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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. PHYSIONOMIE MORALE Hl CHRIST

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[s., xi. 2 ; que le Messie serait i donné comme un témoin aux peuples, comme un chef et un docteur aux

nation-, id.. îv. 1. El Jésus atteste i qu’il est né et venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, i Joa., xviii, 37. routefois si parfaite que soit la science du Christ, la théologie devra expliquer comment le Christ a pu dire du jour du jugement : i Personne ne comiait ce jour, pas même le Fils, mais seulement le Père. Marc xiii. 32. L’intelligence de Jésus vit donc en contact avec les grandes idées et fait de Jésus un profond penseur, mais sans toutefois l’empêcher de demeurer un très fin et très attentif observateur. — b) Cet esprit d’observation se manifeste par rapport même aux détails en apparence insignifiants : les comparaisons qu’il emploie, les enseignements qu’il donne sont émaillés de traits pittoresques que seule explique une attentive observation. Entre cent exemples, relevons le royaume des cieux comparé au tîlet jeté à la mer. Mat th., xiii, 17 : la parabole de la brebis perdue vers laquelle le bon pasteur dirige ses recherches, abandonnant les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne, xviii. f2 : les paraboles du semeur, Matth., xiii. 3-9 ; 24-30, et des dix vierges, xxv, 1-12 ; les détails relatifs au bon et au mauvais serviteur. Matth., xxiv, 15-51 : la parabole des talents, id., xxv, 14-30 ; du mauvais riche et du pauvre Lazare. Luc., xvi, 19-22. Il observe qu’un père de famille qui prévoit l’avenir met de côté dans son trésor nova et Datera, Matth., xiii, 52 ; que les pharisiens orgueilleux recherchent les premières places dans les festins. Luc, xiv, 7. Il répond différemment, selon les nécessités, à la même question posée, Luc., ix, 57-62. Intelligence vive et affinée, l’esprit du Christ passe des tableaux les plus réalistes, dans le bon sens du mot, Matth., vu. 8 : xi. 7-8 ; xix, 10-12 ; Marc, vii, 1819 : Luc. xv, 8-9 ; xvi, 19-31, aux conceptions les plus idéalistes. Quel royaume idéal que celui qu’il est venu fonder ! quelles idéales vertus n’exige-t-il pas des citoyens de ce royaume ! Et c’est par cet aspect d’idéalisme très relevé que l’intelligence de Jésus-Christ illumine sa physionomie morale si parfaite. — c) L’imagination du Christ est remarquable. Dans son enseignement, le divin Maître a souvent recours aux figures et celles-ci sont toujours belles, vraies, saisissantes : la marche rapide et mystérieuse du vent, Joa., m. 8 ; la source d’eau vive, Joa., iv, 10 ; le verre d’eau fraîche, Matth.. x. 42 ; la laboureur dirigeant sa charrue, Luc, ix, 02 ; l’homme fort et armé qui garde la maison, Luc, xi, 21 ; les serviteurs attendant, la lampe à la main, Je retour de leur maître bien avant dans la nuit, Luc, xii, 35-35 ; le mauvais riche vêtu de pourpre et de lin très fin, Luc, xvi, 19 ; la robe nuptiale, Matth., xxii, 11 ; l’aveugle conduit par un autre aveugle, Luc, vi, 39 ; les pêcheurs d’hommes, Marc, i, 17 ; la description de la fin des temps, Matth., xxrv-xxv ; les hypocrites, sépulcres blanchis, Matth., xxui, 27 ; la foi qui transporte les montagnes, Luc, xvi, G ; les disciples du Christ portant leur croix à la suite du Maître, Matth., x, 38 ; les surnoms si parfaitement appropriés donnés à plusieurs disciples, Kéfd, Boanergès. — d) La sagesse et l’habile prudence de Jésus éclatent en cent reparties, faisant l’admiration de ses ennemis eux-mêmes, cf. Luc, xx, 26, et charmant les foules, Matth., xxii, 46 ; Marc, xii, 37. A Jean-Baptiste qui hésite à le baptiser, Jésus répond simplement : « Il convient que nous accomplissions toute justice. et l’hésitation cesse, Matth., iii, 1 5. Trois fois il réduit au silence le démon tentateur, par des ripostes empruntées a l’Écriture. Mal th.. iv. l, 7, 10. Et a l’égard des pharisiens, quels arguments irrésistibles ! Matth., xv. 3-10 ; Marc, vii, 1-12. Dan-, maintes autres occasions, sa parole, tantôt digne t ferme, tantôt Ironique, tantôt douce et calme, adn

