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JÉRÔME (SAINT). L’ORIGINE DE L’ÉPISCOPAT


moins étendus d’Apollinaire et de Didyme sur le même sujet, Une nous reste que les parties qu’il a insérées dans son commentaire.

/II. SATIRE ET ORIGINE DB L’ÉPISCOPAT— Quelle est la doctrine de saint Jérôme concernant la hiérarchie

ecclésiastique ? On l’a accusé d’avoir nié la supériorité des évêques sur les prêtres, ou tout au moins d’avoir méconnu le droit divin de l’épiscopat. La question a suscité, depuis des siècles, d’ardentes controverses. C’est que la solution dépend de plusieurs textes, qu’il

d’interpréter et de concilier entre eux. et l’on

doit reconnaître que la tache n’est pas sans présenter de sérieuses difficultés.

1° Les textes. Deux passages célèbres sont surtout à examiner, parce que le sujet y est traité assez au long et ce professo ; c’est le commentaire (an. 387de l’Épitre à Tite. i. 5, t. xxvi. col. 596 sq. et la lettre à Évangélus (de date incertaine, mais vraisemblablement écrite après 385, selon MgrBatiffol), Epist. cxi. vi. t. xiiii. col. 1192-1195. Nous en reproduirons d’abord les parties principales, que nous citerons le plus souvent en latin, afin d’avoir une base plus sûre pour nos déductions. Nous indiquerons ensuite quelques autres endroits de moindre importance.

1. Le verset Ti 1. 1. 5. est ainsi traduit : Hujus reiijralia reliqui te Cretæ. ut ea qiue désuni, corrigeres, et constituas per civitales presbyteros, sicut ego libi disposui. Il est suivi immédiatement de ces remarques : Audiant episcopi, qui habent consliluendi presbyteros per urbes singulas poiestatem, sub quali lege ecclesiaslicse ronstitutionis ordo leneatur. Or la volonté du Christ, que Paul a déjà promulguée et qu’il veut remémorer ici est que, dans le choix des ministres sacrés, on ne suive pas des vues personnelles et intéressées, mais qu’on admette uniquement les plus dignes ; et les qualités qui font les plus dignes sont détaillées par l’Apôtre, qui dit. entre autres choses, au ꝟ. 7 : Oportet enim episcopum sine crimine esse. — Le rapprochement de ce terme â’episcopus avec celui de presbyteri. qui se lit au . leur synonymie, est, pour le commentateur, le point de départ du développement qui va suivre : Idem est ergo presbyter qui et episropus, et anlcquam diaboli instinclu studia in religione fièrent et diceretur in populis : Ego sum Pcaili, ego Apollo.ego autem Cephæ, «  commuai presbyterorum consilio Ecclesiæ gubernabantur. Postquamvero unusquisqueeosquos baptizaveral suos pulabat esse, non Christi, in loto orbe decretum est ut unus de presbyleris electus superponeretur cœteris, ad quem omnis Ecclesiæ cura perlincret, et schismatum semina lollercntur. Pulel aliquis non Scripturarum, sed nostram esse sententiam, episcopum et près by 1erum unum esse, et aliud selalis, aliud esse nomenofjicii ; relegat Apostoli ad Philippenses verba dirent is : < Paulus et Timolheus, servi Jcsu Christi, omnibus sanctis in Christn Jesu, qui sunt Philippis, cum episcopis et diàconis. .. i Philippi una est urbs Macedonise, et cale in una ciuitale plures, ut nuncupantur, episcopi esse non poteranl. Sed quia eosdem episcopos illo lempore quos et presbyteros appellabant, propterea indifferenler de episcopis quasi de presbyleris est loculus Jérôme confirme ensuite son affirmation principale sur l’identité primitive des nps^vj-î-.o’. et des z-J.is/j-a par d’autres citations. Il invoque successivement Act. xx, 17, 28, qui lui suggère cette réflexion : Et hic diligentius observale quomodo unius civitatis Ephesi presbyteros vocans, postea eosdem episcopos dixeril ; puis I leb., xiii, 17, et I Pet., v, 1, 2, deux textes qui indiquent clairement pluralité de chefs, direction collective. Ensuite il ajoute : Hsec propterea ut ostenderemus apud veteres eosdem fuisse presbyteros quos et episcopos, paulalim vero, ut dissensionum plantaria evellercntnr. ail unum omnem solliritudinem esse delatam. Sicut ergo presbyteri sriunt se ex Ecclesiæ consuetudine ei qui sibi prie

positus fuerit esse subjectos, ita episcopi noverint se magis consuetudine quam dispositionis dominicæ veritate

presbyleris esse majores, et in commune debere L’erlesiam regere, imitantes Moysen, qui. cum haberei in potestate solum prseesse populo Israël, septuaginta elegit cum quibus populum judicaret.

