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    1. IÉSUS-CHRIST ET LA CRITIQUE##


IÉSUS-CHRIST ET LA CRITIQUE. LES MIRACLES

o.

miracles de guérison seraient l’effet de la rorce spirituelle, compatissante et sympathique de Jésus. — On trouve la même distinction chez Karl von Hase.

11. -.1. Holtzmann. O. Holtzmann, J, Weiss, 11. Weinel, W. Bousset, A. Harnack, I 1. Wernle : il n’a pas d’autres miracles que les guérisons, qui s’expliquent d’ailleurs naturellement par Y impression extraor dinaire que produisait sa personnalité imposante, cf. o. Holtzmann, Leben Jesu, p. 150, par la suggestion, par l’hypnose, par l’hystérie. M. Harnack est un type réussi de l’éclectisme libéral. Il groupe ainsi les récits évangéliques relatifs aux miracles : récits provenant d’exagérations portant sur des faits naturels impressionnants ; récits provenant île paroles ou de paraboles de Jésus, ou d’accidents internes transportés dans le monde extérieur : récits tirant leur origine du désir de voir se reproduire certains faits narrés dans l’Ancien Testament ; récits de guérisons surprenantes, dues à la puissance spirituelle de.lesus ; récits de faits « qui demeurent impénétrables. c’est-à-dire inexplicables. En somme. M. Harnack ne reconnaît de valeur qu’aux guérisons accomplies par Jésus, lesquelles, d’ailleurs, n’ont jamais dépassé les limites du domaine naturel. Dos Wesen des Christentums, p. 1 ! » : tr. fr., p. -12. Jésus n’a donc pas été un thaumaturge au sens propre du mot. mais un docteur merveilleux, Yunderdoktor. Cf. Wrede. Die An lange unserer Religion, p. 00 : P. "W. Schmidt, Die Geschichte Jesu erklârl, p. 68-72. En réalité, la chrétienté croyante a peint sur le fond doré du merveilleux l’image humaine, si simple de Jésus : ses miracles sont une couronne ctincelante que la foi poétique des premiers chrétiens a placée sur son front ». W. Bousset, Jésus, p. 15.

— Un assemblage curieux de toutes les négations et de toutes les hypothèses rationalistes à l’endroit des miracles évangéliques a été fait par M. W. Soltau, Hat Jésus’Wunder gethan ?… Leipzig, 1903. Voir une analyse île cet ouvrage dans I’illion. Les miracles de N.-S. Jésus-Christ, t. i. 88-90. Sur l’attitude des rationalistes contemporains relativement aux miracles de l’Évangile, voir A. Seitz, Das Evangelium des Gotlessohns, Fribonrg-en-B., 1908, p. 134-136 ; 111 : 150 ; 170-194 : 349-350.

3. Attitude hésitante des protestants orthodoxes. — Attitude hésitante est assez peu dire : nombre de protestants orthodoxes et de critiques anglicans. théologiens modérés et se rapprochant de nous sur beaucoup de points, semblent craindre d’accepter les miracles de Jésus-Christ. Lorsqu’ils les admettent, c’est avec une grande répugnance, ou bien en faisant d’étranges concessions aux adversaires du surnaturel. Ils travaillent, semble-t-il, a réduire le plus possible. au double point de vue de la quantité et de la qualité, les miracles évangéliques. Ainsi agissent, à l’aile droite des protestants libéraux confinant au protestantisme orthodoxe, MM. B. Weiss. Beyschlag, Konrad Furrer, chez les orthodoxes, MM.F. Barth, Die Hauplprobleme des Lebens Jesu. 2’édit., Gûtersloh, 1 1)’Beth, Die Wunder Jesu. dans la collection Bi blische Zeit und Streitfragen du l> r Kropatscheck, Berlin, 1905 ; chez les anglicans. MM. I. liel hune I îaker. The Miracle ofChristianilg, Cambridge 191 I ; W. San day, The criticism o/ thefourih Gospel. Oxford, 1905, et, dans sa réponse a l’évêque anglican d’Oxford, Bishop Gore’s Challenge lo Criticism, Oxford, 191 1.

