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fÉSUS-CHRIST ET LES DOCUMENTS DE L’AGE APOSTOLIQUE Il M Le Talmud, surtout dans la Ghemara, tait également mention de Jésus. Mais, autour de traits historiques empruntés à nos évangiles, il groupe tant de fables odieuses, empreintes de la haine du nom chrétien, qu’on ne peut le considérer comme une source à laquelle le théologien puisse recourir. Tout au plus peut-il nous aider à mieux connaître le milieu dans lequel a vécu le Sauveur. 2. Plus intéressants seraient les documents d’origine chrétienne, mais non canoniques. On peut les rattacher à trois groupes. — a) Les Agrapha, (ïypaça, non écrits, non recueillis par les évangélistes, consistent en un certain nombre de paroles attribuées à Jésus, mais qui n’ont trouvé plæe dans aucun des évangiles inspires. Il est bien difficile de préciser quelles paroles pourraient être considérées raisonnablement comme authentiques. Voir Ae, hacha, t. t, col. 626-027. A la bibliographie, col, 627, ajoutez, en ce qui concerne la liste des principaux Dicta, Preuschen, Antilegomena, die Reste dcr ausserkanonischen Eoangelien und ur christtichen L’cberliejerungen, 2e édit.. Giesscn, 1905, p. 21-31 ; en ce qui concerne les nouveaux Agraphu découverts sur des papyrus égyptiens, O.Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Litteratur, 2e édit., 1902 t. i. p. 389-391 ; Grenfell et Hunt, A6yux’lt)aoï>, Sai/ings o( Our Lord from an early Greek Papyrus, Londr.s. 1907 ; Th. Zalin, Die jiingsl gefundenen Ausprùche Jcsu. dans Theologisches Lilleralurblalt, 1897, p. 417-420, 425-431 ; A. Harnack, Ueber die jûngst entdeckten Sprilche Jesu, 1897 ; P. Batilïol, Les Logia du papyrus de Behnesa, dans Revue biblique, 1897, p. 501-515 ; et Nouveaux Fragments éuangéliques de Behnesa, ibid.. 1904, p. 481-490 ; Ch. Taylor, The Oxyrrhyncus Logia and the apocryphal Gospels, Oxford. 1899 : V. Bauer, Das Lcben Jesu im Zcitaller der neutestament. Apocryphen, Tubingue, 1909, p. 377415 ; Evelyn White, The Sayings of Jésus from Oxyrrhyncus. Cambridge, 1920. — b) Les plus anciens Pères .nous apportent, grâce à la tradition relativement courte qui les relie à Jésus, différents détails qui, s’ils n’enrichissent que faiblement notre documentation méritent cependant d’être accueillis avec reconnaissance. S. Justin, Dial. cam Tryphone, c. xliii, xlv, c, P. G., t. vi, col. 568, 572, 71 >9 ; S. Irénée, Cont. huer., I. III, c. x.xi, n. 3. P. G., t. vii, col. 950, affirment que la sainte Vierge appartenait à la race de David. Jules l’Africain décrit l’arbre généalogique de la sainte Famille et mentionne ses différentes résidences. Eusèbe, II. E., 1. I. c. vii, P. G., t. xx, col. 89. Hégésippe emmure les plus proches parents de NotrcSeigneur. /<L, ibid., t. II, c. xxiii, n. 1-1 ; t. III, c. xx, n. 1-2, P. G., t. xx, col. 197 : 252. Clément d’Alexandrie signale les noms de plusieurs des soixante-douze disciples, Strom., t. II, c. xx, n. 116, P. G., t. viii, col. 1062 ; et les Homélies clémentines citent ceux de la Cananéenne et de sa fille, Justine et Bérénice, Nom clément., ii, n. 19 ; iii, n. 73, P. G., t. ii, col. 88 ; 157. D’après Eusèbe, H. E., t. I, c. xiii, P. G., t. xx, col. 120, l’hémorrhoïsse était de Panéas ou Césarée de Philippe, et avait élevé dans sa ville natale un monument commémoratif de sa guérison. Clément d’Alexandrie, Strom., t. VI, c v, P. G., t. ix, col. 264, nous fait connaître les dernières recommandations intimées par Jésus a ses disciples et l’ordre qu’il leur aurait donné de ne quitter Jérusalem que douze ans après son ascension. Papias enfin complète par quelques détails d’une extraordinaire invraisemblani que saint Matthieu et les actes des Apôtres nous apprennent de la mort de Judas. Voir F. X. Punk, Die aposlolischen Vûler, Tubingue, 1906, p. 129. c) Le> évangile » apocryphes, voir ce mot, t. v, col. 1’121-1610, se présentent à