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JÉSUS-CHRIST. LES RECITS DE L’ENFANCE

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magistrum, et poslea ei intendereni quasi Deo docenli. S. Thomas, De verilate, q. xi. a. 3, ad S » m.

Que Jésus, Fils de Dieu et Messie dès le premier Instant de son existence terrestre, ait eu en conséquence de l’union hypostatique, la conscience parfaite de sa filiation et de sa messianité, le théologien n’en doute pas. Mais il y a plus : malgré l’économie dont le Sauveur avait décidé d’entourer sa manifestation publique aux hommes, il a voulu que des preuves surnaturelles et convaincantes de sa filiation divine

el cle sa messianité fussent déjà données à quelques hommes privilégiés dès le moment où, Verbe de Dieu, il s’est lait chair dans le sein de la vierge Marie. Et, comme pour réduire à néant d’avance toutes les imaginations de la psychologie rationaliste et incroyante, Dieu a inspiré aux auteurs sacrés de relater, avant les enseignements et les prodiges de sa vie publique, les caractères transcendants et divins de sa première manifestation au monde, au moment de sa naissance et aux années de son enfance. L’évangile de l’enfance. rapporté par saint Matthieu et par saint Luc, est la source où le théologien doit puiser les premières preuves de la crédibilité qui s’attache à la personnalité divine de Jésus-Christ, dès le moment de sa conception virginale en Marie. C’est la raison pour laquelle la critique indépendante rejette l’authenticité de ces récils. Mais comme ce rejet est purement œuvre de préjugé, le théologien catholique garde tout droit d’utiliser tout d’abord les renseignements fournis par le premier et le troisième évangile.

II. MANIFESTATION MESSIANIQUE ET DIVINE HE JÉSUS DANS LEVA S Gl LE DE L’ENFANCE. - ° Les /(lits rapportés : leur valeur au point de vue messianique.

— Les laits sont rapportés par Mat th., i. 18-n, 23 et Luc, i, 5-n, 52. Chez saint Matthieu, un ange annonce a Joseph, Hancé de Marie, la conception miraculeuse du Messie, i, 18-19..Jésus naît a Bethléem, ii, 1 : des mages viennent l’adorer, ii, 1-12 ; puis Joseph et Marie fuient en Egypte avec l’enfant, ii, 13-15. rendant ce temps, llérode fait massacrer les petits enfants de Bethléem, n. 16-18, et. le danger passé, le sainte famille revient se fixer à Nazareth, n. 19-23. Chez saint Luc, nous trouvons plus de détails. L’ange Gabriel prédit à Zacharie la naissance prochaine du précurseur, i. 5-25, Il annonce a Marie qu’elle deviendra miraculeusement la mère du Messie, i. 26-38. La sainte Vierge, instruite par l’ange, visite sa cousine Elisabeth. i. 39 56. L’évangéliste rapporte ensuite la naissance, la circoncision du précurseur, sa vie au désert, i. 51-80. Jésus nail à Bethléem. ii, 1-7. Des bergers, avertis par les anges, viennent l’adorer, n. 8-20. Il est circoncis, n, 21 : et présenté au temple, eu même temps que Marie se soumet à la loi de la purification, n. 22-38. La sainte Famille retourne a Nazareth, il, 39-40. Ici, se place dans le récit évaugélique. L’épisode du recouvrement de Jésus dans le temple, n. 1 1-50, et L’affirmation

de sa croissance intellectuelle et morale. Notons que

Luc rapporte les cantiques de Marie, i. 46-55, de Zacharie, i. 68-79, et de Siméon. n. 29-32. En apparence les deux narrations ne sont entièrement d’accord que sur deux points : la naissance de Jésus à Bethléem et L’installation de la sainte Famille a Nazareth après les premiers épisodes de l’enfance du Sauveur. Mais, au tond, en les comparant de plus près, on aboutit à une pleine concordance sur cinq points différents : le caractère absolument surnaturel de la concept ion du Christ, Mail h. i, 18-25 ; l.uc, [, 34 35 ; le lieu de sa naissance. Mal I h. ii, I 8, 16 ; LUC, ii, 1 17 : l’époque de cet le naissance : le règne d’Hérode le Grand, Mail h., u. 1 : l.uc. r, 5, 26 ; ii, l ; le rôle de Messie attribué d’avance au Bis de

