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JÉRÉMIE II TRANOS

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<n>|A00Xtxà S’/sÀia. Athènes, 1883, t. i. p. 124-264. Cette édition ne contient que les trois réponses de Jérémie, précédées d’une introduction blstorico-dogmatiqæ p. 78-12. ;.

Quant à la valeur dogmatique de ces documents, les uns la portent aux nues, et les autres lui dénient toute valeur. Les deux jugements sont excessifs. S’il est vrai que.leremie s’est approprié, sans le dire, des pages entières de.Joseph Bryennios, de Syméon de Thessalonique. de Nil Cabasilas, pour ne pas parler des anciens Pères, il n’en leste pas inoins établi que la doctrine qu’il énonce est celle de son Église ; et ce premier jugement officie] de l’orthodoxie grecque sur le luthéranisme, loin d’être favorable aux novateurs. porte, au contraire, une formelle condamnation de leur doctrine. Les réponses de Jérémie ont pour nous la valeur d’un témoin autorisé ; que faut-il de plus pour leur assurer dans l’histoire du dogme une place fort honorable ? Sur cette question, voir Ph. Meyer, Die Iheologische Liltcrtitur der griechischen Kirche im XVI Jahrhundai, Leipzig, 1899, p. 87-100 ; A. Palmieri, Theologia dogmalica orlhodoxa (Ecclesix græcorussicæ ) ad lumen catholicæ ductrinæ examinata et discussa. Florence, 1911, p. 453-403. Ces deux auteurs, le derniei surtout, donnent d’abondantes rél’éiences à la littérature antérieure : il n’y a pas lieu de reproduire ici leurs indications bibliographiques, qu’il serait aisé d’enrichir encore sur plus d’un point.

IL JÉRÉMIE II ET LA RÉFORME DU CALENDRIER.

De ce que Jérémie ait condamné le luthéranisme, d’aucuns se sont avisés de voir en lui un ami du catholicisme, presque un autre Bessarion. Deux incidents survenus durant son second patriarcat vont nous montrer si ce jugement est fondé. En 1580, lors de la visite apostolique à Constat ! tinople de Pietro Cedolino, évêque de Nona, en Dalmatie, Jérémie avait exprimé à l’envoyé du Saint-Siège sa sympathie pour le pape, tout en regrettant de ne pouvoir en donner des témoignages publics, par crainte, disait-il, de la tyrannie turque. Deux ans plus tard, en 1582, arrivait à Constantinople, parmi les secrétaires de Jacopo Soranzo, ambassadeur de Venise, un autre envoyé du Saint-Siège, Livio Cellini, que le pape Grégoire XIII avait chargé de négocier avec le patriarche l’introduction en Orient de la réforme du calendrier, qu’il venait de décréter. D’une première entrevue, qui eut lieu au mois de mai 1582, Cellini emporta les meilleures impressions. Jérémie avait reçu avec bienveillance le mémoire relatif à la réforme, et il avait dit sa gratitude pour l’admission au collège grec de Rome de ses deux neveux, Constantin et Alexandre Lascaris. Dans une seconde audience, qui eut lieu le 28 juin, il fut surtout question des sommes d’argent que le patriarche devait, précisément à cette époque, verser au sultan. Quant à la réforme, on continuait à l’étudier. Sur ses entrefaites, on apprit à Constantinople que le pape venait de publier la bulle de réforme sans attendre la réponse du patriarche. Celui-ci, se croyant joué, refusa de continuer la conversation. Tout au plus finit-il par consentir à signer un document destiné au cardinal Sirleto et à s’en remettre à Gabriel Sévère, métropolitain de Philadelphie, en résidence a Venise, pour l’adoption éventuelle de la réforme dans les territoires de la Sérénissime République. Le document destiné à Sirleto fut remis a Cellini le 7 juillet. A la façon dont Sirleto en parle dans une lettre du 18 août 1582 à Guilio Carrara, évêque de Réthino, cod. Valic. lai. 70 ! / ::, ꝟ. 300, le document consistait en une dissertation sur le cycle pascal, suivie de textes patristiques relatifs au même objet. J. Schmid, Historisches Jahrbuch, t. iv, p. 78, a cru le retrouver dans l’opuscule signé de Jean Zygomalas, secrétaire de Jérémie, que contient le cod. Yat. lai. 0531, ꝟ. 21"). J’estime qu’il s’agit plutôt

