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JÉRUSALEM ÉGLISE DE). DES CROISADES A NOS.IOURS

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cal. Mais en 1 12 1 l la dernière ville du royaume franc

sur le continent est emportée d’assaut parles infidèles ; le patriarche Nicolas de Hanapes trouve la mort dans la déroute. Ses successeurs s’installent dans l’île de Chypre, dernier débris du royaume de Jérusalem, et reçoivent des souverains pontifes l’administration de l’Église de Nemosia. C’est de Chypre qu’à diverses reprises ils essaieront, mais vainement, d’intéresser l’Europe à l’idée d’une nouvelle croisade. N’y réussissant pas ils finiront par regagner l’Occident. Ainsi en 1336 Pierre de la Palu, tout en retenant son titre de patriarche vient administrer l’Église de Consérans, dans la province d’Auch : ainsi, a partir de 1361, Philippe de Cabasole administre successivement les Églises de Cavaillon, puis de Marseille avant d’être promu au cardinalat. En somme le patriarcat latin de Jérusalem devient de plus en plus un simple titre. Il le restera jusqu’au pontificat de Pie IX. On trouvera la liste des titulaires successifs jusqu’en 1600 dans Eubel, Hierarchia caiholica medii œvi.

Pendant que s’éteignait ainsi la série des patriarches latins résidentiels, les patriarches grecs, réinstallés à Jérusalem y menaient une existence parfois bien précaire. Toujours à la merci du bon vouloir du sultan, ils avaient besoin de sa permission pour entrer en charge, pour se démettre de leurs fonctions. Ils sentaient très fréquemment que les faveurs du pouvoir allaient aux dissidents, spécialement aux jacobites, alors que les orthodoxes étaient en butte aux plus dures persécutions. Au début du xive siècle le patriarche Lazare, par exemple, fut emprisonné et torturé ; on aurait voulu que son apostasie démoralisât son Église. Voir le récit des persécutions endurées par lui dans Jean Cantacuzène, Ilistor., t. IV, c. xiv, P. G., t. cuv, col. 104-121.

2° L’Église de Jérusalem et les tentatives d’union avec Home. — Une seule chose pouvait sauver en Orient la cause chrétienne ; l’union de tous les fidèles, quels que fussent leurs rites, autour de Rome restée toujours puissante en Occident. Quand le péril se faisait trop grand, on pensait bien à invoquer l’appui de l’Église romaine. Mais depuis si longtemps que durait le schisme, on était incapable de secouer les préventions accumulées. On étudiera à l’art. Lyon (IIe Concile de) les tentatives faites à la fin du xine siècle pour renouer la communion entre les Églises d’Occident et d’Orient. Qu’il suffise de noter ici l’attitude prise par quelques patriarches hiérosolymitains dans ce grave débat. Le patriarche Grégoire II a été un des adversaires du champion du latinisme, Jean Beccos, voir col. 656 >q. Au contraire Athanase III successeur de Grégoire, présent àByzance lors des négociations qui suivent le concile de Lyon fait des efforts sérieux en faveur de l’union. Un siècle plus tard ce même Lazare, dont nous avons dit les persécutions, reçoit du pape Urbain V en 1367 une lettre où l’on encourage ses bons desseins pour l’union avec Rome.

Quand, à Florence, en 1438, 1e basileus Jean VIII Paléologue vint pour réconcilier officiellement l’Église grecque à l’Église romaine, voir t. vi, col. 24-45, l’Église de Jérusalem fut représentée au concile par Marc d’Éphèse et Dosithée de Monembasia, munis des pouvoirs du patriarche Joachim. On sait le rôle joué à cette assemblée par le violent antiunioniste qu’était Marc. Dosithée au contraire, docile sans doute aux sollicitations du basileus, apposa sa signature au bas du décret d’union. Mais non seulement le patriarche Joachim ne ratifia pas cette signature, mais il rétracta de plus ce qui s’était fait au concile en son nom, rompit la communion avec le patriarche de Constantinoplc

MétTOphane et, d’accord avec ses deux collègues

d’Alexandrie et d’Antloche, menaça d’excommunication le basileus s’il ne venait à résipiscence Son succes seur Théophane III assistait au concile qui, en 1440’à Constaiitinople, brisait le pacte conclu à Florence.

