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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LE TÉMOIGNAGE DKS MIRACLES

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laisser s'égarer l’opinion dos Juifs, qui réclamaient

an Messie politique, conquérant, restaurateur du royaume temporel d’Israël. Les miracles de Jésus ne « levaient pas servir a entretenir le peuple juif dans les illusions et les erreurs qu’il nourrisait depuis longtemps sur le messianisme.

Que Jésus ail opéré île nombreux prodiges, le l’ait n’est pas douteux. Les récits évangéliques sont remplis des faits miraculeux attribués par leurs auteurs au Sauveur, et. d’une façon générale, ils en allument l’existence. Marc. i. 32-34 ; cf. Matth., vin. lf>-17 ; Luc. iv, 10-41 ; Matth.. îv. 20-24 : cf. Marc, ii, 7-12 ; Lui-., vi. 17-19 ; Luc. v, 15 ; vii, 21 ; viii, 2 ; cf. Matth., xi. 4-5 ; Marc. vi. 54-56 ; cf. Matth.. xix, 35-36 ; xv, 1 : cf. Marc. vu. 37 : Matth.. xix. 2 ; xxi. 1 1 ; Joa., il. 23 ; iv. 48 ; vu. 31 ; xi. 47 : xii. 37 : xx. 30, etc. Des formules générales contenues dans ces textes, il apparaît bien que les miracles s'échappaient en grand nombre des mains divines et bienfaisantes du Sauveur. De plus, les écrivains sacrés ont donné aux miracles de Jésus des noms qui marquent bien leur caractère surnaturel. Ce sont des prodiges. TsçotTa : encore que ce nom soit commun aux miracles de Jésus et aux prodiges des faux prophètes, Matth.. xxiv, 21 : Marc, xiii. 22, cependant, pour désigner spécialement les miracles du Sauveur, il est accompagné d’autres qualificatifs qui excluent l’idée d’un pur prodige, uniquement destiné à éblouir les foules. Matth., iv, 24 ; Marc. xui. 12 : cf. Joa.. iv, 48. Ce sont des faits merveilleux, Ozupôoia, Matth., xxi. 15 : des faits étranges, -.xzy.Ù', zy.. Luc. v. 26. Les miracles de Jésus reçoivent aussi le nom de $ovdc(ieiç, forces, parce qu’ils manifestent une puissance supérieure à celle des hommes. Matth.. xi. 2(i. 21. 23 ; xra, 54, 58 ; xiv, 2 : Marc, vi. _. 14 : ix, 39(Vulg., 38) : Luc. x, 13 : xix, 37. Ce sont aussi des signes, a7)|Aeï<x, à cause de leur relation avec la vocation messianique de Jésus, qui se trouve être par eux prouvée et comme contresignée. C’est surtout chez saint Jean qu’on trouve cette expression, ii, 11, 18, 23 ; m. 2 : iv. 48, 54 ; vi, 2, 14. 2tj, 30 ; vii, 31 ; ix, 16 ; x. 41 ; xi. 47 : xii. 18, 37 : xx, 30, bien qu’on la rencontre déjà assez fréquemment chez les synoptiques. t Matth., xii. 3.S. 39 : xvi, 1, 4 ; Marc, viii, 11, 12 ; xvi, 17. 2° ' : Luc. xi. 16. 29. 30 : xxui, 8. Saint Jean eriiploiera une autre expression, qui lui est favorite, spva. les œuvres, expression pleine de profondeur, car elle semble supposer qu’en Jésus-Christ le miracle est la forme naturelle de l’activité. Joa., v, 20, 36 ; vii, 3, 21 ; îx. 3, 4 : x. 25. 32, 37, 38 ; xi. 12 : xv. 24, etc.

Parmi les miracles opérés par Jésus en personne les évangélistes en ont relevé, en particulier, un certain nombre. M. T. IL Wright, dans Hastings, Dicdonary oj Christ and the Gospels, Londres, 1908, t. ii, p. 189, énumère, d’après les évangiles 41 miracles distincts ; M. Fillion, op. cit., p. 25-27, n’en compte que 39. Et la vérité historique de ces miracles apparaît démontrée avec la dernière évidence. — a) Tout d’abord, il ne saurait être question d’interpolation, à une date postérieure, des récits miraculeux dans les évangiles. Bien que l’authenticité de ces récits soit implicitement démontrée dans l’authenticité générale des évangiles, elle apparaît très certainement du fait que deux et même trois évangélistes ont rapporté simultanément les miracles les moins » acceptables » à la raison humaine : la résurrection de la Mlle de Jaïre, les deux multiplications des pains, la guérison des aveugles de Jéricho, par exemple. « La distribution de la matière miraculeuse, dit fort justement le 1*. de draiidniaison, n’est pas celle qu’on attendrait d’une interpolation postérieure. Dans cette hypothèse, en effet, le merveilleux devrait remplir les parties les moins atl< de l’histoire évangélique, introduit là tardivement, moyennant des traditions particulières, accueillies par

