hypothèse de dom Morin n’a guère eu de succès dans le monde savant. M. Souter l’a critiquée dès son apparition. A new view about Ambrosiasler, dans 771e£xpos170r, VI< ! sene, t.vn 1903, n. 1, p. 442-456. Il l’avait lu -même autrefois défendue avec prudence, et tous lescritiques l’avaient rejetée. Pseudovugust i ni Quustiones Vileris et Novi Testamenti cxxvii, dans Corpus scriptorum eeclrsiaslicorum lalinorum, Vienne, 1908, t. l, p. xxiv, note 8.

Dom Morin d’ailleurs, ne s’est pas tenu lui-même à la seconde identification qu’il avait proposée. Dès 1913, il annonçait qu’il allait lancer une autre hypothèse qui, cette fois. « rallierait tous les suffrages > Éludes, leiles, t. i, p. il. L'étude ainsi annoncée a été publiée dans la Revue bénédictine, 1914. t. xxxi, p. 1-34, sous ce titre : Qui est l' Ambrosiaster ? Solution nouvelle. L s deux ouvrages qui lui sont attribués s’harmonisent à un même auteur. Cet auteur est Évagrius, cvêque deseusthathiens d' Antioche peu après 392. En faveur de cette surprenante identification dom Morin invoque la traduction latine de la Vie de saint Antoine, comparée avec les écrits de l’Ambrosiaster, le curriculum vitse d'Évagrius et ce que nous savons de la carrière de l’Ambrosiaster, enfin le témoignage de saint Jérôme au sujet des écrits d'Évagrius. La conclusion est celle-ci : t Je me crois autorisé à affirmer, non pas que l’Ambrosiaster peut être, mais qu’il est Évagrius d’Antioche. »

Dom Wilmart, ibid., p. 163, note, a écrit à ce sujet : « L’argument déconcerte tout d’abord et l’on s' (Traie de l’hypothèse qu’il engage I puis sa force agit peu à peu et détermine enfin la conviction. Dom Morin déclare qu’il y a pour lui désormais évidence. Tout observateur non prévenu accord ra du moins que la probabilité est aussi grande qu’elle peut l'être en pareil cas. « Aucun autre critique, que je sache, n’a imis son avis sur la nouvelle hypothèse, et M. Tix ront ne la mentionne pas. Précis de patroloqie, Paris, 1918, p. 317-318. Cette carence de discussion est-elle due aux circonstances de la guerre ou au peu de considération accordée la dernière (sera-ce b en la dernière ?) hypothèse de dom Morin ?

2. Succès de l’hypothèse qui identifie Isaac et l Ambrosiasler.

Pendant que Dom Morin abandonnait l’Itypolhêse dont il était le père, celle-ci continuait à faire son chemin dans le moud.' d ta critique. Nous avons signalé plus haut les nombreuses adhésions qu’elle recueillit dès son apparition. Bile a pris place, presque à titre de certilud-, dans le très classique manuel d' Schanr, Geschichle der rômischen Lilteratur, t. iv, 2° (dit.. Munich, 191 1. § 945. p. 354. .1 W ttin a soutenu la même thèse, Dr Ambrosiasler Hilarius, d.[ Sdraleck, Kirchengeschu hlluhe Abhandlungen, Breslau 1906, t iv. p. 1-66

Mais aucun critique n’a déployé autant d' savoir que M Alexandre Sou ter en faveur de rident i fi ationde l’Ambrosiaster avec le juif Isaac. Dans A study o/ Ambrosiasler, dans les Texts andSludies de Robinson, Cam-