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JÉSUITES. THÉOLOGIE A.SCÉTIQI E. IM5 1NCIPES

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rante ans après les Provinciales. C’est en Italie que s’exerce alors surtout l’activité littéraire des apologistes, d’abord avec J.-B. de Benedictis, 1622-1706, Ch.-Ant. Casnedi, 1643-1725, et Balthasar Francolini, 1650-1709, puis, — dans l’âpre polémique, que déchaînent les ouvrages de Concina et de Patuzzi, — avec Jean Richelmi, 1679-1751. Nicolas Ghezzi, 1683-1766, Frédéric Sanvitale, 1704-17C1, Gaspar Gagna, 16861755, Philibert Balla, 1703-1759, Josepb (’.ravina, 17021775, J.-B. Faure, 1702-1779, François Zaccaria, 17141795. Enfin, la campagne d’opinion extrêmement violente, qui prélude en France, en Portugal, en Espagne et en Italie à la suppression des jésuites, donne lieu <lu côté de ceux-ci à toute une littérature défensive où la morale tient une grande place et dont il convient surtout de retenir la monumentale Réponse au livre intitulé Extraits des assertions, 3 vol. in 4°, 1764, œuvre, précieuse à consulter, des PP. Henri Sauvage. 1701-1791 et Jean Nicolas Grou, 1731-1803. Depuis lors rien de ce genre n’a paru sous la signature d’un jésuite. Mais il convient de faire une place ici à deux importants ouvrages d’auteurs étrangers à la Compagnie de Jésus. Ce sont / es Provinciales et leur réfutation, Paris. 2 vol., 1851. du chanoine Maynard et, du docteur K. W’eiss. P Antonio de Escobar a Mendoza als Moraltheologe in Pascals Beleuchtung undim Lichte der Wahrheit, Fribourg-en-B., 1911.

PlUNCIPAUX OUVRAGES UTILISÉS DANS CET ARTICLE. —

Annales de la Société des soi-disans jésuites, Paris, 5 vol., 1764-1771 ; A. Arnauld, Œuvres, Paris-Lausanne, 43 vol., 1775-1783 ; A. Astrain, S..1., Historia de la Compania de

Jésus en la Asistencia de Espafia, Madrid, 6 vol. parus, 1902-1920 ; T. Bouquillon, Theolugia moralis jundamenlalis, Bruges, 3e édit., 190.’}, Introduction historique, p. 71107 ; H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de religion jusqu’à nos jours, Paris, 6 vol. parus, 1916-1922 ; Al. Brou, S. J., Les jésuites de la légende, Paris, 2 vol., 1906 ; J. Brucker, La Compagnie de Jésus, Paris, 1919 ; J. Crétineau-.Joly, Histoire religieuse, )><ditique et littéraire de la Compagnie de Jésus, Paris, 1844, 6 vol. ; G. Daniel, S. J., Iiecueil de divers ouvrages…, Paris, 3 vol. 1724 ; A. De Meyer, Les premières controverses jansénistes en France, 1640-1649, Louvain, 1917 ; I. von Dôllingcr und Fr.-ll. Beusch, Geschichle der Moralstreitigkeiten in der rômisch-katholischen Kirche, Nordlingen, 2 vol., 1889 ; B. Duhr, S. J., Geschichte der Jesuiten in den Làndern deutscher Zunge, Fribourgen-B. , 3 vol. parus, 1907-1913 ; Extraits des assertions… nue les soi-disans Jésuites ont… soutenues, Paris, 1762 ; H. Fouqueray, S. J., Histoire de la Compagnie de Jésus en France, îles origines à la suppression, Paris, 3 vol. parus, 1910-1922 ; Aiuad : eus Guimenius (Matthieu de Moya, S. J.), Adversus quorumdam expostulaliones… opusculum, Palermc, 1657, Madrid, 1664 ; J. Gulraud, Histoire partiale, histoire vraie, Paris, 1919, t. iv ; Th. Hugues, S. J., Historg o/ the Society of Jésus in North America, Londres, 3 vol. parus, 1908-1917 ; Institulum Sociclatis Jesu, Prague, 2 vol. 1757 ; A. Lclimkuhl, s. J., art. Moral Theologg, dans The catholte Encyclopedia, New-York, 1912, t. xiv ; A. Matignon, s. J., Les doctrines de la Compagnie de Jésus sur la libelle, dans Études religieuses, 1864-1867, 12 articles ; M. Maynard, Les Prolales a leur réfutation, Paris, 2 vol. 1851 ; A. Mendo,

