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l’as de Dieu, col. 2367-2372. Il suffira de s’y reporter : nous devons nous contenter ici d’en résumer brièvement les conclusions générales.

1° Les descriptions de la Sagesse (Urine, avec des allures de personnification purement métaphorique, se rencontrent dans Job, . 7-8 ; xxviii, 12-28 et dans Baruch, iii, 9 iv, 9. Cf. Prov., iii, 13-22 ; Eccli., i, 1-27 : xv, 1-10 ; mit. 21 sq. : Sap., vi. 12-vn, 21 : viii-ix. Mais au cœur de ces trois derniers livres, nous avons trois discours qui nous élèvent jusqu’à la conception d’une réalite divine, d’allure personnelle. Dans les Prov.. vin. 1-36, la Sagesse nous apparaît comme la pensée même de Dieu, distincte à la fois et identique ; lire surtout les versets 22-31, relatifs à son origine divine. Au v. 22 le mot ïy.-’.oz des Septante a pu faire supposer à nombre « le Pères et d’interprètes qu’il s agissait ici dune Sagesse divine crtiE, c*est à dire du Verbe incarné. Mais cette traduction doit être abandonnée ou tout au moins entendue dans le sens plus vague et plus général de « former », « engendrer ►. Voir Incarnation, t. vu. col. 1 18 1. La même doctrine, avec plus d’insistance sur le rôle joué par la Sagesse dans le monde physique et religieux, se retrouve dans l’Ecclésiastique, xxiv. 1-27. Dans ce chapitre la Sagesse nous apparaît également comme une réalité d’apparence personnelle, créée, c’est-à-dire engendrée par Dieu de toute éternité. Mais c’est surtout dans le livre de la Sagesse de Salomon, vii, 21-29. que la personnification de la Sagesse nous apparaît en réalité comme une hypostase. La Sagesse, en effet, y est décrite comme < le souille de la puissance de Dieu, une pure émanation de la gloire du Dieu tout-puissant ; … le resplendissement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu, et l’image de sa bonté. » L’épître aux Hébreux, pour décrire l’origine éternelle du Fils de Dieu, ne trouvera rien de mieux que de citer Sap., vii, 26, eum sit splendor gloriie et figura substantix ejus. Dans ces passages, la Sagesse sans doute se distingue de Dieu ; mais elle n’a peut-être pas encore tout le relief d’une personnalité vivante. Cependant c’est là que nous trouvons le pressentiment le plus net du dogme chrétien du Verbe, et l’interprétation authentique de l’auteur de l’épître aux Hébreux y fera apparaître en pleine lumière la théologie du Verbe que l’on n’y peut distinguer qu’obscurément.

2° La doctrine de la Parole divine est moins nettement accusée que celle de la Sagesse. Souvent la parole divine n’est qu’une métaphore pour exprimer l’efficacité de la volonté divine relativement aux effets de la création. Gen., i, 3 ; Ps., xxxii, 6-9 ; cxlviii, 8 ; Os., vi, 5 ; Ez.. xxxvii, 4 ; Eccli., xlii, 15 ; xliii, 26 ; lxviii, 3 ; Sap., ix, 1. Souvent aussi la parole divine est représentée (toujours métaphoriquement) comme le messager des ordres divins. Is., ix, 7 : Ps., evi, 20 ; cxlvii, 15, 18 ; Zach., v, 1-4, et surtout Is., i-v, "11 : Sap., xviii, 15-16. Mais c’est surtout dans Sap., ix, 1 ; xviii, 14, que s’accuse la personnification de la Parole, en regard de la Sagesse elle-même à laquelle la Parole est intimement reliée. « On ne peut nier ici un enchaînement remarquable de textes : Prov., viii, en parlant des origines de la Sagesse, se référait a la parole créatrice de la Genèse ; à sa suite, de plus en plus clairement, l’Ecclésiastique et In Sagesse, développent cette orientation que reprendra saint Jean exposant sa théorie du Logos, les yeux fixés lui aussi sur la première page de la Genèse. 1-n.s de Dieu, col. 2371.

