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JÉRÔME (SAINT). BIOGRAPHIE


dons quatre autres, qui semblent être tout aussi récentes, et même plus récentes, du moins en partie. Elles ont été découvertes naguère dans trois manuscrits espagnols et publiées par Dom De Bruyne, en 1910 ; elles sont rangées sous les numéros cli-cliv de l’édition Ililberg. t. m. Cf. Quelques lettres inédites de S. Jérôme. dans la Revue bénédictine, 1910, p. 1-11 ; Vaccari, S. Girolamo, p. 118-133. L’une d’elles, la cliii, est une lettre de félicitations et d’encouragement au pape Boniface I er, élu le 29 décembre 418, et elle n’a pu être écrite avant le printemps de 419 ; elle comprend un post-scriptum, de la main même de.Jérôme, pour exciter le pontife, qu’il savait d’un tempérament plutôt indulgent, à la vigilance et à l’énergie à l’égard des « hérétiques », c’est-à-dire des pélagiens. l’ne seconde lettie, Epist., cliv, réponse à un personnage nommé Donatus d’ailleurs inconnu, traite des agissements de la même secte et des difficultés qu’elle était en train de créer aux débuts du nouveau pontificat ; par son contenu elle nous apparaît, dit Vaccari. manifestement postérieure à celle que nous venons de caractériser. Enfin, il en est deux qui sont adressées à Riparius, prêtre aquitain, depuis longtemps en relations épistolaires avec notre saint et son fidèle allié pour la défense de l’orthodoxie : cf. Epist., cix et cxxxviii, P. L., col. 906 et 1164. La première en date. Epist., cm, a aussi été écrite en 419, d’après l’analyse critique et comparative qu’en fait Vaccari, op. cit., p. 128 sq. l’autre, Epist., eu, est donc, selon toute probabilité de 420, car l’auteur, lui-même la présente comme partie, comme chaînon d’une correspondance simplement annuelle : Ut sultem rara scripiio per annos singulos non perecd, sed captas in Christo amicilias mutuis epistolis jrequenlemus. S’il en est ainsi, nous aurions dans ces lettres une nouvelle preuve, une. preuve, pour ainsi dire, matérielle et tangible, de la survivance de Jérôme jusqu’à l’année 420. Ce point de chronologie, assez communément admis aujourd’hui, a été longtemps contesté, sur l’autorité de certaines Vies anciennes, qui plaçaient la mort du grand solitaire de Bethléem dans le courant de la douzième année de Théodose le Jeune, lequel monta sur le trône le l fr niai 408. Mais ces Vies, à moins qu’elles ne comptent les années seulement à partir du Ie * janvier 409, vont à l’cncontre des faits les mieux établis et en particulier du témoignage de Prosper d’Aquitaine, qui, dans sa Chronique rapporte la mort de Jérôme au temps du XIe consulat de Théodose et du IIIe de Constance. Néanmoins Cavallera. jugeant plusieurs points faibles dans le classement chronologique défendu par Vaccari tient toujours pour l’année 119. Cf. Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Literatur, I. iii, p. 608, 609 ; Rauschen, Theologische Revue, 1908, p. 594. Suites derniers mois de la vie du saint docteur, comme sur les circonstances de sa mort, les renseignements sérieux font complètement défaut. I a légende et l’imagination dis artistes ont essayé de suppléer, en ces deux points au silence de 1 histoire. Mais les détails donnés par les trois lettres apocryphes De morte Ilieronymi, De magnifleentiis II.. De miræulis II., insérées à litre documentaire dans l’édition Yailarsi, P. /, ., t. xxii, col. 239-326, ne méritent aucune créance. Jérôme a assez de mérite réel, il nous a laissé assez de fruits de son activité de savant et d’apôtre, il a assez peiné, assez bataillé même, pour que sa réputation n’ait nul besoin des embellissements de la légende ou de la Action. C’est le 30 septembre 420 que Dieu

l’appela à la récompense de ses rudes labeurs et de

tous ses combats.

