Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/657

Cette page n’a pas encore été corrigée

1 : 15

    1. JÉSUS-CHRIST ET LA THEOLOGIE##


JÉSUS-CHRIST ET LA THEOLOGIE. LIBERTÉ 1)1 CHRIST

L296

pour notre réconfort, nous rappelant que la grâce de

Dieu ne nous fera jamais défaut pour vaincre. S. Thomas. Suni. theol., III’, q. xii, a. 1. Cf. Heb., iv. 15 ; mi. 12. c. C’est une opinion de beaucoup la » lus probable, que même de puissance absolue de Dieu le Christ n’a pu avoir le foyer de la concupiscence. Quelques théologiens, en effet, soutiennent que dans un ordre différent des choses, Dieu absolument parlant, aurait pu s’unir une humanité douée de ce foyer de la concupiscence. Ainsi opinent Vasquez, disp. LXI, c. viii, n. 17 ; De Lugo, disp. XXVI, sert, iv, n. 52 : Becanus, c. xii, q. v. Ragusa, De incarnalione, disp. CLV, introduit dans cette opinion une distinction : le Verbe n’aurait pas pu s’unir une humanité douée d’un foyer non éteint et non lié : niais, de puissance absolue de Dieu, il eût pu s’unir une humanité douée d’un foyci non éteint, mais lié. Contre ces opinions, si peu probables qu’on les doit déclarer improbables, les thomistes, et beaucoup d’autres théologiens, avec eux. cf. Suarez, disp. XXXIV, sert, il, n. 8, enseignent que, de toute façon, et en n’importe quelle hypothèse, il répugne métaphysiquement que le foyer de la concupiscence se trouve dans le Christ, parce qu’une telle coexistence répugne métaphysiquement a la sainteté substantielle de Jésus. Voir, pour la discussion de ce point controversé. Suarez, toc. cit. ; Sa Iman licences, loc. cit., n. 55 : Gonet, loc. cit., n. 75 sq. Ces deux derniers ailleurs résolvent longuement les objections des adversaires dans un paragraphe spécial. 3. La liberté du Christ.

La sainteté et l’impeccabilité qui en est la conséquence ne suppriment -pas, en Jésus-Christ, la liberté. Libre de toute contrainte extérieure dans les déterminations de sa volonté, l’âme du Christ fut également libre de toute nécessité interne, l’obligeant à se déterminer dans un sens plutôt que dans un autre. Toutefois une distinction est ici nécessaire : cette liberté excluant toute nécessité interne, liberté que les théologiens appelle liberté d’indifférence, se subdivise en trois espèces différentes : liberté de contradiction, par laquelle nous pouvons agir ou ne pas agir : liberté de spécification par laquelle nous pouvons choisir entre tel ou tel acte ; libelle de contrariété, par laquelle nous pouvons choisir entre le bien et le mal. Le Christ, impeccable et par là même incapable de commettre le péché, ne pouvait jouir de la libellé de faire le bien ou le mal ; mais cette liberté. que Dieu lui-même ne connaît point, n’appartient pis à la perfection de la liberté ; elle en est plutôt en défaut. CI. Billot, De Deo Uno. th. xxvi, !  ; 2 : De Verbo incarnate, th. xxx. Mais le Christ, comme homme, a possédé très certainement la liberté de choisir entre des biens différents, et la liberté d’agir ou de ne pas agir. La liberté d’indifférence SUl ces deux points est absolument nécessaire pour mériter, cf. Denzinger-Bannwart, il. 1091, et le mérite acquis par le Christ soit pour lui-même, soit pour nous, ne peut pas Être mis en doute. Toutefois une grave difficulté surgit à propos de la liberté du Christ. Il est au moins un cas OÙ, d’après la sainte Écriture, Dieu paraît avoir imposé au Christ un précepte formel, celui de mourir pour les hommes. Dans ce cas précis, Jésus ne pouvait se dérober a ce précepte sans péché : il ne pouvait donc ni éluder ce précepte en choisissant un autre mode de satisfaction, ni se dispenser d’obéir ; car, de toule laçoli

il eûl offensé Dieu. Or le Christ n’avait point la liberté d’offenser Dieu. Serait-il donc mort sans avoir accepté

librement sa mort ? 1.1 alors, que devient le mérite de la Rédemption, c’est-à-dire la Rédemption clic

un nie. Telle est la question, que les théologiens ont

coutume d’agiter autour du problème de la liberté du Christ, et qu’ils ont, peut-êti e, compliquée à plaisir.

