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    1. JÉSUS-CHRIST ET I##


JÉSUS-CHRIST ET I. THÉOLOGIE. VERTUS m CHRIST

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quant a certains usages de l’état présent, ceux qui ne dérogeaient pas a sa dignité, le Christ étant à la fois « voyageur » et « compréhenseur ».

c. Les dons du Saint-Esprit dans l’âme de Jésus-Christ. — Cf. S. Thomas, Sum. theol., III’, q. vii, a. 5. Sur les dons du Saint-Esprit, voir t. IV, col. 1728 sq.— y.) Existence. — L’existence des dons du Saint-Esprit dans l’âme de Jésus-Christ, abstraction faite de la théorie de leur distinction entre eux et de leurs rapports avec les vertus, est une vérité de foi, tant elle est explicitement affirmée dans l’Écriture sainte et proposée pr renseignement ordinaire de l’Église. Isaïe, xi, 2, 3 nous montre les dons de l’Esprit reposant sur le juste et Luc, iv, 1 nous déclare Jésus plein de l’Esprit Saint. Cf. Marc, i, 1 ; Matth., iv, 1 ; Luc., x. 21 ; Joa., i, 14, etc. l.a raison théologique démontre facilement l’existence des dons du Saint-Iîspril dans l’âme du Christ. On conçoit en effet les dons du Saint-Esprit comme des dispositions surnaturelles à recevoir docilement les suggestions et les mouvement s du Saint-Esprit. Par eux, le juste est conduit plus qu’il ne se conduit lui-même. Et c’est pour ce motif que les dons sont requis pour les actes sublimes et héroïques qui dépassent les perfections où peut arriver, la simple énergie humaine. Cf. S. Thomas. In IV Sent., t. III, dist. xxxiv, q. î, a. 1 ; Sum. theol., III’-, q. lxviii, a. 1. Or c’est précisément cette touche instinctive de l’Esprit, ces actes héroïques et sublimes qu’on remarque en Jésus, et d’une façon suréminente. Cf. Sahnanlicenses, De incarnatione, ad q. vii, a. 5, n. 2 ; Gonet, disp. XII, a. 5, n. 103-104.

[}) Les actes des dons du Saint-Esprit en Jésus-Christ.

— Durand de Saint-Pourçain, tout en confessant l’existence des dons eux-mêmes, nie que ces dons aient pu produire dans le Christ les actes qui leur correspondent, pas plus qu’il n’accepte que ces actes soient produits dans les âmes bienheureuses. In IV Sent., t. III, dist. xxxiv, q. m. Cette thèse est rejetée par l’ensemble des théologiens comme téméraire et proche de l’erreur. Salmanticenses, loc. cit., n. 3. Elle comporte, en effet, une véritable négation de la perfection du Christ, et une réelle conlradition. Si le Christ a eu les dons, il a dû en produire les actes. « Par le don de sagesse, il a pu formuler des jugements certains sur les choses divines connues dans leurs raisons les plus profondes ; par le don de science, il a formulé des jugements certains sur les choses d’expérience quotidienne, connues dans leurs raisons immédiates ; par le don d’intelligence, il a très parfaitement pénétré les révélations divines ; le don de conseil lui a dicté sa

conduite en toutes espèces de circonstances et sans hésitation possible ; le don de force a permis au Christ encore dans l’état de voir de braver la mort et de parfaire l’œuvre de noire rédemption ; cl, après la mort lui a donné la sécurité la plus absolue à l’endroit de tout danger. Par le don de piété, Jésus a eu un vrai sentiment d’amour, filial vis-à-vis de Dieu le l’ère, fraternel vis-à-vis des autres saints devenus les fils adoptifs de Dieu. Enfin, par le don de crainte, il a eu, vis-à-vis de Dieu, une souveraine révérence, ainsi qu’on va le déclarer. » Salmanticenses, loc. cit., n. 3. Cf. (Mgr) FI. de la Villerabel, l.es dons du Saint-Esprit Ions l’âme de Jésus, Saint Hricuc. 1916, p. 16-39. — i Le don, ic crainte dons l’âme du Christ. — Cf. S. Tho-Suni. theol., III, q. vu. a. (’.. l.a question spéciale de l’existence (u don de crainte en Jésus Christ s’est

po ée a l’occasion de la il 1, proposition d’Abélard, voir Abélard (Articles condamnés), t. i, col. 15, > ondamnée par le concile de Sens (1 MO) et par Innocenl II comme hérétique. Cf. Denzinger-Bannwart,

