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IÉSUITES. VUE D’ENSEMBLE DU MOUVEMENT DOCTRINAL


plus que n’exige de tous la sainte Église catholique, leur commune mère et maîtresse. Car dans les matières où les avis ne sont pas unanimes parmi les auteurs du meilleur renom dans les écoles catholiques, nul ne doit être empêché de suivre le sentiment qui lui paraît plus vraisemblable : neque enim in iis rébus, de quibus in scholis ratlwlicis inler melioris notee auctores in contrarias parles dispulari solet. quisquam prohibendus est sequi sententiam quic sibi verosimilior videatur. »

Institution Soc. Jesn, Florence, 1892-93 ; Monnmenta pœdagogica Soc. Jesu, quæ primant Ralionum sludiorum anno 1586 éditant pnreessere, Madrid, 1901, dans la collection Monumenla historica Soc. Jesu, a patribus ejusdem

SocietattS mate primant édita ; G. M. Patchler, S. J., Ratio sludiorum et Institution) s scholastlem Soc. Jesu per Germaniam olim vigentes, dans la collection Monumenta Germaniæ pœdagogica, Berlin, 1887, 1890, 1894, t. ii, v, ix, xvi ; X. M. Le Bachelet, S. J., Bellarntin avant son cardinalat, Paris, 1911, append. ix-xv, p. 493-518 ; A. Astrain.S. J., llistorict de la Compania de Jésus en la Asistencia de Espana. Madrid, 1909, 1913, 1916, t. iii, iv, v ; p. Tacchi Venturi.S. J., 5tor(a délia Compagnia di Gesù in Italia. Home, 1910, t. i, p. 53 sq. ; Andr. Juanen, Stellang der Gesellschaft Jesn : nr Lettre des Aristoteles and des ht. Thomas vonl583, dans Zeitschrift fur katholische Théologie, Inspruck, 1916, t. XL, p. 201-237 ; Sforza Pallaviciui, Vindicationes Societatis Jesu, quibus multorum accusationes in ejas instilutum, leges, gymnasia, mores refelluntur, Rome, 1019. La lettre du P. P. Vladimir Ledôchowski a été publiée dans diverses revues : Civillà Cattolica, 1917, t. iv, p. 61 ; Scuola Cattolica, Milan, 1917, t. v, p. 276 ; Zeitschrift ftir katholische Théologie, Inspruck, 1918, p. 206 ; Bazon g le, Madrid, 1917, t. XLi.x.p. 339, etc. Voir Etudes, 1917, t. cliii, p. 74.

II. LA THÉOLOGIE DOGMATIQUE DANS LA COMPAGNIE DE JÉSUS. —Même séparée de la morale et de l’ascétique, la théologie dogmatique reste une science complexe qui comprend, outre la scolastique, les diverses disciplines qui rentrent dans la théologie positive ou qui s’y rattachent. Deux choses nous aideront à nous faire une idée générale du développement, dans la Compagnie de Jésus, de la théologie dogmatique ainsi comprise : I. Une vue d’ensemble du mouvement ; II. La considération des grandes controverses doctrinales où les théologiens jésuites furent engagés (col. 1054).

I. i I 1.1 NSEMBLE DU MOUVEMENT DOCTMNAL

coNsiDÉnÉ dans son développement. — Les historiens du dogme signalent chez les théologiens catholiques, à partir des débuis du XVI’siècle, un fort mouvement de renaissance et de réaction, provoqué par l’apparition du protestantisme et favorisé par l’invention de l’imprimerie Ils distinguent dans l’évolution de ce mouvement une période île préparation, qui s’étend jusqu’à la fin du concile de Trente (1563) ; une période d’éclat qui va jusqu’en 1660 et pendant laquelle le mouvement parvient à son apogée ; une période de stagnation qui dure environ un siècle (1660-1760) ; une période de profonde décadence qui

couvre le dernier quart du xviir siècle et les (renie

premières années du xix’(1770-1830) ; enfin, après cette date, une période de renaissance ou de resl m ration qui se continue et s’accentue au cours du xix c siècle. Scheeben, Lu Dogmatique, trad. Bélet, Paris, 1877, t. i, p. 691 sq. Si l’on excepte la première période, où la Compagnie de Jésus n’existait pas encore et la quatrième, où elle n’existait plus, on peut y retrouver, quoique d’une façon moins absolue ci moins tran élue les mêmes phases de développement,

