Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/446

Cette page n’a pas encore été corrigée

JÊRÉM M.. ILS DOCTRINES H K 1, 10 I K USES

874

comme l’argile dans colle du potier, xviii, 1-10. Si les I Chaldéens viennent du septentrion pour apporter eala- ] mite et de-astre, c’est a l’appel île Iahvé. iv. (> : xxv, 8-9 ; si tout le pays doit être dévaste, c’est lui qui l’a résolu, iv. 27 ; xxvii. 6 ; c’est sur son ordre que Jérusalem est assiégée, m. (1 ; que le châtiment frappera les infidèles comme jadis toute la race d’Éphraïm, vii, 15 ; que personne ne sera épargné, car ceux qui échapperaient à la peste, à l’épée ou à la famine tomberont aux mains de Xabuchodonosor, xxi. 7 : xxiv, 8-10 ; que le temple lui-même disparaîtra, xxvi et que ce qui avait ete I s vases sacrés lors de la première prise de

! a ville sera emporté également à Babylone. xxvii. 2122 ; etc. Pas plus qu’Israël, les nations, même les plus redoutables, n’éviteront le châtiment que leur infligera laine â l’heure marquée ; Égyptiens, Philistins, Moabites, Ammonites, Edomites, Babylone et son roi expieront leurs iniquités, le pays des Chaldéens deviendra un désert éternel, lvi-li ; xxv. 12. Une expression fréquente sous la plume de Jérémie : lahvé des années, semble bien traduire cette toute-puissance et cette souveraineté universelle. Ainsi l’entendirent les Septante qui rendent parfois l’hébreu par le grec TravxoxpaTco : . v. 14 ; xxxi. 37 : xxxviii. 36. Cf. Touzard, art. Juif (Peuple) dans le Dictionnaire apologétique de la Foi catholique, t. ii, col. 1575-1577.

2. Attributs divins.

Ce Dieu tout-puis sant dont la majesté et la splendeur apparaissent avec un si vif éclat dans la vision inaugurale d’Isaïe, c. vi, et dans les grandes visions d’Ézéchiel, se révèle encore dans l’œuvre du voyant d’Anathoth comme un Dieu de justice et de bonté.

a) La justice. — Avant Jérémie d’autres prophètes, Amos surtout, avaient insisté « sur l’attribut qui plus que tous les autres met en relief le caractère moral du monothéisme hébreu. » Touzard, loc. cit., col. 1598. La situation morale de ses contemporains amène le prophète à rappeler, tout comme l’avaient fait ses devanciers, l’idéal de vie imposé par Dieu à son peuple, et à flétrir les désordres de toute nature qui l’en éloignent de plus en plus. « Parcourez les rues de Jérusalem, s’écrie-t-il. cherchez sur les places publiques, si vous trouvez un homme, s’il en est un pratiquant la justice, cherchant la vérité et je vous ferai grâce, » v, 1. La fraude, la rapine, le mensonge sont l’œuvre de tous, du plus petit jusqu’au plus grand, du prophète au prêtre, vi, 13 : ix, 18. Les anathèmes contre le culte des sanctuaires des hauts lieux sont motivés sans doute par le danger d’idolâtrie mais encore par l’aversion pour ce culte qui voudrait être toute la religion, qui n’a souci que des observances extérieures et qui, en Israël comme chez les peuples païens, n’est plus accompagné de la pratique de la justice, vii, 4-11 ; 21-23 ; xiv, 10-12. C’est encore parce que Iahvé est un Dieu juste qu’il condamne son peuple, malgré les promesses d’avenir heureux si souvent renouvelées. A ceux qui ne veulent pas croire à cette condamnation, à ces prêtres et a ces faux prophètes qui la repoussent comme blasphématoire, Jérémie rappelle que les coupables n’échapperont pas â la justice divine, xiv, 13-15 ; xxvii, 16-22 ; xxix, 21-28. Même idée de justice dans les rapports de lahvé avec les individus. Si jusqu’alors les prophètes ne l’avaient guère envisagée que dans les rapports de Dieu et de son peuple, le temps est venu où chacun apprendra qu’il aura a répondre non plus des fautes de ses pères, mais de ses propres iniquités, xxxi. 29-30 ; lahvé n’a-t-il pas dit : « Moi, je scrute le cœur, je sonde les reins pour rendre â chacun selon ses voies, selon le fruit de ses œuvres. » xvii, 10. « Il n’y aura plus de châtiment comme l’exil, pour punir dans la nation entière les crimes accumulés pendant plusieurs générations, mais les individus expieront leur propres crimes ; et la nation juive, restaurée pour pré parer 1ère messianique, ne sera plus ruinée jusqu’à l’accomplissement de ces promesses. » Condamin, op. cit.. p. 232. Cf. Ézéchiel, xviii, 2.