du traité revêtu île la signature autographe de Jérémie que garde le cod. Vatic.grœc. 1902, ꝟ. 153-156. Cette pièce lépond beaucoup mieux que la précédente à l’appréciation de Sirleto, comme il sera aisé de s’en apercevoir, quand elle aura vu le jour dans une collection de documents relatifs à cette affaire actuellement en préparation. Le patriarche s’était déclaré prêt à accepter la réforme, mais avec les « modalités qu’il proposait », et celles-ci étaient telles que Cellini écrivant plus tard, le 20 mai 1583, à Sirleto, faisait ce pittoresque aveu : « sendoini alla fuie chiarito, che la penna di delto monsignor palriarcae stata diuersa dalla lingua ». Cod. Yat. lat. 6195, ꝟ. 819, cité par J. Schmid, dans Historisches Jahrbuch, t. iii, 1882, p. 558. Quant à la lettre à Gabriel Sévère, il n’y était nullement question de pourparlers à poursuivre, mais simplement de l’uniformité à sauvegarder dans l’Église du Christ, ’chose impossible à obtenir à moins de rester fidèlement attachés à la doctrine des Pères exposée par.Matthieu Blastarès dans son traité sur la Pàque. Voir la lettre en question dans le Cod. Yat. gnec. 1485, ꝟ. 77. Du reste, au lieu de s’aboucher avec le métropolitain de Philadelphie, Rome préféra recourir à une autre tentative directe auprès du patriarche, par l’intermédiaire de deux grecs de Corfou, Michel Eparcho et Jean Buonafè. Grégoire XIII adressa une lettre particulière à Jérémie le 5 février 1583. Theiner, Annales ecclesiaslici, ad. an. 1583, n. 45, t. iii, p. 435. Et pour appuyer sa missive, il y joignit quelques cadeaux. Arrivés à Constantinople au mois de juin 1583, les deux envoyés pontificaux ne négligèrent rien pour réussir dans leur mission, dont le seul résultat appréciable fut une lettre de Jérémie au pape datée du mois d’août. Le patriarche remerciait pour les cadeaux, et demandait un délai de deux années pour opérer la réforme du calendrier. Schelstrate, Acta orientalis Ecclesiæ, p. 240-252 ; A. Démétracopoulos, ’ETTavopOaxreiç acpa>u.âTa>v roxpaT ^p^OÉVTtov év tTj Neo£L}o ; vt.xYJ çiXoXoyîx to j K Sà6a [xz-v. y.xl Ttvcov -poaO/jx.tov, Trieste, 1872, p. 17-18 ; É. Legrand, Bibliographie hellénique du XVIe siècle, Paris, 1885, t. ii, p. 377. A Rome, on prit au sérieux ces belles promesses, et, au début de 1584, Jean Buonafè fut chargé d’une nouvelle mission pour Jérémie, à qui il devait remettre une lettre du pape datée du 7 mars, Theiner, ibid., ad an. 1584, n. 133. A en croire un rapport d’Eparcho à Sirleto en date du 4 avril 1584, Jérémie aurait même eu l’intention de publier la réforme dans les îles soumises à Venise, Cod. Yat. lut., 6185, ꝟ. 338. Tous ces projets s’évanouirent avec la chute de Jérémie renversé par Pachôme au mois de février. Du reste, étaient-ils sincères ? Il est assurément permis d’en douter. Au moment même où Jérémie laissait croire aux envoyés de Rome la prochaine adoption de la réforme, il l’avait déjà condamnée à leur insu en termes formels dans plusieurs documents olliciels. L’un d’eux est du mois de février L583 ; il est adressé au doge de Venise Nicolo da Ponte. Sophocle Œconomos l’a publié pour la première l’ois, mais avec la date erronée de 1582, dans la brochure, Bîoç Tprffopîou Elp/jVouTTÔXscoç xocl BaTorcoaSiou, Athènes, 1860, p. 58-62 ; il a été reproduit par C. Sa ! lias, Bioypaquxov njzX>.-jr, L’j. reepl to’j -y.-yvyPj-j’Iepeuiou I ! ’(1">72-L 594), Athènes, 1870, p. 26-28, et par J. Veloudo,

uo6(30 /L/ y. Ly.- ;  ;.y.i., i.y.-y. T&vobco ; (ievixcôv r.y.-.y.y.

/< ;, . Venise, 1873, p. 6-12 ; ibid., L893, p. 12-10. Aux Arméniens de Léopol, en Galicie, le patriarche avait tenu un langage encore plus nettement hostile dans un acte synodal du 20 novembre 1582, publié pour la première fois par Jacques Méloélas aux ꝟ. 2 ro -3 v " d’une rarissime plaquette intitulée : Dr calendario novo gregoriano Jeremiæ archiepiscopi Consiantinoupoleos, é’L^’['(j./ i :, et œcumenici palriarchs judicium, una cum aliis quibusdam ejusdem ad Gennanos