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JÉRÔME (SAINT). L’ORIGINE DE L’ÉPISCOPAT


presbyter non facial ? audiant episcopi, qui habent consliluendi presbytères per urbes singulas potestatem. Mais il est do plus supérieur aux prêtres par le pouvoir de juridiction, étant nécessairement seul de son rang en chaque église. Cette supériorité, dans les successeurs et héritiers légitimes des apôtres, est aussi légitime que réelle, bien qu’elle doive son origine historique a une loi de l’Église plutôt qu’à un | récepte formel de Jésus-Christ : Sicul presbyteri sciant se ex Ecclesise consuctudine ci qui sibi præpositus juerit esse subjectos, ita episcopi noverint, se magis consueludine quam dispositionis dominiese veritale presbyteris esse majores ; presbyteri semper uniun ex se élection, in excclsiore gradu collocalum, episcopum nominabant, quomodo si excreilus imperatorem facial. L’exemple de Moïse, proposé à l’imitation des évoques, est une nouvelle preuve de leur supériorité : Moïse avait le pouvoir de gouverner seul le pi uple d’Israël » ; de même, les évoques sont en droit de diriger seuls le troupeau qui leur est confié.

Il s’en faut donc, on le voit, qu Jérôme, quelles qu’aient été ses idées particulières sur la terminologie et sur l’organisation initiales dans l’Église, mette en question, à aucun degré, l’autorité de cette Église et la légitimité de sa hiérarchie. Il les respecte pleinement, sans prétendre y innover ou y réformer quoi que ce soit. La hiérarchie ecclésiastique, il l’admet tout entière ; il la conçoit, la voit, la dépeint comme comprenant essentiellement trois degrés : l’épiscopat, le presbytérat, le diaconat. Très nombreux sont les endroits où figure explicitement cette énumération tripartite ; j’indique, entre autres, à la suite de Dom Sanders : Adv. Jovin., ii, 34 sq., t. xxiii, col. 258 ; In Mich., vii, 5 sq., t. xxv, col. 1220 ; In Jerem., xii, 13, xxii, 1 sq., t. xxiv, col. 762, 811 ; Episl., XLvm, 10, 21, t. xxii, col. 5n0, 510 ; In Ezech., xxxiv, xlv, 1 sq, xxxiii,

I sq., XLvm, 13, t. xxv, col. 328, 446, 319, 484 ; Tract, in Psalm., Anecd. Mareds., t. iii, part. 2, p. 30, 48, 157, 189 ; Tract, in Marc, xi, 15-17, ibid., p. 364 ; Hom. in Malth., xviii, 7-9, ibid., p. 374 ; In Malach., i, 7, P. L., t. xxv, col. 1548 ; In Malth., xxi, 12 sq, xvi, 19, t. xxvi, col. 151, 118 ; Episl., cxxv, t. xxii, col. 1080 ; etc., etc. Dans beaucoup de ces passages, nous lisons que l’épiscopat est le plus haut degré ou bien qu’il est au-dessus du presbytérat, et partout il est nommé soit au commencement, soit à la fin de l’énumération, selon que celle-ci suit l’ordre descendant ou l’ordre ascendant.

C’est donc l’épiscopat qui tient la tête de la hiérarchie ; et, par cette affirmation, le catholicisme se différencie du montanisme : Apud nos aposlolorum locum episcopi lenent ; apud eos (il s’agit des montanistes ) episcopus tertius est. Habent enim primos de Pepusa Phrygiæ palriarchas ; secundos ; quos appellant Cenonas ; atque ita in tertium, id est, pêne ullimum locum episcopi devolvuntur ; quasi exinde ambiliosior religio fiai, si quod apud nos primum est apud illos nooissimum sit. Episl., xli, 3, t. xxii, col. 476. Il serait superflu de rappeler comment toute la correspondance de Jérôme témoigne de sa ferme croyance à l’autorité épiscopale.

II en recommande le respect au prêtre Népotien, Epist., lii, 7, t. xxii, col. 583 : Eslo subjectus pontiflei tuo et quasi animée parentem suscipe. Sa lettre cxii, qui est adressée a saint Augustin, se termine par ces belles paroles, t. xxii, col. 931 : Peto in fine epistolæ ut quiescentem senem olimque veteranum mililare non cogas et rursum de vita periclilari. Tu, qui juvenis es et in pontificali culmine constitulus, doceto populos, et novis Africæ frugibus Romana lecla locupletalo. Mihi sufficil cum audilore et lectore pauperculo in angulo monaslerii susurrare.

