Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/696

Cette page n’a pas encore été corrigée
1373
1374
JÉSUS-CHRIST ET LA CRITIQUE LIBÉRALE


sur la terre et il sentira que Jésus lui-même l’ut pour

siens la puissance de cet Évangile. » Essence du

christianisme, tr. tr., Paris, 1907, p. 176. Et pourtant

proclamer Jésus Fils de Dieu, au sens objectif et réel du mot, serait i ajouter quelque chose à l’Évangile. »

<L, ibid. Avec une tendance à tout ramener aux prédictions

eschatologiques, M. Joli. Weiss admet aussi volontiers la transcendance messianique du Christ, tout au moins dans la conscience qu’avait Jésus de sa mission : il s’est personnellement considéré comme l’Élu par excellence, qui était plus qu’un prophète. Die Predigt Jesu vom Reiciie Gotles, 2’édit., Gœttingue, 1900, p. 64.

On trouve la même note.au point de vue île la transcendance messianique du Christ, chez M. P. YYernle :

Jésus de Nazareth s’est présenté avec la conscience d’être plus qu’un prophète… Jésus a la conscience d’être plus que simplement un homme.. L’étonnant en Jésus est qu’il ait conscience d’être au-dessus de l’humanité, tout en ayant la plus profonde humilité devant Dieu. » £> ! < Aniânge unserer Religion. Tubingue, 1901, p. 23-2). Citons encore M. II. Wendt : Nos sources synoptiques attestent que Jésus, en certaines occasions, quoique non fréquemment, s’est désigné comme le Fils de Dieu par excellence, dans un sens qui le place à part de tous les autres hommes… Mais elles ne donnent aucunement le droit d’attribuer à la relation filiale que Jésus déchu ait avoir avec son Père, un caractère différent en principe de celle qui. selon ses propres paroles, doit unir ses disciples à Dieu. » Die Lchre Jesu, 2e édit.. Gœttingue, 1901, t. i. p. 117.

On remarquera que ces derniers auteurs placent tous la transcendance de Jésus dans sa conscience, dans sa conviction d’être supérieur aux autres hommes. C’est que, de plus en plus l’éclectisme libéral tend au rationalisme pur. Après le travail souterrain » de la critique (comme dit M. Sanday, The Life oj Christ in récent Research, Oxford. 1907, p. 166), il n’est presque rien resté des narrations évangéliques, sauf quelques rares éléments où semble encore s’affirmer une vague transcendance dans le Christ M. II. J. Holtzmann i éprenant la thèse chère à Hase et à Keim, établit a priori un progrès constant dans la conscience messianique de Jésus. Son plan de la vie de Jésus est rédigé d’api es saint Marc et dégagé de tout caractère surnaturel. « Il partage le ministère galiléen de Jésus en sept petites périodes, dons lesquelles il découvre un progrès constant : Marc. i. 1-45 ; n, 1-ni, 6 ; iii, 7-19 ; m. 20-rv, 34 ; iy, 36-vi, 6 ; vi, 7-vn, 37 : viii, 1-ix, 50. Le progrès en question concernerait spécialement, soit dînant le ministère galiléen, soit pendant les dernières semaines de la vie de Notre-Seigneur, le développement de la conscience messianique de Jésus. Son caractère de Messie aurait été .successivement reconnu : 1. par lui-même, au moment où il fut baptisé. Marc, i, 10-11 ; 2. par les démons, qui le proclamèrent malgré lui, Marc, i, 24-26 ; m. 11-12 : v. 6-8 ; 3. par hdisciples, à Césarée de Philippe, Maie iii, i, 27-30 ; 1. par le peuple, au moment de l’entrée tiiomphale à Jérusalem, Marc, ix, 1-11 : 5. de nouveau, par Jésus lui-même, et cette fois d’une manière publique, officielle, en face du grand prêtre Caïphe, qui le condamna a mort pour ce motif. Fillion, Les étapes…, p. 194. On a également distingué deux phases dans la vie du Christ, la phase des succès croissants qui va jusqu’à la discussion avec lis pharisiens, vii, 1-10, et la phase des revers et des échecs qui se termine par la catastrophe. Exagérations, sMèmes a priori ne tenant pas compte de 1’nomie » providentielle qui préside a la manifestation progressive de l’Homme-Dieu, cf. col. 1172-117 cependant, c’est sur ce plan que sont construites toutes les vies. libéralede N.-S. Jésus-Christ, qui oui été

