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JÉS1 S-CHRIST ET LA CRITIQUE RATIONALISTE « levait faciliter plus tard sa divinisation. » P. 124. 2. Le protestantisme libéral a son siège surtout en Allemagne. Toutefois, la France a fourni quelques ouvrages sur Jésus-Christ dans le sens des critiques libéraux d’outre-Rhin. Ou pour mieux dire, ces ouvrages sont de pures transpositions des théories écloses en Allemagne. Signalons rapidement les travaux de M. Auguste Sabatier, Les Religions d’autorité et la religion de l’Esprit, Paris, 1903 et surtout l’article Jésus-Christ, écrit pour V Encyclopédie des sciences religieuses de F. Lichtenberger, Paris, 1880, t. vii.p. 341401 : « Jésus a été un homme ». Il a pourtant une marque distinctive : * c’est d’avoir apporté dans le monde et conservé jusqu’à la fin. une conscience pleine de Dieu et qui ne s’en est jamais sentie séparée. » p. 342 : 367. M. Edmond Stapfer a publié : Jésus de Nazareth et le développement de sa pensée sur lui-même, Paris, 1872 et surtout, Jésus-Christ ; sa personne, son autorité, son œuvre, 3 vol., Paris, 1896, 1897, 1898. Jésus dit M. Stapfer, a avait, la conscience très nette… d’une union avec Dieu que rien n’avait jamais troublée dans le passé et que rien ne troublait dans le présent… Plus Dieu est avec lui et en lui. plus aussi s’accuse sa personnalité et se fortifie l’assurance que c’est lui qui est l’homme te’qu’il doit être, l’homme vrai, le Fils de Dieu. » 1. 1, p. 187. M. Fillion estime ces trois volumes « souvent très faibles et superficiels, malgré leurs prétentions psychologiques. » Op. cit., p. 211, Le Jésus de Nazareth de M. Albert Réville, 2 vol., Paris. 2e édit., 1903, sent « la fadeur et le convenu ». Les étapes, p. 213. Pour nier la divinité du Christ, M. Réville démolit pièce par pièce l’édifice évangélique ; toute la transcendance de Jésus consiste en ce qu’ « il repose en paix sur le sein du Père infini, laissant derrière lui la traînée lumineuse qui marque sa route, et attirant à lui les âmes de pieuse et bonne volonté. > Pour M. E. Giran, Jésus de Nazareth, Paris, 1901. l’âme de Jésus. - ce que l’apôtre appelle son être spirituel — vit dans le monde, pénétrant dans les cœurs de tous ceux qui le cherchent, jetant un frisson dans leur âme liée au péché, éclairant leur conscience. redressant leur volonté. » P. 154. Pour M. Gulgnebert, Manuel d’histoire ancienne du christianisme, 1rs origines, Paris. 1906, nous ne savons avec certitude du Christ, que ce que nous en apprennent les Actes, ii, 22-23 ; x, 38-39 : Jésus de Nazareth a été un homme approuvé de Dieu et plein de ses dons ; il a vécu allant de lieu en lieu, faisant le bien, guérissant les malades que le démon opprimait et il es ! mort sur la croix par les mains des méchants. Plus orthodoxe, mais libéral encore est M, ] [enri Monnier, La mission historique du Christ, Paris. 1906. Jésus < n’a pas été le Fils de Dieu au sens strict, > p. 45. Même note chez MM..1. Réville Goguel, et d’i uires.

3. On trouve moins d’originalité encore chez, les protestants libéraux d’Angleterre et d’Amérique, qui soni allés puiser chez les Allemands les éléments de Uni connaissance du Christ. Alex. Robinson, A Sludy on ihe Saviour in the nieivrr Light, or a Present-Day Sludy o/ Jesus-Christ, 2e édit., 1898, déclare s’appuyer sur 11..1. Holtzmann, Keim, Pfleiderer, Weizsâcker, Hausrath, etc. Le même démarquage de la pensée aile mande se trouve chez M..I. Estlin Carpenter, Les tvan giles d’après la critique moderne, tr. fr., Paris, 1904. Des deux dictionnaires bibliques publiés en Anglelei i e, celui de Hastings, A Dictionary of the Bible, 5 vol., Edimbourg, 1898-1904, el -on supplément, ^ Dictio nary of Christ and the <, <>spels, 2 vol., Edimbourg, 1906 1908, est a coup sùi bien plus pics de nos idées touchant Jésus-Christ, nonobstant les nombreuses conce ioni au rationalisme, que celui de Chcyne, Encijclopedia biblica, I vol., Londres. L’article Jésus Christ de M. Bruce, dans cette dernière encj

