Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/630

Cette page n’a pas encore été corrigée
1241
1242
JÉSUS-CHRIST. LA THÉOLOGIE JOHANNIQUE


luy, Spicilegium dagmaitco-biblicum, G and, 1884, t. i. Voir aussi 1 1 1 BRI i v (Épttit aux), roi. 2109-2110.

17II. LA THÊOLOaiB JOHASSIQVB DV « VERRE ISCARSÊ ». - 1° Les buts de celle théologie. — En employant le mot théologie. nous n’entendons nullement affirmer que saint Jean, dans ses écrits, ait proposé une christologie particulière du Christ, modifiant les données préalablement reçues dans la révélation. A plusieurs reprises déjà, voir col. 1 151 sq., nous avons trouvé saint Jean pleinement d’accord avec les synoptiques pour nous retracer la physionomie humaine de Jésus. Et ici nous n’insisterons pas sur cette parfaite concordance du quatrième évangile avec les trois premiers. Mais saint Jean, le dernier des apôtres qui ait écrit sous l’inspiration de l’Esprit Saint, a vu la foi primitive de l’Église aux prises déjà avec les erreurs naissantes. Écrivant son évangile, il a un but plus précis que les synoptiques, but nettement dogmatique et surtout christologique : « Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d’autres miracles cpii ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-ci oui été écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, ô Xpio-àç, ô uîoç toB 0EOÛ, et afin cpie, croyant, vous ayez la vie en son nom. Joa., xx, 30-31. C’est pourquoi, bien que toutes les idées renfermées dans les écrits johanniques. appartiennent au dépôt de la révélation, le but recherché et la méthode employée par l’apôtre accusent nettement un procédé théologique. Plus encore que saint Paul, saint Jean doit être dit « théologien > et la tradition l’a, d’ailleurs, consacré tel. Théologien du Verbe incarné, saint Jean se propose non seulement de compléter les trois évangiles antérieurs, mais encore de réfuter les premières erreurs naissantes. Deux hérésies principalement, à la fin du Ie e siècle déjà, commençaient à se manifester, le gnosticisme et le docétisme. Sur la première de ces hérésies au temps de saint Jean, voir t. vi, col. 1440 et CÉRiNTin, t. îi. col. 2151-2156 ; sur la seconde, voir t. iv, col. 1488. Cérinthe niait la divinité de Jésus, fils de Joseph et de Marie, homme plus parfait que les autres hommes, mais simplement homme comme les autres, sur lequel, au baptême, se reposa l’Esprit saint le consacrant ainsi Fils de Dieu. A l’opposé, les docètes ne regardaient l’incarnation du Verbe que comme une simple apparence sans réalité externe. Le théologien du Christ sera donc, à l’égard de ces hérétiques le théologien du « Verbe incarné. C’est sous cet aspect que le Christ nous est très fidèlement rappelé par saint Jean, soit que l’auteur du quatrième évangile ait choisi parmi les discours de Jésus ceux qui se rapportaient le plus directement au but dogmatique qu’il poursuivait, soit qu’il ait recueilli 1 - récits les plus propres à démontrer sa thèse. Nonobstant ce but dogmatique, le quatrième évangile garde toute son historicité. Voir Jean (Évangile de suint), col. 539, et M. Lepin, Lu valeur historique <lu quatrième évangile, Paris, 1910.

Avant toutefois d’exposer la doctrine du quatrième évangile touchant le Verbe incarné, il est nécessaire de rappeler brièvement la doctrine touchant le Chris ! exposée dans l’Apocalypse.

2’La christologie de l’Apocalypse.— L’Apocalypse, voir t. i, col. 1 177, s’attache au Christ glorieux principalement. Sans doute, on y retrouve plus d’un t rai t messianique : Apoc, ii, 27 : xii, 5 ; xix, 5, comparer l’s., ii, !) et Ps. Sol.,

. 21 : Apoc. i. 1 li : ii, 1 2. 1 6 : xix, 15, comparer Is., xi, l ; xux, 2 ; Sap., xviii, 15 ; — mi ri ou t Apoc, i. 13sq., XIV, l (.comparer Dan., vii, 13 ; X, 5. Mais, prophète chrétien, l’auteur envisage sur tout le Christ triomphateur ; voir surtout Apoc, i, 12-16 ; xiv, M ; xix, lt-16 Ce triomphe du Christ

