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    1. JÉSUS-CHRIST ET LA THÉOLOGIE##


JÉSUS-CHRIST ET LA THÉOLOGIE. SAINTETÉ 1)1 CHRIST L278

une onction singulière entre toutes, et tellement exceptionnelle qu’il en a pris son nom, yp’.OTÔ-, l’Oint. Il Cor., i. 21, 22 ; I Joa., ii, 20, 27 ; ci. Ps. xliv, 8 ; Is. i.xi. 1 : LUC, iv. 18 ; Act., iv. 27 :. 38 On pourrait à la rigueur entendre cette onction île la grâce sanctifiante, mais où serait alors la pleine signification des textes, qui comporte une différence radicale, essentielle entre l’onction de Jésus-Christ et l’onction des justes ? Les Pires expliquent que telle onction est la divinité elle-même s’unissant à l’humanité, soit qu’il s’agisse de la cause active de l’union hypostatique.par exemple S. Irénee. Cont. Hteres., 1. III. c. xviii. n. 3, P. G.. t. vu. col. 924 ; S. Cyrille d’Alexandrie. In Joa.. 1. XI. c. P. G., t. i.xxiv. col. 542 (on peut aussi entendre l’onction désignée dans ces textes de la grâce habituelle créée, cf. Franzelin, th. xii. g 1, n. 2 ; Pesch, n. 283) ; soit surtout qu’il s’agisse du Verbe s’unissant immédiatement à l’homme, par ex. S.Grégoire île Nazianze, Oral., xxx. n. 21. P. G., I. xxxvi, col. 131 ; S. Jean Damascène, De fuie orthodoxa, t. III, c. m ; Oral. I de imag., tin. P. (, ’.. t. xerv, col. 990. 1249 ; S. Augustin. De Trinitate, t. XV, c. xxvi, P. I… t. xi.u. col. 1093-1094 ; S. Grégoire le Grand, EpisL, t. XI, i.xvii. P. L.. t. i. xxvii. col. 1208 ; etc. Voir les textes dans Pesch. n. 282-283 ; Hugon. Le mystère de l’incarnation, p. 210-211. et surtout Petau, De incarnatione. 1. XI. c. vii-ix. Stentrup. th. lxxvii, part. n. Le concile de Francfort (785) contient également une déclaration expresse : Christus NATUBA unctus. non per gratiam. quia in illo plene fuit divinitas, Epist. ad episc. Hisp.. P. L., t. xcviii, col. 377. « De tous ces témoignages de la tradition se dégage une conclusion doctrinale dont il est utile de faire ressortir l’importance. Le Sauveur est oint par l’union hypostatique, par le don même de la personne du Verbe. Or, dans le langage sacré, i oint » et i christ » désignent celui qui est l’objet des complaisances divines, qui possède la vraie sainteté, cette justice intérieure, seule beauté qui plaît à Dieu. Telle est donc la portée de nos textes : les auties justes sont agréables au Seigneur, saints, par la consécration accidentelle de la grâce créée, le Christ, par la consécration substantielle de la divinité. Pour nos docteurs, en elïct, la sainteté consiste dans l’union avec Dieu : les justes n’ont qu’une sainteté accidentelle, parce que leur union avec la divinité, reste toujours accidentelle et participée ; le Christ, au contraire, parce qu’il est Dieu substantiellement, est saint d’une sainteté substantielle et infinie. » Hugon, op. i it., p. 211-212. L’opinion de S. Thomas, favorable à la thèse communément admise, est bien exposée et discutée par les Salmantieenses, De incarnatione, disp. XII. dub. ii, n. 6-9. On la déduit de Sum. theol., IIP, q. vu. a. 1 ; q. xxii. a. 2 ; Compendium theologiæ, c. ccxiv : In IV Sent.. t. III, dist. XIII, q. i, a. 1, ad 5 UI " : De veritate, q. xxix, a. 1 ; In Joannis evangelium. c. i. lect. viii, etc.