H, .", 7D. I.e don de crainte existe en Jésus-Christ, « mais

>é des imperfections qui l’accompagnent chez

I.a crainte comporte deux actes : trembler de ant

le châtiment que le souverain législateur inllige tôt ou tard pour le péché, et vénérer la suprême excellence de Dieu, cette force invincible devant laquelle s’inclinent les célestes Puissances, treinunt potestates. Jésus, même selyn l’humanité, n’a pas à redouter la vengeance divine, parce qu’il est impeccable et ne peut jamais être séparé de Dieu ; mais il est toujours dans un saint respect devant cette auguste majesté qui a pour se faire révérer un pouvoir infini. Et cela nous explique pourquoi Celui qui ne pouvait avoir la vertu de pénitence a pu posséder excellemment le don de crainte. Dans la pénitence l’acte principal est la détestation du péché personnel, la satisfaction n’est que l’acte accessoire et accidentel ; dans la crainte, l’acte principal est de révéler le Dieu terrible, redouter le châtiment pour la faute n’est que secondaire. Pas d’accessoire sans le principal et donc, pas de vertu de pénitence où manque le repentir pour le péché personnel ; mais le principal peut se réaliser sans l’accessoire et ainsi le don de crainte subsiste encore dans l’âme qui est à l’abri du châtiment. » llugon. Le mystère de l’incarnation, p. 238. Parmi les thomistes, Godoy, disp. XXV, $ 3, Gonet. disp, X 1 1, a..">. n. 110, admettent dans le Christ un acte de crainte véritable devant le péché et le châtiment possibles pour la nature humaine considérée en soi. Cette conception est vivement combattue par les Salmanticenses. tract. VIII, disp. IV, dub. îv. n. ">6. Suarez fait consister l’acte de crainte en Notre-Seigneur en un acte d’humilité devant Dieu joint à une certaine crainte révérentielle en lace de l’infinie majesté. Par cette admixtion de crainte révérentielle, il semble se rapprocher de Godov et de Gonet. Disp. XX. sect. n. n. 7-10.

d. La grâce actuelle dans l’âme du Christ. — S’il faut admet lie. avec beaucoup de théologiens, que la grâce actuelle est nécessaire pour chaque acte surnaturel et méritoire, même dans l’âme déjà sanctifiée par la grâce habituelle et les vertus infuses, on doit conclure que l’âme de Jésus-Christ a reçu, elle aussi, d’une façon absolument constante et sans cesse renouvelée. ces grâces actuelles qui devaient mettre en activité ses énergies surnaturelles, vertus et dons, e l.’union hypo-Statique, écrit le 1’. Ilugon, garantissait ces secours a l’humanité assumée. Si notre contact accidentel avec le Christ nous vaut une influence continuelle du Rédempteur, une sève toujours renaissante, comme celle que les sarments reçoivent de la vigne, cf. Conc. Trident.. Sess. vi, c. XVI, que devait donc réaliser en cette âme l’union substantielle et indissoluble avec le Verbe, principe de toute vie ? Notre union par la grâce sanctifiante ne nous garantit avec certitude que grâces suffisantes ; la personne divine dans le Christ assurait à la volonté créée des secours toujours efficaces. Cette volonté sans doute, gardait le pouvoir radical de résister et demeurait entièrement libre sous l’action du Verbe ; mais, en fait, la motion divine ne demeurait jamais vaine et la volonté, toujours pai laite, consentait infailliblement, quoique non nécessairement, a la grâce actuelle. » I.e mystère <le l’incarnation, p. 235.

Suarez étudie avec un soin extrême le rôle de la grâce actuelle en Jésus-Christ. Disp. XVIII, sect. IV. lui premier lieu, il affirme que la grâce actuelle adjuvante a été nécessaire au Christ comme à nous pour produire des actes surnaturels. n. 2. lai second lieu, la grâce excitante a été nécessaire au Christ, considéré en l’état de voie, pour produire des actes surnaturels : l’union hyposlatique excluant ces sortes de grâces du Christ, considéré comme comprehenseur, ne saurait empêcher, dans l’âme de Jésus, une perfection connaturelle à l’état de voie, n. 3. Enfin, en troisième lieu, l’âme du Christ a eu besoin d’une grâce excitante et