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JÉSl S-CHR IS I III A CRITIQ1 E MODERN ISTE

i onçue par l’évangéliste lui-même. On voit par là combien le procédé est systématique et absolu.

C’est par un procédé analogue que M. Jean Réville, Le quatrième évangile, son origine et sa râleur historique. Paris 1900, refuse à cet écrit toute valeur historique. Il faut choisir ou saint Jean ou les synoptiques, attendu qu’un abîme infranchissable les sépare. A aucun point de vue, le Christ du quatrième évangile n’est historique ; c’est déjà le Christ de la foi, du dogme. Sur cette question spéciale, voir M. Lepin, La valeur historique du quatrième évangile, 2 vol., Paris, 1910. En Angleterre M. F. C. Conybeare va plus loin encore et enseigne que le Nouveau Testament s’occupe de deux personnes distinctes, l’une fictive, l’autre réelle : celle-là est le Christ et celle-ci est Jésus. Paul de Tarse a inventé le Christ Actif, le Christ des évangiles, le Christ de l’Église et du dogme. Myth. Magic and Morab, Londres, 1908.

Quant aux hypothèses par lesquelles les « critiques » émettent et réduisent les synoptiques à un petit nombre de morceaux authentiques dont le surnaturel est évidemment exclu, il n’entre point dans le cadre de cet article de les retracer. Nous avons, relativement aux textes qui concernent la personnalité de Jésus, rappelé tout à l’heure les procédés de M. Loisy. Ceux des critiques d’outre-Rhin sont du même genre. Voir L. Cl. Fillion. Les étapes du rationalisme, p. 137-180. Sur les théories chronologiques de M. Loisy, on lira tout spécialement les ouvrages de M. Lepin, Les théories de M. Loisy, Paris, 1908 ; Christologie. Paris, 1907 ; Jésus, M’ssie et Fils de Dieu, d’apris Us évangiles synoptiques, Paiis. 1910, principalement p. 238-267 et l’appendice p. 425-480. Dans ce dernier volume on trouvera aussi signalés les rapprochements et les dépendances à établir entre M. Loisy et les principaux rationalistes allemands.

6. Avant de clore ce paragraphe sur les négations du rationalisme, faut-il brièvement rappeler les excès positifs auxquels se sont portés quelques esprits aveuglés par leur ultra-radicalisme ? Les uns ont, nous l’avons vii, nié l’existence historique de Jésus, cf. col. 1362. D’autres ont traité le divin Maître, non seulement comme un « extatique, c’est-à-dire une sorte d’illuminé, faisant tomber les autres dans l’erreur où il se fourvoyait lui-même (cf. A. Julicher, Die Gleichnisreden Jesu, Tubingue, 1899, t. ii, p. 8-9 ; O. Holtzmann. War Jésus Ekstaliker ? Tubingue, 1903 ; J. Bauman, Die Gemùlsarl Jesu. nach fetziger wissenschaftlicher, insbesondere jetziger psi/chologischer Méthode erkennbar gemacht, Leipzig, 1908) ; mais encore comme un insensé, un fou vulgaire auquel il aurait fallu appliquer le traitement des aliénés. D r de Loosten (Georges Lomer), Jésus Clvristus vom Standpunkt des Psychialers, eine krilische Studie fur Fachleute und gebildete Laien, Bamberg, 1905 ; Emile Basmussen, Jésus, eine vergleichende psychopathologische Studie, Leipzig, 1905. De bonnes réponses ont été faites à cr-s absurdités sacrilèges. Signalons Philippe Kneib (catholique), Moderne Leben-Jesu, Forschung unter dem Einflusse der Psychiatrie, Mayence, 1908 ; Hermann Werner (protestant), Die psychische Gesundheil Jesu, Berlin, 1909. En France, M. Jules Soury, Jésus et les évangiles, Paris, 1878, avait osé affirmer, lui aussi, que Jésus, comme la plupart des grands hommes, n’est qu’un « problème de psychologie morbide ».

La dignité morale de Jésus, mise en doute par Beimarus d’une façon hardie, plus timidement par Strauss et Benan, a été violemment attaquée par certains critiques libres penseurs allemands, Tsehirn, Der Mensch Jesu ; Moritz von Lgidy, Jésus fin Mensch, nicht Goltessohn ; ein Fedhebrief gegen das falsche Kirchenchristentum ; Wolfgang Kirchbach, cité par IL Weinel, Jésus im ncunzehnlen Jahrhundert, p. 1 12

i lot, et dans de hideux pamphlets répandus par quelques - démocrates-sociaux : cf. Weinel, op. cit.. p. 179