On voit si les patriarches de Jérusalem étaient imbus de l’idée alors courante dans le monde grec, que seule l’Église orthodoxe, en face des prévarications latines, avait conservé intact le dépôt de la foi. La prise de Constantinople par les Turcs en 1453 ne modifiera pas sensiblement leurs rapports avec le Phanar ; ces rapports iront plutôt en se resserrant encore. Pourtant quelques exceptions sont à signaler ; les dangers que le triomphe des Turcs faisait courir à la foi chrétienne amenèrent plusieurs patriarches de la fin du xve siècle, Abraham. Jacques III. Marc III à se rapprocher de Rome. Lequien a pensé que l’absence de ces noms dans le catalogue officiel des patriarches grecs s’explique par les tendances de ceux-ci vers l’union avec les latins. Mais, somme toute, ce ne furent là que des exceptions. Au fur et à mesure que se consolide le nouvel état de choses, les patriarches hiérosolymitains sont de plus en plus de fidèles serviteurs de la politique religieuse byzantine. De moins en moins d’ailleurs les indigènes ont accès à cette haute fonction ; l’habitude se prend au Phanar, qui continue d’exercer sur les nominations patriarcales la même surveillance que du temps des empereurs chrétiens, de ne désigner pour le trône de Jérusalem que des personnages d’origine grecque. Au xviie siècle Sophrone V, Théophane IV. sont du Péloponèse, Nectaire dont nous parlerons tout à l’heure est un crétois.et ainsi de suite. Originaires des pays grecs, les patriarches finissent par perdre le goût de la résidence à Jérusalem. C’est de plus en plus fréquemment qu’on les trouve à Constantinople et leurs signatures figurent au bas des actes de maint synode ; de longs voyages dans les Balkans, en Russie même les tiennent longtemps éloignés de la Ville sainte. Les besoins d’argent expliquent en partie ces tournées en Europe : soucieux d’entretenir les édifices sacrés de Jérusalem, les patriarches doivent faire appel aux aumônes de l’Europe, et ils s’adressent naturellement aux pays qui se rattachent à l’orthodoxie byzantine. C’est ainsi que se crée en particulier entre la Russie et Jérusalem des liens qui subsistent encore aujourd’hui.

3° L’Église de Jérusalem et le protestantisme. Le concile de Jérusalem de 1672. — A l’art. Lucmus (Cyrille) on étudiera les efforts faits, au début du xvii c siècle, par les protestants et tout particulièrement par les calvinistes pour faire accepter les doctrines de la Réforme par l’Église grecque. A quelques exceptions près, les prélats orthodoxes s’opposèrent avec vigueur à ces tentatives, et dans la circonstance les patriarches de Jérusalem firent honorablement leur devoir. En 1638 Théophane IV fait partie du synode qui anathématise l’ex-patriarche Cyrille Lucaris. Nectaire, ordonné en 1661 joint sa confession de foi à celle que publie Pierre Mohila, métropolite de Kiew contre les erreurs de Calvin et de Luther. Mais ce fut surtout le patriarche Dosithée, voir t. iv, col. 17881793, qui mena le plus énergiquement la lutte contre les infiltrations protestantes. Il fut l’âme du concile rassemblé à Bethléem en 1672, et qui porte le nom de concile de Jérusalem. Nous allons en analyser brièvement les actes ; le détail dans Mansi, Concil., t. xxxiv, col. 1651-1778, et pour la bibliographie, l’art. Dosithée, t. iv, col. 1793. « Il est grand temps de parler, dit le prologue assez verbeux, qui sert d’introduction ; les calvinistes français, par la bouche du ministre Claude de Charenton. vont partout prétendant que nous partageons leurs erreurs ; pures calomnies, car il est impossible qu’ils n’aient pas une connaissance précise des dogmes de

notre Église, Réunis pour la consécration de l’église de

Bethléem, qui vient d’être restaurée, nous nous pro-