publiées en Allemagne au début decesiècle. Nou i citons d’après M. Fillion, op. cit., p. 195sq : MM.Oicar Holtzmann, Leben Jesu, Tubingue, 1909 ; P.-W. Schmidt, lu Geschichle Jesu erzâhlt, Tubingue, 1899 ; Oie Gesehichte Jesu erlûutert, Tubingue, 1904 ; H. Otto, n und Wirken Jesu nach hislorisch-kritischer Auffassung, Gôttingue, 4° édit., 1905 ; W. Bousset, Jésus, Tubingue, 1904 ; Was wissen voir von Jésus ? ! laile. 1904 ; Konrad Furrer, Dos Leben Jesu Christi, Zuiich, 2e édit., 1905 ; Armo Neumann, Jésus mer er ùchtlich war, Fribourg-en-B., 1904 : i dans le cadre de ce qui est purement humain, nous gardons un héros de la religion », p. lit I ; YY. I Iess, Jésus von S’aznreth im Worllaute eines kritiseh bearbeilelen Einheitsevangeliums et Jésus von Nazareth in seiner geschichtlichen Lebens-Entwicklung dargeslellt, Tubingue, lyOG ; E. Hùhn, Geschichle Jesu und der ûllesien C.hristenheit bis zur Mille des ztveilen Jahrhunderts, Tubingue, 190"> (simple essai de vulgarisation) : Otto Pfleiderer, Das Urchristentum, seine Schriften und I.ehren in geschichtlichem Zusammenhang beschrieben, Berlin, 2 édit., 1902 ; Die Enlslehung des Urchristentums, Munich, 1903 ; Das Christusbild des urchristUchen Glaubens in religionsgeschichtlicher Beleuchtung, I ici liii, 1907 ; P. Mehlhorn, "Wahrheit und Dichlung in den Evangelien, Leipzig, 1906. On retrouve les mêmes idées exposées dans les simples esquisses des auteurs suivants, que nous citons surtout d’après M. Fillion, MM. A. Harnack. surtout dans Das Wesen des Christentums, Berlin, L900 ; A. Jûlicher, Die Religion Jesu. dans le recueil Die Kultur der Gegenwart. t. i, fasc. 4, Leipzig, 1906 ; H. Weinel, Jésus, dans la collection Die Klassiker der Religion, Berlin, 1912 : Otto Schmiedel, Die lluuplprobleme der Leben-Jesu-Forschung, Tubingue, 2e édit.. 1906 ; Paul-Y. Schmiedel, Die Person Jesu im Slreile der Meinungen, Zurich, 190’. » ; II. von Soden, Die wichtigsien Fragen im Leben Jesu. Berlin, 1904 ; Fritz Resa, Jésus der Christ us, Bericht und Bostchaft in erster Gestalt, Leipzig, 1907 ; Friedrich Daab, Jésus von Nazareth, mie mir ihn heule sehen, Dusseldorꝟ. 1907 ; G. Pfanmùller, Jésus, im Urleil der Jahrhunderten Leipzig, 1908 (résumé de toute la littérature relative a N.-S. jusqu’à notre époque) ; A. Hausratb, Jésus und die neuleslamenllielien Schriflsleller. Berlin, 1909, résumé de Die Zeit Jesu, 3e édit., 1879 ; W. Ileitinuller, Jésus von Nazareth, dans Die Religion in Geschichle und Gegenivarl, Tubingue, 1913 : A. Schweitzer, Geschichle der LebenJesu-Forschuna, Tubingue, 1913. Toutes ces vies ou esquisses peuvent se résumer en deux idées, mises en relief par M. A. Meyer, dans sou opuscule : Was uns Jésus heule ist ? Tubingue, 1907 : « Aujourd’hui, nous renonçons sciemment au dogme de la divinité de Jésus ; cela, en nous appuyant sur des preuves convaincantes, empruntées à la vérité et à la religion » ; d’ailleurs « Jésus ne s’est jamais présenté comme un Dieu, pas même comme un thaumaturge et un personnage surhumain, t p. 21 ; mais s’il n’est pas Dieu, Jésus a du moins établi entre nous et la divinité des relations très étroites, et c’est de cela surtout que nous avions besoin ; c’est en ce sens qu’il nous a apporté une rédemption complète. C’est là sa transcendance. Et voici, pour en finir avec les protestants libéraux d’Allemagne, le dernier mol d’un autre maître de la théologie libérale, M. Rudolf von Delius, Jésus, srin Kampf, seine Perso nllchkeit und seine Légende, Munich, s. d. (19*)’)) : « l’impression principale que produit Jésus est celle-ci : c’était une ligure humaine forte, claire, mûre… Jésus était un me supérieur, et pour ainsi dire mis a pari auus de tout il pourquoi il ne pouvait’aire autrement que d’employer Uion du maître, impératifs souverains… Ce genre majestueux