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JEROME SAINT — JÉRÔME DE JÉRUSALEM


tions du sujet. De même qu’ils se flatteraient vainement d’absoudre, qu’ils ne sauraient absoudre validement ceux qui. par leur attachement intérieur au mal, restent criminels, noxii, de même il ne leur appartient pas de refuser l’absolution aux pécheurs qu’un sincère repentir innocente déjà en quelque manière, insontes. La comparaison avec le sacerdoce de l’ancienne Loi n’a d’autre but que d’inculquer fortement l’humilité. Elle est d’ailleurs non seulement approximative, connue la plupart des comparaisons, mais, à parler rigoureusement, inexacte. Jérôme le sent bien et va rectifier dans un instant ; en attendant, tout entier selon sa coutume, à la préoccupation du moment, il n’est pas homme à reculer, devant une expression emphatique ou légèrement paradoxale. Ici du reste l’inexactitude de la comparaison est corrigée par la phrase qui suit inunédiatemei t. la dernière du passage cité : celle-ci dit clairement qu’on se présente au prêtre avant d'être lié ou délié, que c’est au prêtre a discerner après examen de chaque cas, qui devra être lié ou délié, absous ou privé d’absolution, et donc à prononcer en conséquence la sentence d’absolution ou de refus. Ajoutons que la pensée de Jérôme sur ce chapitre est certaine par ailleurs. Par exemple il attribue absolument au prêtre, entre autres prérogatives, le pouvoir des clefs, pour ouvrir le royaume des cieux, le pouvoir de juger, de devancer et d’annoncer par sa sentence la sentence de Dieu même : Absit ut de lus quidquam sinistrum loquar, quia, aposlolico gradui succedentes, Christi corpus sacro ore conficiunt ; per quos et nos christiani sumus. Qui, claves reyni cœlorum habenles, quodam modo anle dicm judicii judicant ; qui sponsam Domini sobria castitate conservant. Epist., xiv, 8, P. L., t. xxii, col. 352.

Consulter, parmi les auteurs cités précédemment, surtout Schade ; Lardent, p. 169-206 ; y ajouter Dom Rémi Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1861, t. vii.

J. FoiîGET.

    1. JÉRÔME DE GORITZ##


2. JÉRÔME DE GORITZ, frère mineur capucin de la province de Styrie, secrétaire général de son ordre et prédicateur estimé de la fin du xviie siècle, mérite d'être signalé pour le service apprécié qu’il rendit en éditant un ouvrage qu’avait laissé manuscrit son compatriote et confrère, le P. François-Antoine de (ioritz, nous voulons dire VEpitome theologiæ canonico-moralis omnes seorsim in 233 tabulisclare, distincte ac breviter malerias practicas c.rhibens, confessariorum. examinatorum neenon examinandorum usibus accomodatn. In- 1°, Rome, 1796. Les multiples rééditions qui fuient faites de cette théologie en tableaux synoptiques, Venise, L796, 1805, 1822, 1832 ; Lyon. 1821, 1825, 1829, 1837, 1841, 1845 ; Bassano, 1838, 1848 ; Naples, 1853, témoignent de la faveur qu’elle rencontra pendant un demi-siècle. Le I'. Françoisvntoine avait été lecteur en théologie, custode général et ministre de sa province monastique ; il mourut au mois de mars 1784 après cinquante-cinq années de Vie religieuse. Quanl au P. Jérôme il publia à notre connaissance une Predita délia susurrazione, Lecce, 1796, ci Discorsi sette catechetico-morali sulli requisili necessnrj per fare mm confessione giusliflcante, Neustadt, 1802.

Jean-Marie de 1 latlsbonne, Appendix ml btbliothecam scrtptorum capuccinorum, Home, 1K52 ; Ilurtcr, A’omeni latur, tnspruck, 3' édlt., t. va, col. 544,

p. Edouard d’Alençon.

