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    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LES PROPHÉTIES MESSIANIQUES

II

peuple élu, la religion universelle. « Tantôt les prophètes nou< montrent les Dations affluant vers Israël ; elles se joignent à lui pour former avec lui le royaume

de Jahvé, [s., i. 2 : >-2 ; > : elles accourent offrir des

présents et des tributs en sa capitale qui est la demeure par excellence du vrai Dieu, 1s.. xviii, 7 ; xxiii, 15-18 ; elles y viennent, avides d’en rapporter des directions, une connaissance plus parfaite de la loi qui doit les régir Is., il, 1-1. Et de Jérusalem, devenue la métropole du monde. Jahvé étend son sceptre sur tous les peuples, les jugeant, faisant disparaître les conllits et ass. ran à jamais la paix. D’autres fois, c’est le Dieu d’Israël qui va au devant des nations et marche à leur conquête. Aux yeux îles [dus grandes, il procure avec une telle force la délivrance de son peuple en exil qu’elles ne peuvent manquer de reconnaître sa puissance, Is., xlv. 18-25. et d’entraîner à leur suite des multitudes d’adorateurs. Is., xliv, 1-5 ; xlv, 14. Mais Jahvé peut aussi se décharger sur Israël d’une part de cette action conquérante ; il le charge d’être l’intermédiaire d’une alliance avec les nations ; il l’appelle à devenir la lumière du monde. Bien plus, il choisit en son sein, et quelquefois contre son gré, des apôtres qui doivent aller au loin porter la bonne nouvelle de la conversion et du salut. » Tel Jonas. Touzard, op. cil., p. 51-52.

Est-il besoin d’ajouter que ce monothéisme universel, prêché par les prophètes ne peut trouver son explication dans les conditions naturelles du peuple juif ? Déjà, en effet, le monothéisme juif lui-même n’est pas d’importation étrangère. Voir Idolâtrie, t. vii, col. 609-61-1, et Dictionnaire apologétique, art. Juif (Peuple), t. ii, col. 1611. Mais, de plus, il n’est pas sorti d’Israël en raison des propensions spéciales, des aptitudes de ce peuple : > il doit sa naissance et ses développements à l’action d’un certain nombre de personnalités qui réussirent a taire admettre leurs idées. » Rien de semblable dans les autres religions. Le monothéisme hébreu est transcendant à la fois par son contenu et par son origine. Donc, le caractère d’universalité que lui attribuent les prophéties dans l’avenir marque mieux encore sa divine transcendance, en face du particularisme des autres religions. Ce monothéisme universel ne saurait être le fruit des spéculations philosophiques ; il s’affirme comme le résultat d’une intervention divine, surnaturelle.

2. Ce monothéisme universel, prêché par les prophètes, est aussi annoncé comme une religion spirituelle et intérieure. Sans doute, ce qui est essentiel dans ces prédictions est souvent revêtu, comme d’une espèce d’erîveloppe, de promesses matérielles, les seules qui, à l’époque ou parlaient les prophètes, pussent rendre accessibles et acceptables aux intelligences les prophéties messianiques. Le triomphe du royaume de Jahvé apparaît comme le triomphe du royaume d’Israël, la restauration messianique semble liée à une restauration temporelle, celle que désiraient ardemment, au jour de la captivité, les Juifs malheureux. C’est pourquoi l’ère messianique est représentée assez souvent comme une époque d’abondance, de gloire et de paix. Osée, ii, 23 ; Joël., ii, 19 sq. ; Amos, ix, 13 ; Mich., iv, 3-5 ; Soph., iii, 13-20 ; Zach., ix, 9 sq. ; Is., iv, 2 ; ix, 1-4 ; xi, 11-16 ; xxix, 17 ; xxx, 23-26 ; xxxii. 15, 20, etc. Toutefois le caractère de ces promesses matérielles apparaît bien vite. Sans doute encore, les prophètes n’en avaient eux-mêmes aucune conscience ; mais c’est Dieu lui-même qui a pris soin de l’indiquer d’une façon très suffisante : « La grande preuve que les perspectives matérielles sont secondaires dans la grande vision messianique, c’est que parfois elle en est débarrassée ; elles font presque complètement défaut, par exemple, dans les passages i. mieux du Serviteur de.Jul.vé. [s., xi.n. 1-4 ; xlix, 1-6 ;