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clopédie, t. n. col. 2435-2454, est plein de sous-entendus, relativement à la divinité du Christ à laquelle l’auteur ne semble plus croire. C’est encore le portrait du Christ libéral d’outre-Rhin qu’on retrouve chez M. J. A. Crooker, The Supremacy of Jésus, Boston. 1904, dans les ouvrages de Ch. Aug. Briggs, Messianie Prophecy, 1886 ; The Messiah of the Gospels, Edimbourg, 1894 ; The Messiah of the Aposlles, Edimbourg. 1895 : New Light on the Life of Jésus, 1904, et dans les commentaires de M. Gould, Crilical and exegelical Commentarij on the Gospel according to SI Mark. Edimbouig, 1897, et de M. W. C. Allen, Crilical and exegetical Commentarij on the Gospel accordinq to SI Matthew, Edimbourg, 1907. Un radicalisme plus absolu envahit l’IIistorical New Testament du pi ofesseur James MolTatt, tandis qu’un éclectisme déconcertant se rencontre chez M. E. C. Rurkitt. The Gospel Hislory and ils transmission, Edimbourg, 1906. Voir Fillion, Les étapes du rationalisme, p. 100.

4. Il est temps de conclure : la conception, vague et sans consistance, d’une transcendance dont il est impossible de définir le caractère, montre bien l’insuffisance de la position libérale. Il faut donc — et les textes sacrés nous y invitent avec une force de logique irrésistible, — aller au delà de cette tianscendance imprécise et mal définie, reconnaître avec le protestantisme orthodoxe et le catholicisme, Jésus-Christ pour le vrai fils de Dieu et contester le mystère de l’incarnation. M. E. Stapfer a entrevu la logique de cette conclusion, lorsqu’il écrivait : « Le Christ du quatrième évangile ne dépasse en rien celui que les synoptiques nous font deviner. Il nous aide à l’apercevoir. » Jésus-Christ pendant son ministère, p. 325. Avec M. Lepin nous formulons donc cette conclusion : « Ce qu’on relève de l’humanité réelle et vivante du Christ concorde avec le.sentiment tiès net de l’Église primitive comme de l’Église de nos jours et ne prejudicie. a priori, en rien, à ce que cette m Kglise enseigne de l’union substantielle de l’humanité du Christ avec la divinité. Par ailleurs, quand on voit placer ainsi Jésus sur un rang à part, au-dessus des I’i ophètes, quand on le voit déclarer le Médiateur suprême, le Fils de Dieu dans un sens incompaiable et unique, quand des critiques, se tenanl exclusivement sur le terrain des faits, parlent comme font M. Wernle et M. Ilarnack. du « surhumain > et du « divin » en Jésus, on a le droit de soupçonner que le dogme de la consubstantialité du Christ avec son Père n’est pas aussi indépendant qu’on veut le dire des données de l’histoire et que M. SlapTer pourrait lui-même avoir raison, lorsqu’il déclare, op. cit., p. 327, que les faits sont « Inexplicables si Jésus n’a pas été un être à part, au-dessus et en dehors de l’humanité, telle que nous la connaissons. » Jésus, Messie et Fils de Dieu, p. 237. C’est à cette conclusion consolante qu’arrivent d’ailleurs, nonobstant certaines concessions regrettables faites à l’esprit libéral, un petil nombre d’auteurs piotestants. Citons M. 1’. Godet, dans ses Commentaires sur sai/d Lue et sur saint Jean. Neuchâtel, 1872 et 1876 ; II. P. l.iddon, The Divinitu of our Lord and Saviour Jesus-Christ, Londres, 1866. c. l ; Stevens, The Theology of the N. T., Edimbourg, 1901 ; The Teaching of Jésus. Edimbourg, IJ902 ; C. Gore, Dissertations on suhiects connectai with the Incarnation, Oxford, 1895 ; R. L.Ottley, ait. Incarnation, dans A Diclionnrq of the Bible de Hastings, et, dans la même encyclopédie. W. Sandav, art. Jesus-Christ ci San <>i Cad ; J. gar Beet, art. Christologg. 2° Le rationalisme pur. Il est souvent difficile de distinguer le rationalisme pur du protestantisme libéral, tant ces deux tendances ont de principes communs et de conclusions identiques. Cependant la critique rationaliste a comme caractéristique, louchant