Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/513

Cette page n’a pas encore été corrigée

1007 JÉRUSALEM ÉGLISE DE. DES CROISADES A NOS JOURS 1008

les patriarches des Églises catholiques d’Orient dans une réponse aux archevêques et évoques anglicans en 1723. Ceux-ci avaient demandé à entrer en communion avec l’Église orthodoxe ; on les admettra bien volontiers à cette union, s’ils veulent professer de manière explicite la doctrine du concile de Jérusalem de 1672. 1° Les autres confessions ou rites représentés à Jérusalem. — Il n’entre pas dans l’objet propre de ce dictionnaiie de décrire, même sommairement, l’incroyable variété des communautés chrétiennes qui se coudoient, se heurtent, s’affrontent, se font la guerre à Jérusalem. On comprend que chaque confession, chaque rite ait tenu à trouver une place, si petite soit-elle, où elle pût célébrer son culte au voisinage immédiat des Lieux saints. Quelques-unes de ces confessions sont bien faiblement représentées, et les titres de patriarche ou d’archevêque dont se parent aisément leurs chefs. ne doivent pas faire illusion. Les chiffres qu’on trouvera à l’art. Asie (État religieux), t. i, col. 2085-2086 n’ont pu être vérifiés. Les conditions toutes nouvelles créées par les récents traités ont dû les modifier plus ou moins profondément. La diversité de ces groupements religieux tenant surtout à des circonstances historiques, le mieux est de les présenter dans l’ordre chronologique de leur apparition, quitte à réserver au patriarcat latin une mention plus particulière en dernier lieu.

1. Les jacobiles (ou monophysites syriens) avaient un évêque à Jérusalem depuis la fin du vie siècle (Sévère, en 597). Vers le milieu du xiie siècle, ce prélat avait le titre de métropolite. Il y a aujourd’hui encore, résidant au couvent de Saint-Marc, un évêque jacobite, dépendant du patriarche d’Antioche, lequel réside à Deir Zafaran près de Mardin. Ces jacobites ont la jouissance, au Saint-Sépulcre, de la chapelle dite du tombeau de Joseph d’Aï imathie. — Le tout petit troupeau des syriens-catholiques, reste d’une Église syrienne unie, qui a existé au xvii c siècle à Jérusalem, est administré par un vicaire du patriarche syriencatholique d’Antioche.

2. Les copies (monophysites d’Egypte) ont eu à partir du xie siècle et pendant assez longtemps un évêque résidentiel à Jérusalem. Il y aurait encore aujourd’hui au Caire un prélat qui porterait ce titre. En tout cas, les coptes ont un évêque comme supérieur de leur couvent qui est adossé au Saint-Sépulcre ; ils ont la jouissance d’un autel appuyé à l’édicule même du tombeau de Notre-Seigneur. Les Abyssins qui se rattachent étroitement aux coptes possèdenl une partie du couvent copte ; leur maison principale est au nord de la ville, au delà des établissements russes.

— D’aqrès Hergenrôther, il y avait au xviiie siècle à Jérusalem un évêque copte-uni, Arcliin /iïr kalholisches Kirchenrecht, 1862, t. vii, p. 354. Tout cela n’est plus qu’un s.mvenir : il y a pourtant encore à Jérusalem un ou deux prêtres abyssins catholiques.

3. Les nesloriens, eux aussi, ne sont plus qu’un souvenir. Ils auraient eu dès la fin du ixe siècle, un évoque à Jérusalem, lequel aurait eu a la fin du xi° le titre de métropolite. Il y en avait encore un au xvir’siècle. Le Quien, Oriens christianus, t. ii, col. 1233-1300. — Les chaldéens-unis, qui représentent la partie de l’Église nestorienne revenue au catholicisme sont administrés par un vicaire patriarcal résidant a Jérusalem et dépendant du patriarche de Babylone.

