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ISIDORE DE PEU SE (SAINT)


toute l’éloquence attique. Episl., iv, 28. Sa lecture est très utile : elle aide à corriger les mauvaises habitudes et les vices, Epist., ii, 135 ; elle occupe tout l’esprit, fait oublier les choses terrestres, Epist., iii, 388, inspire l’admiration de la sagesse et de la bonté de Dieu, chasse l’ignorance, rend probe et sage Episl., iv ICO. Et c’est parce qu’on ne pratique pas assez sa lecture que le christianisme a baissé et qu’il y a tant de tragédies et de calamités. Epist., iv, 133. Mais avant de s’y livrer, il importe de purifier son cœur. Epist., iv, 133. Il faut chercher à l’entendre pour croire ce qu’elle enseigne et pratiquer ce qu’elle prescrit. Epist., iv, 43. C’est dans l’ordre suivant qu’on doit lire en particulier les livres de Salomon : d’abord les Proverbes, pour y apprendre les vertus morales ; ensuite l’Ecclésiuste, pour reconnaître la vanité des biens de ce monde, et enfin le Cantique des Cantiques, pour goûter les biens spirituels. Epist, iv, 40.

Sur le dogme.

1. La Trinité. — Sur ce dogme

fondamental de l’enseignement chrétien, Isidore veut qu’on s’en tienne fermement aux décisions du concile de Nicée comme à la règle de foi. Epist., iv, 99. On doit dire : unique est l’essence divine, et trois sont les personnes : u.îa t) Œôtyjç, Tpeïç Se ai Û7roaTâoeiç. Epist., i, 247, col. 332. Et cela, sans confondre les personnes et l’essence, car l’unité s’applique à l’essence, et la trinité aux personnes. Epist., i, 59, 67, 138, 247 ; ii, 142, 143 ; iii, 18, 112 ; iv, 99.

2. Christologie.

La chute primitive a été la source des plus grands maux, tant pour le corps que pour l’âme de l’homme. Car, sans corrompre totalement la nature humaine, puisque cette nature a conservé malgré tout quelques germes de probité, Epist., iii, 2 ; iv, 53, elle a, d’une part, soumis le corps à la souffrance et à la mort, Episl., iv, 204, et, d’autre part, porté l’âme à pécher. Episl., iii, 162. Sous la suggestion du démon, le mal moral n’a fait que croître. Mais Dieu, prenant en pitié l’homme, a envoyé son Fils pour le racheter. C’est pourquoi le Verbe s’est incarné : il a pris chair dans et de la Vierge Marie, èv aù-rîj xal èi ; aùx^ç. Epist., i, 121, col. 299. Et il est devenu vraiment semblable à nous en tout sauf le péché. Epist., i, 193. Il a été formé sans intervention de semence humaine et n’a nui en rien à l’intégrité de sa mère : tov 8è Kûpiov Y)(i.âjv’It]<toûv Xpi<rr6v xuifjaaaav, aùxôç auXXvjepŒlç àcrjrôpwç 7rpoep/6(i.evo ; v^vops, xal roxXtv ÈaçpaYia|i.év7)v xaTeXiTiev. Epist., i, 23, col. 196. Il est devenu vraiment homme tout en restant vraiment Dieu, digne de notre adoration, un seul en deux natures : eïç il, àu, cpcoTépwv tùm cpûaecov. Ibid., col. 197. En prenant ce qu’il n’était pas, il n’a rien changé à ce qu’il était : oûre Ô îjv Tpa71eiç xal ô o’yI. r 4 / TtpooXaptiv. Episl., iv, 123, col. 369. Il possède ainsi deux natures, l-’iL unique de Dieu, sans rien changer à ce qu’il était en dcveiiantcequenoussommes èx 8ûo çùaecov, eTç uiôç ûv ©eoù, où Tpa7 : si ; orcep ?jv, èv TCp yéveaOai. ô êa|i.ev. Epist., i, 303, col. 300. En prenant l’humanité, le Fils éternel de Dieu n’a subi ni Changement ni confusion ni partage. EpisL, i, 1 1’.).

Devenu homme, il s’est fait la victime propitiatoire pour tous, apaisant ainsi la colère divine, nous réconciliant avec son l’ère, nous rendant la grâce, nous méritant ce don par excellence d’êi re les enfants adoptifs : preuve tout à la fois de la souveraine justice et de la

bonté Infinie de Dieu, i’.jiist., iv, loo. il a répandu son

sang précieux pour les hommes. EpisL, ii, 127. Il est

mort pour les pécheurs. EpisL, ii, il 7. il a expie dans

sa totalité le péché du monde, Epist., iv, 73. Et, par là, non seulement il a vaincu la mort par sa moi X, EpisL, Vf, 128, et crucifié le péché et la mort, EpisL, a, 192, mais cncoïc il a triomphé du démon, Epist., iv, 108, et de toute la multitude des taux dieux. EpisL, iv, 150. Il ne faut point dire la passion de Dieu, mais la passion du Christ, car ce n’esl pas dans sa divinité qu’il a souffert,

chose impossible, Episl., iv, 166, mais seulement dans sa chair. Epist, i, 121. Par sa résurrection, il nous a mérité de ressusciter un jour comme lui et nous a rendu l’immortalité. Epist., i, 123. On voit par tout ceci qu’Isidore est beaucoup plus proche de la christologie antiochienne que de celle d’Alexandrie.

