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sess, v, eau. : > : sess. i. c. iii, xvi : can. 10, 32 : 1 >enzin lannwart n. 790, 799, 800, 809, 810, 820, 842.

Ensuite, il est également de foi, contre Jansénius, que

/< mérite requiert la liberté, l’exemption non seulement

de toute violence et de toute contrainte extérieures, mais encore de toute nécessité intérieure. Denzinger Bannwart, n. 1094, Donc, -et cette conclusion immédiate de deux prémisses qui sont de foit ne peut cire qu’une vérité de foi — le Christ, comme homme, est libre, puisque, comme tel, il nous a mérité le salut. — L’nc seconde preuve de raison théologique s’appuie sur les décisions dogmatiques des conciles affirmant que Jésus-Christ a pris une nature humaine complète, et très particulièrement sur les décisions du III* concile de Coastantinople contre le monothélisme. Voir

îTANTiNOPLi (III* concile de), t. iii, col. 1268. s’il va en Jésus-Christ deux natures, le divine et l’humaine, d u volontés naturelles, celle de Dieu, celle de l’homme, il y a également deux libertés qui sont lapropriété de la volonté divine etdela volonté humaine, la liberté de Dieu et la liberté de l’homme. De ces deux libertés, il faut répéter ce que le concile affirme des deux volontés : e elles sont sans division, sans confusans opposition, car il n’y a pas de contrariété en elles : mais elles sont. X’a-t-il pas fallu, pour reprendre l’argument sotériologique proposé par les Pères contre Apollinaire, que le Christ prît notre liberté, afin de la guérir, afin de le sauver ? Cf. S. Jean Damascène. De fide orthodoxa, t. III, n. 14, P. G, , t. xciv, col. 1012. Voir Legrand, op. cit., dissert. IX, a. 3, eoncl. 1 : Pranzelin, De Yerbo incarnalo, th. xuv, S 1 ; Pesch, op. cit., prop. xxv. et surtout Janssens, De Deo-Homine, t.i, p 670-675,

b) Conciliation de la liberté du Christ avec le précepte de mourir imposé par Dieu. — Xous avons exposé tout à l’heure la difficulté. Il nous reste à préciser ici le point précis où semble se concentrer cette dilliculté, avant d’aborder l’énoncé des diverses solutions proposées.

<i. Point précis de la difficulté. — Xous avons énuméré plus haut. col. 1290, trois causes de l’impeccabilité du Christ. la plénitude de la grâce, la vision intuitive, l’union hypostatique. Or ni la première, ni la troisième de ces causes ne peuvent apporter de sérieuse difficulté dans le problème présent. La plénitude de grâces, en premier lieu, ne supprime pas le jeu normal des facultés naturelles, car la grâce ne supprime pas la nature : elle ne fait, lorsqu’elle est possédée dans sa plénitude comme par l’âme du Christ, que corriger les défauts et les imperfections de la nature ; or la liberté d’indifférence, quant a l’exercice et à la spécification de l’acte, est, au contraire, une véritable perfection de la nature. La grâce ne peut donc que respecter et accroître cette perfection. En second lieu L’union hypostatique : soumettant a l’emprise de la divinité l’humanité sainte du Sauveur, a rendu celle-ci impeccable sans lui enlever sa liberté. L’humanité du Sauveur était impeccable, de ce chef, parce que la motion divine efficace

itait toujours sa volonté libre dans le sens du bien ; mais cette motion efficace respecte, on le sait, la liberté humaine. Jésus-Christ était, eu vertu de sa sainteté substantielle couronnée par la sainteté accidentelle, semblable a un homme confirmé en grâce, a qui Dieu aurait décrété, tout en le laissant libre, de lui faire toujours éviter le péché, en lui donnant ton jours le concours convenable pour que le péché fui effectivement évité. In tel homme serait impeccable et cependant libre. La différence entre un saint confirmé en grâce et Notre Seigneur.lésiis Christ, au point

ue qui nous occupe consisterait uniquement en ce que, pour le juste confirmé eu grâce, cette confirma

