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JÉS1 S-CHRIST. LE TÉMOIGNAGE DE LA PRÉDICATION


Du côté de l’homme, la paternité divine appelle la ] confiance filiale, Matth., vi, 2.">- : 12 el la prière, Matth., |

vi. 7-’. » : cf. Luc, xi. 2 : mais, alors que dans l’Ancien Testament, si uls les justes pouvaient se glorifier d’avoir Dieu pour père, Sap., ii, 16,.Jésus nous enseigne que le pécheur lui-même, s’il veut se convertir, a Dieu pour père : les publicains, les femmes de mauvaise les Samaritains eux-mêmes ont droit, à notre assistance el à noire amour parce que, s’ils expient eurs fautes, ils ont droit à notre pardon et à celui de Dieu. Lue., xviii. 10-14 ; Matth., xxi. 31-32 ; Luc., xvii, 16 ; Joa., iv. 39. Cet enseignement nous ouvre des perspectives encore inconnues sur l’orientation nouvelle, intérieure et spirituelle, de la vie religieuse nécessaire pour faire partie du royaume de Dieu. La filiation spirituelle des chrétiens par rapport à Dieu, une lois comprise, mène plus facilement à l’intelligence de la filiation divine <le Jésus-Christ dont, en réalité, elle doit dériver. < Tout d’abord, le lien clés deux doctrines est voilé, et la filiation naturelle du Christ reste dans l’ombre : aussi bien les Juifs étaient-ils très mal préparés à l’entendre, tandis qu’ils près ^entaient déjà ce dogme de la paternité divine, et que par lui ils entraient sans résistance dans l’Évangile. Par degrés, le Christ va se révéler à eux. ou plutôt, pour parler le langage de l’Évangile, le Père céleste, dont ils sont devenus les cillants, va leur révéler son Fils..T. Lebreton, op. cit., p. 249.

2. Révélation implicite de V Homme-Dieu. - a).Jésus

vient accomplir les prophéties touchant le Messie et le

urne messianique. - Préparés par le message du

précurseur, les Juifs étaient plus disposés à recevoir,

fésus lui-même, l’affirmation qu’il était le Messie et venait instaurer le royaume messianique. La prédication de Jésus débute comme celle de Jean : < Faites pénitence, car le royaume des cieux approche. » Matth.. îv. 17. Et bientôt, le Sauveur saisira l’occasion d’affirmer, aux disciples mêmes de Jean envoyés vers lui pour l’interroger, qu’il est vraiment celui qu’on attend, el non pas un autre : Allez, leur dit-il, rapportez à Jean ce que vous avez entendu et VU : des

ugles voient, des boiteux marchent, des lépreux sont guéris, îles sourds entendent, des morts ressuscitent, des pauvres sont évangélisés. » C’était la réalisation des prophéties d’K. xxxv, r> sep : i.xi, 1 sq.. concernant le Messie. Un autre jour, discutant dans la synagogue de Nazareth de la prophétie d’K, lxi, 1 sq., il déclare ouvertement : C’est aujourd’hui que cette Écriture que vous venez d’entendre est accomplie. Si Jésus chasse les démons, c’est que le règne de Dieu csi venu parmi les Juifs. Luc, xi, 20 ; cf. Matth..

. 2.x. Ce règne est commencé, il progresse dans la mesure OÙ ses ennemis battent en retraite. Cf. Luc, x, 9, 18. Très clairement encore, il annonce que i la loi et les prophètes <>ni duré jusqu’à Jean, depuis, le royaume des cieux est annoncé, et chacun fait effort pour > entrer. » Luc, xvi. 16 ; cf. Matth., xi, 12-13. Jean appartient à la préparation du royaume dont le membre le plus petit lui est supérieur : l’.lie, que les Juifs at tendaient avant que le Christ paraisse,

déjà venu : Jean est lui-même Elle qui doit venir. Matth., xi, 11-14. Le royaume des cieux, c’est Jésus qui le fonde : i heureux vos yeux, parce qu’ils voient e1 vos oreilles, parce qu’elles entendent. Car. en vérité.

je vous dis que beaucoup de prophètes et de justes

0n1 désiré’voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vii,

entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas enten du. i Matth., mu, Ki-17. Les pharisiens se demandent quand le royaume viendra et déjà il est au milieu d’eux, èVroç û(x<ôv èoriv. Luc, xvii, 20-21. Sur la réa ition effective du royaume par Jésus-Christ, voir d’au ! res textes, Marc, xii, 34 ; Luc, xii, 31 32 ; Matth., xxi.31-32, 13.

