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ISIDORE DE l’Kl.l SE SAINT)

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I fini., m. 1. C’est mal entendre la pensée del’apotre, observe Isidore, et lui donner une fausse interprétation. Car la suite du passage devrait suffire à réprimer un pareil désir. La plupart, en effet, n’offrent pas les qualités requises par l’apôtre pour une fonction si auguste et si redoutable. En s’expriniant conditionnellement, comme il l’a fait, l’apôtre a voulu mettre les ambitieux en garde contre la passion qui les pousse à désirer l'épiscopat sans tenir compte des vertus qu’il requiert, de la vigilance et des soins, des labeurs et des peines qu’il impose, des dangers qu’il fait courir. Isidore qualifie de divin l'épiscopat : il le trouve si redoutable que les meilleurs eux-mêmes déviaient se garder de le désirer. Epist..m. 210 : iv. 219. Ceux-là seuls peuvent le désirer qui s’appliquent a reproduire la vie de saint Paul, Epist, i. nu. et qui y voient le moyen, non de satisfaire leur orgueil ou leurs convoitises, mais d’exercer une paternité spirituelle. Epist., ii, 125. L'évêque doit imiter le bon Pasteur. Epist., i, 136. Ce n’est pas assez pour nu évêque d’avoir de bonnes mœurs, il doit encore posséder la science et savoir parler. l’r>ist.. n. 217. Et il ne peut être utile à ses sujets celui qui est parvenu à l'épiscopat sans avoir passé, comme l’exigent les canons, par les degrés inférieurs. Epis(., JI, 264. L'évêque peu soigneux du salut des âmes, ne se préoccupant que de faste et d’argent, déshonoresa propre personne. Epist., ii, 200.

Comparant le clergé de son temps avec celui des âges précédents. Isidore écrit : « On n'élevait alors au sacerdoce que les gens vertueux, on y élève aujourd’hui (eux qui aiment l’argent. On fuyait alors l'épiscopat à cause de la grandeur de sa dignité, on le souhaite aujourd’hui, on l’accepte volontiers, on s’en empare dans la vue de se procurer une abondance de délices..Jadis on se faisait un honneur de la pauvreté volontaire, aujourd’hui on ne cherche qu'à gagner de l’argent. Alors on pensait au jugement de Dieu, aujourd’hui on n’y penseplus. Alors on était prêt a tout sou lïrir, aujourd’hui on est prêt à faire souffrir les autres. Ou’est-il besoin d’en dire davantage ? La dignité du sacerdoce est changée en un désir de régner : on est passé de l’humilité à l’orgueil, du jeûne aux délices, de la qualité d'économe et de dispensateur à celle de maître et de propriétaire des biens de l'Église. > Epist., v, 8. Isidore convient pourtant que tous les évoques de son temps n’en étaient pas là : car il appréciait notamment cei tains d’entre eux. tels que l.anipélius. Epist.. ii, 221, Sérapion, Epist, ni. 44, et son ami Ilermogénes. Epist., v. 166..Mais il se plaint en gênerai du manque d'énergie dis prélats pour reprendre le dérèglement des autres et il félicite, quant à lui, llierax, un prêtre vertueux, d’avoir fui l’cpiscopal comme une charge dangereuse. Epist., a, 125.

A propos de pardon accordé parle prêtre Zosime â un pécheur, coupable de parjure, qui lui avait offert quelques poissons, Isidore déclare que le prêtre possède

bien le pouvoir de lier et de délier, mais a la condition d’exiger la réparation de l’injustice ou du dommage causé et de ne point accepter de présents. Epist., iii, 260.

Les diacres, dit il. sont l'œil de l’evé.|ue : ils doivent soigneusement veiller sur les biens de l'Église, Epist., iv.

188, et ne point pratiquer L’avarice, parce que, sous prétexte d’augmenter leurs richesses, ils prépareraient ainsi de la matière pour le feu futur. Epist., i, 19. Ces membre8 du cierge doivent conformer leur vie aux enseignements qu’ils donnent ; sans quoi, loin de convertir les auditeurs, Oïl les incite a se moquer de ceux qui parlent. Epist., i, 112. Mieux vaut vivre et agir

bien q le de parler aec correction et élégance ; c’est

par l’ai t Ion plus que par la parole qu’on avance dans la vie spirituelle. Epist., i, l 1. S’exprimer avec élégance,

c’est ressembler à une cymbale retentissante : bien agir est le propre des anges. Epist., 1, 163.