3. Justification et salul.

Isidore de Péluse s’est fait souvent l’écho de la parole de saint Jacques : t La foi sans les œuvres est une foi morte. « Jac, ii, 20. La foi seule, dit-il, ne sauve personne ; elle doit être accompagnée de bonnes œuvres. Episl., iii, 73 ; iv, 65. De même que le matelot doit mettre à profit les vents favorables que Dieu lui envoie, de même l’homme doit coopérer à la bonne volonté que Dieu lui donne pour le bien. EpisL, ii, 2. Il doit joindre la vertu à la saine doctrine de la piété. Epist., iv, 20. C’est la grâce divine jointe à l’industrie humaine, qui sauve l’homme. EpisL, iv, 51. Mais elle n’est pas accordée

I à tous indistinctement. Isidore semble compromettre sa gratuité, en faisant dépendre pour ainsi dire sa collation des bonnes dispositions d’un chacun, Episl., iii, 271, de la préparation qu’on y apporte, EpisL, iii, 31 6, mais il a soin de dire que, pour l’obtenir, il faut faire tout ce qu’on doit et l’implorer, car alors elle survient et assure la victoire ; mais si on ne fait pas tout ce qu’on doit, c’est en vain qu’on l’implorerait. EpisL, iii, 406. Dieu ne la refuse pas à ceux qui ont bonne volonté et font tout ce qu’ils peuvent. EpisL, ix, 1 71 ; v, 237, 459. De son côté l’homme doit faire tout ce qu’il peut pour coopérer à la grâce, EpisL, ii, 2, et se bien garder de la rendre inutile. EpisL, ii, 61. Le désir du salut implique l’emploi des moyens qui le procurent. EpisL, ii, 27. Mais ce n’est pas à lui-même que l’homme doit attribuer le bien qu’il fait, c’est à la grâce. EpisL, ii, 242. Au lieu de trop se lier à lui-même, il doit mettre sa confiance dans le secours victorieux de Dieu ibid. ; et s’il est vaincu, il ne peut imputer sa défaite qu’à lui-même. EpisL, iv, 64. Ce n’est point par la force et la coaction que le salut est assuré, mais par la persuasion et la douceur ; chacun est l’arbitre de son salut et ne sera justement récompensé ou puni que d’après l’usage bon ou mauvais qu’il aura fait de sa liberté. EpisL, ii, 129.

4. Quelques autres points de doctrine.

L’orthodoxie d’Isidore de Péluse se montre en particulier dans l’appréciation qu’il formule en passant sur les erreurs passées ou contemporaines. Il connaissait bien les hérésies anciennes des iie et iue siècles, qu’il flétrit ou repousse d’un mot : celles des marcionites, EpisL, i, 371 ; des montanistes, EpisL, i, 67, 242, 245, 499, 500 ; des manichéens, EpisL, i, 52, 102, 215, 113 ; ii, 133 ; des novatiens, EpisL, i, 100, 338 ; des sabelliens, EpisL, i, 67, 138, 247, ni, 1 19. Mais il insiste davantage sur celles du ive siècle, qui ruinaient le dogme de la Trinité, en niant la divinité du Fils, comme les ariens et les anoméens, EpisL, i, 241, 246, 353 ; ni, 31, 335. 342, ou celle du Saint-Esprit, comme les macédoniens. Epist., i, 20, 60, 97, 109, 499, 500. Il s’occupa surtout, comme nous l’avons vii, de celle qui éclata de son lemps, le nestorianisnie.

Il eut aussi à combattre les juifs. Ceux-ci, admettant l’Écriture, c’est à l’aide de l’Ecriture et de juifs célèbres, tels que Josèpheet Philon, qu’il les combattit. Nous nie/, la divinité de Jésus-Christ, leur disait-il, mais d’une part Josèphe n’a-t-il pas avoue que le Christ a fait des miracles et qu’il a été divinement envoyé au inonde comme le précepteur du genre humain ? EpisL ; îv, 225. Et Phijon, d’autre part, n’a-t-il pas attribue la nature divine au Logos ? EpisL, ii, 143. Les Juifs repoussaient toute interprétation allégorique de l’Ancien Testament, mais Josèphe et Philon ne se faisaient pas faute d’y recourir. Epist., iii, 19. Isidore montre que les prophéties messianiques se sont accomplies en Jésus