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    1. JÉRUSALEM EGLISE DE##


JÉRUSALEM EGLISE DE. DOMINATION ARABE

I)

tain de Césarée, mais encore à exercer sur les Églises de Palestine un certain droit de regard. Cyrille n’aurait pas manqué de faire valoir les prérogatives mal définies de son siège. Le can. 7 de Nicée avait reconnu l’honneur spécial qui revient, du fait de ses nobles origines, à l’Église de Jérusalem. Son texte, qui n’est pas clair, et qui a encore été obscurci par les commentaires des canonistes soit grecs, soit latins, pouvait prêter à bien des interprétations ; des évêques désireux de servir par tous moyens la cause de l’orthodoxie, des prélats ambitieux et jaloux d’étendre leurs prérogatives pouvaient également en tirer parti. Mettons que Cyrille rentrait dans la première catégorie. L’évêque Juvénal (419-458) se classe en tout cas dans la seconde. Il sut habilement profiter des troubles créés par les controverses christologiques, pour faire attribuer à son Église le titre de siège patriarcal, avec un ressort juridictionnel, bien petit il est vrai si on le compare aux deux ressorts d’Alexandrie et d’Antioche. mais qui comprenait néanmoins la Palestine tout entière divisée en tiois provinces depuis la fin du ive siècle et qui faillit comprendre de plus l’Arabie et la Phénicie II « . Cf. t. i, col. 1404-1405 et surtout l’article cité du P. S. Vailhé, auquel on ajoutera un autre du même auteur : Formation du patriarcat de Jérusalem, dans Échos d’Orient, 1910, t. xii, p. 325. Cette érection n’alla pas sans susciter de la paît de Rome de très vives protestations ; elles fuient inutiles, bien que nous ignorions comment se clôtura le différend entre Rome et Jérusalem. Tout ce que nous pouvons dire c’est qu’à partir de Chalcédoine, 451, Jérusalem figure à côté de Rome, de Constantinople, d’Alexanrie et d’Antioche parmi les sièges patriarcaux. Son rang sera fixé définitivement par le Ve concile, tenu à Constantinople en 553. L’Église de saint Jacques aurait le 5e rang, le dernier, parmi les Églises patriarcales. On trouvera dans Lequien, Oriens christianus, t. iii, col. 523 sq., établie par ressorts métropolitains lis.e de ; 50 sièges qui en dépendaient.

Comme ses deux grandes voisines, Alexandrie et Antiochc, l’Église de Jérusalem fut violemment troublée par les luttes qui suivirent le concile de Chalcédoine et qui seront étudiées en détail à l’art. Mono-PHYSITES. Qu’il suffise de rappeler qu’à son retour du concile, Juvénal trouva un usurpateur installé à sa place ; ce ne fut pas trop de l’intervention de l’empereur Marciei) pour déloger celui-ci ; c’est seulement en 454 que Juvénal rétabli put tenir un synode de la Palestine qui adhérait aux décisions chalcédoniennes. Adhésion précaire d’ailleurs, et bien souvent coupée de ripent iis, d nt ce n’est pas le lieu de donner le détail. Inéluctablement d’ailleurs Jérusalem entrait degré ou <le force dans l’orbite de Constantinople. Entre Alexandrie où de plus en plus le monophysisme s’organisait en Église séparée, et Antioche où les choses n’allaient guère mieux, Jérusalem, défiante de ses deux voisines réglerait le plus possible son altitude sur celle du patriarche de Constantinople, c’est-à-dire, pratiquement sur l’attitude du basileus. Tant que dure le régime de l’Hinotique et le schisme acacien qui en est la conséquence, Jérusalem reste séparée de Rome, pour se réconcilier avec celle-ci, quand la politique de Justin ! « aura intérêt au rapprochement entre l’Orient et l’Occident.