4. Les arméniens, dont L’influence à Jérusalem n’est pas en proportion avec leur petit nombre, avaient dans la Ville sainte depuis 1175 un archevêque qui résidait au couvent de Saint-Jacques sur le Mont Sion, et qui dépendait du catholicos de Sis. En 13Il les moines de Saint-. Jacques, en lutte contre le catholicos donnèrent, au métropolite le titre de pal liai clic. Ce titre n’implique pas d’ailleurs l’indépendance complète par

rapport au catholicos Cf. t. i, col. 1908-1900. — A côté de ces arméniens non-unis, il y a à Jérusalem une communauté d’arméniens catholiques, administrée par un vicaire patriarcal relevant du patriarcatuni de Constantinople.

5. Les grecs-mclkiles catholiques. On désigne aujourd’hui sous ce nom les fidèles de langue arabe et de religion grecque en communion avec l’Église romaine. L’origine de ce groupement est non moins obscure à Jérusalem qu’à Antioche et à Alexandrie. Nous avons vu qu’à Jérusalem, il y eut au cours du xve et du xvi e siècle des patriarches grecs qui rentrèrent en communion avec Home. Quand leurs successeurs du xvii° siècle se remirent définitivement sous la coupe de Byzance, un certain nombre de fidèles gardèrent leur attachement à l’Église romaine. Il fallut bien à divers moments s’occuper de leur donner des pasteuis. Au cours du xixe siècle, après avoir été ballottés sous diverses juridictions, ils passent sous la houlette du patriarche grec-melkite d’Antioche, qui les administre par un vicaire patriarcal résidant à Jérusalem. Le séminaire Sainte-Anne dirigé par les Pères blancs forme concurremment avec le séminaire patriarcal de Damas le clergé grec-melkite, non seulement pour la Palestine, mais pour toute l’Église melkite. Voir t. i, col. 1417-1418.

6. Les maronites représentent eux aussi une Église revenue à l’unité catholique ; peu nombreux à Jérusalem ils relèvent d’un vicaire représentant dans la Ville sainte le patriarche maronite résidant à Bekerké, dans le Liban.

7. Les Russes ont tenu à avoir dans la Ville sainte un évêque de leur rite. Depuis 1858 les énormes constructions de l’établi ^sement russe et de ses dépendances témoignent de l’importance qu’avaient avant la guerre mondiale les pèlerinages venus de la sainte Russie. Quand ces pèlerinages reviendront-ils ?

8. Les protestants eux-mêmes ont tenté au cours du xixe siècle la création d’un évêché à Jérusalem. L’érection et les vicissitudes de cet évêché anglicanoallemand ont bien été les événements les plus curieux de l’histoire religieuse de Jérusalem au xixe siècle. L’idée vint du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, qui désirant pour le protestantisme une place dans les Lieux saints, négocia en 1841 avec la reine d’Angleterre, l’archevêque de Cantorbéry et l’évêque de Londres pour l’érection d’un évêché placé sous la protection de la Prusse et de l’Angleterre. Si elle déplut aux milieux anglicans de sentiment High Church. qui virent dans cette démarche une tentative pour accuser le caractère protestant de l’Église établie, la suggestion prussienne fut bien accueillie parmi les hauts dignitaires de l’anglicanisme. Les sommes nécessaires à la constitution d’un revenu furent fournies moitié par l’Angleterre, moitié par la Prusse ; il fut stipulé que chaque pays aurait à tour de rôle droit de nomination : toutefois l’archevêque de Cantorbéry conservait un droit de veto sur les nominations faites par la Prusse. En réalité l’évêché devait être un établissement anglican qui prendrait sous sa bienveillante protection les protestants des autres nationalités ; les ecclésiastiques allemands devraient pour être considérés comme de son ressort subir un examen réglé par l’évêque et recevoir l’ordination suivant le rite anglican. Celte combinaison lui tarde ne pouvait longtemps durer. En 1886 les deux puissances dénoncèrent l’accord de 1841 ; et chacune reprit sa liberté ; il reste toujours un évêché angllean dans la Ville sainte : les fondations protestantes allemandes avant la guerre y étaient aussi fort imposantes.

9. Lescatholiques latins. Nous avons vu plus haut qu’au lendemain de la chute de Saint-, lean-d’Acre, en 1231, le patriarcat latin avait tendu de plus en plus