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JÉRÔME (SAINT). L’ORIGINE DE L’ÉPISCOPAT


en cet endroit par une intention de moralisateur, voire de censeur, suffisamment annoncée dès le début et continuée par des développements suhséquents : Aùdiani episcopi, qui habent constituendi presbyteros per urbes singulas potestaiem, sut> quali lege ecclesiasticse constitutionis ordo tenealur… : ex quo manifestum est, eos qui, Apostoli lege contempla, ecclesiaslicum gradum non merito volucrint alicui déferre, sed gratta, contra Christian fæere… Al mine cernimus plurimos fume mu bénéficiant facere, ut non aviseront vos qui possunt Ecclesite plus prodesse sed quos vel ipsiumant, vel quorum sunt obsequiis deliniti.

5. L’épiseopat à Alexandrie.

La Lettre à Évangélus tire argument d’un usage particulier de l’Église d’Alexandrie, remontant à l’évangéliste saint Marc et conservé au moins jusqu’aux évoques Héraclas (y 249) et Denys i f 265) : dans cette ville l’évêque était élu régulièrement par les membres du presbyterium et parmi eux. Voir ci-dessus, col. 966. Ce passage, au jugement de beaucoup d’historiens, supposerait qu’à Alexandrie la consécration épiscopale était inconnue ou dévolue à de simples prêtres. Il est vrai que Jérôme n’y parle ni explicitement ni implicitement de consécration, que même sa pensée nous y apparaît comme se portant uniquement sur l’élection : c’est ce qui ressort et des ternies de son affirmation : Presbyleri semper unum ex se electum. in excelswri gradu collocalum, episcopum nominabard, et des deux comparaisons qu’il y joint : Quomodo si exercitus imperatorem facial, aul diaconi et i gant de se quem industrium noverint et archidiaconum vocent. Mais ce silence conduit-il nécessairement à la conclusion indiquée ci-dessus ? n’est-ce pas plutôt que l’auteur fait simplement abstraction de l’ordination, comme de chose n’important pas à sa démonstration ? Les deux hypothèses sont possibles a priori et l’une et l’autre me paraissent soutenables, à considérer les paroles citées de Jérôme et l’intention principale qui le guide. Mgr Batifïol préfère la première : il la défend en ce sens que personne n’aurait songé à la nécessité d’une consécration. Pour lui, Jérôme ne dit pas que le presbyterium ordonnait l’évêque d’Alexandrie, mais que le presbyterium élisait un prêtre, qui. par le fait de son élection se trouvait être évêque, comme s’il n’était besoin d’aucune ordination pour faire d’un prêtre un évêque. » Éludes d’histoire et de théologie positive, 5e édit., p. 271. Le passage et sa connexion avec ce qui précède pourraient donc se rendre ainsi : si évidente est l’identité originelle du presbytérat et de l’épiseopat que, jadis, aux prêtres d’Alexandrie, pour avoir un nouvel évêque il suffisait de choisir dans leurs rangs quelqu’un, qu’ils faisaient ensuite asseoir sur un siège élevé et proclamaient évêque, et qui était réellement et pleinement évêque par le seul fait de cette élection et de cette cérémonie.

Je pense toutefois avec le P. Prat. art. É ÊQUES, l. v, col. 1685, que l’autre explication, qui s’adapte aussi au texte et au but de l’auteur, emprunte au contexte subséquent un surcroît de probabilité : si la consécration n’a été ni mentionnée ni insinuée, c’est qu’il n’y avait aucune raison de le faire ; elle est restée en dehors du champ de vision de l’écrivain, parce qu’elle était complètement étrangère et indifférente a son dessein. De quoi s’agissait-il, en effet ? DYtablir l’identité primitive des prêtres et des évéques. Une première preuve avait été tirée des textes du Nouveau Testament. Une seconde est demandée a l’ancienne coutume d’Alexandrie, qui, reconnaissant aux prêtres le pouvoir d’élire l’évêque et de le tirer du sein de leur collège, rehaussait par là-même la dignité du presbytérat, La preuve est concluante sans nul recours ni allusion a la consécration. Si saint Jérôme ne parle pas d

