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JESUITES — JÉSUS-CHRIST
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JESUS-CHRIST. LKS PROPHETIES MESSIAMQ1 ES


w. 28 ; Joa., r, 15 ; xii, 38, 10 ; xix, 24, 28, 36, 37 ; Ad., m. 18 ; vra, 30 ; II Pet., i, 19, etc.

2. Kucnen et d’autres critiques ont fait observer que, parmi les prophéties messianiques, un certain nombre ne se sont pas réalisées. Et, partant de cette « constatation », ils prétendent ébranler la valeur de l’argument prophétique en niant l’origine divine des prophéties de L’Ancien Testament. The Prophets and Prophecy in Israël, trad. anglaise, Londres, 1877, c. v-vn. Nous n’avons pas à discuter ici cette assertion, mais simplement à déclarer qu’il ne saurait être question, dans cette étude théologique, d’utiliser les sens spirituels ou accommodatices par lesquels certains textes des prophètes, littéralement irréalisés, peuvent être entendus et ont été, de fait, entendus par Jésus et par les apôtres. Voir, par exemple, Matin., ii, 15, 18. Nous omettons de plus systématiquement ce qui concerne tout ce. qu’on est convenu d’appeler les figures de Jésus-Christ, soit personnages, soit choses. dans l’Ancien Testament. Il est incontestable d’ailleurs que l’emploi de l’exégèse allégorique a contribué à multiplier outre mesure, ces figures, et que cet abus risque fort d’infirmer pour les exégètes plus circonspects la valeur et la signification des arguments que l’on a pu en tirer. Nous retenons enfin, comme résolvant bien des difficultés, l’opportune distinction, mise en relief par M. Touzard, entre les éléments essentiels et les éléments accessoires des prédictions. L’argument prophétique, dans la Revue pratique d’Apologétique, t. vii, p. 92. Sur les premiers, « les hommes de Dieu insistent dès le début ; ils reviennent et renchérissent à qui mieux mieux, fournissant les uns après les autres leur apport de progrès et de développement, tout en sauvegardant une parfaite continuité de direction. » Parmi ces prédictions essentielles, il faut nommer celle du règne universel de Jahvé dans la religion, la justice et la paix ; celle du jugement qui devait préluder à l’inauguration de ce règne ; celle du royaume qui de ait grouper tous les individus de tous les temps et de tous les lieux, en qui et par qui s’établirait le règne de Dieu ; celle du roi messianique, futur représentant de Jahvé, à la tête de la nouvelle société, appelé à ce titre à présider à son inauguration et à son développement, et, pour être digne de cette mission, revêtu par une Influence très spéciale de l’Esprit de Dieu, de toutes les vertus morales et religieuses qui doivent fleurir dans le royaume. Telle encore l’annonce de la continuité qui doit régner entre les diverses interventions de Dieu dans le monde, son intervention dans le royaume d’Israël et de Juda, son intervention dans le royaume messianique, continuité telle que le royaume futur aura des Juifs pour premier noyau et point de départ, que le roi futur sera de race davidique. i Les autres éléments, « tout en occupant une place importante dans les prédictions messianiques, n’occupent pourtant, à raison de leur caractère même, qu’un rang secondaire, une place accessoire. Ils constit uent comme les enveloppes, la gaine qui devait renfermer, entourer, les éléments essentiels, pour les présenter sous une forme acceptable aux premiers destinataires des prophéties ; mais leur sort était de se rompre, de se déchirer, et finalement de disparaître le jour où le fruit en serait venu à sa pleine maturité. » Et le savant auteur mentionne, comme exemples d’éléments accessoires, i tout ce qui tend à restreindre

le royaume de Dieu au profit d’Israël : reconstitution

du pouvoir terrestre d’Israël autrement que comme

rail préparatoire aux événements futurs, conquêtes

terrestres d’Israël, extension terrestre de sa domina i Ion, prospérité physique, etc. ». Nous passons d’autres

nples moins Immédiatement utiles à l’intelligence

de notre position. Mais on comprendra que des prédictions relatives : ï Jésus-Christ, nous ne retenions

que celles qui ont trait à [’essentiel de la prophétie messianique, et très particulièrement que lés prédictions dont le roi messianique futur, sa transcendance, ses qualités et quelques faits précis de sa vie terrestre sont l’objet.