C’est enfin le sentiment très vif de la justice divine qui provoque l’étonnement de Jérémie au sujet de la prospérité des impies et lui fait dire : « Tu es trop juste ô Iahvé. pour que je dispute contre toi, pourtant je veux plaitler avec toi. Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère, pourquoi tous les impies vivent-ils en paix ? » xii, 1. Texte important qui serait le plus ancien de la Bible (Peake) où soit débattu le problème de la prospérité de l’impie en contraste avec les souffrances de l’homme juste. « Le psaume i.xxiii et le livre de Job exposent en termes éloquents cette anomalie apparente du gouvernement de la Providence, mystère angoissant sous l’ancienne loi, qui promettait au peuple fidèle des récompenses temporelles. » Condamin, op. cit., p. 107 ?

b) La bonté. — Non moins que la justice, la bonté est un des attributs de la divinité sur lequel Jérémie se plaît à insister, aimant à en rappeler les plus significatives manifestations. Quelle sollicitude pour Israël aux premiers temps de l’alliance ! ii, 2-7. Quel amour et quelle miséricorde que des infidélités sans nombre ne parviennent pas à lasser ! xxxi, 3, 20 ; xxxiii, 11. C’est que Iahvé a pour les siens un cœur de père ; n’a-t-il pas dit à son peuple : « Comment te mettrai-je au rang de fils… tu m’appelleras mon Père et tu ne t’éloigneras plus de moi, iii, 19. »

Le profond attachement de Jérémie pour Juda apparaît comme un reflet de cette bonté souveraine. S’il semble parfois se résigner trop facilement au sombre avenir qui menace sa patrie, c’est qu’il sait les exigences de la justice, mais plus encore les promesses de l’amour. Combien de fois ses « prédications pleines de menaces sont-elles interrompues par des cris de douleur I » A l’approche du châtiment, il souffre au plus intime de son cœur, iv, 19, 21, trouvant « pour s’exprimer des accents d’une beauté, d’une grandeur tragiques : « Je suis meurtri de la meurtrissure de la fille « de mon peuple ; je suis dans le deuil, l’épouvante m’a « saisi… Qui changera ma tête en eaux et mes yeux en « source de la mer pour que je pleure nuit et jour les « morts de la fille de mon peuple, viii, 21-ix, 1. » Par son intercession il essaie d’apaiser la colère de Iahvé qui répondant sans doute à une prière ou la devançant lui dit : « Et toi n’intercède pas en faveur de ce peuple, « n’élève pour lui ni plainte ni prière, et n’insiste pas « auprès de moi, car je ne t’écouterai pas ! vii, 16. » Touzard, L’âme juive…, Revue biblique, 1917, p. 461462.

Ainsi le Dieu que le prophète a entrevu dans les visions et plus encore pressenti dans son action aussi bien dans sa propre vie que dans celle de son peuple apparaît comme un Dieu vivant et éminemment personnel, i Nulle part le sens de la personnalité divine n’est plus vif que dans Jérémie, le prêtre d’Anathoth sent perpétuellement que Iahvé est tout près de lui, qu’il peut s’entretenir avec lui, lui confier ses préoccupations et ses peines, entendre ses réponses et ses encouragements ; sa prière revêt la forme d’un véritable dialogue. Jer., vii, 16-19 ; xi, 18-23 ; xii, ! -<'> ; xiv-xv ; xviii, 14-18 ; xviii, 19-23 ; xx, 7-18. » Touzard, art. Juif (Peuple) dans Dictionnaire apologétique de la Foi catholique, t. ii, col. 1597.

La religion.

Cette notion d’un Dieu vivant

et personnel nous amène tout naturellement à la question des rapports de ce Dieu avec les hommes. Ici encore l’action et l’influence « le Jérémie s<.ni de preimportance. On rail volontiers du prophète le fondateur de la religion individuelle, i On a souvent dit que dans les siècles précédents, la vie des individus était comme perdui lie de la nation, que la