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JESLS-CHRIST ET LA THÉOLOGIE. [MPECCABILITÉ 1)1 CHRIST

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adjuvante pour observer les commandements et éviter

le mal. Bien que le Christ soit Impeccable par suite de l’union hypostatique, c’est-à-dire ah intrinseco. il a du également être rendu impeccable ah exiïinseco par le moyen de grâces actuelles efficaces, qui sont, en vertu du premier aspect de l’impeccabilité, rendues pour ainsi dire nécessaire ah intrinseco. c’est -à-dire

s par l’union hypostatique, a. 4-6.

Il semble plus simple de proposer, avec les théolo S qui n’acceptent pas la nécessité d’une grâce surnaturelle pour chaque acte méritoire de l’âme juste, une solution totalement différente. Ne comparons pas le Christ, compréhenseur, avec les hommes encore à l’état de voie, mais bien plutôt avec les élus. La communication de Dieu aux âmes dis dus ne se fera pas seulement par la vision et par la jouissance béatifiques : il y aura des communications actuelles et renouvelées de l’esprit divin dans les âmes glorifiées. Voir Gloiiu :, t. vi, col. 1421. L’âme de Jésus-Christ, parce qu’elle était plus intimement unie à la divinité, que ne le peuvent être les âmes saintes du paradis, devait recevoir de ces communications divines abondamment et d’une façon pour ainsi dire ininterrompue. C’est ainsi que le Christ « était conduit par l’Esprit. Mat th., iv. 1 ; qu’il « tressaillait dans l’Esprit Saint >, Luc, . 21, etc. La grâce actuelle compatible avec la pertection du Christ est donc le mouvement surnaturel reçu dans les dons du Saint-Esprit et auquel ces dons nous disposent. Cf. Billot, De Verbo Incarnalo, th. xvi,

De virtutibus infusis, th. vu.

dj Conséquence de la sainteté substantielle et accidentelle du Christ : l’impeccabilité. La sainteté comporte l’absence de péché, que les théologiens appellent I’i impeccance », c’est-à-dire le fait de ne point commettre de faute : dans l’état actuel de l’humanité appelée à une fin surnaturelle, et, à plus forte raison, dans l’âme du Christ, sanctifiée de la façon que nous avons dite, la sainteté est la cause de l’impeccance. Mais, dans le Christ, il semble qu’on doive affirmer plus encore : la sainteté substantielle a été cause non seulement d’impeccance, mais encore d’impeccabilité : le Christ non seulement n’a pas péché, mais n’a pas pu pécher ; bien plus, à aucun titre, il n’a pu, dans son humanité sainte, subir la moindre souillure du péché. L impeccance du Christ est une vérité de foi ; l’impeccabilité est une conclusion théologiquement certaine admettant certaines variétés d’interprétation théologique. Certains auteurs appellent l’impeccance et l’impeccabilité du Christ sa « sainteté négative ». Cet aspect négatif de la sainteté de Jésus-Christ repose en réalité sur ce qu’il y a de plus positif dans cette sainteté, la sainteté substantielle de l’union hypostatique.

a. L’impeccance du Christ. — a) Le (ait de l’impeccance du Christ. — La sainte Écriture l’affirme explicitement, soit par la bouche de Jésus lui-même, soit par les déclarations des auteurs inspirés. Joa., viii, 46 ; II Cor., v, 21 ; Heb., iv, 15 ; v, 20 ; I Pet., ii, 22 ; I Joa., iii, 5. Cf. Luc, i, 35. Voir col. 1158, 1229. Nous avons entendu pareillement les Pères proclamer d’un commun accord la sainteté parfaite de.Jésus ; voir col. 1260 sq. On trouvera les textes des Pères en abondance dans Petau. De incarnalione, t. XI, c. u : cf. Ch. Pesch, De Verbo incarnalo, n. 305. De telles affirmations excluent de l’âme de Jésus la souillure de tout péché, actuel ou originel. Déjà le 10’- anatli< tisme de saint Cyrille, lu au concile d’Éphèse, s’exprimait ainsi : « Il n’avait pas besoin d’oblation pour lui-même, notre Pontife, qui a ignoré totalement le péché. Denzinger-Bannwart. n. 122. Le concile de Florence est plus explicite encore, decr. pro Jæobitis : > Le médiateur de Dieu et des hommes, Notre-Seigneur Jésus-Christ, a été conçu sans le péché, est né s ; ms ], péché, est mort sans péché. tint peccate concept us,

natus et mortaus. lit., n. 711. La même formule se lisait dans le symbole du XI’concile de Tolède (675),