I. PREMIER SIÈCLE ni : LA COMPAGNIE DE JÉSUS : PÉRIODE D’ÉCLAT ET DR CONSTRUCTION. Ce fui.

presque des le début, une efflorescence merveilleuse el presque Inouïe de grands hommes, suivant la remarque d’un théologien contemporain : Apud societatera Jesu pullulant summi viri mira et fit audita efflorescenlia. Dom Laurent Janssens, Prselectiones de lien un, , , t. i.

p. 19, Fribourg-en-B., 1899. Scheebe : i est encore plus expressif lorsque, parlant du renouveau théologique qui se manifesta dans les ordres religieux a la fin du XVI siècle, il ajoute : i la part du lion échut a l’ordre récemment établi des jésuites, qui produisitdes œuvres grandioses dans tous les domaines de la théologie. surtout dans l’exégèse et l’histoire et essaya, sous une forme éclect que et plus libre, correspondant aux besoins et aux progrès du temps, de faire avancer la théologie spéculative du moyen âge. » La Dogmatique. trad. Bélet. 1. 1. n. 1078.

L’Espagne, tout d’abord, présente une pléiade d’auteurs rangés communément parmi les théologiens de premier t ordre : François Tolet, Louis de Molina, Grégoire de Valence. François Suarez, honoré pat plusieurs papes du litre de Doctor eximius, Gabriel Vasquez, Didace Ruiz de Montoya, Jean Martinez de Ripalda et Jean de Lugo, devenu cardinal en 1 mais qui par l’époque de son enseignement au Collège romain et de la publication de ses œuvres, rentre dans le premier siècle de l’ordre. D’autres gloires surgissent ailleurs : en Italie, le cardinal Bellarmin : en Belgique, Léonard Lessius : en Allemagne, le bienheureux Pierre Canisius. Jacques Gretser, Adam Tanner ; en France, celui qu’on a nommé « l’aigle des jésuites », Denis Petau, sans compter un nombre beaucoup plus considérable d’auteurs inférieurs, mais d’une réelle valeur, qu’il serait superflu d’énumérer ; tels, par exemple, Jacques Granado, Commentarii in Summam Theologim S. Thomse, Séville, 1623 ; Pierre Arrubal et (iaspard Hurtado de Mendoza, voir t. iv, col. 1556 sq.

Tous ces théologiens n’ont assurément pas exercé la même influence, ni dans l’ordre ni au dehors, par exemple Suarez et Yasquez comparés’entre eux. D’ailleurs, ni Suarez lui-même ni aucun autre n’ont composé un corps de doctrine théologique que la Compagnie de Jésus ait fait sien ou que tous ses théologiens aient suivi ; en ce sens, il ne saurait être question d’une théologie suarézienne ou lugonienne ou ripaldienne ou même moliniste, si ce n’est dans un sens restreint et purement relatif, pour désigner un certain nombre d’opinions avancées par tels ou tels grands théologiens et admises par d’autres à leur suite et comme sous leur patronage. C’est ailleurs que dans les idées soutenues qu’il faut chercher l’influence plus universelle et plus profonde exercée par les grands auteurs jésuites du premier siècle sur le développement de la théologie dogmatique dans l’ordre.

Ce qu’il faut d’abord signaler, c’est la méthode adoptée par ces maîtres dans renseignement, oral ou écrit. Méthode caræl ériséc par l’alliance, dans un degré plus accentué qu’auparavant, de l’élément scolastique représenté par saint Thomas, et de l’élément positif fourni surtout par les Pères, les deux éléments se complétant et s’entr’aidant mutuellement, non pas seulement de fait, par simple nécessité de défense ou de polémique, mais en principe, conformément à la vraie notion de la théologie qui a pour objet propre les vérités révélées, principiarevelata sibi a lieu. s. Thomas, Summa Ihenl. I, q. i. a. 2. La tendance apparaît déjà chez Tolet. considère a bon droil comme le père de la théologie scolastique dans la Coinpagniedc.le.su s Après avoir l’ait de brillantes éludes à l’universilé de Salamanque, OÙ il eut pour professeur le célèbre Dominique Solo, doctissimi magislri nostri Solo, comme il aime à le rappeler. EnOTTatio, t. i. p. 282. il entra dans

la Compagnie de Jésus en 1558 ; appelé l’année sinvante au Collège romain, il y enseigna successivement la philosophie et la théologie Jusqu’en 1568, époque où saint Pie V lui confia d’autres fonctions. Sans nous faire connaître dans toute sou ampleur, ce que fut son enseignement oral, 1res brillant et très goûté d’après

les témoignages du temps, les noies publiées au siècle