et H. Kohler. Soztaltstlsehe lrrlrhrcr ilber die Fntstchung des Christentums, Leipzig, 1885. Des blasphèmes analogues si’rencontrent chez M. von Hartmann, Das Christentum <les S. T., Sachsa, 1905 ; cf. Schweitzer, Von Reimarus…, p. : ’.1T 318 ; Weinel. op. cit., p. 297* t dans l’anonyme pamphlet Finsternisse : die Le lire Jesu in Lichle der Kritik, Zurich, 1899. Sans aller aussi loin M. E. Ilact témoigne à l’égard du Christ et de sa haute ver tu un dé ain et une incrédulité méprisante, dans soir grand ouvrage : Le christianisme et ses origines, t vol., Paris, 1871-1884. Mais arrêtons là cette recension : les ouvrages que nous avons signalés ont si peu d’intérêt et de valeur qu’ils mériteraient plutôt d’être passés sous silence.

F. VitÇouroux, Les livres saints et la critique rationaliste, Paris, 1901, spécialement t. i et n ; L. Cl. Fillion, Les étapes du rationalisme, dans ses attaques contre les évangiles et la vie de J.-C, Paris, 1910, La guerre sans trêve à l’Evangile et

« Jésus-Christ, Paris, 1913 ; M. Lepin, Jésus, Messie et Fils

de Dieu, d’après les évangiles synoptiques, Paris, 1910 ; Jakob Muller, Der historische Jesu der protestant isclwn freisinnlgen LebenJesu-Forschung, dans la Zeitschrift fur kath. Théologie 1912, p. 425-464 ; 665-715 ; Albert Ehrhard, Das Christusproblem der Gegemvart, Mayence, 1914 ; A. M. Fuirbaim, The Place of Christ in modem Theology. Londres, ÎO" édit., 1902, spécialement p. 191-297 ; William Sanday, The Life of Christ in récent research, Oxford, 1907, spécialement p. 35-200 ; A. S. Martin, Christ in modem Thougi, dans le Dictionary of Christ and the Gospels, t. ii, p. 867 ; Karl August von Hase, Geschichte Jesu nach akademischen Vortesungen, 2’édit., Leipzig, 1891, spécialement p. 137-204 ; II. Weinel, Jésus im neunzehnten Jahrhundert, 2° édit., Tubingue, 1907 ; A. Schweitzer, Geschichte der Leben Jesu Forschung, Tubingue, 1913 (2e édit., de l’ouvrage : Von Reimarus zu Wrede, 1906) ; Otto Schmiedel, Die llauptprobleme der Leben Jesu Forschung, Tubingue, 1907 ; H.J. Holtzmann, Das messianische Beujusstsein Jesu, Tubingue, 1907. Cf. L. Cl. Fillion, Ce que les rationalistes daignent nous laisser de la vie de Jésus, Revue du clergé français, 1908, 1 er juillet, 1° août, 15 septembre ; L. de Grandmaison, art. Jésus-Christ, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, t.n, spécialement, col. 13611374.

Le modernisme.

Le modernisme est un rationalisme

déguisé. On le retrouve sous les formules ondoyantes et hésitantes de MM. Loisy, J. Réville, Sabatier et de la plupart des « libéraux i allemands. Nous nous contenterons de rapporter ici les textes de l’encyclique Pascendi qui proposent la synthèse du modernisme touchant la personne du Christ et les propositions condamnées dans le décret Lamentabili.

1. L’encyclique PASCENDI.

a) f.cs règles de la critique moderniste appliquées à la personne historique de Jésus. — Il ne faut pas croire que l’inconnaissable (qui est l’objet de la foi) s’offre à la foi, isolé et nu ; il est au contraire relié étroitement à un phénomène qrri, pour appartenir au domaine de la science et de l’histoire, ne laisse pas de le déborder par quelque endroit ; ce sera un fait de la nature enveloppant quelque mystère ; ce sera erreorc un homme, dont le caractère, les actes, les paroles paraissent déconcerter les communes lois de l’histoire. Or, voici ce qui arrive : l’inconnaissable dans sa liaison avec le phénomène, venant a amorcer la foi, celle-ci s’étend au phénomène lui même et le i n quelque sorte de sa propre

vie. D( équences en dérivent. Il se produit, en

premier lieu, une espèce de transfiguration du phi

, que la foi hausse au-dessus de lui-même et de sa vraie réalite, comme pour le mieux adapter, ainsi qu’une matière, à la forme divine qu’elle veut lui donner. Il s’opère, en second lieu, unee pèce de défiguralion du phénomène, s’il est permis d’employei ce mot, en ce sens que la toi, l’ayant soustrait aux conditions de l’e du temps, en n Ien1 à lui al 1 1 Ibuei