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JÉREMIE II TRANOS

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entaillé des relations avec le patriarche Joasaph, pour lequel il avait remis une lettre fort intéressante à Démet] ius, diacre du patriarcat, Epislolæ Melanchtonis, t. III, ep. xxxvi ; Emmanuel de Schelstrate, Acla orienlalis Ecclesia, Rome, 173’. », p. 73-74. Un autre théologien protestant, David Chytræus (Kochhafe), « le retour, en 1569, d’un long voyage en Orient, avait prononcé à Wittenberg un discours retentissant, dans lequel, tout en faisant des réserves sur certaines pratiques qualifiées de superstitieuses, il affirmait que dans l’ensemble, grecs et luthériens avaient une croyance presque identique. Davidis Chytræi oratio de statu Ecclesiarum hoc tempore in Gracia, Asia, Africa, Ungaria, Boemia, etc., Wittenberg, 1582..Mais c’est avec Jérémie II que l’orthodoxie grecque formula pour la première fois sa croyance sur les principaux articles du luthéranisme. L’empereur Maximilien II ayant envoyé à Censtantinople, en qualité d’ambassadeur, David von (Jngnad, celui-ci s’adjoignit en qualité de prédicateur Etienne Gerlach, répétiteur à l’université de Tubingue et compatriote de Mélanchton. Gerlach arriva à destination le fi août 1573. Il était porteur d’une lettre de Martin Crusius, professeur de théologie à Tubingue, pour le patriarche Jérémie. Ce document, daté du 7 avril 1573, n’avait d’autre but que de prendre langue. Dans une nouvelle lettre, en date du 15 septembre 157 1. et signée de Jacques Andréa ?, chancelier de l’université de Tubingue, et de Martin Crusius, le but cherché est nettement marqué, et il était rendu plus manifeste encore par le document qui accompagnait la lettre, et qui n’était autre que la confession d’Augsbourg, traduite en grec par Paul Dolscius et imprimée a Baie, chez Jean Oporinus, en 1559. Ce fut seulement le 24 mai 1575 que Gerlach put remettre le tout au patriarche. Une année plus tard, presque jour pour jour, le 15 mai 1576, la réponse du patriarche fut portée à l’ambassadeur impérial. Elle traite en 21 articles des points sur lesquels la doctrine grecque s’éloigne plus ou moins du luthéranisme, et, dans un dernier chapitre, elle réfute les prétendus abus dont les luthériens avaient demandé l’abrogation. Partie pour l’Allemagne le 20 mai, la réponse patriarcale arriva à Tubingue le 18 juin. Fort déçus, les doctes professeurs ne mirent pas moins d’un an à élaborer leur réplique. Celle-ci porte la date du 18 juin 1577 ; elle fut reçue par Gerlach le 31 décembre de la même année : on y avait joint une traduction grecque du Compendiuni theologiæ de Jacques Heerbrand. munie d’une dédicace en date du 1 er octobre 1577, et une pendule mode in Germany. Comme le patriarche était en tournée, il ne put recevoir le document que le 4 mars 1578, alors qu’il se trouvait en Thessalie. Sa réponse dogmatique ne fut prête qu’au mois de niai 1579. Dans l’intervalle, Etienne Gerlach, rappelé en Allemagne, avait dû quitter Constantinople. Le 30 mai, 1578. il avait pris congé de Jérémie, et. le 4 juin, il était parti non sans un vif regret pour le piteux échec de ses négociations. Ce regret perce pour ainsi dire à chaque page de son Tùrckisches Tagebuch, Francfort-sur-le Main, 1674, in-fol., 22 I.. 552 p., 18 f. : curieux journal, où il a enregistré une foule de particularités précieuses concernant les personnes qu’il avait fréquentées et Us faits qui étaient cniis à sa connaissance.

Sans s’occuper du manuel île Heerbrand, .Ici éniie 1 1, dans sa seconde réponse, t raite des six points suivants : l)c la procession du Saint-Esprit, du libre arbitre, de la justification et des bonnes œuvres, des sept sain

menti, de l’invocation des saints et enfin de la vie ino nastique. A l’exception du premier article, la doctrine qu’il expose ne s’éloigne pas de celle des catholiques.

