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1129 i I SUS-CH li [ST. LA THKOl.tx ; II’, .il IVK L130 viendra, personne ne saura d’où il est. Joa., vii, ’27. — Toutefois le précurseur et les bouleversements qui l’annoncent seront le prélude de sa manifestation. Cette manifestation s’opère surtout dans le jugement qui doit préludera la restauration du royaume d’Israël et préfigurer le jugement universel et dernier.de la fin des temps. L’idée de ce jugement messianique, si souvent rappelée dans les prophéties de l’Ancien Testament, était, dans la tradition juive au temps de Jésus-Christ, imprécise et matérielle. Le Messie devait, pour les uns, marcher les armes à la main contre les nations païennes, ennemies de Dieu et du peuple d’Israël. Orac. Sibyl.. iii, 663 sq. ; IV Ksd.. xiii. 33 sq. ; Hen., xc, 1 1>. Philon le représente i entrant en campagne, taisant la guerre et soumettant des nations nombreuses et puissantes, i De prsemiis et punis, § 16, Philonis Judsei opéra, édit. Mangey, Londres, 17 12. t. il. p. 122. Cf. les targums de pseudo-Jonathan et de Jérusalem. Gen., i tx. Il ; de Jonathan, Is.. x. 27 : Hen., xlvi. 4-6 ; i.u. 1-9 ; Apoet Bar., lxxii, G. Dans le livre d’Hénoch, les rois et les puissants de la terre seront jugés par le Messie. Fils de l’homme, venu sur les nuées, cf. IV Ksd.. xiii. li. et assis à côté du Seigneur des Esprits, sur son trône de gloire ; ils tomberont à genoux et solliciteront sa miséricorde, mais ils seront repoussés de sa face et livrés aux anges vengeurs, xlv. 3 ; lv, 4 ; lxi, 8, 9 ; lxii : lxix, 27. Dans les Psaumes de Salomon, xvii, 27, 37, 39, 41, 48 c’est par une sentence de sa bouche que le Messie doit abattre ses ennemis. Voir également Apoc. Bar., xl, 1, 2 ; IV Ksd.. xiii. 10, 27-28 ; 37-38. Le rôle du Messie-juge est également mis en relief dans le Livre des Jubilés et le Testament des douze Patriarches. Mais le Messie n’est pas seulement conçu par la tradition juive comme un roi conquérant ; c’est encore un prophète, un thaumaturge, un docteur et guide des peuples dans les voies de Dieu. Prophète, il devait posséder la connaissance des choses secrètes, présentes, passées ou à venir ; cf. Luc, vu. 39 : Joa., iv, 19. Le Messie est le Prophète annoncé, Joa.. vi. 14 ; voir col. 1116. C’est à la suite de révélations concernant des choses secrètes ou ignorées, que Xathanaél reconnaît Jésus comme le i Fils de Dieu i, le Roi d’Israël », Joa., i, 48 ; que la Samaritaine le proclame « Christ », Joa., iv, 25 ; c’est pour avoir une preuve de sa messianité que les soldats le frappent au prétoire, alors qu’il a les yeux bandés et lui demandent : Christ, qui t’a frappé. iMatth., xxvi, 67 ; Luc, xxii. 6 I. Thaumaturge, il devait accomplir des prodiges. Joa., vii, 31. En preuve de sa messianité, les Juifs ne demanderont-ils pas à Jésus « un signe dans le ciel. Marc. viii. 1 1 : cf. Marc. xv. 32 ; Matth., xxvii, 39 : Luc. xxiii, 35. Enfin, le Messie est un docteur et un guide des peuples dans les voies du Seigneur. Les psaumes de Salomon, xvii et xvin sont intéressants à cet égard ; car ils nous tracent un portrait saisissant du roi et du royaume messianique. Cf. Lagrange, op. cit., p. 230233. Le Messie est un roi - pur de tout péché, i - roi juste, instruit de Dieu, à qui le Seigneur a donné « la force de l’Esprit saint, la sagesse et la prudence, avec la justice ; » il doit « rassembler un peuple saint, >. au milieu duquel i il ne laissera pas habiter l’iniqu il détruira les pécheurs par la puissance de sa parole : le peuple saint qu’il se sera assemblé, « il le conduira selon la justice » et « dans la sainteté ; » il gouvernera Israël dans la crainte de Dieu, dans la c de l’Esprit, de la droiture et de la forée ; il dirigera les hommes i dans les voies de la justice, leur inspirant a tous la crainte de Dieu. » Et cette mission de justice et de sainteté sera universelle : » Il jugera les nations et les peuples dans la sagesse de son équité. Il aura sous son joug les peuples des nations pour le servir : et il glorifiera le Seigneur sur toute la surface de la terre, i l.epin, op. cit.. p. 21. C’est à celle mission doctrinale du Messie que l’ail allusion la Samaritaine, Joa., IV, 25, et la pensée de cette mission lait prendre a la l’ouïe, pour le Messie promis, Jean-Baptiste prêchant le baptême de pénitence dans le désert, i, I : cf. Luc, iii, l.">. Sur l’appellation < Fils de Dieu » donnée au Messie dans la théologie juive palestinienne, voir Fils de Dieu, t. vi. col. 2377. 6° Le royaume messianique.