3. Enfin, nous devons nous souvenir que Les prophéties messianiques relatives au personnage de Jésus-Christ peuvent être exposées de deux manières. qui, loin de s’exclure, se superposent et se complètent. On peut tout d’abord simplement relever le sens général des prédictions ; on peut ensuite descendre dans les détails particuliers, propres à chaque prophétie. et par lesquels on essaie de fixer déjà par avance les traits de l’envoyé de Dieu.

Le sens général des prophéties relatives au Christ futuraétémisen relief par M. Touzard, dans les articles publiés dans la Revue pratique d’Apologétique, t. vi, p. 906-933 ; t. vii, p. 81-11C ; 731-750, sous le titre : L’argument prophétique. Le même auteur a repris, en la résumant, cette thèse dans sonopuscule : Comment utiliser l’argument prophétique ? Paris, 1911 (collection Science et Religion). Voir également le P. Lagrange. Pascal et les prophéties messianiques, dans la Revue biblique, 1906, p. 553, et surtout Le Messianisme chez les Jui/s, Paris, 1907, p. 258 sq.

L’exposé des détails, dont la réalisation s’est faite en Jésus-Christ, est la thèse classique et traditionnelle, , celle qu’on retrouve dans toutes les théologies fondamentales, celle qu’a esquissée saint Thomas d’Aquin, Sum. theol., IIa-IIæ, q. clxxiv, a. 6, et utilisée Bossuet, Élévations sur les mystères, Xe semaine, Élévations sur les Prophéties. Ainsi que l’a fort justement rappelé le R. P. Lagrange, Revue biblique, 1917, p. 594, la méthode des « grandes lignes » ne doit pas faire oublier celle des « précisions détaillées ». Il convient donc, pour ne pas risquer de retracer d’une façon trop vague et trop imprécise le portrait du Christ, d’étudier non seulement le sens général des prophéties le concernant, mais encore de rechercher avec soin les détails successivement ajoutés par les prophètes, détails qui accentuent de plus en plus les traits du Sauveur à mesure que l’on approche de sa venue sur la terre. C’est cette double méthode qu’on entend suivre ici.

3° Sens général des prophéties relatives à Jésus-Christ. — Ce sens général a été bien marqué par M. Touzard, Comment utiliser l’argument prophétique ? p. 37 : « Il s’agit de montrer que, dans le plan divin, la religion d’Israël a eu pour principale raison d’être de préparer le christianisme ; que, par contre, la religion chrétienne apparaît comme le complément que, de par la disposition divine elle-même, le judaïsme postulait. * Jésus-Christ se trouve ainsi le point central et culminant vers lequel convergent tous les efforts des prophètes pour prêcher, maintenir, affermir, restaurer le monothéisme des Hébreux et duquel rayonnera plus tard le royaume futur de Jahvé. C’est même en Fonction de ce royaume dont il sera le monarque visible que Jésus-Christ sera annoncé par les prophètes. Le monothéisme et la loi promulguée au nom du vrai Dieu préparent l’avènement d’un royaume universel, spirituel et intérieur, dont le roi sera Jésus-Christ, représentant de Dieu dont il est comme une émanation. C.’isl sous cet aspect que s’affirme le sens général des prophéties relatives à Jésus Christ.

i. La prédication du monothéisme est la préoccupation fondamentale des prophètes. Sans entrer dans L’histoire <lu monothéisme en Israël, Cf. Dictionnaire apologétique de /</ Foi catholique, article Juif ( Peuple) de M. Touzard, t. ii, col, 1577-1614, il nous faut immédiatement signaler le trait qui appartient directement a notre sujet, à savoir que, dans l’intention prophétique, le monothéisme dépasse les limites du peuple juif et entend devenir, par de la l’individualisme du