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ISIDORK 1)K l’KLUSE (SAINT)

d’Éphrem d’Antioche. recueilli par Photius, Bibliolh., 228, P. G., t. ciii, col. 964. Mais on ne sait rien de précis, ni sur sa famille, ni sur l’année de sa naissance. Les Menologes grecs, au 4 février, jour de sa fête, le disent issu de noble race et proche parent des patriarches d’Alexandrie.Théophile et Cyrille. A en juger par sa connaissance des poètes, des historiens, des orateurs et des philosophes grecs, on doit croire qu’il reçut une éducation soignée. N’icéphore Calliste, H. E., t. XIV, c. xxx, affirme qu’il eut pour maître saint Jean Chrysostome ; mais c’est une fausse induction tirée de la connaissance qu’avait Isidore des œuvres de l’évêque de Constantinople ; car Isidore, qui mentionne plusieurs fois dans les termes les plus flatteurs saint Jean Chrysostome et qui vantait notamment son livre sur le Sacerdoce, Epist., i, 156, ainsi que son commentaire sur l’Èpître aux Rqmains. Epist., v, 32, ne laisse entendre nulle part qu’il ait été son élève.

Moine et abbé.

De bonne heure il subit l’influence

du monachisme, alors si florissant en Egypte, et se retira dans un monastère, sur une colline, près de Péluse, qui était le siège du gouverneur de la province Augustamnica Prima. Il avait fui, dit-il, les bruits de la ville pour la solitude, Epist., i, 191, et il invitait plus tard quelques-uns de ses correspondants à les fuir comme lui. Epist., i, 266. Il se qualifie de moine, Epist., i, 93, et c’est dans cette retraite qu’il mena une vie austère, mortifiant son corps, mais nourrissant son âme. Il devint ainsi un vrai modèle de l’ascétisme monastique et de la contemplation divine. Il laisse entendre lui-même qu’il fut prêtre, Epist. i, 258 ; et Facundus d’Hermiane l’affirme, Def. trium capit., ii, 4, P. L., t. Lxvii, col. 573-574 ; et c’est sans doute d’Ammonius, le bon évêque de Péluse, comme il le nomme, Epist., ii, 127, qu’il reçut la prêtrise, et non d’Eusèbe, dont il a laissé un portrait si peu flatteur. Rien neprouve qu’il ait reçu en outre le caractère épiscopal, mais tout prouve qu’il a exercé quelque autorité, car il se dit établi par Dieu pour défendre l’Église contre les ariens et pour reprendre les méchants. Epist., i, 389. Samanière d’agir et d’écrire, Epist., i, 52, 142, 154, 318 ; ii, 182, montre que la fonction qu’il exerça fut celle d’abbé ; tel est le titre, en effet, que lui donne un de ses contemporains, le comte Irénée. devenu évêque de Tyr, dans une lettre publiée par Christian Lupus (Wolf).Ac/ concilium Ephesinum variorum Patrum epistolse, Louvain, 1682, p. 22 ; Synodicon adv. tragœdiam Irenœi, vi, P. G., t. lxxxiv, col. 587.

Son zèle.

Grand ami de la vérité, Epist., ii, 146,

in, 312, 390, de la vertu, Epist., v, 223, 229, et de la paix, Epist., v, 552, Isidore fut animé d’un zèle vraiment apostolique. Il regardait comme une faute de tolérer les offenses faites à Dieu, Epist., v, 227, etil s’appliqua tout spécialement à faire régner la discipline dans son monastère. Il ne se désintéressa pas pour autant de l’Église de Péluse, objet constant de ses sollicitudes. Il reprochait à son clergé d’avoir élu témérairement pour chef un sujet qui était indigne de l’épiscopat. Epist., i, 39. A cet évêque, du nom d’Eusèbe, il reprochait non seulement d’avoir agi contre les canons en admettant au diaconat un lecteur justement déposé pour quatre grands crimes par l’évêque Ammonius, Epist., iii, 178, mais encore de vendre le sacerdoce à prix d’argent, Epist., i, 26, et de faire acte de simonie. Epist., i, 119. Aux prêtres Zosime et Maron, il reprochait de déshonorer le sacerdoce. Epist., i, 118, 220. Et telle était la vie scandaleuse du clergé de Péluse que beaucoup de fidèles en vinrent à croire qu’on ne pouvait recevoir validement de lui ni le baptême, ni les autres sacrements. Epist., ii, 37. En conséquence, Isidorepriait Zosime de cesser son inconduite, Epist., a, 38, et Maron de ne plus agir par cupidité. Epist., v, 569. Un autre iléau ruinait Péluse, c’était la tyrannie des gouverneurs