à des ennemis ou à des amis, produisait les résultats les plus frappants. Cf. Matth., xvi. 2-1 : i. 16, 24 ; xxii. 15-21, 29-32 ; XXVI, 64 ; Marc. n. 8-11 ; vi, 5 ; x, 42-45 ; Luc.. il- 12 ; Joa., wili, 33-37 ; xi, 11, etc. M. Fillion, à qui nous avons, à peu de choses près, emprunté cette analyse de la physionomie intellectuelle de Jésus, conclut fort justement : i De toutes ers réflexions, il résulte que le Sauveur a possédé, mais à un degré suprême de perfection, des facultés intellectuelles analogues aux nôtres, soumises aux mêmes lois générales que les nôtres, et dont il s’est servi comme d’instruments précieux et dociles pour accomplir sa mission. Op. cil., t. i. p. 105. On aurait mauvaise grâce, à vouloir comparer comme l’ont fait certains néo-critiques, l’intelligence humaine de Jésus avec celle des grands génies qui ont paru sur la terre. Sans doute, l’Évangile ne nous donne pas d’indications positives permettant d’établir l’incontestable supériorité du Christ sur tous ; niais des données fournies par lui, le théologien saura tirer, avec une rigoureuse logique, le caractère incontestable de cette supériorité.

4. Physionomie morale du Christ.

a) La s tinleté du Christ est affirmée dès l’instant de sa conception : quod nascetur ex te sanctum. Luc, I, 35. Et Jésus, convaincu de sa valeur morale, n’hésite pas à lancer ce défi à ses adversaires : « Qui de vous m’accusera de péché ? » Joa., viii, 46. Au moment de sa passion, on ne trouve contre lui aucun chef sérieux d’accusation. Matth., xxvii, 24 ; cf. I Pet., ii, 22 ; Ileb., iv, 15. Le divin Maître exaltera la virginité, Matth., xix, 10-11 ; cf. xxii, 30 ; Marc, xii, 25 ; Luc, xx, 36 ; c’est qu’il est vierge lui-même. — b) Cette sainteté s’aflirme tout d’abord par la pratique des vertus de renoncement, de sacrifice, de pauvreté, d’abnégation, sans toutefois que ces vertus, en Jésus, s’enveloppent d’une austérité exceptionnelle, que le Maître n’entendait pas imposer au commun de ses disciples. Du renoncement de Jésus, saint Paul a dit avec force : Christus non sibi placuit, Rom., xv, 3, et, de fait, Jésus n’a jamais recherché que la satisfaction du devoir, par exemple dans la façon dont il rejette la triple tentation au désert, et dont il formule la loi qu’il impose à ceux qui veulent être ses disciples : « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il renonce à soi-même et qu’il porte sa croix et qu’il me suive. » Marc, viii, 34 ; cf. Matth., x, 34-38 ; Luc, ix, 55-62 ; xiv, 26-27 ; xviii, 22, 28-29, etc. L’atelier de Nazareth fut le témoin de sa pauvreté. La vertu de pauvreté lui était particulièrement chère ; il l’exalte dans la première des béatitudes, Matth., v, 3 ; Luc, vi, 20 ; les avertissements aux riches abondent, signalant le danger des richesses pour le salut éternel, Matth., xix, 23-26 ; Marc, x, 23-27 ; Luc, vi, 24 ; xvi, 9-13 ; xviii, 24-27, etc. ; l’amour de la richesse est, dit-il, un vice païen, Matth., vi, 32 ; et trois des plus belles paraboles mettent en relief le péril moral que crée la fortune, Luc, xvi, 19-31 ; 1-13 : xii, 13-21. Plusieurs fois même, malgré le dévouement des Galiléennes qui subvenaient aux besoins matériels du Maître et des disciples, Luc, viii, 2-3 ; xxiii, 49, 45-56, la petite troupe manqua du nécessaire, Matth., xii, 1 ; Marc, xii. 23 ; Luc, vi, l. Il est à remarquer cependant que, malgré son amour de la pauvreté, ! < Christ n’a jamais jugé nécessaire Je mener une vie exceptionnellement

austère : il dispensa es apôtres des jeûnes. Matth., ix, 15 17 : Marc, ii, 19-22 ; Luc, v, :  ! 1 -39, et il est donc probable qu’il ne les pratiquait pas lui-même. Il acceptait parfois’des Invitations à dîner chez les riches, .Matth.. XXVI, 6 ; Marc, xii, 3 : Luc., 38-42 ; Joa., xii, 2. publlcains, Matth., IN, 10-11 : Maie., ii, 15-16 ; Luc, V, i’i 30, ou pharisiens, Luc. vii.3lt ; i. 37 ; XIV, 1, etc. Ses ennemis l’accusèrent même d’être glouton et l.uxcur de v n. Matth., xi, 19 ; Luc. vii, 31. Il permit,