2. Pour saisir la portée de la lettre à Évangélus, il est indispensable de n’en point perdre de vue l’occasion et le but. 1 les bruits sont venus aux oreilles de Jérôme, d’après lesquels l’un ou l’autre extravagant, dans le clergé romain en particulier, aurait prétendu égaler les diacres aux prêtres, voire les mettre au-dessus. C’est celle prétention insensée qu’il veut confondre. Il y oppose deux considérations : un argument de raison et un fait historique. I.’argument de raison se fonde sur l’égalité primitive des prêtres et des évêques : la supériorité de l’épiscopat par rapport au diaconat n’étant pas contestée, l’infériorité de celui-ci à l’égard du presbytérat résulte de ce que presbytérat et épiscopat sont un même ordre. L’argument de fait est le droit qu’ont exercé les prêtres à Alexandrie, durant une longue suite d’années, d’élire l’évêque et de le choisir au sein de leur propre collège. Jérôme insistera d’autant pins volontiers sur ce fait qu’il y trouve une réponse parfaitement adaptée et adéquate à l’objection que certains lui opposaient : « A Rome, c’est un diacre qui est appelé à témoigner en faveur de celui qui va être ordonné prêtre. » Cf. Michiels, Origine de l’épiscopat, p 3 15. 346.

Mais voyons la teneur de la lettre. Audio quemdam in lantam erupisse vecordiam, ut diaconos presbyleris, id est, episcoj>is anteferret. Xam cum Aposlolus perspicue doceat eosdem esse presbyteros quos episcopos, quid palitur mensarum et viduarum minister, ut supra eos se tumidus efjerat, ad quorum preecs Christi corpus sanguisque conficiiur ? Quseris auctoritalem ? Audi leslimonium. Le témoignage qu’on nous annonce n’est pas unique ; il embrasse la série, même quelque peu allongée, des passages allégués à propos de Tit., i, 5. C’est d’abord Philip])., i, 1, tt Act.. xx, 28 ; c’est aussi le texte même de Tit., i, 5 sq., ainsi introduit : Ac ne quis contentiose in una Ecclesia plures episcopos fuisse contenthd. audi et aliud testimonium, in quo manifestissime comprobatur eumdem esse episcopum atque presbi/lerum ; c’est encore cette phrase de I Tim., iv, 14, où l’Apôtre prie son disciple de se souvenir de la grâce reçue per imposilionem manuum presbyterii ; c’est I Pet., v, 1. 2, ou Pierre, instruisant et exhortant des prêtres, 7rp£o(3urépouç, en qualité de auu, 7tpeaptiTepoç, leur dit : Pascite qui in vobis est gregem Dei, providentes, quod quidem grsece significaniius dicitur, ï-x-v.<, -’, - rr.zz, id estsuperintendenles, unde et nomen episcopi tractum est. Enfin, deux autres passages, 1 1 Joa., 1 et III Joa. 1, méritent considération, parce que l’apôtre saint Jean y est qualifié de irpsapÙTepoç. — A ces textes, dont l’ensemble contient l’expression et la preuve de la situation primordiale, succède une explication historique de sa transformation : Quod autem postea unus electus est, qui cœteris præponcretur, in schismalis remedium factum est, ne unusquisque ad se trahens Christi Ecclesiam rumperel. Xam et Alexandriæ a Marco evangelisla usque ad Heraclam et Dionysium episcopos, presbyteri semper unum ex se clcctum, in excelsiori gradu collocalum, episcopum nominabant ; quomodo si exercilus imperalorem facial, aut diaconi eligani de se quem indus trium noverint et oTchidiaconum vocent. Quid enim facit, excepta ordinations, episcopus, quodpresbyter non faciatl Xer altéra romanse urbis Ecclesia, altéra totius orbis existimanda est. Et Galliæ, et Brilanniæ, ci.jrica et Persis, ci Oriens, ci India et omnes barbarie nationes, unum Christum adorant, anam observant regulam verilatis. .. Ubicumque fuerit episcopus, sioe Rome, sive Eugubii, suc Constantinopoli, sive Rhegii, sive Alezan drise, sive Tanis, ejusdem merili, ejusdem est et sacer-