Le roi-messie inaugurera le royaume de Dieu, le royaume des cieux. Sur

l’équivalence de ces deux termes, voir G. Dalman, Die Worie Jesu, Leipzig. 1898, p. 75 sq. Le royaume de Dieu est une notion traditionnelle ; voir col. 1113. Il convient ici de préciser cette notion en fonction de la théologie et de la tradition juive au temps de N’otreSeigneur. Cette précision permet, en effet, de mieux saisir les raisons de la prudence et de la réserve de Jésus-Christ dans sa prédication messianique. Sans doute, le règne intérieur et spirituel n’est pas complètement mis de côté : ce messianisme spirituel apparaît à plusieurs reprises dans le Ps. xvii du Psautier salomonien, et dans le Livre d’Hénoch. Mais ce messianisme spirituel est très national et terrestre : le règne de justice et île sainteté doit se réaliser, sur terre, au sein d’Israël ; et l’universalité du royaume messianique, ne sera, en définitive, que la domination d’Israël sur tous les peuples. Le centre devait en rester Jérusalem ; son territoire partirait de la Palestine : mais de Jérusalem et de la Terre Sainte, l’empire messianique devait rayonner par toute la terre. Les nations devaient être soumises à Israël et au roimessie, ou plus exactement à Jahvé dont le roimessie ne sera que l’instrument. Orac. sibyl., iii, 49 ; Psaumes de Salom., xvii, 32-35 ; Hen., xc, 30, 37 ; xlviii, 5 ; cf. F. Martin, Le livre d’Hénoch, Paris, 1906, introd., p. xxxviii ; lui, 1 ; Apoc. Bar., lxxii, 5 ; Targum Zach., iv, 7, etc. Sur cette donnée fondamentale, la seule qu’il nous soit utile ici de connaître, se greffaient bien des notions particulières touchant la Jérusalem nouvelle. Le règne messianique inaugurera une ère de paix, de justice et d’amour. Orac. sibyl., iii, 371-380 ; 751-760 ; Philon, De prsemiis et pœnis, § 16, p. 422 ; Apoc. Bar., lxxiii, 4-5 ; les bêtes féroces apprivoisées seront au service de l’homme. Orac. sibyll., iii, 620-623 ; 743-750 ; Apoc. Bar., xix, 5-8 ; ce sera partout la fertilité, l’abondance, la richesse, la santé, la force, l’absence de fatigue. Philon, De prsemiis et pœnis, § 17-18, 20, p. 425, 428 ; Apoc. Bar., lxxiii, 2-7 ; i.xxiv, 1. Par delà le royaume messianique inauguré ici-bas par le triomphe d’Israël sur toutes les nations, les prophètes de l’Ancien Testament, Dan., xii, 2-3 ; cf. Sap., ni, 5-9, avaient entrevu un royaume éternel inauguré par la résurrection et le jugement final. La théologie juive n’abandonne pas cet aspect de l’eschatologie messianique. La vie future lui apparaît comme une vie spirituelle dans la jouissance et l’intimité de Dieu, Apoc Bar., i.i, 3, 7-11 : IV Esd., vi, 1-3, 08-72 ; Assumptio Moi/sis, , 9, 10. Le royaume des cieux, destination dernière et lieu définitif du royaume inauguré sur la terre, c’est I’ « Éden », Testament des douze Patriarches, Test. Dan, "> ; c’est le paradis. Test. Levi, IS ; cf. Luc. wili. 13 ; Il Cor., xii, l : Apoc, ii, 7. Mais de toute manière, indépendamment même de cette conception plus élevée et plus spirituelle de l’Kilen. du paradis nll i a-terresl re, le royaume « les cieux. c’est à-dire le royaume mes Sianique, devait être un royaume éternel. Dan., vil, 27 ; cf. Orac. sibyl., a, 76 ; m. 19-50 ; Ps. Sal., xvii, 4 ; Hen., Lxii, 1 l. Kl c’est en ce sens que les Juifs répon daient a Jésus : Nous, nous avons appris de la