l’un ou l’autre des narrateurs. Dans le double et. à plus forte raison, le triple récit, ou ne devrait guère trouver que les miracles plus aisément t « acceptabl< guérisons de paralytiques, exorcismes, etc. Ces prévisions sont celles-là même (nous le verrons) qui guident nos adversaires dans leur étude de l'élément miraculeux impliqué par les documents chrétiens primitifs. Mais les faits déjouent ces calculs aprioristiques : au lieu d’affleurer çà et là. à la façon de blocs erratiques, déposés par une coulée géologique récente à la surface des récits, les prodiges les plus inouïs, les plus « impossibles », saturent également la double, la triple synopse. i Jésus-Christ, dans le Dictionnaire apologétique, t. n. col, LUS. - />) Ensuite, les récits miraculeux ne laissent rien à désirer au point de vue de la critique ; les néo-critiques ne trouvent aucun argument tiré de l’examen des textes pour nier la vérité historique des miracles du Sauveur : aucun désaccord dans lesmss. ; variantes textuelles insignifiantes ; clarté parfaite de la narration : ils son ! entièrement irréprochables. — c) La comparaison des miracles de Jésus dans les évangiles canoniques et des miracles attribués à Jésus par les apocryphes, est une nouvelle preuve de la vérité historique des premiers. Les apocryphes nous servent du brillant, du clinquant, du merveilleux pur et simple, parfois accompli contrairement aux règles de la convenance, de la justice et de la charité. Dans les miracles authentiques du Sauveur, il règne une convenance, une dignité parfaite : et tous servent à mettre en relief la mission de Jésus. Cette opposition fondamentale est une marque de la réalité et de la crédibilité des miracles évangéUques. Cf. Fillion, op. cit., c. ix, § 2. — d) Mais la preuve décisive, c’est qu’il est impossible d'écarter les récits miraculeux, sans mutiler les évangiles et.ans les transformer d’une manière essentielle. Ils sont inséparables de l’histoire de Jésus ; l’image de Jésus, telle que nous la dépeignent les évangélistes, est comme sa tunique sans couture : il faut la prendre telle qu’elle est, avec les miracles, ou la rejeter tout entière Les miracles sont supposés à chaque instant par les circonstances, les particularités, les enseignements les plus incontestables de l'évangile. C’est par les miracles que s’explique la foi qui entraîna les apôtres vers Jésus : saint Jean le fait remarquer à maintes reprises, ii, 11 : iii, 2 ; vii, 31 ; xii, 9-11 ; mais les synoptiques ont noté eux aussi cette impression « les prodiges de Jésus sur les Douze Marc, iv, 40 ; Matth., xiv, 33. C’est par les miracles que s’explique l’en thousiasme et l'émotion des foules qui suivent Jésus, ou le recherchent, avides d’entendre sa parole et de recevoir ses bienfaits ; voir quelques textes, Marc, i. 28, 45 ; vii, 36-37 ; Matth., ix, , S. 31. 33 ; xii, 23 ; xv, 31 ; Luc, iv, 37, 40, 42 ; v, 15 ; vii, 17 : viii, 39 : xi, 1 1, etc. C’est à cause îles miracles que les ennemis de Jésus sont piqués de curiosité, Matth., xii, 38 : xiv, 1-2, ou dévorés d’envie, Joa.. xi, 47, 48. Et eu liii, souvent Jésus donnait a ses disciples, ou aux foules, ou à ses adversaires, des leçons pratiques en prenant pour occasion quelque prodige qu’il venait d’accomplir. Personne ne révoque en doute la leçon ; pourquoi révoquer en doute le miracle qui en fut l’occasion'.' CI. Matth., xii. lli-l.'i : 22-2 1 ; x. 1-S : Joa.. vi, 26, ete. Le pouvoir de thaumaturge de Jésus' est reconnu formellement par les apôtres qui furent témoins de sa carrière et fait partie intégrante de la tradition chrétienne primitive ; cf. AcL, ii, 22, 23 ; x, 37-39 ; Joa., xxi, 25. Il faut donc conclure avec llarnæk, en étendant toutefois son assertion a Ions les miracles rapportés par l'évangile : i Les miracles ne se laissent pas éliminer des récits évangéliques, sans qu’on détruise ces récits jusqu'à la base. » l.rhrbuih det Dogmengest lue hlr, t. I, p. fi I.