C’est à Jérusalem, ou plutôl dans les laines qui se sont multipliées aux alentours de la Ville sainte que reprennent les luttes origénistes, qui auront leur épilogue au V* concile en 553. Voil < IfUGÉNlSME, Ces lut les

amenèrent des tioubles profonds et durables dans l’Église patriaicale, que deux concurrents, Eustoctaius

el Macalre II se disputaient ; et c’est seulement après

l’accession au trône de l’empereur Justin II (565 578) que te calme se rétablit complètement,

D’ailleurs Jérusalem n’allait pas tarder à échapper à la domination politique de Byzance. Une première alerte eut lieu en 614, lors de l’expédition de Chosroès, roi des Perses, contre la Ville sainte. Ce fut une effroyable catastrophe pour Jérusalem, dont les églises furent pillées et partiellement détruites, dont le patriarche, Zacharie, fut emmené captif et qui perdit jusqu’à son palladium, la sainte Croix du Sauveur. On sait comment Héraclius répaja le désastre, et rapporta en triomphe au sanctuaire du Calvaire la sainte Cioix (626). Pourtant les jours de Jérusalem chrétienne étaient comptés ; onze ans plus tard, en 637, le calife Omar s’emparait de la ville. Entre ces deux dates le patriarche Sophonius avait eu le temps de jeter sur le siège de saint Jacques un vif rayon de gloire. Devant le monothélisme naissant, officiellement patroné dès son berceau par le basileus, il avait pris nettement position. Voir Monothélisme et Sophkomus : cf. Honomus I er, t. vii, col. 105 sq.

II. L’Église de Jérusalem sous la domination arabe. 1° Les premiers temps de la conquête arabe. — Pendant le demi-siècle qui suivit la conquête, le patriarcat de Jérusalem fut complètement désorganisé ; en 680 il n’y avait pas encoie de patriarche ; ce sont des personnages, sans titre îégulier, qui administrent l’Église : un Etienne, évêque de Dor, un Jean, évêque de Philadelphie, un prêtre nommé Théodore. La chose la plus intéressante à signaler et qui est vraiment d’importance pour le théologien, c’est que l’Église romaine ne se désintéressait pas le moins du monde de la Ville sainte, dont les communications avec Byzance étaient coupées. Ce n’était pas Constantinople, c’élait Rome qui se préoccupait d’assurer la continuité de la hiérarchie et la sûreté de la doctrine dans ces régions désormais soustraites au pouvoir politique du basileus. Cette question sera étudiée à l’art, consacré au pape Martin I er. L’indépendance de Jérusalem par rapport à Constantinople allait se marquer davantage encore lors des querelles iconoclastes. Alors que dans l’empire byzantin tous devront, de gré ou de force, se soumettre aux brutales prescriptions des empereurs isauriens, Jérusalem sera le centre d’où l’orthodoxie rayonnera sur tout l’Orient grec. Saint Jean Damascène eut ici un rôle incomparable ; et on a montré qu’il est le plus pur produit de l’école théologique hiérosolyinitaine qui florissait pour lors au couvent de Saint-Sabas. Voir ci-dessus, col. 694. Son activité théologique témoigne par ailleurs que la situation de l’Église de Jérusalem s’était quelque peu améliorée depuis les débuts de la conquête arabe. Sous le gouvernement parfois assez libéral des Omaiyades de Damas, puis des Abbassides de Bagdad, la chrétienté de Jérusalem avait retrouvé un calme absolu et une prospérité relative. S’ils étaient bien moins nombreux qu’avant 614, les pèlerinages aux lieux saints continuaient néanmoins, et c’est chose remarquable que l’usage d’imposer ce pèlerinage comme pénitence canonique soit déjà en vigueur à la fin du VUe siècle.

L’Église de Jérusalem et le monde carolingien.


Au fur et à mesure que la main puissante des premiers carolingiens restaure l’oidrc et la civilisation dans l’Europe occidentale, les relations se font plus nombreuses entre les pays francs et la Ville sainte. On sait que la fameuse ambassade envoyée par Charlemagnc a Haroun-al-Raschld en 787, ambassade doublée d’une mission du prêtre Zachaiie auprès du patriarche de Jérusalem, avait pour objet de faire reconnaître par le calife le protectorat du roi des Francs sur les chrétiens « le Terre sainte. De ce fait Charlemagne acquérait sur les lieux saints une sorte de juridiction, qui naturellement s’exercerait par le patriarche de Jérusalem, chef naturel, au point de vue religieux, aussi bien qu’au point de vue politique de tous lei