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1341 JÉSUS-CHRIST El I A THÉOLOGIE. PRÉDESTINATION 1)1 CHRIST 1342

ment la multiplicité îles offrandes impuissantes de la

Loi a l’unité de notre oblation parfaite. L’entrée et faction sacerdotale de notre pontife dans le ciel se rattachent à ce saciifice unique : Jésus pénètre dans le sanctuaire par son sang, il y paraît et intercède pour nous par les mérites de sa mort : et s’il offre les adorations de son humanité sainte, dans l’état île gloire, cette vie d’hostie ne constitue pas une oblation à part, un sacrifice proprement dit, indépendant de la croix. car elle n’est que la suite naturelle, le complément nécessaire du sacrifice de la croix. » J. Grimai, Le sacerdoce et le sacrifice de Notre-Seignew Jésus-Christ, Paris, 1908, p. 200 ; P. de la Taille. Mysterium fidei, Paris, 1921, p. 178-179 ; cf. Heb., îx. 22, 25, 26 ; x, 11-14.

d) En quoi donc consiste la consommation céleste du sacrifice de la croix et, par voie de réciprocité, la fonction sacerdotale du Christ dans le ciel ? Avec l’auteur qu’on vient de citer, on peut distinguer deux aspects de cette consommation céleste du sacrifice du Christ, l’aspect temporel et l’aspect éternel. L’aspect temporel nous permet de déterminer la fonction sacerdotale exercée par le Christ dans le ciel jusqu’à la fin du monde. L’aspect éternel nous manifeste quelle sera cette fonction même après l’entrée au paradis du dernier des élus, à la consommation des siècles. — a. Aspect temporel. — Au ciel, Jésus constamment « présente pour nous au Père les mérites de son sang répandu à la croix, demandant, opérant notre sanctification ; il nous introduit en la possession de l’héritage divin. Dans ce rôle céleste de Jésus, saint Thomas voit un acte vraiment sacerdotal et une réelle consommation du sacrifice de la croix. Le saint docteur distingue et rattache à la fois, d’une manière très précise, l’oblation, le sacrifice proprement dit, et la consommation, conséquence du sacrifice, qui consiste dans notre introduction au ciel, dans notre participation aux fruits éternels de la croix. In officio sacerdotis duo possunt considerari : ipsa OBLA.TIO sacrificii, secundo ipsa cossvitiiATiO sacrificii, quæ quidem consista in hoc quod illi pro quibus sacrificium ofjertur, finem sacrificii consequantur ; finis autem sacrificii quod Christus oblulit fuerunl… bona seterna quæ per ejus morlem adipiscentur, unde dicitur ad Hebrseos, quod Christus est assislens futurorum bonorum, ralione cujus Christi sacerdotium dicitur esse œternum. Et hsec quidem consummatio sacrificii Christi pncfigurabatur in hoc quod ponlijex legalis semel in anno cum sanguine hirci et vituli intrabat in Sancla Sanctorum, cum tamen hircum et vitulum non immolaret in Sanctis Sanctorum, sed extra. Et simililer Christus in Sancta Sanctorum, id est, in ipsum cœlum intrauit, et nobis viam paravit inlrandi per virtutem sanguinis sui quem pro nobis in terra ef]udil. Sum. theol., III », q. xxii, a. 5. Cf. Salmanticenses, De incarnatione, disp. XXXII, dist. i, n. 4445, où l’on trouve.Médina, Suarez, Sylvius cités dans le même sens. Saint Thomas traduit fidèlement la pensée de l’épître aux Hébreux quand il voit dans le rôle céleste que Jésus remplit en notre faveur un exercice formel de son sacerdoce et une réelle consommation du sacrifice de la croix. L’épître, en effet, a toujours soin de rattacher au sacerdoce et à la croix l’œuvre de salut que Jésus accomplit pour nous au ciel, i Grimai, op. cit., p. 211-212. Dans le rôle du Christ, faut-il ne voir qu’un rôle d’adorateur, unissant nos adorations aux siennes, comme semble l’affirmer M. Grimai, op. cit., p. 225-220, 230, 248, et, après lui, le P. Colomba Marion, op. cit., p. 102. Hien que ces auteurs affirment que ce « sacrifice est en perpétuelle continuité avec l’immolation de Jésus sur la croix, il semble qu’on doive aller plus loin et déclarer que le « sacrifice céleste » de Jésus-Christ est la continuation virtuelle de l’offrande de la croix ; l’offrande temporelle une fois accomplie au calvaire demeure valable pour