2. Les moines. - On peut entrevoir par ce qui précède ce que l’abbé de Péluse exigeait des moines. Il voyait dans la vie monastique l’idéal de la perfection et l’accomplissement de tous les commandements de Dieu. Epist., i. 278. A ses yeux, Jean-Baptiste en était le modèle, et pour le vêtement en poils de chameau, et pour la frugalité. Epist., i, 5. Ce genre de vie exige, disait-il, la retraite pour oublier tout ce qu’on a quitté et l’obéissance pour renoncer à ses propres habitudes et pratiquer la mortification de la chair. Le moine doit donc s'éloigner du tumulte des affaires, Epist., i, 25, ne pas courir les villes et ne point fréquenter les spectacles publics. Epis !., i, 92. Il doit être humble, car c’est en vain qu’il aurait quitté les richesses et les honneurs du siècle, s’il se livre à l’orgueil. Epist.. i. 15. Il ne doit pas se gouverner au gré de ses désirs, mais suivant la volonté de ses supérieurs, de ceux qui ont vieilli dans la pratique de la vie religieuse. Car si pour apprendre quelque vil métier ou un art mécanique, on recherche avec soin les maîtres les plus réputes, â plus forte raison, pour s’instruire de la sagesse divine, faut-il s’adresser à ceux qui en ont l’expérience. Epist., i, 200. Le moine doit se contenter d’un seul vêlement et d’une simple nourriture d’herbes, â moins que la faiblesse de son tempérament ne s’y oppose : dansée cas il doit s’en tenir aux prescriptions de son supérieur. Epist., I, 5. Il doit s’abstenir de tout jeûne immodéré. Epist., ii, 45. Qu’il ne se flatte pas. même en pleine solitude, d'échapper aux tentations, puisque Jésus-Christ a été tenté au désert. Epist., i, 75. Le désert offre du moins cet avantage qu’on n’y est point troublé par l’inquiétude des mauvaises affaires ni par les entreliens qui blessent la pudeur. Epist., i, 92, 220. Le moine doit se livrer à un travail manuel. Epist.. i, 49 ; ne pas affecter de bien parler et, s’il a quelque talent de parole, ne pas chercher â plaire par un débit trop étudié. Epist., 1, 02. Il doit s’interdire la lecture des auteurs profanes, parce qu’elle pourrait souiller son imagination et réveiller d’anciennes passions. Epist., i, 03.

Évidemment, au milieu de si nombreux monastères et parmi tant de milliers de cénobites, tout n'était pas parfait. Isidore signale, en effet, ici un défaut d’hospitalité. Epist., i, 50, là un excès de bouche, Epist., i. 392, ailleurs une humeur batailleuse. Epist., i, 298..Mais c’est peu relativement à ce qu’il a dit du clergé.

3. Les fidèles et la vie chrétienne.

Trop nombreux sont les passages où Isidore, parlant de la vie chrétienne, signale les défauts â éviter, les vertus à pratiquer, pour qu’on puisse les rapporter. Qu’il suffise d’indiquer ceux où il traite de la nature et des conséquences du péché, EpisL, iii, 261 ; iv, 52 ; v, 175, 172, 501 : de son remède par la pénitence, Epist., i, 408 ; ni, 71, 177, 209 : v. 8, 9, 253, 307, 317, 500, 539 : de la nécessité du combat spirituel, Epist, i, 4, 144, 264 ; ii, 12, 24, 103-107,

101, 101, 179, 189, 225, 212, 250, 207, 208 ; iii, 00, 205, 228 ; iv, 195 ; v, 19.27.00, 139, 144, 316, 350, 364, 424, 509, 533, 510 ; de l’obligation de repousser les tentations. Epist, i, 393 ; ii, 70, 104, 28(1 ; m. 83, 150. 160,

îv, 138 ; v, 28, 39, 08, 90, 220, 270, 300, 314, 350, 309 ; de la patience â supporter les injures et l’adversité ; Epist, il, 5 1, 7 1, 132, 29 1 ; ni, 20, 330 ; v, 71. 96, LÔ0, 238. 254, 201), 270. 282, 3 13, 350. 471 : de la perfection

chrétienne et des moyens de l’ai teindre. Epist., l, 8, 27,

102, 103, 435, in.i 12 : n. 19, 23, 106, 201, 225 ; iii, 1 18.

28M, i, n ; v. 102. 288, 296.

Trois choses, disait Isidore, sont nécessaires â la vie chrétienne : la prière, la vertu, la foi ; la prière comme l’ornement, la vertu comme le corps, la foi comme l'âme.

Epist., v, 162. Ce n’est pas tant le vêlement et le langage qui font le Mai chrétien, c’est plutôt sa conduite el ses bonnes mœurs. Epist, IV, 31. l’ar sa participation aux mystères sacres, c’est a-dire à l’eucharistie, le