Labeurs <-i c bats, ces deux mots résument toute

la vie de saint Jérôme. Il a travaillé sans relâche pour l’Église et pour la diffusion de sa doeli-ine.de la science

scrlpturaire en particulier ; il s’est donné la mission de

lutter sans trêve ni merci contre tous ceux qui mettaient en péril l’orthodoxie ou la morale catholique. Les difficultés, les heurts et meurtrissures sans nombre d’une telle existence, la multiplicité et l’acharnement des adversaires, le renouvellement incessant d’attaques auxquelles on ne pouvait faire face sans s’arracher à de chères études, doivent nous rendre indulgents pour certaines manifestations de vivacité et de susceptibilité naturelles, pour une polémique souvent trop acerbe et émaillée d’expressions qui, moins choquantes alors qu’elles ne le seraient aujourd’hui, devaient cependant paraître excessives aussi aux contemporains. Les amis même du laborieux solitaire contribuaient à l’importuner, en sollicitant à tout propos des éclaircissements, des conseils, la solution de toutes leurs difficultés, et en lui dérobant ainsi une partie de son temps si précieux. Tout cela réuni explique et justifie ce mot du R. P. Lagrange, dans le Bulletin de litt. ecclés., 1899, p. 441 : « Quant à ses colères (de Jérôme), je voudrais qu’il ne fût jugé que par un tribunal d’hommes d’étude, constamment troublés dans leurs recherches absorbantes par des oisifs querelleurs. » En résumé, Jérôme fut à la fois un grand érudit. un travailleur infatigable, un écrivain plein de talent et de verve, et un saint, austère dans ses mœurs, austère dans ses principes, très sévère et très dur pour lui-même avant d’être sévère pour autrui. Mais comme d’autres saints, tout en s’imposant à notre admiration et en se recommandant à notre imitation par des vertus héroïques, il gardait, dans son caractère et ses procédés, des traces visibles de l’imperfection humaine. Son vigoureux et rude tempérament, sa haine implacable de l’hétérodoxie, qui paraissait parfois s’étendre jusqu’aux partisans et aux victimes de l’erreur et même déborder çà et là sur ceux qui allaient à rencontre de ses idées ; sa vivacité dans les discussions, ses mots et ses railleries à l’emportepièce, empêcheront toujours de le proposer comme un modèle accompli de mansuétude chrétienne, de l’assimiler à un saint François de Sales. Il n’en restera pas moins, par l’étendue et l’importance de ses travaux, et plus encore par l’orientation critique qu’il a imprimée à l’étude de la Bible, le docteur scripluraire grand et illustre entre Unis, in exponendis Sacris Scripturis Doclor Maximus.

Sources. — Tout d’abord, les ouvrages de Jérôme même, mais surtout ses lettres (125 environ) et les préfaces qu’il a mises « m tête de plusieurs traités ou commentaires et dans lesquelles souvent il rappelle ce qu’il a fait ou Indique ce qu’il se propose de faire ; ensuite les lettres à lui adressées el publiées d’ordinaire, comme dans P. I… parmi les lettres écrites par lui.

Ouvrages géni bai. Stilting, Acta sanctorum, Rome ci Paris, 1865, septembre, t. viii, p. 418 sq. : De sancto Hierongmo presbgtero et doctore Ecclesiæ ; Baronius, Annales ecclesiastici, édit. Theiner, Bar-le-Duc, 1866, t. i et vii ; Tillemont. Mémoires, Paris, 1707, t. xii ; Dom CeiUier, Histoire générale des auteurs sucres et ecclésiastiques, 2 éd., l’a ris.

1861, 1. vii ; Richard Simon. Histoire critique des principaux commentateurs du Nouveau Testament, Rotterdam 1693 ;

Villeinain. Tableau île V éloquence clirelicnnc au quatrième siècle, Paris, 1854 ; Godescard, Vie tics Pères, martyrs, etc., Paris, 1863, t. vii ; Ebert, Allgemeine Geschichte <lcr Literatur îles Mitteledters im Abendland bis zum Beginn tics Zl Jeduhuntieris. 2’édit., Leipzig, 1889, i. i, p. 185, traduction française par.). Aymerle et J. Condamln, Histoire générale tic la

littérature du malien Age en Occident, Taris. ! 883 ; Gast0D

Huissier. I.a fin tlu paganisme. Étude sur les dernières luttes

religieuses en Œculeat au /l ueele. Paris, ÎS’.U ; (). Ifarden bewer, Geschichte der altkirchlichen Literatur, 1912, t. m. Biographies et monographies, t. a plus ancienne notice biographique est celle qu’a rédigée, au r siècle, le comte Marcellin, dans son Chronicon rerum orientalium in Ecclesia gesiarum, qui commence en 379, là où finit la Chronique de ne, P. /-., t. i.i, eoi. 919 sq. A noter ensuite trois courtes’ic< anonymes, recueillies par Migne, P. /… t. xxii.