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ISIDORE DE CORDOUE ISIDORE DE PÉLUSE (SAINT)

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Ce qui a induit en erreur, c’est l’identification de l’Orose, auquel est dédié le livre des Allégories, avec le prêtre espagnol de Tarragone du même nom, contemporain de saint Jérôme et de saint Augustin. Mais on n’a pas pris garde que le titre de "Frère rcvérendissime » donné à un simple prêtre ne s’explique pas sous la plume d’un évêque, tandis qu’il se justifie fort bien si l’Orose, auquel saint Isidore a dédié son livre, était un évêque contemporain. Sans doute on ignore le siège de cet évêque et l’on ne trouve pas son nom dans les conciles de l’époque, mais son existence ne reste inconnue que faute de renseignements complets sur le personnel de l’épiscopat espagnol dans la première moitié du vae siècle.

Ce qui encore a fait illusion, c’est la prétendue citation faite par saint Augustin dans l’un de ses sermons d’un passage do commentaire d’Isidore deCordoue sur saint Luc. Il n’y a qu’un malheur, c’est que le passagecité, loin de faire partie d’un Commentaire quelconque sur l’Évangile, est simplement un extrait de De ortu et obitu l’atrum, (17. de saint Isidore de Séville, comme a eu soin de le remarquer Arevalo, Isidoriana, part, il, C lxi, n. 12, col..’580. Le sermon n’est pas de saint Augustin, mais d’un écrivain bien postérieur à l’évêque d’Hippone ; les théologiens de Couvain l’attribuaient à Fulbert de Chartres, et les bénédictins de Saint-Maur, dans leur édition des œuvres de saint Augustin, l’ont rangé parmi lis apocryphes : c’est le Sermo, cevin, P.L, t. XXXIX, col. 2129-2134. Et « ’est sans doute une faute de lecture, Cordubensis au lieu de Carnotensis, qui a causé l’erreur, ainsi que l’a pensé Florez, cité par Arevalo, Isidoriana, part. I, c. xvii, n. 4, col. 91.

Quoi qu’il en soit, l’erreur d’attribution de certains ouvrages à Isidore de Cordoue resterait un problème à résoudre, si la conjecture suivante de dom Morin ne semblait pas l’avoir élucidé. Dom Morin, en effet, a trouvé dans un manuscrit du xiie siècle de l’abbaye de Marcdsous, outre le traité De duabus animabus de saint Augustin, un ouvrage nettement attribué a Isidore de Cordoue : Ineipit traclalus beati Ysodori, Cordubensis episcopi, super qiuedam nomina Veteris et Novi Testamenti, Domino sancto ac reverendissimo Orosio, etc. Suit le texte même des Allegoriæ quædam sacræ Scripturæ, qui est précisément l’œuvre authentique de saint Isidore de Séville. Suit immédiatement après un autre traité, en quatre livres, sous ce titre, sans nom d’auteur : De libro Regum. Le copiste a cru ce nouvel ouvrage du même auteur que le précédent. Aussi, après avoir mis à la marge du premier feuillet : Ineipit Irætatus beati Ysodori, Cordubensis archiepiscopi, super Vêtus Tettamentum, s’est-il cru autorisé à mettre à la fin du traité sur les Rois : Explicit liber Isidori super Vêtus Testamentum. Ce commentaire des livres des Rois, complètement dépourvu d’originalité. semble être l’œuvre d’un compilateur de l’époque carolingienne. Il est encore contenu dans la ms. 135 de Reichenau, fol. 640-696, conservé à Carlsruhe, qui est du x c siècle. Voir le catalogue de Holder, t. i, p. 330. G. Morin, Éludes, textes, découvertes, Paris, Marcdsous, 1913, t. i, p. 64-65. Or, c’est bien l’œuvre mentionnée par Sigebert de Gembloux. Une semblable disposition pouvait seule expliquer la confusion entre le traité des Allegoriæ, dédié à Orose et attribué par le moine de Gembloux lui-même .i saint Isidore de Séville, et ces quatre livres des Questions sur l’Ancien Testament, qui n’eurent jamais rien a voir avec le nom d’Oiosc. On s’explique dès lors ces mots de Sigebert : Isidorus, Cordubensis episeopus, scri/i it ad Orosium libro » quatuor inlibros Regum.Or, dans le manuscrit, Cordubensis n’est qu’une km te de copiste, corrigée du reste par la même main qui a écrit