est le prélude et le gage du triomphe des chrétiens, v, 10 ; vii, 17 ; xiv. I. l ; xix, 9, 1 I. Aussi Jésus est-il appelé Apoc., I, 5, 6 7rpcûTÔTOX0Ç tmv vsxptov, comme dans saint Paul. Col., i, 18. Ce triomphe est à la lois, l’apanage de la nature divine du Christ, voir Fils de Dieu, t. v, col. 2101, et le prix des souffrances du Christ, considéré dans sa nature humaine, m. 21 : v, il ; cf. i, 7 ; i, 18 : de là le nom si fréquemment employé dans l’apocalypse d’Agneau (immolé) qui rappelle les souffrances endurées par Jésushomme avant d’entrer dans sa gloire, v, 12, etc. Dans le Nouveau Testament, l’Apocalypse est le seul livre où ce nom, tÔ àpvîov, soit appliqué au ChiisL (29 fois). Cf. Joa., i, 29, 36 (deu-vôç) ; Act., viii, 32 ;

I Pet., i, 19 (M.). Les noms de Jésus, Apoc, i, 9 ; xii, 17 ; xiv, 12 ; xvii, 6 ; xix, 10 ; xx, 4 ; xxii, 16, de Jésus-Christ, i, 1, 2, 5 ; de Christ, xi, 15 ; xii, 10 ; xx, 4, 6, marquent également l’existence effective de l’humanité en celui qui, par ailleurs, est le Verbe de Dieu, xix, 13, et qui, symboliquement, est appelé le lion de Juda, v, 5, ou la racine de David, ibid., xxii, 16, en souvenir de son origine. L’Apocalypse confesse la résurrection, i, 5, 18 ; ii, 8 et l’ascension, m, 21 : vii, 17. Sur l’œuvre de Jésus Christ dans l’Apocalypse, voir 1. 1, col. 1477.

3’Le Verbe Incarné dans le Prologue (Joa., i, 1-18).

— Au point de vue de la constitution intime de la personne du Verbe incarné, nous n’avons rien à ajouter ici à ce qui a été dit à Fils de Dieu, col. 2105-2106, et Hypostatique (Union), col. 446-447. Mais deux remarques nécessaires sont à ajouter ici.

Le Verbe incarné du prologue, c’est bien Jésus-Christ qui s’est manifesté aux hommes, après avoir été prédit par les Prophètes et annoncé par Jean-Baptiste. Le Verbe de la théologie johannique est le Christ de l’histoire. Tout d’abord le Christ, éternellement préexistant, est nettement désigné dans les premiers versets, i, 1-5. Verbe divin, Dieu lui-même, il a fait toutes choses ; il était vie et lumière, c’est-à-dire puissance d’expansion et de rayonnement. Ainsi nous ne sommes pas étonnés que ce Verbe, vie et lumière, se manifeste aux hommes. Jean-Baptiste est le témoin de cette manifestation : il vint « pour rendre témoignage à la lumière ». Jean n’était que témoin ; Jésus-Christ,

— car c’est de lui qu’a rendu témoignage le Baptiste, cf. i, 15-18 — était la lumière qui éclaire tout homme Bien avant qu’il se manifestât par l’incarnation, le Verbe était dans le monde, i, 10. Le inonde est son œuvre ; il y était habituellement présent, sv t<o x.onito vjv, et malgré cette présence dans son œuvre, « le monde ne l’a pas connu ». Ce que saint Paul, après l’auteur de la Sagesse, cf. Act., xiv, 15-17 ; xvii, 30 ; Bom., i, 18-22 ; Sap., xui, 1 sq., explique de Dieu, saint Jean l’applique au Verbe. Saint Jean fait ensuite allusion aux théophanies de l’Ancien Testament (qui, ailleurs, sont rappelées comme des manifestations du Verbe, xii, 41 ; cf. viii, 56) : il vint chez les : siens et les siens ne l’ont pas reçu, v. 11, tout en visant cependant la manifestation suprême de l’incarnation. Ceux qui toutefois l’ont reçu ont déjà été favorisés du bienfait de la libation adoptive, ꝟ. 12-13. Et enfin l’incarnation a été réalisée : Et Vcrbum caro faclum est.ꝟ. 14. Ce Verbe fait chair, c’est Jésus-Christ, qui i a habité parmi nous », y 14, et dont Jean a rendu témoignage, v. 15.

II y a, dans le prologue, « fusion intime de la théologie du Verbe et de l’histoire « lu Christ. Lebreton, op. cit., p. 162.

tue seconde remarque s’impose, qui témoigne de l’unité de doctrine du prologue et du reste de l’évangile. Dans l’évangile, le nom du Verbe n’est plus prononcé. Mais les concepts île vie, de lumière et d vérité sur lesquels saint Jean insiste dans le prologue, la vit la lumière, la vérité, s’identilianl avec le Verbe, se