") Existence de la liberté humaine du Christ. La

volonté humaine de Jésus Chris ! même régie ci.lu

par la volonté divine, a possédé la liberté d’Indifférence nécessaire au mérite. Cette thèse, dans sa teneur générale, el dégagée des explications apportées par la théologie à la liberté humaine du Christ, est de foi divine et catholique : en l’absence de définition expresse de l’Église sur ce point. nous avons la proposition authentique et très certaine du magistère ordinaire de l’Église, laquelle suffil amplement. Cf. Conc. Vatic, sess. m. c. iii, DenLinger-Uaniiwail. n. 17’, » 2.

il. Lu sainte Écrirure est sur ce point très affirmative.] a Christ a eu, en plusieurs occasions, la liberté de choisir entre différentes déterminations :.Joa. vu. 1 : Matth.. xxvii, 3 1, viii, 3. i II ne roulait pas aller en Judée ; il ne voulut pas boire : je le veu v. dit-il, sois gué] i. lui second lieu, le Christ a possédé cette liberté qui est requise pour les œuvres louables et méritoires. Il exalte l’obéissa. ice qu’il témoigne à l’égard de son Père : < « Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Joa., v. 30. Et c’est pour cette obéissance qu’il attend de Dieu sa propre glorification. Joa., xvii. 1. 5. Et il a élé vraiment glorifié à cause d’elle, Phil. ii, JS- !). Aussi l’auteur de l’épître aux Hébreux nous le propose comme exemple, en une formule qui atteste derechef sa liberté, quel que soit le sens à lui donner, Heb., xii. 2. On lit. en effet, de Jésus : ôç ixvtî Tr, : Tcpoxeuxévqç aùrcô "/apiç ûjréufiivsv trraupov, qui proposito sibi qaudio sustinuit crucem. La glorification lui fut-elle proposée comme récompense de la croix, ou bien Jésus a-t-il choisi la croix de préférence à la gloire -.’peu importe, la liberté du Christ reste explicirement attestée. Lu troisième lieu, enfin, l’Écriture nous atteste que le Christ, en subissant la mort, a été libre ; il a eu le pouvoir de donner sa vie, et ce pouvoir appartenait certainement à sa volonté humaine, seule capable de recevoir un commandement de Dieu : c Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre de nouveau. Sut ne me Vête, mais je la donne de moi-même ; et j’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre ; j’ai reçu ce commandemeiU de mon Père, i Joa.. x, 17-18. Cet le liberté du Messie mourant avut de] i ; t : affirmée par Isa e, un, 7, sq cf. Art., vin. 32. / ». Les Pères ne sont pas moins allumai ifs, très spécialement en ce qui concerne la libellé du sacrifice de la croix. Rappelons simplement quelques textes, en renvoyant pour l’ensemble des Pères a Pelau. De incarnatione, I. IX. c. vin. et à Stentrup, op. cit., th. i.xxv. < Ce n’est pas par nécessité, mais volontairement, écrit saint Jérôme, que le Christ a subi la croix : n’a-t-il pas dit dans l’Évangile : < Xe boirai-je pas le calice que m’a donné mon Père, i In. Is., c. un, " i. 7, P. L.. t. xxiv, col. 508 ; cf., c vii, . 15, col. 1 10. < Il lui était loisible, dit a son tour saint Jean Chrysostonie.de ne ri en souffrir, s’il l’avait voulu ; il pouvait, s’il l’avait voulu, ne pas subir la croi In Heb., c. xii, i. 2. P. G., t. txiii, col. 193. El enco « Il lui élaii permis de ne point subir les opprobres ; il lui était permis de ne pas souffrir ce qu’il a souffert, s’il n’avait considéré que son intérêt personnel. Il ne voulut pas cependant agir ainsi, ni ai s, considérant ce qui nous était avantageux, il négligea ce qui pouvait le concerner. » In Rom., c xv. -.. 3, P. <'>.. t. i.x.col. 16 11 est mort, ajoute saint Augustin, parce qu’il l’a voulu, quand il l’a voulu et comme il l’a voulu. tDe trinilate, l. IV, c. xiii, n. t (i, P./… t. xi.ii. col. 898 ; cf. InJoannem, tract, c.xix, n. (i. P. /… t. xxxv, col. 1952. A l’unanimité des Pères, s’ajoute, comme argument d’autorité, l’unanimité des théologiens. Cf. S. Thomas, Sum. theol.,

Il I’.q. xviu.a. I ; Suarez. disp. XXXV] l.secl.ii.n. 1. c. Une première preuve de raison théoloqique s’appuie sur une double prémisse de foi. Tout d’abord, il est de foi que Jésus nous a mérité le salut et le concile (le Treiili’ne cesse d’exalter la valeur de ces mérites

Immenses et d’une efficacité universelle. Conc lïid.