Mais le règne de Dieu, annoncé par les prophètes, réalisé par Jésus-Christ, n’est pas un i avènement qui vient tout d’une pièce, comme un décor de féerie. » Lagrange, dans Revue biblique. 1900, p. 477. Le règne, réalisé par Jésus-Christ se prolonge jusque dans l’audelà, en passant par la phase caractéristique du dernier avènement du Messie, le jugement du monde. Le règne de Dieu, dont nous devons chaque jour demander « qu’il arrive », Matth.. vi. 10 ; Luc. xi, 2. doit se développer en ce monde. (Test ce qu’explique Jésus dans toutes Us paraboles oîi l’idée du royaume appelle l’idée de l’Église : parabole du semeur. Matth.. xiii,

1 sq. ; parabole du bon grain et de l’ivraie, id.. xiii,

2 1-30 : parabole du grain de sénevé, id., xiii, 31-32 ; parabole du levain, id., xiii, 33 ; parabole du filet rempli de poissons, id., xiii. 17-50. Mais ce règne terrestre n’est pas encore le règne définitif : le royaume de Dieu ne doit pleinement se réaliser que dans l’autre Vie. Il s’inaugure pour les individus par la mort et le jugement : Jésus le promet au bon larron, Luc, xxiii, 42-43 ; il est promis aux pauvres en esprit, à ceux qui souffrent persécution pour la justice, Matth.. v, 3, 10, à ceux qui font la volonté du l’ère, Matth., vii, 21, aux enfants et à leurs semblables. Mail h., xix. Il ; xviii, 2-3. Il est la « terre » que les doux recevront en héritage. Matth.. v, 1 ; la * joie du Seigneur » dans laquelle entrent les bons serviteurs, qui ont fait valoir les talents, Matth., xxv, 21. 2.’?. Pour la société humaine, le royaume de Dieu s’inaugurera par la parousie du Fils de l’homme et par le jugement général. Matth.. xxiv. 30 ; xxv. 31-46 ; Marc, xiii, 20 ; Luc, xxi. 27. Mais ces perspectives de développement terrestre et de consommation eschatologique n’empêchent pas que le royaume est toujours réalisé par Jésus-Christ. Jésus n’est le précurseur d’aucun autre roi messianique : du royaume-église, du royaume eschatologique, c’est toujours Jésus qui est le roi. La prédication de Jésus peut avoir pour objet l’établissement d’un royaume qui n’est pas encore complètement réalisé : mais c’est Jésus lui-même cpii inaugurera ce royaume futur. Toujours, et quel que soit l’aspect du royaume annoncé, c’est Jésus qui apparaît connue le roi, oint par le Seigneur. Sur le royaume de Dieu et ses divers aspects dans l’enseignement du Christ, voir J.-B. Frey, Royaume de Dieu, dans le Dictionnaire de la Bible, de M. Vigouroux, t. v, col. 1237 sq.

b) L’autorité des paroles et de lu prédication du Christ décèlent un Dieu. — Les paroles et la doctrine du Christ apparaissaient à tous remplies d’une autorité personnelle qui ne pouvait convenir qu’à Dieu. Marc le note expressément : « Ils (ses premiers disciples) s’étonnaient de sa doctrine, car il les enseignait comme ayant autorité el non comme les scribes, i i. 22. Cf. Matth., vn, 29 ; Luc, iv, 32. Nous avons déjà vu les docteurs admirer dans le temple la sagesse des réponses de l’enfant Jésus, voir col. 1 182 ; mais ici, les synoptiques énoncent le motif de l’admiration causée par l’enseignement de Jésus : c’était un enseignement d’autorité. Celle autorité s’affirmait devant les Juifs, comme celle du Maître souverain interprétant et complétant la Loi par sa propre doctrine. Toutes les promulgations, contenues dans le c v de l’évangile de saint Matthieu, sont empreintes de celle autorité souveraine : i Je ne suis pas venu abolir la loi et les prophètes, mais les accomplir… Si votre justice n’est pas plus abondante que celle des scribes et des pharisiens,

vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Vous

avez entendu qu’il a élé dit aux anciens : Tu ne tueras pas… : mais moi, je vous dis que quiconque, etc. Six lois (le suite, Noire-Seigneur reprend cette formule, où éclate, dans sa plénitude, l’autorité souveraine avec laquelle il enseigne et Impose aux consciences de graves obligations. Les anciens prophètes ne par-