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JÉSUS-CHRIST. LES RÉCITS DE L’ENFANCE

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choses qui ont été accomplies par Dieu en elle, la Vierge-Mère expose la part spéciale que le peuple juif allait avoir aux grâces de salut apportées par le Messie :

Il a relevé Israël, son serviteur se souvenant de sa miséricorde,

scion ce qu’il avait dit à nos pères à Abraham et à sa race, pour toujours. Luc, I, 54-55.

Celle dernière strophe est bien la prophétie de l’imminence de l’ère messianique.

</) La nativité deJean-Baptiste donne lieu derechef à une nouvelle manifestation de l’Esprit divin, manifestation prophétique relative au.Messie et à sa divinité. Après que la voix lui fût rendue miraculeusement. le père de Jean, rempli de l’Esprit-Saint », prononce l’hymne prophétique du Benedictus.

Dans la première partie, ꝟ. 68-79, qui abonde en réminiscences de l’Ancien Testament, cf. Plummer, Commentary on the Gospel according lo St. I.ukc, lit., Edimbourg, 1900, p. 39-40, Zacharie montre l’imminente réalisation des prophéties par l’avènement du Messie et par la concession au peuple juif des bienlaits promis à l’occasion de cet avènement. Une seconde partieꝟ. 76-79, expose le rôle auguste que le nouveau-né aura un jour l’honneur de remplir envers le Messie. On n’y trouve pas sans doute, au moins explicitement, l’affirmation de la divinité de Jésus, mais sa messianité est absolument reconnue.

Toutes les merveilles qui accompagnèrent la naissance et la circoncision de Jean, la protection divine manifestement accordée à l’enfance et à l’adolescence mortifiée du précurseur, ꝟ. 80, montrent bien la crédibilité qui s’attache à la mission de Jean-Baptiste et par concomitance, à celle de Jésus.

e) Mais, à la naissance de Jésus, d’autres prodiges éclatent, qui viennent confirmer la vérité des révélations qui s’y opèrent touchant la messianité et la filiation divine de l’enfant de Bethléem. Certains détails dont saint Luc entoure le récit de la naissance, n. 7, manifestent la pauvreté volontaire, l’humiliation dans lesquels le Fils de Dieu veut naître selon la chair. L’expression : < peperit filium suum primogenilum », ne doit pas nous étonner et faire difficulté relativement a la virginité de Marie post partum. Voir Marie. La naissance de Jésus eut lieu pendant la nuit. Luc, n, 8, 16. Des bergers, aux environs de Bethléem, gardaient leur troupeau. Tout à coup un ange leur apparut et la « clarté de Dieu », ꝟ. 10, les environna. Sur cette gloire du Seigneur, voir Gloire, t. vi, col. 1368-1392. L’ange rassure les bergers effrayés : Voici que je vous apporte la bonne nouvelle d’une grande joie pour tout le peuple ; c’est qu’il vous est né aujourd’hui dans la ville de David, ’A s I EUR, QUI I.E CHRIST SE1QNEVR, Oû>T^p, ôç èo-ri ^piaxôç

xôpioç, . i La qualité de Messie est nettement indiquée : la divinité du Messie, moins nettement exprimée par le terme xùpioç, dont les bergers ne comprirent peut-être pas le mus plein et parfait, y est cependant suflisamment indiquée. L’ange appelle Bethléem, < cité de David », par une allusion évidente à la race dont naît le rédempteur. Les bergers reçoivent un signe » :

Vous trouverez un petit enfant, enveloppé de langes et couché dans une crèche. fuis « une iroupe de la milice céleste —, c’est à-dire un groupe d’anges nombreux font retentir la doxologie de louanges et d’action races, qui résume si parfaitement le caractère, la ifleation, le but, les avantages de l’incarnation et de la naissance du Verbe : Gloire à Dieu dans les hauteurs, et sur la terre, paix et bienveillance aux hommes,

/ ; J.a présentation de Jésus au temple scia l’occasion d’une nouvelle révélation de la messianité du Sauveur.

