Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/8

Cette page n’a pas encore été corrigée


DICTIONNAIRE

DE

THÉOLOGIE CATHOLIQUE

Séparateur

I

(suite)


1. ISAAC, juif converti et auteur ecclésiastique (TVe siècle). — 1° Le personnage, et son œuvre certaine.

— Gennade signale dans De viris M., 26, P. L., t. Lvra, col. 1 075-1 076, un certain Isaac, auquel il attribue, sans donner la moindre détail biographique, un ouvrage assez obscur : De sanctæ Trinitatis una substantiel et incarnatione Domini. Au xviie siècle, le jésuite Sirmond publia, d’après un manuscrit de la bibliothèque de Pithou, un petit traité portant ce titre : Fides Isatis ex judseo, sur le sujet indiqué par Gennade. Opuscula dogmatica, Paris, 1630. Il reconnut avec raison dans l’auteur le juif converti, Isaac, dont il est question dans l’histoire du pape saint Damase : ce juif converti, après avoir écrit en faveur de la foi catholique, s’était engagé dans le parti schismatique d’Ursin. Voir Duciiesne, Le Liber Pontiftcalis, t. i. p. 214. Mais dès qu’Ursin eat été exilé à Cologne, il apostasia, retourna à la synagogue et porta, à Rome, devant le tribunal du préfet de la ville, contre le pape, une accusation capitale, dont on ignore l’objet et dont il ne put fournir la preuve. Gratien s’interposa et fit exiler l’accusateur dans un cftin retiré de l’Espagne, d’où il était peut-être originaire. Mais le vieux pontife voulut porter sa cause devant un tribunal d’évêques. Un concile fut réuni, en 380, peut-être dijà en 378, lava Damase de toute accusation et écrivit aux empereurs Gratien et Valentinien II une relation de l’allaire. On la trouvera dans Mansi, Concilia, t. iii, col. (524 sq. La réponse d.s empereurs est le n. 13 de le Collectio Avellana, Corpus scriplorum ecclesiasticorum lalinnrum, t.xxxv a. Le reste de la vie d’Isaac n’est pas connu.

On voit que nous sommes fort mal renseignés sur la personne même d’Isaac. Gennade, qui n’a pas un seul mol sur les caractéristiques de l’auteur, attr bue simplement à Isaac la dissertation (disputalio) tluologique, ci-dessus désignée, et que l’on appelle d’ordinaire le Liber fldei de sancta Trinilate et incarnat idnc Domini. Celle-ci d’ailleurs ne nous est point parvenue intégralement, car l’opuscule, publié par Sirmond, en 1630, d’après un manuscrit de Paris, du vin » ou du ix » siècle, ne peut en être qu’un extrait, tant le début et la fin en sont brusques. P. G., t. xxxin. col. 1541-1546. C’est une suite de considérations passablement obscures sur les nombres 5, 3 et 2, où l’auteur cherche à préciser ce qui, dans la Trinité, est exclusivement propre au Père, au Fila et au Saint-Esprit. Ce sont, dit-il, trois personnes dis DICT. DE THÉOL. CATHOL.

tinctes, mais qui ne forment qu’une seule et même divinité. La seconde de ces trois personnes est éternellement engendrée sans qu’on puisse dire les circonstances de ce mystère : quando quomodo oelubinon potest dici de eo. Elles s’est incarnée pour nous sauver par sa passion. Elle possède deux natures dans l’unité de personne, la personne du Fils de Dieu : unigenitus et primogenitus duse naturse sunt, divina et humana, sed una persona. Le Saint-Esprit, Dieu comme le Père et le Fils, est dit simplement procéder du Père. Tels sont les quelques renseignements fournis par cet extrait.

Zeuchner a réédité la Fides Isatis ex Judseo, dans Sludien zur Fides Isaatis. dans les Kirchengeschiehlliche Abhandlungen de Sdralek, 1909, t. viii, p. 99-148.

Mais, s’il faut en croire certains critiques modernes, le Liber fidei serait loin de représenter tout l’héritage du juif converti. Il semble que l’on assiste, depuis une vingtaine d’années, à la résurrection d’un auteur qui aurait été beaucoup plus fécond qu’on ne le pensait d’abord. D’une part en effet, plusieurs critiques notables s’accordent à identifier Isaac avec le mystérieux Ambrosiaster ; allant plus loin, d’autres auteurs prêtent, avec un peu trop de libéralité, à Isaac nombre de productions sans maître de l’ancienne littérature latine. Nous passerons successivement en revue ces deux catégories assez différentes d’hypothèses.

2 » Isaac et V Ambrosiaster. — 1. Apparition de r hypothèse qui les identifie. — Dom Morin, L’Ambrosiaster et le juif converti Isaac, contemporain de Damase, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, Paris, 1899, t. iv, p. 97-121. a le premier conjecture qu’il y avait lieu d’identifier le Juif converti Isaac, et l’autcui d’un célèbre commentaire sur les 13 épîlres de saint Paul, fuuss. ment attribué à saint Anibroise et désigné, dipu.s Erasme, sous le nom d’Ambrosiaster. Cf. t. i. col. 915, I. 21. Il appuyait celle cemjecture sur le raisonnement suivant. Caspari a pi bliedans ses Kinhenhistorische anecdola, Chris : iania, 1883, p. 304-3U8, d’après un ms. de Bohbio, une Exposilio fldei catholicte (u entretient avec le Liber fidei des rapports tellement éiroits, qu’ils accusent soit une source commune’, soit une d< pendunce de l’un vis-à-vis de Taure. Or, les d ux dssertali’si étroitement apparentées, offrent pal ; leui analogies frappantes, d’une’part ae-e-e commentaire dit d. l’Ambrosiaster, d’autre parti avec les

VIII, — 1