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traire on les y affectionne. Achille Gaglianli signale deux abus à éviter dans l’enseignement philosophique : celui d’une trop grande liberté, nuisible à la foi, comme l’expérience le démontre dans les universités d’Italie, et celui d’un attachement trop exclusif u la doctrine d’un ou de deux auteurs, ce qui, en Italie, provoque le mécontentement et le mépris. » D’autres rappellent qu’il faut enseigner la philosophie de telle façon qu’elle soit utile à la théologie ; en conséquence, il faudrait spécifier les opinions qu’on ne peut défendre en mat ère de foi et celles qu’on doit défendre, « pour que tous les enseignent et les soutiennent de toutes leurs forces, s Generalia qu&’dam circa studia, dans Monumenta pxdagogica, p. 160. 161. Les mêmes préoccupations se retrouvent dans un rapport sur ce qu’il faut enseigner et défendre en philosophie : « Ne pas trop louer et même ne pas louer du tout Averroès. Louer saint Thomas et sa doctrine ; à tout le moins ne pas le blâmer, surtout de telle manière que les étudiants se désaffectionnent de lui et de sa doctrine ; mais, si l’on croit parfois devoir abandonner son opinion, il faut le faire avec modestie. Pareillement, ne témoigner ni mépris ni dédain à l’égard des autres théologiens scolastiques ou de leur doctrine, encore moins à l’égard de la théologie scolastique en général. » Docenda et dejendenda in philosophia, ibid., p. 491.

Saint François de Borgia, troisième général de la Compagnie de Jésus, crut devoir tenir compte de ces observations, et des déviations qu’elles supposaient. Dans une ordonnance adressée aux provinciaux en novembre 1565, il prohiba dix-sept propositions qu’on lui avait déférées. Monumenta pœdagogica, p. 787. La plupart étaient d’ordre philosophique, et quelques-unes seulement d’ordre théologique ; signalons, parmi les dernières, celle-ci destinée à devenir plus tard le sujet d’une vive controverse : Prædestinationis non datur causa ex parte noslra. Les propositions particulières étaient précédées de cinq règles d’une portée générale ; il y était prescrit de ne défendre, aussi bien en philosophie qu’en théologie, aucune proposition qui fût contraire ou qui dérogeât tant soit peu ou même qui fût moins avantageuse à la foi ; de ne défendre rien de contraire aux axiomes communément reçus par les philosophes ; de ne rien défendre d’opposé à la doctrine plus commune des philosophes et des théologiens ; de ne pas soutenir d’opinion contre l’opinion commune sans avoir consulté le supérieur ou le préfet des études ; de ne pas introduire en théologie ou en philosophie d’opinion nouvelle sans avoir pris la même précaution. Après la mort de saint François de Borgia, la IIIe Congrégation réunie en 1573, recommanda vivement au nouveau général, le P. Éverard Mercurian, de veiller à ce que nos professeurs qui expliquent Aristote n’usent qu’avec beaucoup de discrétion de ceux de ses interprètes qui ont publié des écrits impies contre les dogmes chrétiens ; de veiller surtout à ce qu’ils se servent d’Aristote pour répondre aux attaques de ces auteurs contre la vérité chrétienne, et à ce qu’en enseignant la philosophie, on la maintienne dans son rôle de servante et d’auxiliaire de la vraie théologie scolastique, que les Constitutions nous recommandent. »

Cette ordonnance et cette recommandation pouvaient remédier à des abus particuliers ; mais elles étaient loin de répondre pleinement au souhait, formulé par Ledesma. d’avoir un plan d’études où tout serait réglé d’une façon nette et en détail : Scributur liber, in quo distincte et parliculatim conljneatur lotus ordo studiorum. Circa studio et mores Collegii romani, dans Monumenta pœdagogica, p 143. Saint François de ISorgia et son successeur, Everard.Mercurian, se préoccupèrent bien du projet. Ils firent faire des tra vaux d’approche, mais ils n’eurent pas le temps de mener l’œuvre à bonne fin. Ce qui fut fait sous leur impulsion ne fut cependant pas inutile et ne devait pas tarder à porter ses fruits.