Aussi les professeurs de Tubingue lui opposèrent-ils

une longue réplique, datée du 2 1 juin 1580, alors que lie n’occupait plus le trône patriarcal. Mais uni’fois revenu au pouvoir, Jérémie ne laissa pas sans réponse le factum luthérien. Sa réplique, achevée au mois de mai 1581, fut expédiée le 6 juin. Il y est de nouveau question, mais en termes plus brefs, de la procession du Saint-Esprit, du livre arbitre, des sacrements, de l’invocation des saints, de la confession et de la vie monastique. Le patriarche laisse voir la fatigue qu’il éprouve à se répéter ; et, pour finir, il demande à ses correspondants de ne plus lui reparler de ces questions. Les professeurs de Tubingue ne se le tinrent pas pour dit, et ils rédigèrent une dernière réponse, à laquelle Jérémie opposa cette fois un dédaigneux silence. Ainsi se termina cette correspondance fameuse, dont les monuments sont encore aujourd’hui fort utiles à consulter. Ils ont été publiés dans les recueils suivants, que nous rangeons par ordre de date : 1° Censura orienlalis Ecclesiæ de præcipuis noslri sœculi hareticorum dogmatibus, Hieremiæ Constantinopolitano palriarchæ, judicii et mutuæ communionis caussu, ab orthodoxe : doctrinæ adversariis, non ila pridem oblatis. Ab eodem palriarcha Constanlinopolitano, ad Germanos grœce conscripla : a Slanislao autem Socolovio, serenissimi Stephani Poloniæ régis theologo, ex grieco in lalinum conversa, ac quibusdam annolationibus, ad proprias Grœcorum opiniones respondentibus illustrata. Cracovie, 1582, in-fol., 236 p. ; Dilingen, 1582, in-8°. 8 f., 399 p. ; Cologne, 1582, ln-8°, 8 f., 417 p. ; Paris, 1584, in-8°, 6 f. non chiffrés et 178 f. chiffrés. Cette édition ne contient que la traduction latine de la première réponse de Jérémie. Socolov en avait obtenu le texte grec de l’archimandrite Théolepte, le même sans doute que le futur patriarche, rival de Jérémie. — 2° Acla et scripta theologorum W iltembergensium, et palriarchæ Constanlinopolitani D. Hieremise : quæ ulrique ab anno M. D. LXXVI. usque ad annum M. D. LXXXI. de Auguslana confessionc inter se miserunt : grœce et latine ab iisdem theologis édita. Witeberga : in oflicina hæredum Johannis Cratonis. Anno M. D. LXXXIIII. In-fol. de 10 f. non chiffrés, 384 p. et 4 f. non chiffrés, dont le dernier blanc. Ce rarissime et précieux volume contient toutes les pièces mentionnées ci-dessus, en grec et en latin. — 3° Acta orienlalis Ecclesiæ contra Lutheri hærcsim monumentis, notis, ac dissertationibus illustrata. opéra, ac studio D. Emmanuelis a Schelstrate sac. theol. doct. bibliolhecæ Yaticanæ prœjecti. basilicæ principis apostolorum de Urbe canonici, una cum epistola Christophori lUmzovii advenus Lutheranorum errores. Rome, 1739. In-fol. de xx-982 p. 4 f. pour la première partie, et xxxiv p. pour la seconde partie. Ouvrage posthume fort intéressant, mais ne contenant que les parties principales des diverses réponses de Jérémie avec d’abondants commentaires. — 4° Liber qui vocatur.Index rcritalis distinctus in parles duas. Tomus primus qua (sic) orthodoxes nostra sanetœquc Christi Ecclesiæ orienlalis dogmata et mysteria continentur. quæ a sanctissimo l’iro Jeremia, qui tune temporis clxwos patriarchalis et œcumenici throni gubernabat, composita sunt. annoque MDLXXVI. ad Lutheranos qui Tubinga (Germaniæ urbs est) cranl, missa. Terme itidem ejusdem ad illos responsiones. Altéra nunc vice diligentia et labore Gedeonis Cyprii hieromonachi H ierosoly mitant édita. Llpsise, litteris Breitkopflis, 1758, in-l° de 8 f. cl 2Il p. Tomus secundus in quo continentur Auguslana Confessio scu Lutheranorum religionis omnia dogmata cl articuli. Primum secundumque et tertium responsum ad tria palriarcha Constanlinopolitani l>. Jeremia responsa. Editlo secunda cum diligentia ac sumplibus t.edenn hieromonachi, lu t" de 25 1 p. Cette édition

reproduit, niais dans un ordre différent, tous les documents pains dans celle de Wittenberg ; il y manque pourtant les lettres secondaires. >" J, Mesoloras, Zuu.ftaXix’}] -r, c 6p6086£ou àvaTOXiv.r, ç èLy.’kr l aloLÇ. Ta