Sans doute, Jésus, comme Verbe incarné, n’était pas soumis à la loi ; il voulut cependant s’y soumettre par obéissance et humilité, manifestant ainsi les admirables sentiments dont parle l’épître aux Hébreux, x, 5-6. « Il y avait alors à Jérusalem un homme appelé Siméon, et cet homme était juste et craignant Dieu ; il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit-Saint était en lui. » Luc, ii, 25. Le terme o consolation d’Israël », désignant ici le Messie et les multiples grâces dont il est porteur, fait allusion aux prophéties messianiques qui avaient depuis longtemps annoncé ce consolateur. Quand Jésus fut présenté au temple, Siméon, illuminé intérieurement de l’esprit de Dieu et d’ailleurs assuré, par une révélation personnelle « qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur, » reconnaît en l’enfant le Sauveur des hommes et, dans un court, mais sublime cantique, demande à Dieu de le laisser aller en paix :

Puisque mes yeux ont vu le salut qui vient de vous

et que vous avez préparé à la face de tous les peuples :

lumière pour éclairer les nations,

et gloire d’Israël votre peuple. Luc, ii, 29-32.

Mais ce n’est pas seulement la messianité de Jésus que chante Siméon ; le saint vieillard entrevoit et prophétise la rédemption future, non seulement d’Israël, mais de tous les peuples. C’est un trait personnel qu’il ajoute à la figure de Celui qui vient au monde pour être la lumière qui éclairera les nations. Puis, approfondissant le mystère de la rédemption, il prophétise la contradiction dont Jésus sera le signe et le glaive de douleur qui transpercera le cœur de sa mère, ꝟ. 34-35. La prophétesse Anne, lille de Phanuel, proclame, elle aussi, la messianité du rédempteur futur, ꝟ. 36-38.

g) L’adoration des mages (laquelle, chronologiquement doit être postérieure à la Présentation ; voir l’art. Mage, dans le Dictionnaire de la Bible, t. iv, col. 549), rapportée par saint Matthieu, témoigne également de la messianité et peut-être même de la divinité du Christ. Nous laissons, dans l’histoire des mages, tout ce qui ne se rapporte pas directement a ces deux objets. On consultera, à leur sujet, l’article Mage, déjà cité cl, de plus, Palrizi, S..1.. De evangeliis libri 1res, Rome, 1852-1853, t. iv. p. 309-354 ; Dicterich. Die Weiscn ans dem Morgent and, dans la Zcitschrift fur die neutestamentliche Wissenschafl, 1902, n. 1. L’étoile dont parle les mages fut-elle d’un caractère surnaturel ou un phénomène naturel ? Le problème reste controversé, et il sullit donc de le signaler ici. Voir Fïllion, L’Évangile de S. Matthieu, Paris, 1898, p. 52 et P. X. Sleinmoizer, Die Geschichte der (ieburt und Kindheit Christi und ilir Verhâltnis zur babylonischen Mythe, Munster en W., 1910, p. 85. On constate, dans l’aine des mages, l’attente messianique, laquelle, avons nous dit, débordent à coup sûr les frontières du peuple juif, voir col. 1139. Ces personnages arrivent de l’Orient directement à Jérusalem, et demandent : i où est celui qui est né roi des Juifs ? car nous axons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l’adorer, i La croyance des mages au caractère messianique de celui qui est né apparaît en ces mots : roi des Juifs ». L’expression « adorer », à la lettre : nous prosterner devant lui », n’implique ni n’exclut en Jésus la divinité : « Ile exprime l’hommage rendu aux rois et au grands personnages tout aussi bien qu’à la divinité. Le titre de « roi des Juifs », par lequel Hérode reconnaît facilement le Messie, a toutefois le don d’émouvoir et d’inquiéter le vieux despote, . M. Cet émoi qu’éprouva Hérode et « tout Jérusalem avec lui » montre bien de quelle prudente économie Jésus devra plus tard, au cours de sa vie publique, entourer la révélation du mystère de son être divin. Hérode toutefois