tion est un pur effet de la bonté toute gratuite de

Dieu, tandis que l’âme de Jésus-Christ, a caus de union hypostatique avec le Verbe, avait un droit

rigoureux a cette confirmation. L’homme Juste, con

firme en grâce, n’est Impeccable qu’cxtriiisèquemenl. c’est-à-dire par suite de la grâce efficace que Dieu veut bien miséricordieusement lui accorder d’une façon continuelle ! Jésus Christ, est Impeccable intrinsèquement, c’est-à-dire, en vertu même des exigences de.sa personne, dans laquelle la divinité ne peut être unie à une humanité pécheresse. Voir sur L’impeccabilité antécédente extrinsèque ci Intrinsèque, Impeccabi i.ité, col. 126"), sq. Les justes con firmes en grâce, considérés en eux-mêmes, et abstraction faite du secours efficace que leur donne Dieu, - - sensu diuisu restent toujours absolument parlant faillibles, quoique considérés sous l’influence du secours elficace, ils ne puissent pécher, le Christ, comme tel, doit posséder dans sa divinité cette direction infaillible qui lui est connaturelle et, par rapport à sa personne, intrinsèque : on ne peut, dès lors qu’on parle du Christ, concevoir le sens divisé, dont nous parlions à propos des confirmations en grâce, et donc, purement et simplement le Christ est impeccable. Suarez, disp. XXXV IL sect. 3, n. 23. Cf. Billot, De Verbo incarnalo, th. xxix. Qu’on explique la motion efficace dans le sens du concours simultané, de la prémotion physique dirigée par la science moyenne, de la prédétermination physique, peu importe : l’impeccabilité qu’elle entraîne en Jésus-Christ implique la liberté de la volonté humaine du Sauveur, bien loin qu’elle la détruise. La vraie difficulté vient de la vision intuitive, laquelle, à un double titre, lie la volonté créée et béatifiée au bien suprême qui est Dieu et a tout bien créé qui est en relation nécessaire avec ce bien incréé. Voir Impeccabiuté, col. 1275-1277.’fout d’abord, en effet, la volonté béatifiée s’attache comme à sa fin dernière et se fixe d’une manière irrévocable au bien suprême que la vision intuitive lui fait connaître et saisir en lui-même ; et ce bien suprême ainsi irrévocablement possédé devient la règle de tous les choix et de toutes les déterminations de la volonté. Si donc un bien créé est présenté à la volonté béatifiée comme en relation nécessaire avec le bien suprême, soit parce que cette relation est dans la nature même des choses, soit parce que la volonté divine établit cette relation, la volonté béatifiée sera nécessitée à ce bien, tout comme elle est nécessitée au bien suprême. Ensuite, la volonté béatifiée s’attache au bien suprême, un acte toujours présent, et dont l’éternité participée est la mesure. Cet acte est, par là même, irrévocable et définitif. Et tout bien créé qui est en relation nécessaire avec la loi suprême tombe également sous le choix définitif et irrévocable de la volonté. Voit Intuitive (vision), col. 2390. Donc, si Jésus a vraiment reçu de Dieu son Père le commandement formel de mourir, et de mourir sur la croix, ce sacrifice semble bien être, de par la volonté de Dieu, en relation nécessaire avec le bien suprême auquel la volonté béatifiée du Christ était irrévocablement et définitivement lixée. Donc la vision

intuitive nécessitait sa volonté à L’accomplissement de

ce sacrifice. Tel est le point précis de lu difficulté. Comment le résoudre’.'

b. Principes certains d’après lesquels doivent être exclues les explications très certainement fausses. — Remarquons tout d’abord que si nous ne voyions pas comment concilier la liberté et l’impeccabilité dans le Christ, nous devrions cependanl admettre deux vérités indubitables. De plus, l’existence de la vision Intuitive dans L’âme de Jésus doit être, pour le même motif, fortement affirmée ; cette vérité ne supporte aucune négation, aucune diminution, Enfin, c’est la volonté humaine de Jésus Christ qui a Libre ment accepté la moi t ci pai la posé un acte méritoire du salut des hommes. Ces quatre vérités Indubitable nous permettent d’éliminer, sans même les discuter,