2° Essais de justification de la négation des miracles en regard des textes évangéliques. — Nous avons déjà entendu les vagues assertions des rationalistes : transposition de mythes, incarnation de concepts dogmatiques, idéalisation du Christ, etc. Mais encore faut-il expliquer la présence dans les textes évangéliques de narrations relatant des miracles accomplis par Jésus. Car, ces récits ne sont point simplement juxtaposés a

la trame de la narration évangélique ; ils font pi de la substance même de nos documents, voir col. 1 190 et les pins acharnés adversaires du surnaturel sont

obliges.l’en convenir. On peut, celles, opposer a cette

constatation des difficultés d’ordre philosophique ;

mais cela ne suffit pas pour justifier, en regard des textes, les négations rationalistes. Il faut donc, pailles motifs de critique et d’histoire, légitimer ces assertions.

l. Justification par la méthode comparative. — On nous assure qu’en règle générale, les récils relatifs a l’origine des religions attribuent quantité de prodiges aux fondateurs de ces cultes, cf. Heitmûller, Jésus Christus, p. 61. Personne ne prétendra qu’ils

soient des miracles véritables, les prodiges attribués à certains empereurs païens, à Esculape, à Apollonius de Tyane, au Bouddha, à Mahomet En raisonnant par voie d’analogie, il convient donc, axant d’admettre les miracles (le Jésus-Christ, de montrer une extrême circonspection et de chercher une explication plus conforme aux lois ordinaires de la nature de cette auréole merveilleuse dont on veut nimber le front du Christ. On cite un t miracle i opéré par Yespasien : cf. Tacite. Annal., IV. St et Suétone, De Yita Ctesa mm, l. VIII, Yita Vespasiani, vu. Vespasien aurait guéri deux infirmes, l’un aveugle, l’autre estropié, en lavant avec sa salive les joues et l’orbite des yeux du premier, en donnant un coup de pied au second. D’après Tacite, les médecins consultés par l’empereur, avaient répondu que ces infirmes étaient humainement curables. Les miracles attribués à Esculape ne supportent pas la critique : les malades, du reste, ne recouvraient la santé qu’en usant des remèdes que le dieu était censé leur avoir révélés en songe. Cf. Origène, Contra Celsum, t. III, c. ni. xxiv-xxv. P. G., t. xi. col. 924, 948, 9 19 : A. Harnack. Die Mission und Ausbreilung des Christentums in den ersten drei Jahrhunderlen, Leipzig, 19(12. p. 7(i-79. Ces prétendus miracles d’Apollonius de Tyane, dont la vie a été écrite plus de cent ans après sa mort par Philostrate de Lemnos, tr. fr. par Chassang, Paris, 1804, sont considérés comme apocryphes : « Personne, écrit Renan, n’accorde de créance à la vie d’Apollonius de Tyane i. Yie de Jésus, Paris, 1803, p. 15. Voir Apollonius de Tyane, Ci, col. 1508-1511 ; cf. E. del’resscnsé. Jésus-Christ, son temps, sa vie, son œuvre, Paris, 1865, p. 379 ; A. Réville, Le Christ païen du ///e siècle, dans la Revue des Deux Mondes, 1 er octobre 1805, p. 620654. Ces miracles du Bouddha sont innombrables : du commencement à la fin, sa légende n’est qu’une accumulation singulière de prodiges ridicules, excès sifs, à tel point qu’on a pu les rapprocher des prodiges des évangiles apocryphes du Nouveau Testament. Cf. E. Kuhn, Buddhislisches in den apocryphen Eoangelien, dans Guruptyâkaumadt, 1896, p. 110-119. Voir, dans le Dictionnaire apologétique île la Foi catholiqiu. I. il, col. 692-095 la discussion de ce rapprochement. Quant aux miracles de Mahomet, ils lui sont très cer tainement attribués par ses disciples, et longtemps après i mort : mais ils sont conl i ouvés. Cf. Marracci. Prodromus adrefutat. Alcorani, 1698, 2’part., c.v, vii i

Quoi qu’il en soit des miracles et des lliaumahi dans les religions païennes ou chez les Infidèles en général, nous refusons absolument d’accepter la comparaison qu’on veut établir entre les récits évangéliques et les histoires plus ou moins controuvées, i il a tives aux origines de ces religions. Abstraction I des différences essentielles qui apparaissent entre les 1rs de Notre s. ceux du paganisme par

rapport a la personne même du thaumaturge, il exi un abîme entre des prodiges dont le récit D’offre aucune garantie d’authenticité <-i de véracité el miracles dont li offrent à nous avec 1<