Remarquons encore qu’il y a, dans l’Église, uniformité de hiérarchie, comme il y a unité et universalité de foi : Et Galliæ, et Britannise, et Africa, el Oriens, et

Indici, et omnes barbarse naliones unum Christum adorant, unarn observant regulam veritalis : ubicumque fuerit episcopus, ejusdem meriti, ejusdemestetsacerdotii.

D’ailleurs, ce sont les apôtres eux mêmes qui. dans chaque province et. par conséquent, dans l’Église entière, ont institué des prêtres et des évêques : Pecunia ergo prsedicatio Evangelii est. et sermo divinus, qui dari debuit nuninuihiriis et tmpezilis, id est euieris doctoribus, quod fecerunt et apostoli, per singulas pro-Dincias presbyieros et episcopos ordinanies. In Malth., xxv, 26-28, t. xxvi, col. ISS. On peut donc dire en général que la hiérarchie prise in globo remonte aux apôtres ; et ceux-ci, en l’établissant, se sont inspirés de l’organisation sacerdotale de l’Ancien Testament : Et ut sciamus traditiones apostolicas sumplas de Veleri Testamento, quod Aaron et filii ejus atque lévites in templo lucrunl.hoc sibi Episcopi et presbyteri et diaconi vindicent in Ecclesia. Le Dialogue contre les luci/c’riens, n. 9, t. xxiii, toi. 104, présente la prééminence de l’évêque comme un principe de bon ordre et d’unité dans l’Église, et, de plus, il rattache le pouvoir de donner le Saint-Esprit, en tant que prérogative épiscopale, au fait de la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres, au jour de la Pentecôte : Quod si hoc loco quæris, quare in Ecclesia baptizatus nisi per manus episcopi non accipiat Spiritum Sanclum, quem nos asserimus in vero baptismale tribui, disce hanc olservationem ex ea auctorilate descendere, quod posl ascensum Domini Spirilus Sanctus ad apostolos descendit. El multis in locis idem factitalum reperimus, ad honorem potius sacerdotii quam ad legem neressilalis… Ecclesise salus in summi sacerdotis dignitate pendel, cui si non exsors quasdam et ab omnibus eminens detur potestas, toi in Ecclesiis efficientur schismala quoi sacerdotes.

Que si l’on demande comment peut se concilier dans la pensée desaint Jérôme, l’affirmation d’évêques établis en toutes les provinces par les Apôtres avec le fait reconnu par lui de la plupart des églises dirigées, à l’ori gine, par un corps de prêtres, nous répondrons qu’il faut apparemment distinguer entre les degrés qu’exige la constitution générale et définitive de l’Église et les ministres que comportait l’organisation locale, simplement provisoire, d’une communauté. Toute Église chrétienne ou bien avait un siège épiscopal — cas d’ailleurs assez rare dans les premiers temps de la prédication apostolique, réserve faite, vers le déclin du siècle, du champ d’activité de saint Jean, de l’Asie Mineure —, ou bien ressortissait à la juridiction supérieure d’un apôtre ou d’un évêque sans siège fixe. Ainsi les Églises fondées par saint Paul étaient administrées par un corps de pasteurs, un collège de prêtres ; mais l’Apôtre s’était réservé la haute direction de toutes. Toutefois la situation des communautés de la s : conde catégorie, maintenue d abord par égard pour l’autorité prééminente des apôtres fondateurs, devait, suivant leurs instructions, prendre fin, au plus tard, après eux pour faire place à 1 organisation normale et commune. Cette hypothèse, conciliable avec l’enscmbl îles faits et des textes les plus anciens, semble répondre aussi à l’idée de Jérôme, en lui épargnant le reproche de contradiction. Au demeurant ce n.’serait pas résoudre la difficulté, mais l’csquiver, en supprimant, une partir des données du problème, que de ne point tenir compte des nombreux témoignages concernant les églises épiscopales établies dès 1 origine. Voir Michiels, op. cit., p. 423.

3. Circonstances du changement.

On comprend déjà, par ce qui précède, que le passage du gouvernement collectif au gouvernement unitaire ou monarchique se serait effectué d’assez lionne heure ; il aurait eu lieu vraisemblablement, en certains endroits, du vivant même des apôtres. Le moment toutefois n’est nullement précisé. Jérôme dit bien : Antequam diuboli