III. Le ratio studiorum (1582-1598). — Élu général le 7 février 1581, le P. Claude Aquaviva s’appliqua sans retard à la grande entreprise. Il institua, dans la congrégation même qui l’avait élu, une commission de douze membres ad conficiendam jormulam studiorum. Congreg. IV, décret, xxxi. Il s’y trouvait des hommes remarquables, comme Pierre Fonseca pour le Portugal, François Coster pour la Belgique, Jean Maldonat pour la France, Achille Gagliardi pour l’Italie. Le résultat de leurs travaux n’a pas été conservé ; il semble qu’ils ne purent traiter de la question que d’une façon générale en posant des principes et en fixant la marche à suivre. En tout cas, ce fut seulement après la clôture de la Congrégation, que le P. Aquaviva se mit résolument à l’œuvre. Prévoyant que le travail durerait un certain temps, il adressa aux provinciaux, en septembre 1582, une lettre où il leur recommandait avec instance de veiller à la sûreté et à l’uniformité de doctrine requise par les Constitutions ; dans ce but il formulait provisoirement six règles qui n’étaient, en substance, qu’une confirmation ou amplification des six règles générales de saint François de Borgia. Nous les retrouverons plus loin dans les principes relatifs au choix des opinions. Au mois de décembre de l’année suivante (1583), six Pères choisis dans les diverses assistances se réunirent à Borne et travaillèrent en commun jusqu’à la fin d’août 1584. Le.plan d’études qu’ils élaborèrent fut soumis à l’examen de toutes les provinces durant l’année scolaire 1584-1585. Après que les observations eurent été reçues, puis examinées et utilisées dans la mesure où elles parurent opportunes, le premier Ratio fut imprimé sous ce titre : Ratio atque instilutio studiorum per sex patres ad id iussu R. P. Præpnsiti Generalis deputatos conscripla. Romse, in Collegio Societati ; Jesu, anno Domini 1586. Outre un résumé des actes de la commission et quelques pièces de caractère justificatif ou documentaire, l’écrit comprenait deux parties distinctes : l’une d’ordre spéculatif, sur les principes qui devaient régir les professeurs dans le choix des opinions, De opinionum delectu ; l’autre d’ordre pratique, sur le régime des classes, De scholarum administratione. Nulle valeur juridique ne s’attachait au travail ; il fut imprimé comme manuscrit, à un petit nombre d’exemplaires, non pour être mis en pratique, mais pour être soumis à l’examen des Pères les plus capables de porter un jugement, en attendant l’intervention nécessaire d’une Congrégation générale. Ce serait donc une erreur manifeste que d’invoquer tout ce qui est contenu dans cette première rédaction comme l’expression authentique des vues communes et des principes de la Compagnie de Jésus. Une seconde édition suivit en 1591 : Ratio atque institulio studiorum. Romæ, in Collegio Societatis Jesu. On y avait utilisé les critiques faites contre la première rédaction et les données fournies par l’expérience, mais on n’y trouvait que la partie pratique ; l’autre partie, dont la revision n’était pas encore achevée, ne fut envoyée aux provinciaux qu’en juillet 1592. Réunie l’année suivante, la Ve Congrégation générale chargea de réviser le Ratio studiorum une commission de onze membres, dont le premier fut Robert liellarinin. Le principal résultat de leurs délibérations fut la rédaction de dix règles générales sur le choix des opinions en théologie ei m philosophie, et d’une préface contenant elle-même quai re règles sur l’obligation et la manière de Buivre la doctrine de saint Thomas. Le tout recul l’approbation de la Congrégation générale

et lut inséré dan, les Actes, décret 11. Enrichi’le ces