Hispalensii au dessus de Cordufcensis, sansialrelamême rectification au titre ajouté en marge. I.e traité sur les Rois semblerait devoir n’être autre chose que le com mentaire symbolique de saint Isidore dans ses Questions sur l’Ancien Testament. Mais le plus rapide examen suffit, note dom Morin, pour convaincre du contraire. C’est une œuvre beaucoup plus récente. Et dom Morin de conclure : « Sigebert lui-même nousa révélé son secret, et nous avons reconnu que, suivant toute probabilité, l’évêque de Cordoue a fait sa première apparition sous la plume de quelque moine copiste d’un monastère belge du commencement du xiie siècle. Quant aux trois ouvrages, qui lui ont été successivement attribut s, l’un est un des traités les plus authentiques de saint Isidore de Séville ; le second n’a jamais existé que dans l’imagination d’annotateurs inexacts d’un sermon faussement attribué à saint Augustin. Reste le troisième, celui mentionné par Sigebert : nous avons reconnu en lui l’œuvre, non d’un Père du ive ou v c siècle, mais bien de quelque moine du ixe ou Xe siècle, vivant au milieu de populations de langue saxonne. > Isidore de Cordoue, dans la Revue des questions historiques, Paris, 1885, t. xxxviu. p. 547.

Arevalo. Isidoriana, P. 1… t. i.xxxi, col. 9-976 ; Bardenliev <’r.P(i/ro/()fli>, 3 c édit., l"riboiirg-cn-LirisKau. 1910, p. 441 ; dom Morin, Isidore de Cordoue et ses œuvres, d’après un manuscrit de l’abbaye de Marcdsous, dans la Revue des questions historiques, Paris, 1885, t. xxxviii, p. 536-547 ; Smith et Wace, A dictionarq of Christian biograpluj, t. iii, p. 315-320 ; U. Chevalier, Répertoire, liio-bibliographie, t. 1, col. 2280. G. Bareille

    1. ISIDORE DE NIORT##


2. ISIDORE DE NIORT, frère mineur capucin, de son nom de famille Binet, était né, dit-on, en 1620. Après avoir achevé sesétudes dans sa ville natale, il entra au noviciat des capucins à Poitiers. Doué avantageusement pour la prédication, il se consacra pendant quarante ans au ministère apostolique, en particulier à la controverse avec les protestants. Comme ses travaux, et spécialement sa mission dans le Poitou, n’avaient pas été sans produire de grands résultats, les supérieurs du P. Isidore lui ordonnèrent de mettre en ordre ce qu’il avait prêché confusément et suivant l’occurrence des matières que les prédicants calvinistes lui avaient données. De là son ouvrage : Le Missionnaire eontroversiste, ou cours entier de controverses, dans lequel tous les points de la Foi) catholique, apostolique et romaine, combattus par les Calvinistes, sont pleinement prouvez par l’Écriture sainte. les Conciles, les Pères Grecs et Latins, et par les ministres de la religion prétendue réformée, Poitiers, 1686, in-8°. On trouve des exemplaires avec la date, Poitiers, 1710, mais rien n’indique une nouvelle édition.

Dans ce volume compact, de près de 600 pages, l’auteur passe en revue la plupart des points controversés, citant dans les marges, presque aussi larges que le texte, les autorités sur lesquelles il appuie sa démonstration. Sur le frontispice du livre le P. Isidore est dit : ex-provincial de la province de Touraine : nous savons qu’il le l’ut en 1678, Il était alors délinitcur et gardien du couvent de Poitiers, après l’avoir été à Angers. 11 occupa certainement d’autres charges dans sa province : nous les ignorons ainsi que la date de sa mort. Il eut un neveu (1692-1774) qui entra également cbez les capucins, où il reçut le même nom, en souvenir de son oncle, il y occupa les premières charges, mais n’a laisse aucun ouvrage.

P. Edouard d’Alençon.

    1. ISIDORE DE PÉLUSE (Saint)##


3. ISIDORE DE PÉLUSE (Saint), moine

égyptien et écrivain ecclésiastique (f vers 440). — I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrine.

I. Vie.

Époque où il a vécu.

Né dans la seconde

moitié du ive siècle et déjà en relation épistolairc, en 395, avec Rufin, le ministre de Théodose I er, qui mourut assassine cette année-là, Isodore vécut encore longtemps pendant la première moitié du v » siècle. C’est à Alexandrie qu’il vit le jour, au témoignage