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ISIDORE l)F. >l. II. 1 ! >A IN I

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avec le futur pape saint Grégoire le Grand, qui lui écrivait plus tard : Jt illacinjuncta j>r « eausis ftdei WisigoIhonun legatio perduxisset. Murai, epist. i, /'. L., t. lxxv, col.51 i ». Durant cette mission. Isidore, alors âgé de plus de vingt ans, crut lemorænl propice pour faire ceuvre de propagande en combattant ouvertement l’arianisme.Ce ne fut pas sans horreur qu’en 585 il apprit le guet-apenstenduà Herménégilde et le meurtre qui en fut la suite..Mais survint presque aussitôt la mort du roi persécuteur, suivie de l’avènement de R carède, qui, comme son frère, abjura l’a'ïanisme et entraîna par son exemple la conversion en masse de tout le royaume goth. Ce grand événement, si conforme aux vieux d’Isidore, fut célèbre au III' concile de Tolède, en 589, où siégea et signa, comme métropolitain de la Bétique, saint Léandre. Isidore rentra dès lors dans le cloitre, connue clerc ou comme moine, pour y continuer la lecture attentive des auteurs et enrichir de plus en plus sa collection d’extraits.

Sun épiscopat.

1. Il remplace son frère Léandre

sur le siège de Séville. - A la mort de Léandre, du temps de l’empereur Maxime († 602J et du roi Ri carède († 601), donc au plus tard en 601, Isidore fut élu pour remplacer son frère sur le siège métropolitain de la liétique : c’est la date consignée par un contemporain et un ami d’Isidore, saint Braulio, évêque de Saragosse, dans sa Prænolatio in libros diui Isidori, /'. L., t. lxxxi, col. 15-17. Saint lldefonse ajoute qu’il occupa ce siège une quarantaine d’années. De viris illuslribus, ix, I'. L-, t. lxxxi. col. 28 ; exactement jusqu’au début du règne de Chintilla en 636, comme a eu soin de le préciser un disciple d* Isidore, qui a raconté la mort édifiante de son maître. P. ].., t. lxxxi, col. 32. Ce long épiscopat fut consacre par Isidore aux intérêts de son siège, de sa province et de l' Espagne ; il ne fut pas sans fruits ; n’en retenons que les faits principaux.

2. // signe d un synode de la province de Carthagène. — En 610, se tint à Tolède, à la cour du roi Gondemar, un synode de la province carthaginoise, où il fut décidé que ie titre de métropolitain de cette province n’appartiendrait plus au siège de Carthagène, mais à celui de Tolède, la capitale du royaume. Bien qu'étranger a cette province, Isidore, alors l’hôte du roi. fut invité a signer le premier ce décret : c’est ce qu’il lit en ces termes : Ego Isidorus, Hispalensis ecclesise provincim Belicee metropolilanus episeopus, dum in urbem ToUtanam, pruoecursu régis, adoenissem, agnilis lus constitutionibus, assensum prsebui et subscripsi.

3. Il convoque lui-même des synodes. - Par deux fois, en 619 et en (12.">. Isidore convoqua a Seville les cvèques

de la Bétique pour régler certaines affaires litigieuses

et délicates. Dans le premier de ces sv nodes, il trancha

d’abord le différend survenu entre son frère Fulg évêque d’Astigi (Ecija), et Honorius, évêque de Coi

doue, au sujet de la délimitation de leurs diocèses : puis il traita l’a liai re de l'évêquee tychien Grégoire, de la secte des acéphales, qui, chasse de la Syrie, avait trouv e

un reloge en Espagne. Pour couper court à toute

BUSpIcioM et a toute propagande d’erreur de sa part,

Isidore exigea de lui une abjuration tonnelle de l’hérésie monophysile et une confession de foi orthodoxe. Dans le second, il déposa le successeur de saint Fulgence, Vlartianus, et le remplaça par Habentlus Cf. Florez, Espaâa sagrada, t. x, p. 106.

I. // présid le IV' concile national de Tolède. —A

du plus ancien mél ropolitain d< l’E.pagne, Isidore

i pn ilder, en 633, 1e iV< concile national, qui est resté

h ilua célèbre de la péninsule, à cause des décisions

qui y furent prises tant au point de vue religieux et

iastlque qu’au point de vue civil et politique ; il

en îu raiment l'âme.