consécration, dit le P. Prat. c’est qu’il n’avait point a en parler.’L’exemple historique d’une année victorieuse qui décerne a son chef le titre à’imperalor, et l’exemple hypothétique de diacres qui choisiraient parmi eux un archidiacre montrent mieux encore que.’le fait, l’auteur ne songe qu’à un acte d’élection ou de désignation. Mais il y a plus : la preuve, ainsi proposée, va parfaitement au-devant de l’objection qui suivra : Quomodo Romse ad testimonium diaconi presbyler ordinatur ? A Rome, l’intervention des diacres était manifestement une déclaration antérieure à l’ordination ; il ne viendra à l’idée de personne que des diacres aient été appelés a ordonner des prêtres. A cet usage romain la coutume alexandrine, conçue comme élection préalable à la consécration, s’oppose directement et adéquatement : elle va droit à confondre les sottes et intolérables prétentions des zélateurs du diaconat. D’autre part, Jérôme n’a pu même songer à attribuer la consécration épiscopale aux simples prêtres : une ligne plus loin, il les déclare incapables de toute ordination : Quiil enim fæil, excepta ordinatione, episcopus, quoil presbyter non facial ?

Pour éclairer la relation de siint Jérôme et surtout pour confirmer la première interprétation, on a produit plusieurs documents postérieurs, auxquels il est difficile de reconnaître une valeur décisive. Ils sont au nombre de quatre : un texte de Sévère d’Antioche ; un texte d’Eutychius ; un texte des Apophte gmala l’alrum ; un texte d’Épiphane. Disons un mot de chacun. Mais remarquons d’abord que, quelle cpie soit la portée de ces documents, dès qu’ils n’ont pas Jérôme pour source ni pour objet, ils ne sauraient établir directement sa pensée ; ils pourraient, tout au plus, l’éclairer indirectement, en nous aidant à mieux connaître les faits dont il nous parle. Sous bénéfice de cette remarque, voici une brève appréciation des textes.

Le témoignage de Sévère, le célèbre évêque monophysite d’Antioche, est celui qui pourrait avoir le plus de poids. Sévère appartient à la première moitié du vie siècle, il était l’un des hommes les plus réputés de son temps pour l’ampleur de ses connaissances, et il vécut de longues années en exil à Alexandrie. Mais il ne nous dit pas autre chose que ceci : « L’évêque de la cité renommée pour son orthodoxie, la cité des Alexandrins, était primitivement établi par les prêtres ; plus tard, conformément au canon qui a prévalu partout, leur évêque fui institué par la main des évêques. » Voir E. W. Brooks. dans le Journal of theological Studies, 19(11, t. ii, p. 612-613. Il n’y a pas là un seul mot qui ne puisse s’entendre de la simple élecl Ion. Personne ne s’avisera, je pense, de voir dans l’expression par la main une allusion au rite de l’ordination. Notre traduction française rend littéralement une traduction syriaque du texte grec, qui est perdu ; et cette expression, en syriaque, est l’équivalent exact et ordinaire de la préposition par. On ne serait pas mieux fondé à nous objecter le l’ail qui a provoqué la déclaration de Sévère. Elle a été faite a propos du cas d’un certain Isaïe, qui, consacré évêque par un seul évêque, défendait la validité de s : i consécration en s’appuyant sur un canon soi disant apostolique. Sévère répand qu’on n’a pas le droit d’invoquer contre les usages ecclésiastiques des règles tombées en désuétude : et comme exemple de règles devenues caduques, il cite la coutume d’Alexandrie. Il est doue clair qu’il n’a point visé a alléguer un cas pareil a celui qu’il avait a résoudre : ici il s’agissait d’un évêque, unique coniteur d’un autre évêque, tandis que la coutume particulière d’Alexandrie concerne l’intervention du seul presbyterium pour la promotion d’un des siens à l’épiseopat.

Eutychius, patriarche melchi te d’Alexandrie de’».’<3