3° Ni la Sagesse, ni la parole n’ont étédans l’Ancien Testament rapprochées du Messie : et leur théologie n’a pas enrichi le messianisme. D’après les textes pris dans leur sens formel, nous suivons i deux voies cl au terme de chacune d’elles se trouve un Fils de Dieu

unique par le rang, le Messie et le Logos ; mais l’Ancien I. stament ne nous a pas fourni le point de jonction. » C’est l’apparition de Jésus-Christ qui fera la lumière et nous conduira à cet aboutissant où courent toutes les oies de l’alliance préparatoire. Id., col. 2372.


111. Jésus-Christ et n théologie juive. — les livres de l’Ancien Testament ont pour le théologien de Jésus-Christ une importance de premier ordre : nous y axons trouvé, en effet, déjà esquissé le portrait du futur.Messie et déjà préparée la notion du Verbe de Dieu. Si nous n’y rencontrions pas encore le dogme de l’incarnation, du moins nous y découvrions, comme dans leurs sources, bien des traits de la figure du Christ, bien des doctrines que l’incarnation mettra en pleine lumière. Les livres postérieurs de la théologie juive, palestinienne et alcxandrine, de l’époque immédiatement antérieure à notre ère ou contemporaine de ses débuts, ne peuvent être étudiés comme des sources de notre foi. On ne doit cependant pas les passer sous silence, car, d’une part, ils nous permettent de mieux saisir la vraie direction de la tradition juive, qui prend sa source dans la révélation mais s’en détourne sur plus d’un point ; d’autre part, ils nous font connaître les idées courantes du milieu dans lequel est apparu Jésus-Christ. L’étude de la théologie juive, dans ses affirmations relatives au Messie et au Verbe, doit nécessairement faire mieux saisir le caractère transcendant de la révélation chrétienne et la réalité même du mystère du Verbe incarné. Toutefois, il ne faut se servir de ces documents qu’avec une extrême circonspection, à cause des interpolations d’origine chrétienne qui, en un grand nombre d’entre eux, ont pu y être introduites à des dates diverses. Nous aurons même recours à certains documents, de date très postérieure à l’apparition de Jésus sur la terre (par exemple les targums), mais dont la doctrine reproduit bien la tradition juive contemporaine du Christ. D’ailleurs nous devrons nous en » tinir aux traits les plus caractéristiques, et relevés dans les textes d’une authenticité reconnue, les questions relatives à la théologie juive au temps de Jésus-Christ devant faire l’objet d’un article spécial dans le supplément du Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux.

I. le messie.

Le précurseur.

Au temps de

Jésus, l’avènement d’Élie, comme précurseur du Messie, était accepté par tous les esprits. Jésus dut expliquer que Jean Baptiste avait rempli le rôle d’Élie. Matth., xi, 14 ; xvii, 11-12. Ce rôle d’Élie précurseur avait été annoncé et décrit par Malachie ; voir col. 1123. Dans l’Ecclésiastique, xlviii, 10-11, inspiré de Malachie et d’Isaïe, xlix, 6, Élie devait avoir, le rôle non seulement de précurseur, mais encore de restaurateur d’Israël, qu’Isaïe attribue au serviteur de Jahvé, non moins qu’une fonction dans la résurrection future des corps. De ces textes, le rabbinisme déduit les trois rôles attribués à Élie, précurseur du Messie. — 1. Rôle de restaurateur d’Israël. Éliminer d’Israël ceux qui n’avaient lias droit au salut ; réintégrer dans leur droit les familles exclues à tort ; faire la paix dans le monde, tel apparaît le rôle d’Élie chez les rabbins de Judée. M. J. Lagrange, Le messianisme chez les Juifs, Paris, 1909, p. 211. Mais précisément, cette paix qu’il s’agit île restaurer suppose le I rouille et le bouleverNcnient dans le monde : Guerres entre les diverses nations, désordres dans la société, trouble dans Us familles, perturbations dans la nature, tremblement s de terre, phénomènes ((’lestes, incendies et famines : telles sont, d’après la doctrine des rabbins, comme les douleurs de l’enfantement » qui précéderont la révélation messianique, i Lepin, op. cit., p. 2 1. on réservait à Élie de donner la solution

a certains cas douteux et de résoudre les questions niantes par la disparition de l’esprit prophétique en Israël. On trouve un exemple « le cet état