</) A point de rue n ligieu <. Le concile commença d’abord par promulguer un symbole ; puis il imposa a

toute l’Espagne ainsi qu'à la Gaule narbonnaise l’uniformité pour le chant de l’office et les rites de la messe : Cl unus ordo orandi atque psallendi per omnem Hispaniam atque (jalliam conserixirctur, unus modus in missarum solemnitate, unus in matutinis rcsperlinisque officiis. can. 2. Il régla ensuite plusieurs points de discipline et de liturgie, can. 7-19. Il rappela aux prêtres l’obligation de la chasteté, can. 21-27, et aux évêques le devoir de surveiller les juges civils et de dénoncer leurs abus, can. 32. Il déclara tous les clercs exempts de redevances et de corvées, can. 47.

b) Relativement aux jui/s. — La question juive, en 633, n'était pas nouvelle en Espagne et ne devait pas de sitôt recevoir une solution définitive, mais elle s’imposait à l’attention du pouvoir civil et ecclésiastique dans l’intérêt de la paix et du bien public. Déjà, en 589, 1e IIIe concile de Tolède s’en était occupé. Il avait interdit aux juifs : toute fonction qui leur aurait permis d’edicter des peines contre les chrétiens ; toute union avec une femme chrétienne, soit comme épouse, soit comme concubine, les enfants nés d’une telle union devant être baptisés ; tout achat d’esclaves chrétiens, ceux-ci ayant droit à l’affranchissement gratuit s’ils avaient été l’objet de quelque rite judaïque ; autant de mesures sages qui, sans léser les juifs, protégeaient les chrétiens. Quelques années plus tard, Sisebut obligea les juifs à recevoir le baptême ; c’est ce que note simplement Isidore dans son Chronicon, cxx. /'. L., t. Lxxxiii, col. 1056, mais ce qu’il blâme avec raison dans son Historia de reyibus Gotliorum, lii, ibid., col. 1093, où il dit de Sisebut : Iniliorcgni judœosin fidem chistianam promovens, eemulationem quidem habuil, sed non secundum scienliam, potestate enim compulit quos provocurc ftdei rations oportuit. Aussi, ayant lui-même a s’occuper des juifs, maintint-il tout d’abord les décisions prises au IIIe concile de Tolède, mais il eut soin de faire décréter qu’on ne forcerait plus désormais aucun juif à se faire chrétien. Les juifs restaient exclus des emplois publics et ne pouvaient plus posséder d’esclaves chrétiens ; si l’un d’eux avait) pousé une chrétienne, il était mis en demeure ou de se séparer d’elle ou de se convertir. Restait a liquider le passé et à prendre des mesures pour l’avenir ; car la plupart de ceux qui avaient été contraints sous Sisebut à recevoir lé baptême étaient retombés dans le judaïsme : ceux-là devaient être ramenés de force à la vraie foi ; leurs enfants, s’ils étaient circoncis, devaient être soustraits a leur autorité pour être confies à des communautés ou a des fidèles recommandables, et leurs esclaves, s ils avaient été circoncis par eux, devaient être affranchis aussitôt. Désormais tout juif baptisé, qui viendrait à renier son baptême, serait condamne à la perte de tous ses biens au profit de ses enfants, si ces derniers liaient chrétiens, can. 57 66.

c) Relativement à VÊlat. — C'était la. a vrai dire, l’un des points les plus importants à traiter, car on était au lendemain d’une révolution : il s’agissait de mettre un terme aux discordes civiles et d’assurer la paix, en tranchant le différend survenu entre Suinthila et Sisenand. Sisenand, en effet, avait pris les armes pour détrôner le roi régnant, et Suinthila, devant la révolte triomphante, av ail dû abandonner le peuv oir. Sisenand, intéressé a se faire reconnaître, s'était montré plein de déférence a l'égard de fi piscopal et ne ménagea pas les promesses. Loin d'être inquiété pour sa révolte et son élection, qui avaient ions les caractères d’une usurpation, il lut acclamé et solennellement reconnu comme le roi légitime. ( niant a Mu nt liila, i I fut condamné a la dégradation et la perle de tous ses biens. I.e concile,

disposant ainsi « les affaires de l'État, menaça d thème quiconque attenterait aux jours du nouveau roi. le dépouillerait du pouvoir ou usurperait son trône, et

décida qu’a la mort de Sisenand son successeur serait

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