La raison théologique, ensuite, nous amène à la même conclusion : Sanctifier une âme, c’est l’unir à Dieu, le lui rendre agréable, la soustraire au péché, lui conférer la filiation divine au moins adoptive ; la grâce sanctifiante fait tout cela, en nous rendant participant de la nature divine. Voir GRACE, t. vi, col. 1612-1615. Mais « l’union hypostatique fait tout cela et plus que tout cela. Elle rive l’humanité a Dieu par une étreinte si forte qu’il en resuite une seule personne, ("est l’être divin que le Christ reçoit et non plus une participation créée. En vertu de ce lien, Jésus mérite le titre d’enfant, bien mieux que tous lesjustes, par la grâce habituelle : il est le Fils propre de Dieu ; la grâce ne fait que des fils adoptifs. Enfin l’union hypostatique exclut et le péché et la puissance même de [lécher, car elle exige que toutes les actions appartiennent à la personne même du Verbe, selon le prin cipe : Aetiones sunt suppositorum. Le péché, dès lors, serait imputable au suppôt divin. Il répugne absolument que l’ombre du mal effleure cette humanité radieuse et Immaculée que le Verbe vient gouverner. Ainsi, la grâce d’union est à elle seule un pouvoir éminent de sanctification, elle atteint toutes les profondeurs de sa nature humaine, les pénètre de cette onction joyeuse qui fait de Jésus le plus beau des enfants des hommes. » Hugon, Marie, pleine de i/râce, Paris, 1921, p. 72-7 :  ;. Cf. Monsabré. Exposition du dogme catholique, 10e conférence ; Sehwalm, O. P., Le Christ d’après saint Thomas d’Aquin, Paris, 1910, p. 60-65.

b. Problèmes subsidiaires. Sur cette vérité fondamentale et incontestable se sont greffés, grâce à la trop ingénieuse subtilité des théologiens, un certain nombre de problèmes purement scolastiques. Xous les allons énumérer brièvement, en indiquant les solutions diverses qui y ont été apportées. — y.) Les premières discussions ont trait au principe propre de la sanctification substantielle incréée du Christ, ce que les théologiens en appellent la « raison formelle >. Il s’agit ici du principium quo ; voir ci-dessus. La question est posée â l’occasion des théologiens qui, comme Suarez, tout en admettant que l’union hypostatique est une union immédiate, « prétendent que la nature humaine ne peut être unie au Verbe sans y être disposée par un mode substantiel qui lui enlève son indifférence par rapport à l’union et soit le terme de l’action de la Trinité dans l’incarnation. » Voir Hypostatique (Union), col. 530, et Incarnation, col. 1524-1526. — a. Il n’y a pas de doute, disent la plupart des théologiens, que ce mode substantiel créé et fini, ne peut être le principe formel de la sanctification substantielle du Chiist. C’est l’opinion des thomistes en général et particulièrement de Jean de Saint-Thomas, De incarnatione. disp. III, a. 1 ; de Gonet, id., disp. XI, a. 2, n. 25 ; des Salmantieenses, id., disp. XII, club, ii, § 1, n. 26 ; Billuart, loc. cit., § 2, auxquels il faut ajouter Vasquez, id., disp. XLI, c. iv ; De Lugo, id., disp. XVI, sect. ii, n. 18 ; Becanus, id., c. viii, q. 1, contre Suarez, qui semble abandonner disput. LI II, sect. iii, l’opinion commune qu’il avait cependant admise, disp. XVIII, sect. m. — (3. Est-ce la personnalité propre du Verbe considérée comme virtuellement distincte de la divinité, qui serait cette raison formelle de la sanctification substantielle du Christ ? La plupart des thomistes, avec Gonet, loc. cit., n. 28, les Salmantieenses, dub. ut. S 1, n. 34 ; Godoy, De Incarnatione, disp. XXXI, § 5, n. 118, Billuart, loc. cit., répondent négativement, et leur opinion est partagée par Vasquez, op. cit., disp. XLI, c iv. Par contre, Jean de Saint-Thomas, op. cit., disp. VIII, a. 1, concl. 3 ; Grégoire de Valencia, /n ///"" p. Sum. S. Thomse, q. vii, punct. 5 ; De Lugo, op. cit., disp. XVI, sect. ii, concl. 2, considèrent que la personnalité du Verbe, comme tellee ! dans ce qui la distingue de la divinité, est le principe même de la sanctification substantielle de l’humanité du Christ. Toutefois, De LugO assurant que cette sanctification se fait par la divinité que contient la personnalité du Verbe, semble se rapprocher, de l’opinion thomiste qu’on va exposer. — y. ("est, en réalité, la divinité comme telle, virtuellement distincte de la personnalité

du Verbe, niais contenue en elle qui est la raison formelle de cette sanctification substantielle. A part Jean de SaintThomas, les grands thomistes soutiennent cet le doctrine, Salmantieenses, ’< « . cit., dub. iv ; ( îonel. P". cit., n. 31 ; Billuart, loc. cit. I)< Lugo, qui sciât tache verbalement a l’opinion précédente, pourrait

être compté parmi les partisans de cette opinion, la

personnalité du Verbe n’étant pour lui que le moyen par lequel la divinité sanctifie substantiellement