nous avec la prétention de compléter ce que les évangiles canoniques avaient laissé dans l’ombre, notamment la période de l’enfance du Christ, certaines circonstances de sa passion, sa descente aux enfers, sa résurrection. Les uns, composés avec des intentions honnêtes, se lancent dans des développements de pure fantaisie, où nous trouvons surtout des raisons de nous mettre en défiance et de nous lier exclusivement aux écrits canoniques. Les autres, rédigés dans le but nuisible de propager des doctrines subversives, gnosticisme ou docétisme, doivent délibérément être écartés, d’une façon générale tout au moins. Toutefois, dans les écrits de la première catégorie surtout, ou rencontre quelques grains d’or à travers beaucoup de boue, auriun in lato, dit saint Jérôme, Epist., cvii, ad Ltetam, n. 12, P. L., t. xxii, coi. S77. Mais ces grains d’or ne touchent qu’à des points très secondaires, et n’empêchent pas que les sources non canoniques de la vie de Notrc-Seigueur Jésus-Christ ne soient d’une très médiocre utilité. C’est pourquoi nos meilleurs, nos seuls auxiliaires véritables, sont les livres inspirés du Nouveau Testament, évangiles, actes des apôtres, épîtres et apocalypse. 3. Les écrits canoniques.

Toutes les questions préalables relatives à l’authenticité, l’intégrité, la crédibilité des évangiles, au caractère spirituel et cependant historique de l’évangile "de saint Jean, sont d’avance dogmatiquement tranchées par le théologien qui doit s’appuyer sur les livres saints, considérés comme inspirés. Néanmoins, très spécialement en ce qui concerne l’étude théologique de Jésus-Christ, ces questions préalables résolues indépendamment du dogme de l’inspiration évitent au théologien lui-même plus d’une difficulté et plus d’une contradiction de détail. Files seront d’ailleurs résolues au cours des articles consacrés à chacun des livres inspirés. Les évangiles ne sont pas les seuls écrits où le théologien doive aller puiser les traits du personnage divin de Jésus. Les épîtres de saint Paul, en particulier, lui sont d’une utilité incontestable. Saint Paul était le contemporain de Jésus, dans le sens strict du mot. Converti à la religion du Christ après la mort et l’ascension du Sauveur, il formule à l’endroit du Maître une doctrine d’autant plus précieuse qu’il l’a reçue directement de lui par voie de révélation intérieure, Gal., i, 12 ; cf. Eph., iii, 3, et que cette doctrine tout en continuant celle des évangiles et de L’Église naissante telle qu’elle se trouve dans les Actes des Apôtres ou les épîtres canoniques autres que celles de Jean, atteste cependant un véritable progrès dans la connaissance de la vie intime et divine du Verbe incarné. Nous venons de parler de « progrès. L’expression ne doit étonner ni scandaliser personne. La révélation n’a été close qu’avec le dernier des apôtres, et c’est dans l’évangile de saint Jean que nous trouverons le couronnement et le perfectionnement dernier de la révélation touchant le Christ. Nous admettons donc que les sources inspirées du Nouveau Testament se superposent les unes aux autres, les écrits de saint Paul nous faisant pénétrer plus avant dans la science surnaturelle de celui qui, « étant dans la forme de Dieu > ne s’est point attaché, comme n une proie jalousement défendue, a cette égalité île droits avec Dieu, i niais s’est dépouillé en prenant une forme d’esclave en devenant semblable aux hommes. (Phil., n. 5-7) : l’évangile de saint Jean nous elevan jusqu’à des hauteurs inconnues dans la vie même du Verbe de Dieu, de ce Verbe de la Vie éternelle, de cette vie éternelle qui est apparue sur la terre en la une de Jésus Christ. Cf. Joa., r, 1 i ; l Joa., i, 2-3. Mais ce Verbe s’humiliant jusqu’à notre humanité, ce Verbe de la vie, éternelle lumière di s hommes, n’est pas autre chez Paul et chez Jean que chez les synoptiques : c’est toujours le « Fils de l’homme annonçant