S. J., Statera opinionum benignarum, Lyon, 1666 ; A. Moli nier, Les Provinciales de niaise Pascal, Paris, 2 vol., 1891 ; Monumenta historica Societatis Jesu, collection entreprise en 1894 par les jésuites espagnols et publiée a Madrid ; M. de Moya, s. J., cl. Amadœus Guimenius ; G.-M. Pachtler, s..i, Ratio studiorum et Instllutiones scholasticm.Societatis Jesu per Germaniam oigentes, Berlin, i vol. 1887-1894, collection Monumenta Germaniæ patdagoglca ; Pascal, Œuvra, édlt. L. Brunschvicg, P. Boutroux, P. Gazier, Paris, il vol. 1904-1914, collection Les grands écrivains de la France ; Ramière, s. J., Compendtum Institua Societatis

lésa, foulouse, 3’édlt., 1896 ; Réponse OU livre intitule

Extraits des assertions, Paris, : t vol. 1763-1765, par les

PP. Sauvage et G S..J. ; Fr.-H. Reusch, Der Index der

verbotenen Bâcher, Bonn, 2 vol. 1883-1885 ; Th. Slater, S. J.

t short history o/ moral Theologg, NewYork, 1909 ; C. Som mervogel, S.. !., Bibliothèque de la Compagnie de Jésus,

Bruxelles-Paris, 10 vol., 1890-1900 ; P. Tacchi-Veuturi. S. J., Storia délia Compagnia di Gesù in Italia, Rome-Milan, 2 vol. parus, 1910-1922 ; D Viva, S. J., Damnal.r thèses ab Alexandro VII, Innocentio XI, Alexandro VIII ad theologicam trutinam revocativ, N’aples, 1708 ; Fr. Zaccaria, S. J., Dissertatio prolegomena de casuisttese theologuv originibus, tocis atque præstanlia, en tête de la Théologie morale de saint Alphonse de Liguori, de la 3 « à la 8’édition inclusivement.

Jacques de Blic.

IV. JÉSUITES (THÉOLOGIE ASCÉTIQUE OU SPIRITUALITÉ). - La spiritualité chrétienne est un ensemble de principes, de règles et de pratiques destinés à diriger l’âme vers la perfection, c’est-à-dire vers l’union à Dieu par la charité. Si dans sa substance cette spiritualité est immuable comme l’Évangile, dans ses formes elle est susceptible de modifications, d’adaptations et de perfectionnements. On peut reconnaître les mêmes principes et différer dans la manière de les envisager, de les exprimer et de les appliquer ; on peut poursuivre le même but et différer dans le choix et le dosage des pratiques employées pour y parvenir, dans l’énoncé des règles adoptées pour assurer la marche et faciliter le travail. C’est ainsi qu’on a pu distinguer entre spiritualité et spiritualité : celle du chartreux n’est pas celle du franciscain ; celle de saint François de Sales n’est pas celle de l’abbé de Rancé ; celle des carmélites n’est pas celles des Filles de la charité. A ce point de vue. la Compagnie de Jésus, comme du reste la plupart des grandes familles religieuses, doit avoir sa spiritualité spéciale.

Venue api es quinze siècles de christianisme, elle a trouvé tout un trésor de doctrine et d’expérience depuis longtemps rassemblé par l’Église. C’est dans ce trésor qu’elle a puisé à pleines mains et qu’elle a pris les éléments de sa vie spirituelle. Mais, en les adaptant à sa vocation propre, elle leur a imprimé un cachet particulier qui donne à sa spiritualité une forme très caractérisée.

Pour donner une idée de cette spiritualité dans ce qu’elle a d’original et de substantiel.il nous suffira de considérer les principes qui la dominent, les procèdes qu’elle emploie, les pratiques dont elle se sert. Après ce coup d’œil d’ensemble, nous indiquerons les caracrères qui la distinguent, nous montrerons l’influence qu’elle a exercée et nous répondrons aux accusations qui lui ont été adressées. Nous terminerons par quelques mots sur la mystique dans cette école de spiritualité.

Ce travail d’exposition est relativement facile, car toute la spiritualité de la Compagnie de Jésus se trouve condensée dans les Exercices spirituels de saint Ignace.

C’est là que, sur la recommandation formelle du maître.

les ailleurs ascétiques et mystiques de l’ordre, sont

venus, les uns après les autres, à quelques exceptions près, chercher leurs piincipales inspirations. Sans limiter notre étude aux Exercices, ce qui suffirait à la rigueur, c’est naturellement sur les Exercices que se portera surtout notre attention.

I. Les principes. IL Les procédés (col. 1094). III. Les pratiques (col. 1096). IV. Les caractères (col. 1097). V. I inuuence(eol.llOO).YI.Lcsaccusations(col. 1103). VII. La mystique (col. 1106).

1. Les Principes. - Toute la spiritualité de saint Ignace repose sur deux principes, accompagnés chacun d’une conséquence féconde en applications.

1 le ces deux principes, l’un est fourni par la raison et l’autre par la foi ; l’un découle de la nature même de l’homme, l’autre de son élévation à l’ordre surnaturel par Jésus-Christ ; l’un s’appuie sur le fait de la i réalion, l’autre sur Le fait de l’incarnation.

1° Le premier principe est formulé dans la considérai ion qui ouvre les Exercices spirituels : L’homme