civils de la province. Ceux-ci étaient loin de ressembler au bon Simplicius.Ep(s ?., i, 226. Cyrénius, entre autres, avant même de faire son entrée, avait retiré à l’Église le droit d’asile, Epist., i, 174, 175, et s’entendit ensuite trop bien avec l’évêque Eusèbe. Epist., 1, 177. Isidore supplia Rufin de le rappeler. Epist., i, 178. Apprenant dans une autre circonstance qu’un cappadocien, réputé pour ses procédés de corruption et d’exaction, briguait le gouvernement de Péluse, Epist., i, 483, il tenta de faire échouer sa candidature, en s’adressant à Séleucus. Epist., i, 484. Du moment, disait-il, qu’on écartait du pouvoir, à cause de leurs méfaits, les carthaginois et les égyptiens, pourquoi confier les charges publiques à des cappadociens, qui sont pires ? Epist., i, 485. L’aspirant gouverneur, nommé Gigantius, avait laissé dans la ville les plus tristes souvenirs : cappadocien, il avait gouverné en cappadocien. Epist., i, 486, 487. Qu’on envoie donc les gens de Cappadoce gouverner leurs compatriotes. Epist., i, 489.

Le zèle d’Isidore dépassait les murs de son monastère et les frontières de sa province, il s’étendait partout où il y avait un encouragement à donner, une remontrance à faire, une injustice à réparer. Évêques et prêtres, moines et laïques, personne, quels que fussent sa position et son rang, n’échappait à sa sollicitude. Nombreux et illustres, il est vrai, TtoXXol xal eùSoy.ij.oi, Epist., iv, 105, furent ceux qu’il réussit à ramener à la pratique du devoir ; quelques-uns même appartenaient au plus hau t rang. Et c’est ainsi qu’il se félicite un jour d’en avoir converti un, et qu’il invite l’évêque Apollonius à célébrer comme une fête ce retour à Dieu. Epist., 1 1, 273. Mais à jouer ce rôle ingrat de redresseur de torts, il suscita de violentes inimitiés et des attaques injurieuses. Epist., ii, 122. Il s’en consolait néanmoins, puisque cela ajoutait à la satisfaction d’avoir libéré sa conscience l’avantage de souffrir pour la justice. A ses ennemis il disait : « Vous m’avez couronné sans le vouloir, puisque Dieu m’a accordé, non seulement de croire en lui, mais de souffrir pour lui. » Epist., ii, 131. A l’exemple des apôtres qui ont tant souffert pour le Christ, dit-il ailleurs, Epist., ii, 54, les injures auxquelles je suis en butte ne sont pas pour m’abattre et me désespérer. Aussi se déclarait-il prêt à en supporter encore de nouvelles, du moment que c’était pour la piété et pour la justice ; n’ayant qu’un regret, celui de ne pas atteindre, comme d’autres, la perfection, en remerciant ceux qui les lui infligeaient et en priant pour eux. Epist., v, 398.

4° // défend la mémoire de saint Jean Chrysostome. — L’indigne conduite du patriarche d’Alexandrie, 1 héophile, à l’égard de saint Jean Chrysostome avait particulièrement révolté Isidore. Jean avait dû quitter Constantinople et mourut en exil. Rome demandait qu’on rétablît son nom dans les diptyques des Églises d’Orient. Saint Cyrille, neveu et successeur de Théophile, ne paraissait pas très empressé de donner suite à cette juste réclamation. Mais Isidore intervint. Il ne s’était pas contenté de flétrir l’oncle, en lui reprochant ce qu’il appelle sa manie des constructions et sa passion de l’argent, XiGou, avr), xP U0 "°^* T P lv >e * surtout son acharnement et sa haine contre un homme aussi pieux qu’instruit, tel que Chrysostome, Epist., i, 152, il voulut réhabiliter la mémoire de l’exile en Egypte et le faire inscrire dans les diptyques de l’église d’Alexandrie ; et c’est ce qu’il finit par obtenir de la part de Cyrille, peu après l’an 410, si l’on en croit Nicéphore, II. E., t. XIV, c. xxviii, P. G., t. cxviii, col. 1152. Cf. Tillemont, Mémoires, t. xiv, p. 281.

5° // intervient dans l’affaire de Neslorius. — Très attentif au mouvement des idées religieuses et aux menaces de l’hérésie, Isidore fut loin de se desintéresser de l’affaire de Nestorius et du concile d’Ephèse ac l’an 431. Il réprouvait l’erreur nouvelle, mais il redoutait