l’éternité ; car l’offrande et l’acceptation ont été faites irrévocablement. Et donc le Christ est ainsi prêtre éternellement. P. de la Taille, Mysterium fldei, Paris. 1921, p. 17’.' : cf. Scheeben, Handbuch der katholischen Dogmatik, t. iii, Fribourg-en-B., 1882, n. 1490, p. 144 I 15 ; Zill. op. cit., p. 184-486. — b. Aspect éternel. — Cette fonction demeure même après la constitution définitive de l’Eglise triomphante, soit qu’on l’entende au sens de M. Grimai, soit qu’on l’envisage, avec Scheeben et le P. de la Taille, connue la continuation virtuelle de la fonction exercée au Calvaire. C’est l’aspect éternel du sacerdoce du Christ qu’expose Thomassin, De incarnatione, t. X, c. xiv, litre : Christus post resurrectionem suam sacerdos tum maxime est, cujus holocaustum est ipsa bealorum Ecclesia ex mortuis suscilata. On doit appuyer cette théologie du sacerdoce éternel du Christ sur la doctrine paulinienne du sacrifice de la croix, vainqueur du péché, et de la mort et se terminant en conséquence dans la résurrection et la gloire éternelle de Jésus et dans notre propie résurrection et notre propre glorification éternelles, se rattachant intimement et nécessairement au sacrifice de la croix. Ainsi, à la suite de son entrée dans le sanctuaire céleste, Jésus Pontife y introduit son coips mystique pour réaliser pleinement l’efficacité du sacrifice vainqueur du péché et de la mort, et pour parfaire l’histoire glorieuse de l’éternelle adoration en laquelle se consomme sans finie sacrifice unique de la croix. Voir surtout I Cor., xv, 17-57, cf. Rom., vi, 0, 9 ; Col., ii, 14, 15. Cf. Olier, Explications des cérémonies de la grand’messe, t. VIII, c. v, viii ; Introduction à la vie et aux vertus chrétiennes, c. i, n ; Lettres ix, ccclxxx ; Thomassin, op. cit., t. X, c. xiv, et Bossuet, Sermon pour la Fête de tous les saints, 1 er et 2° points, édition Lebarcq, t. i, p. 47 sq. ; et surtout Sermon pour la /ête de l’Ascension, id., p. 523 sq.

e) Conclusion. — Le Christ restera donc prêtre dans l’éternité. Vasquez, De incarnatione, disp. LXXXV, c. n. Son sacerdoce découle de l’union hypostatique et durera autant qu’elle. C’est une discussion verbale que de nier le sacerdoce éternel du Christ ou de concevoir cette éternité d’une façon purement relative et négative (en ce sens que le Christ exerce ses fonctions jusqu’à la fin du monde et n’aura pas de successeur dans le sacerdoce), ainsi que le voudrait De Lugo, De mysterio incarnalionis, disp. XXIX, sect. m.

II ne s’agit pas, en effet, pour le Christ — -nous l’avons rappelé plus haut — d’offrir dans le ciel un sacrifice nouveau ou d’y perpétuer formellement l’oblation de la croix ; le Christ continuera son sacrifice dans l’éternité en le consommant dans les fruits qui doivent nous en être appliqués jusqu’à la fin du monde et t après la fin du monde, en offrant au Père, par lui-même uni à son corps mystique, l’adoration parfaite dont le principe fut posé au Calvaire.

Sur le sacerdoce éternel du Christ, voir : S. Thomas, Sum. theol., IIP, q. xxii, a. 5 et les commentateurs, notamment Suarez, in lame locum ; Vasquez, De incarnatione, disp. LXXXV ; De Lugo, De mysterio incarnalionis, disp. XXIX, sert. 1 1 r ; Salinanticeiiscs, De incarnatione, dis]). XXXI, diib. iv. Voir aussi Petau, De Incarnatione V erbi, t. XII, c. xi, et surtout Thomassin, De Incarnatione Verbi Dei, I. X, c. x-xiv. Parmi les modernes : I’ranzelin, De Verbo Incarnato, thèse u ; Stentrup, Soteriologta, thèses lxxxi-i.xx.mii ; Pesch, De Verbo incarnato, n. 549-550 et

très spécialement ! < P. de la Taille, Mysterium Fidei, Paris, 1921, l. I, c.v. ci. auteurs tes de langue française, cités au cours de l’article, et le P. Monsabré, Exposition ila Dogme catholique, carême 1879, 42’conférence.

IV. l.A PRÊDB8TI NATION DS JÊ8U8 0HBI8T. —

1° L’origine de cette question. C’est à propos de

Rom., i, I, que la question dogmatique (le la prédestination fie Jésus-Christ, I’ils de Dieu, fut posée et discutée par les théologiens. Paul, parlant du Fils