Denzmger-Bannwart, n. 286. — P) Les raisons de

l’impeccance absolue. - a. En ee qui concerne le péché originel, une double cause explique l’impeccance du Christ. Conçu par l’opération du Saint-Esprit, il n’a pu contracter la souillure originelle, celle première raison, s’en ajoute une seconde, tirée de l’union hypostatique. Comme toutes les actions sont attribuées à la personne et qu’il n’y a en Jésus-Christ qu’une personne, la souillure originelle dans l’âme de Jésus rejaillirait sur la personne même du Fils de Dieu. Or la sainteté essentielle du Fils de Dieu, la sainteté substantielle du Verbe incarné s’opposent a ce qu’il en soit ainsi. p. Cette dernière raison, tirée du fait de l’union hypostatique, vaut évidemment pour le péché actuel. Mais, de plus, saint Thomas ajoute une autre raison, tirée du triple but pour lequel le Christ a pris certains défauts de notre humanité. Su m. f/ieoZ., III a, qi xv, a. 1. Le Christ a pris nos défauts en vue de satisfaire pour nos péchés, de prouver ainsi la vérité de sa nature humaine, enfin de nous laisser l’exemple de ses vertus. Voir plus loin, col. 1327 sq. Or, le péché actuel, en Jésus-Christ, se serait opposé à cette triple fin ; il eût empêché la satisfaction ; il eût affaibli la preuve de la vérité de la nature humaine en Jésus ; il eût défiguré notre modèle. — y) Une objection contre l’impeccance du Christ. — Les anciens auteurs réfutent longuement certaines objections, que le sens littéral des textes suffit seul à résoudre : II Cor., v, 21 ; Ps., xxi, 1 ; cf. Matth., xxvii, 46 ; ou encore notent certaines difficultés tirées de la circoncision ou du baptême de Jésus, lesquelles, en réalité, sont de nulle portée. La seule objection que retiennent aujourd’hui les adversaires de la thèse catholique est tirée de Matth., xix, 17 ; Marc, x, 18 ; Luc, xviii, 19. A un Israélite qui lui dit : « Bon Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? », Jésus répond : « Pourquoi m’appelles-tu bon. » Il n’y a que Dieu seul qui soit bon ». « Dans la

pensée du Juif Jésus est un docteur de la Loi comme

un autre. Il l’appelle « bon maître », ainsi qu’il l’eût fait, s’il se fût trouvé devant un docteur quelconque ; car tant est grand son optimisme qu’il ne doute pas de l’excellence morale de ceux qui parlent ou agissent au nom de Dieu. Cette illusion qu’il a dans l’appréciation qu’il porte sur les autres hommes est encore celle qu’il a dans le jugement qu’il pot te sur lui-même… Il semble bien que ce fut uniquement pour le faire réfléchir et pour le tirer de son illusion que Jésus lui dit équivalemment : « Tu me donnes le nom de bon : mais sais-tu bien ce que tu dis ; ignores-tu que Dieu seul a le droit de réclamer ce titre’? « Jésus ne veut pas dire qu’il ne mérite pas le titre qui lui est décerné, il veut seulement amener son interlocuteur à apprécier la dignité de ce titre, afin de l’attribuer avec un plus grand discernement ». L. Labauche, Leçons de théologie dogmatique, t. i. p. 210-241.

Sur l’impeccance du Christ, voir S. Thomas, Sian. tiieol., 1 1 1*, q. xv, a. 1 ; (Jouet, De incarnalione, dis]). XX, a. 1, S 1 ; Salmanticenses, / « L, disp. XXV. dub. 1, §1 ; liilluart. Id., dissert. XV. a. 1 ; Suarez, LL, disp. XXXIII, sect. I, n. 1-2 ; ci. parmi les auteurs récents, Janssens, / » Deo-Homtne, t. i, q. xv. a. 1. p 522-525 ; I binon, De Vcrbn Incarnalo, q. ix, a. 1-3 ; Tanquerey, lie Verbo Incarnalo, e. iii, a. 2. n. 1081 ;  !.. Labauche, Leçons de théologie dogmatique : le r<r/><- incarné, e. ii, s 2.

b. L’impeccabilité du Christ. fous les auteurs

catholiques admettent l’impeccance du Christ. Mais, en cherchant le fondement ontologique et psychologique de cette prérogative, les mêmes auteurs affirment unanimement que l’impeccance en JéSUS-Chrlsi ne peut être expliquée complètement si l’on n’admet pas l’impeccabilité du Sauveur. El celle affirmation