L, 1-9 ; va, 13-l.ui, 12. Accessoires, ces éléments sont encore caducs de leur nature. A ni suie que la révélation se pousuit, on entrevoit que certains éléments essentiels doivent aboutir a les éliminer. Si quelque chose est fondamental dans la prédiction prophétique, c’est l’idée de cette religion universelle qui doit grouper l’univers entier autour du Dieu d’Israël ; or, plus que tout autre cette idée est incompatible avec les descriptions qui donnent tant d’importance au particularisme juif, comme avec un programme de culte trop étroitement rivé au sanctuaire de Jérusalem. » Touzard, op. cit., p. 47. Le point de vue spirituel abonde dans Isaïe : « L’épreuve débarassera Jérusalem de ses impuretés, Is., i, 25 ; iv, 4 ; xxix, 20, 21 ; elle en fera la ville de la justice, la cité fidèle, 1, 26. Résidant au milieu d’elle, la couvrant de sa protection, iv, 5, 6, Jahvé exaucera ceux qui espéreront en lui, xxx, 18, 19, prendra soin des humbles et des pauvres, xxix, 19, donnera la sagesse à ceux qui en manquent, xxix, 24 ; xxxii, 5-8, la lumière à ceux qui en ont besoin, xxix, 18 ; xxx, 20, 21 ; xxxii, 3, 4 ; le peuple retrouvera sa fierté et mettra son bonheur à glorifier son Dieu, xxix, 22, 23 ; ce sera le temps de la justice et de la paix, xxxii, 16-18. » Touzard, Juif (Peuple), col. 1619.

C’est donc uniquement au caractère spirituel du royaume de Jahvé, annoncé par les prophètes, que le théologien catholique devra accorder son attention en vue d’établir le cadre réel dans lequel doit paraître le Messie. Il convient de dégager les prophéties concernant le royaume messianique des enveloppes matérielles et caduques dont les avait revêtues l’esprit des prophètes, et notamment du triomphe temporel d’Israël sur les autres nations. Mais, de plus, dans le tableau tracé par les prophètes, on devra dégager les perspectives plus ou moins éloignées que les prophètes avaient annoncées simultanément, les entrevoyant sur un plan unique, et notamment rejeter à la fin des temps les bouleversements considérables qui doivent mettre terme à l’ordre actuel du monde et préluder à la restauration des nouveaux cieux et d’une nouvelle terre dans un ordre de choses entièrement nouveau. Is., li, 16 ; lxv, 17 ; lxvi, 22. Voir le commentaire du P. Knabenbauer, In Isaiam prophetam, Paris, 1887, t. ii, p. 490-492 ; 520. Sur les perspectives eschatologiques des prophéties messianiques, voir l’art. Jugement. Dieu lui-même a veillé à ce que ces visions eschatologiques, si chères aux apocalypses, fussent facilement séparées de la prévision <hi royaume messianique : « Pour bien montrer que tous ces points de vue ne se confondaient pas, il n’en a souvent manifesté qu’un seul à ses divers interprètes ; plus d’une vision messianique est indépendante de toute perspective de restauration nationale ; au plus grand nombre des prophètes. Dieu n’a rien révélé des perspectives eschatologiques. Lu d’autres cas, il a fait entrevoir d’une façon précise les deux actes principaux de l’œuvre divine : celui de l’inauguration du triomphe et celui de sa consommation. Cf. Ez., xxxviii, xix. Nous sommes donc fondés a traiter d’imparfaites ces vues qui confondent les diverses interventions divines, puis à les dégager les unes des autres pour préciser en quelle manière elles devaient se réaliser. /<L, p. 19-50.

Les prophètes ne se contentent pas d’annoncer un royaume spirituel, dont l’envoyé de Dieu sera roi, mais ils stipulent encore que ce royaume sera intérieur. L’appartenance a Jahvé ne sera pis un titre tout

extrinsèque : elle ne saurait se manifester par îles signes purement extérieurs. Souvent les prophètes reprochèrent a Israël d’êl re un peu| le infidèle, d’honorer Dieu du bout des lèvres et de tenir son cour né « le lui. Is.. xxix, 13 ; i, lu 17 : Vmos, v, 21-21. Dans lifutur rovaume.1 n’en saurai ! être de même.