    1. JÉRÔME DE JÉRUSALEM##


3. JÉRÔME DE JÉRUSALEM, écrivain ecclésiastique grec, d'époque incertaine, auteur d’un traite de controverse avec les juifs. — Dans le dossier patristique qui forme la seconde partie de ['Oratto 'il de imaginibus attribuée a saint ban Damascène,

ligure un bref fragment, relatif à l’adoration de la croix, qui est donné comme étant d’un certain Jérôme, prêtre de.Jérusalem, P. G., t. xe.iv, col. 1 109. Le même nom se trouve en tête de quelques scolies marginales d’un commentaire de Théodoret sur les Psaumes, conservé dans le ms. Coislin. S0 de la Bibliothèque nationale de Paris. Voir par exemple f° i » l r°. Au début du xvir siècle l'érudit F. Morel avait lu celle même désignation en tête de deux fragments grecs un peu plus importants publiés successivement par lui en 1598 et 161280US ces titres respectifs : De sensu gratindivinse in baplismo et christianismi (ou nolis christiani) et Dialogus. christiani cum judœo. De ces deux fragments Fabricius donna en 1712 une édition plus courte Biblioth. græca, l. viii, p. 376 sq. C’est elle qui est passée en 1770 dans le t. vu de la Bibliotheca patrum de Gallandi, et de là dans I'. < ;., t. xl, col. 845-866. Depuis lors, Mgr Batifïol a proposé d’annexer aux reliquise de.Jérôme de Jérusalem un fragment anonyme qui figure dans le ms. 854 du fonds grec delà Bibliothèque nationale, ꝟ. 220 v°-225 r° sous le titre : Discussion des juifs Papiscus et Philon avec un abbe au sujet de la foi chrétienne. Une incontestable parenté de pensées, de tenue générale et d’expression relie ce fragment aux deux morceaux publiés par F. Morel. Chose plus remarquable, le fragment anciennement connu et le texte inédit ont été utilisés ensemble par un auteur du ix c siècle dont les traités adv. judseos figurent à tort parmi les œuvres d’Anastase le Sinaïte, P. G., t. lxxxix, col. 1204, 1228, 1240.

Cette démonstration, si on l’accepte, permet de reconstituer les grandes lignes de l'œuvre de Jérôme. Il s’agit d’une deces nombreuses discussions religieuses entre un juif et un chrétien, dont le Dialogue de Justin constitue le prototype. Mgr Batifïol voudrait que le fragment relatif à la Trinité, P. G., t. xl, col. 848-860, ait formé la première partie de l'œuvre ; les débats sur le baptême et ses effets prendraient place assez bien vers la fin de l’entretien qui devait se terminer sans doute par le baptême du juif. Ibid., col. 860-865. Entre deux on peut imaginer des discussions autour de la jeunesse de Jésus, àvxiX6yia jtepl Xpiaroù auxquelles se pourrait rattacher le fragment inséré dans le ms. 854.

Sans être très profonde, la théologie de ces diverses pièces, ne laisse pas de mériter une étude. On remarquera la manière dont le chrétien prouve au juif la divinité du Fils, en le forçant à confesser d’abord la personnalité et la divinité de Saint-Esprit. La description des effets du baptême et de la grâce sanctifiante est assez poussée. La terminologie est celle d’une époque où les controverses christologiques du v siècle semblent oubliées. Le chrétien marque par exemple que Jésus est Fils de Dieu non par tr/eTixôç comme les autres hommes, mais vraiment <p' ; aixûç.

Tous ces traits rendent Impossible l’attribution du dialogue à un auteur du iv° siècle, comme l’avait fait d’abord Cave. Celui-ci identifiait ce Jérôme de Jérusalem avec un autre Jérôme, prêtre et moine, d’origine dalmate (1), auteur d’une histoire des solitaires d’Egypte que l’on trouvera à la suite de l’Histoire lausiaque dans les mss. grec S53 et Coislin. 83, de la Bibliothèqie nationale sous ce Litre : kzépoL laxopta etc. toùç jîtouç tcûv â-, l(ov zrfi Aiyurrrou. o-u^-paçeîaa raxpà 'Ie i ' : (dV’j|i.ou p-ovô/ou xai -f£a(î<>Tépou toO èx AaXp-aTlaç. Cette identification n’est plus soutenue par personne. La découverte de Mgr Batiffol permet d’ailleurs de déterminer avec beaucoup d’exactitude la dale de composition du dialogue. On lil dans le

fragment inédit, ꝟ. 224 v. 225 r°, que les juifs, depuis 670 ans n’ont plus ni autel, ni arche, ni prophète ; et le fragment se termine sur une période assez ample où le chrétien montre le christianisme en possession d’une