Marie. Mallh.. i.’21 23 ; Lue., i. 31 33 ; 76 79 ; la descendance royale et davidique de Jésus. Matth., i, l. 6, L7 ; Luc, i, 27 ; u. l : m..’il. Les divergences entre

les deux récits sont assez accentuées. Nous n’avons pas à parler ici des solutions diverses qui ont été proposées pour les réduire. Il est manifeste que ni Matthieu ni Luc n’avaient l’intention de tout dire. Ils ne relèvent, l’un et L’autre, avant comme après Noël, qu’un certain nombre de faits merveilleux, dans lesquels l’action divine s’est manifestée, pour préparer les voies au salul des hommes. Cependant, ce qu’ils ont dit suffit pour mettre en relief la valeur messianique des faits qu’ils rapportent. Bien que, dans les années de l’enfance, la manifestation du Messie, fils de Dieu incarné, ne soit pas publique et s’adresse simplement à quelques âmes privilégiées, cependant déjà les motifs de crédibilité ne manquent pas, qui témoignent que l’entant de Bethléem et de Nazareth est vraiment le Verbe fait chair, habitant parmi nous. Ce sont ces motifs de crédibilité qu’il faut brièvement signaler.

2° L’affirmation de la messianité et de la divinité du Christ dans lis faits de l’enfance. - - Cette affirmation exisle. dans la réalisation de certaines prophéties messianiques et dans les interventions miraculeuses du ciel attestant la messianité et la filiation divine de Jésus-Christ. 1. Réalisation de certaines prophéties messianiques. - Knumérons-les simplement : lieu de la naissance du Messie. Michéc. v, 2 : Matth., ii, 1-8 ; 16 ; Luc. n. 1-17 : époque de cette naissance, (.en., xux. 8-12 ; Matth.. ii, 1 ; Luc, i, 5, 26 ; ii, 1 ; race dont naîtra le Sauveur : race humaine, Gen., m. 16 ; de Sem, ix, 26 ; d’Abraham, xxii, 18 ; d’Isaac, xxvi. I ; de Jacob, xxviii, 14 ; de Juda. XXIX, 8-10 ; de David. II Reg., vu. 1-17 : cf. Ps., i.xxxviii (heb., i.xxxix), 1-38, Is.. îx. S ;.1er., xxx, il : Os., m.."> ; Ain., ix, 11 ; à rapprocher île Matth., i, 1, G, 17 ; Luc. i, 27 ; ii, 4 ; iii, 31 : conception miraculeuse d’une vierge, Is., vii, 14 ; à rapprocher de Matth.. i, 18-25 ; Luc, i. 27-34 ; le précurseur, Malach., iii, 1 ; iv, 5 : à rapprocher de Luc, i. 5-27 ; 57-80 ; la présence du Messie dans le temple de Zorobabel, Agg., n. 0, voir Luc. ii, 22 ; et, tout au moins dans un sens typique, le massacre îles Innocents, .1er., xxxi. L"). Voir Matth.. ii, 18. Pour plusieurs de ces prophéties, c’est l’événement qui en révèle le sens exact : elles n’en gardent pas moins leur valeur de motifs de crédibilité. - 2. Interventions miraculeuses attestant la messianité et la filiation divine de.Icsus-Çhrist. a) L’apparition de l’ange a Zacharie, Luc, i. 11. et le message île cet ange, qui, annonçant à Zacharie qu’il aura un tils, doué de qualités éminentes, prédit que ce fils sera le précurseur du Messie. 13-17. Ce message est une véritable prophétie et quant a la vie mortifiée et quant au rôle du précurseur. L’ange, d’ailleurs, emprunte eu grande partie à Malachie les formules qui tracent ce rôle. Muni de l’esprit et de la force d’IJie. Jean réussira a reconstruire l’unité morale entre les temps anciens et les nouveaux, v. 16-17, 60 régénérant par la pénitence ses contemporains dégénères el en préparant ainsi au Messie un peuple parfait. L’événement j us li liera plus tard l’exact i tuile de la prophétie et en fera donc ressortir la valeur comme motif de crédibilité. Mais il ne sera pas nécessaire d’al tendre jusque-là pour avoir un signe o de la vérité de la révélation laite par le ministère de l’ange. Le

n de l Gabriel que s’attribue le messager céleste,

étail déjà, a lui seul, un si^ne suffisant, car Gabriel qui se tient debout devant Dieu était l’un des sepl au^es supérieurs dont il est fait mention dans Tobie, xii, 15, el celui-là même qui paraît dans le livre de Daniel pour annoncer la dale de l’avènement

du rédempteur. Dan., viii, I6 ; ix, 20-27. Mais Zacharie

a cependant encore un moulent d’hésitation. Heureuse hésitai ion. qui nous vaut un si^ne nouveau, miraculeux et précis, confirmant la révélation faite par l’ange : Voici que tu seras muet et que tu ne pourras